Au début du XVIIIe siècle, les Habsbourg ont reconquit la totalité du territoire historique de la Hongrie sur l'Empire Ottoman, et posent les bases de leur domination sur ce royaume qui durera jusqu'à la Révolution de 1848. Durant cette période, le Royaume de Hongrie est un état défini par un immobilisme politique et social, et possède de plus, des caractéristiques qui lui sont propres en Europe : maintien du système féodal, pluriethnicité, pluralité culturelle. Pour les sociétés d'Europe de l'Ouest, le XVIIIe siècle, est le siècle des Lumières, mais aussi celui du voyage, de la curiosité ainsi que du goût de l'ailleurs. Or, le Royaume de Hongrie, bien que situé en Europe, est un état peu connu jouissant d'une mauvaise image dans les dictionnaires et encyclopédies françaises. Les savoirs concernant la Hongrie sont approximatifs et celle-ci est décrite comme un pays insalubre, peuplé de barbares encore à l'état sauvage. Les voyageurs français se rendant en Hongrie sont rares au XVIIIe siècle, et c'est dans les premières années du XIXe siècle que l'on constate une subite augmentation du nombre de voyageur français parcourant la Hongrie. Ces voyageurs perçoivent le Royaume de Hongrie de manière plus positive que les dictionnaires et encyclopédies, bien qu'ils y constatent un grand retard économique et social. En effet, les voyageurs analysent son état de sous-développement et la misère des paysans comme une conséquence du système féodal et de la politique autrichienne. Mais à l'inverse de l'image standardisé de la Hongrie véhiculée en France, ils considèrent ce royaume comme un territoire parfaitement sain, et peuplé par des hommes plus proches du "bon sauvage", n'ayant pas encore reçu les bienfaits de la civilisation, que des barbares.