Épidémiologie des infections chroniques à <i>Coxiella Burnetii</i> sur l’île de la Réunion, une étude rétrospective de 2007 à 2015 - DUMAS - Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance Accéder directement au contenu
Mémoires Année : 2016

Epidemiology of chronic Q fever infections on Reunion Island, a retrospective survey from 2007 to 2015

Épidémiologie des infections chroniques à Coxiella Burnetii sur l’île de la Réunion, une étude rétrospective de 2007 à 2015

Résumé

Introduction: Reunion Island, is one of many French overseas departments. A large part of its population retains traditional cultural practices, with agricultural activities and rituals part of daily life, and with this comes increased proximity and exposure to livestock. Q fever, caused by the obligatory intracellular Gram-negative bacteria Coxiella Burnetii is a worldwide zoonosis. The annual incidence rate of Q fever endocarditis in France is 1/100,000,000. At present, no figures are available for Reunion, but a few cases have been detailed. The aim of this article was to estimate the incidence rate of chronic Q fever and Q fever endocarditis and describe its particularities in Reunion Island. Methods: The study was conducted using data from the two university hospitals on the island, from July 2007 to July 2015. The presence of an endocarditis, or vascular infection, or underlying vascular or valvular disease, associated with a Q fever serology with IgGI superior to 800 was the inclusive factor. Data was found in the files of infectious disease specialists, cardiologists, and thoracic surgeons. The patients were contacted by phone; in order to complete missing data, and to answer to a quality of life survey, the MOS SF-36. Results: 25 patients were included in this study. The mean age was 47.8 years. 56% of the population wore ‘prosthetic equipment’, and 44% of them had an underlying valvulopathy with a rheumatic origin. We found an incidence of 2.4 cases per million, per year, for Q fever endocarditis in Reunion island. The mean diagnosis time was 16.3 weeks with a standard deviation of 35 weeks. 40% of the patients presented embolism at time of diagnosis, with 28% having brain emboli, which is a much higher incidence than in mainland France. Diagnosis was made before surgery in only 52% of the cases. Surgical treatment was necessary in 80% of cases. All patients were treated with a combination of Doxycycline and Hydroxychloroquine, for median treatment duration of 17 months. Four patients relapsed after stopping the treatment, and another after a change of antibiotic. Twenty patients were still alive at the end of the study. Four patients died, 3 of which in the month following diagnosis. 13 patients are still undergoing therapy. Three are considered as cured. With one patient, contact was lost. 77% of our patients had a history of direct or indirect contact with goats, and 5 of participating in religious sacrificial goat ceremonies. We found certain years and particular places with several documented cases of Q fever, which could possibly be considered as outbreaks of the disease.The quality of life of our patients was lower than in the general population Discussion This study was relatively large-scale compared to those already in existence. It uncovered an incidence rate for Q fever endocarditis of 2.4 cases per million, per year - most likely an underestimation. That is more than twice the estimated rate of incidence in mainland France. It could be linked to socio-cultural factors, and peculiar valvular diseases within the Reunion population. Diagnosis appears to be delayed compared with France, with surgical treatment and relapses more frequent. It therefore seems necessary in the future, to raise awareness of this disease with practitioners and the authoritative bodies on the island, in order to help to prevent it, and improve its prognosis.
Introduction : L’île de la Réunion est un des départements Français d’outre-mer. Une grande partie de sa population garde des pratiques culturelles traditionnelles, avec des activités agricoles et rituelles faisant partie de la vie quotidienne. La fièvre Q, causée par la bactérie gram négatif intracellulaire Coxiella Burnetii, est une zoonose à distribution mondiale. L’incidence annuelle de l’endocardite à fièvre Q en France est estimée à 1 cas pour 1 million d’habitants par an. Jusqu’à présent, aucun chiffre n’était disponible pour la Réunion, mais quelques cas avaient été décrits. Les objectifs de cette étude étaient d’étudier l’incidence de la fièvre Q chronique et de l’endocardite à Coxiella Burnetii sur l’île de la Réunion depuis l’année 2007, ainsi que d’étudier leurs particularités sur l’île. Méthodes : L’étude a été réalisée dans les deux centres hospitaliers universitaires de l’île, de juillet 2007 à juillet 2015. La présence d’une endocardite, ou infection de prothèse valvulaire, ou pathologie prédisposante associé à une sérologie en faveur d’une fièvre Q chronique (IgG I > 800) permettait l’inclusion des patients dans l’étude. Les données étaient recueillies sur les dossiers de suivi des infectiologues, cardiologues et chirurgiens thoraciques qui les suivaient. Nous avons ensuite contacté les patients par téléphone pour qu’ils répondent à deux questionnaires : le premier, créé par nous, pour compléter les éléments manquants des dossiers, le second, le MOS SF-36, pour évaluer leur qualité de vie. Résultats 25 patients ont été inclus dans l’étude. 56% d’entre-eux étaient porteurs de matériel prothétique, et 44% une valvulopathie sous-jacente d’origine rhumatismale. Nous avons retrouvé une incidence de 2.4 cas par million d’habitants par an pour l’endocardite à fièvre Q sur l’île de la Réunion. La durée moyenne des symptômes avant le diagnostic était de 16,3 semaines [ET 35 semaines]. 40% des patients présentaient des emboles au diagnostic, avec 28% d’emboles cérébraux, ce qui était plus élevé que dans les séries françaises. Le diagnostic était antérieur à la chirurgie dans seulement 52% des cas. Un traitement chirurgical était indiqué dans 80% des cas. Tous les patients ont reçu un traitement par Doxycycline/hydroxychloroquine, avec une médiane de traitement de 17 mois. Quatre patients ont rechuté, 20 patients étaient toujours en vie à la fin de l’étude, quatre sont décédés dont trois dans le mois qui a suivi leur diagnostic. 3 sont considérés comme guéris. Une patiente était perdue de vue dans l’année suivant le diagnostic. 77 % des patients avait des antécédents de contacts avec des cabris, directs ou indirects, et cinq de sacrifices dans l’exercice de leur religion. Nous retrouvions des années et des lieux avec plusieurs cas de fièvre Q chroniques, pouvant correspondre à de petites épidémies ou foyers. La qualité de vie de nos patients était, à tout moment, inférieure à la population générale française. Discussion : Cette étude a été réalisée sur un échantillon qui nous semble important par comparaison avec la bibliographie existante. Elle retrouve une incidence d’endocardites à Coxiella Burnetii, probablement sous-estimée, plus de deux fois supérieure (2.4 cas/million d’hab./an) à l’estimation de l’incidence en France ce qui pourrait être lié à des facteurs socioculturels locaux, ainsi qu’à des atteintes valvulaires particulières à la population réunionnaise. Le diagnostic de la pathologie y semble plus tardif, avec un traitement chirurgical et des rechutes plus fréquents. Il nous semble nécessaire, dans le futur, de majorer l’intérêt des professionnels de santé et des autorités réunionnaises à l’égard de cette pathologie pour en favoriser la prévention et en améliorer le pronostic.
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Dates et versions

dumas-01290818 , version 1 (18-03-2016)

Identifiants

  • HAL Id : dumas-01290818 , version 1

Citer

Marie-Blandine Gottis. Épidémiologie des infections chroniques à Coxiella Burnetii sur l’île de la Réunion, une étude rétrospective de 2007 à 2015. Médecine humaine et pathologie. 2016. ⟨dumas-01290818⟩
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