Penser et articuler la race après le printemps arabe - Université Jean Moulin Lyon 3 Accéder directement au contenu
Mémoire D'étudiant Année : 2022

Thinking and Articulating Race after the Arab Spring

Penser et articuler la race après le printemps arabe

Résumé

Le 14 janvier 2011, le Président Zine el-Abidine Ben Ali quitte la Tunisie pour l’Arabie saoudite, au terme d’un mois de révoltes. D’abord menées en protestation contre le chômage touchant essentiellement les jeunes, la répression policière, et la corruption, elles deviennent porteuses de revendications plus larges, telles que la liberté d’expression, de presse, ou encore les discriminations sociales et économiques. Parmi ces revendications, celles des citoyens « Noirs » sont de plus en plus audibles, et convergent vers la mise en place d’un tissu associatif ayant pour but la fin des discriminations et de la marginalisation à leur encontre. Ce mémoire cherche ainsi à expliciter les mécanismes d’exclusion des personnes « noires » tunisiennes, et comprendre comment la lutte antiraciste s’est articulée après la révolution. Trois problématiques sont mises en avant : Quelle est la place accordée aux citoyens « Noirs » en Tunisie ? La révolution de 2011 et le regain de liberté d’expression qui a suivi, ont-ils permis à la société civile de se saisir des questions de racisme dans le pays ? Quelle est la place accordée aux militants antiracistes dans le milieu associatif tunisien après 2011 ? Le présent travail s’articule en deux grandes parties. La première consiste en une approche de la population tunisienne « noire » sur le temps long. L’historiographie permet de mieux appréhender la manière dont la notion de race s’est construite dans les pays arabes, et plus spécifiquement en Tunisie. La race constitue un élément non négligeable de l’identité des personnes « noires », parfois jusqu’à définir leur place, ainsi que leur absence, dans la société. La construction d’une identité nationale forte au lendemain de l’Indépendance du pays en 1956, et ce jusqu’à la chute du Président Ben Ali, conduit à l’invisibilisation des différences et particularités des citoyens, et a pour conséquence l’exclusion quasiment structurelle des personnes tunisiennes « noires » de la société. La seconde partie se concentre exclusivement sur les évènements survenus au lendemain de la révolution : le départ de Ben Ali permet un regain de liberté d’expression dans le pays. Les prises de paroles concernant le racisme se multiplient sur Internet ; de fil en aiguille, des associations sont mises en place afin de mieux diffuser leur combat. Les militants reprennent la rhétorique antiraciste occidentale afin de rallier le plus grand nombre, tout en tentant d’adapter leur discours aux réalités locales. La lutte antiraciste, en devenant un sujet politique non négligeable, permet également des avancées juridiques significatives.
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Inès Reguiga. Penser et articuler la race après le printemps arabe : les associations antiracistes tunisiennes après la révolution de 2011. Histoire. 2022. ⟨dumas-04546548⟩
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