Du fil à la patte à la clef des champs. La relation de l'homme à l'espèce colombine en Dauphiné puis en Isère, de la fin du XVIe au début du XXe siècle - DUMAS - Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance Accéder directement au contenu
Mémoires Année : 2015

Du fil à la patte à la clef des champs. La relation de l'homme à l'espèce colombine en Dauphiné puis en Isère, de la fin du XVIe au début du XXe siècle

Résumé

Anthropozoology can be dealt with diachronically. As a matter of fact, the part of History concerning man in his relation to the pigeons species in Dauphiné and later on in Isère, from the end of the XVI.th century to the beginning of the XX.th, encompasses natural history, rural and industrial history, political and military history, late alone social and cultural history and even a history of emotions.
The owning of pigeons was for a long time a source of pride, a symbol of power. Exceptional care was taken in the building of dovecotes, which provided a firm basis for a contemporary agro-industrial structures. They were adorned in the most delicate ways, even displaying a certain amount of luxury which we cannot but admire in the remaining dovecotes of North Isère. Textbooks on agriculture that describe those buildings bear witness to a dynamic development. The French Revolution, while giving any man access to both dove rights and hunting rights, hastened the elimination of huge breedings of rock doves.
The manna they provided was going to be partly replaced, when autumn came by the hundreds of thousands of wood pigeons migrating along the Rhône. They were collected in huge nets set in passes. Such cynegetic practice was soon to be forbidden thanks to vaious laws along the years eventually leading to the return of a reactionary line of action. Napoleon and later one Louis Philippe helped, against their better judgement, in the protection of « columba palumbus », the famous wood pigeon.
Pigeon lovers turned then to colombiculture and created more than a hundred new races, endowed with new capacities like those of the carrier pigeon. During the siege of Paris in 1870, the carrier pigeon was able to replace the telegraph, a recent technological device which the enemy had managed to make ineffective. Henceforth colombiculture was going to serve the obsession of the French Third Republic in advocating revenge, leading to the consequence we all know about during the first World War. Though they were massively used as soon as 1916 and despite their heroix feats, duly rewarded by military distinctions, carrier pigeons would become scarce just after the war which had taken a heavy toll among their owners, thus leaving many dovecotes unattended to.
L'anthropozoologie autorise un traitement diachronique de l'Histoire. Celle relative à la relation de l'homme à l'espèce colombine en Dauphiné puis en Isère, de la fin du XVIe siècle au début du XXe siècle, loin de la survoler, s'étire entre une histoire naturelle, une histoire rurale et industrielle, une histoire politique et militaire, sans négliger une histoire sociale et culturelle, voire sensible.
La possession de pigeons a longtemps été un objet de fierté, un symbole de pouvoir. L'homme y a consacré un bâti exceptionnel qui a préfiguré les édifices agro-industriels contemporains et les a parés des plus beaux atours, ne reculant pas devant un certain luxe comme le montrent les colombiers du XVIe siècle qui se dressent encore de nos jours en nord-Isère. Les manuels agricoles qui les décrivent alors sont les témoins de cette trajectoire dynamique. La Révolution Française en donnant à tous à la fois le droit de colombier et le droit de chasse va accélérer la disparition des gros élevages.
La manne de nourriture qu'ils peuvent fournir est en partie remplacée en automne par la migration des pigeons ramiers par centaine de milliers le long du Rhône que l'homme saisit dans d'immenses filets qu'il dispose dans les cols. Mais cette pratique cynégétique ne tarde pas à être interdite par les différentes lois qui se succèdent et qui marquent le retour d'une ligne politique réactionnaire : Napoléon, puis Louis Philippe œuvrent malgré eux pour la sauvegarde de Columba Palumbus, le pigeon ramier, la fameuse palombe.
Les passionnés de pigeons se reportent sur la colombiculture à travers la création de plus de cent cinquante races nouvelles aux capacités inédites comme celles du pigeon voyageur. Lors du siège de Paris de 1870, ce dernier remplace une technologie plus récente, le télégraphe, rendu inopérant par l'ennemi. Dès lors, la colombophilie va être la victime consentante d'une Troisième République obnubilée par le revanchisme avec la conséquence que l'on connaît en 1914. Bien que véritablement enrôlés en masse dès 1916 et malgré un tableau de chasse héroïque et récompensés par les plus hautes distinctions militaires, les « voyageurs » se feront plus rares dans l'immédiate après-guerre, les colombiers étant souvent désertés par leurs propriétaires disparus en grand nombre à la guerre.
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Jean-Claude Tisseyre. Du fil à la patte à la clef des champs. La relation de l'homme à l'espèce colombine en Dauphiné puis en Isère, de la fin du XVIe au début du XXe siècle. Histoire. 2015. ⟨dumas-01266854⟩
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