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. Julien, Julien : Oui Dr A : Donc euh voila Je l'utilise Je reste moi-même Julien : Oui, et puis avec les patients comment ca se passe alors, euh ? Dr A : Alors bien sur ça dépend quelle pathologie, hein, mais quand ils ont des petits bobos ou autres, voila, j'essaie de faire une petite pointe d'humour. Julien : Oui Dr A : Que moi je considère comme humour, que eux ils ne considèrent peut-être pas comme humour à un instant T, mais bon, à force ils me connaissent, hein. Julien : D'accord, alors vous avez dit plusieurs choses là. Vous faites de l'humour plus avec les patients que vous connaissez ou vous vous autorisez à faire, euh. Dr A : Oh des fois, ca part d'un coup, hein, les gens ne me connaissent pas et là, je me rattrape. Mais c'est jamais de l'humour méchant, ou pour se moquer ou autre. Mais si je vois que j'ai fait un trait d'humour et qu'ils ne me connaissent pas, je dis « hou la , vous me connaissez pas », mais bon des fois ca part tout seul quoi ! (rires) Julien : OK, et, euh, et tout à l'heure vous avez dit les petits bobos. Y'a des maladies, euh, dans lesquelles vous euh, vous vous autorisez à faire de l'humour, d'autres pas ? Dr A : Oui pour des pathos type cancer, je fais pas d'humour. Julien : Oui, pourquoi ? Dr A : Bah j'en sais rien, je? ça s'y prête pas quoi, Quand on sait qu'ils vont mourir. Julien : C'est-à-dire dans les fins de vies ? Dr A : Oui dans les fins de vies, non? Quoique je me rappelle d'un patient comme ça

. Julien, qui avait initié l'humour et vous donc, dans les pathologies graves, vous avez du mal à l'utiliser. Bon ça peut se comprendre hein ! Et donc dans quels domaines du coup vous l'utiliseriez ? Dr A : Oh ça peut être à la rigueur avec des jeunes qui viennent pour une contraception ou qui doivent montrer leurs attributs sexuels parce qu'ils ont un bouton ou autre

G. Dr, O. Non, G. Dr, O. Le-soir-lignes, and . Euh, Ca nous embête fortement quand on a une secrétaire en vacances et que l'autre est en arrêt de maladie, qu'on a plus de secrétaire le matin. Là c'est? Après, nos patients, ils ont pris l'habitude d'appeler pour les RDV ou pour les choses comme ça, en effet, le matin Donc le gros des appels est là le matin Julien : D'accord Dr G : Après, je dirais que là le soir quand on reprend nos lignes, bon oui, ils savent qu'on reprend nos lignes le soir donc c'est pour les questions, les petits trucs, enfin, de la biologie en fait ou quand voilà, ils ont quelque chose de perso un petit peu à nous demander. Mais ça se régule quoi Julien : D'accord, mais sinon, vous n'êtes pas dérangée trop trop dans une consultation quoi Dr G : Non, je dirais que là, on a un petit roulement qui s'organise bien. Ils ont pris l'habitude. Julien : Vous avez toujours travaillé ici ? Dr G : Non, moi j'étais installée seule. Tous, en fait. On était, moi seule en cabinet en tout cas, à côté de chez moi, perso. Et, pour rien au monde je ne repartirais seule pour le coup. Enfin, pour rien au monde. Je touche du bois. Ici, on a la chance de s'entendre super bien. Julien : Hum hum Dr G : Enfin, on est 5 médecins. Après, il y a une podologue/pédicure à côté, une sage femme qui est à l'étage, une conseillère conjugale qui vient en fait par demi-journées ou, voilà, elle s'arrange. Bon, après nous 5, on est là, non-stop, tout le temps. Et c'est vrai qu'on s'entend super bien, donc, dans l'organisation, chacun a ses façons de travailler. On a nos clientèles différentes mais pour le coup c'est un confort de travail, heu? pour tout, Elles sont là de 7h45 à 16h30 Julien : D'accord enfin en tout cas, moi ça me permet de pas décharger chez moi quand euh, voilà. Julien : D'accord Dr G : Enfin, je pense qu'on a un peu ce fonctionnement là

. Julien, Très bien. Euh, du coup, ça fait combien de temps que vous êtes installée en tout ? Dr G : Installée en tout ? 16 ans Julien : 16 ans. Est-ce que je peux vous demander votre âge ? Dr G, p.43

. Julien-une-trentaine-julien, Une trentaineCa fait une consultation d'environ 15 minutes, quoi Dr G : Oui, mais je suis très bavarde, donc je suis souvent à la bourre. Donc, souvent, ils ont le droit à plus de 15 minutes. Mais je m'oblige à garder les consult' à 15 minutes et on a trouvé l'astuce un petit peu avec ma secrétaire parce qu'elle sait que je suis très bavarde, et puis que si il faut passer une heure avec quelqu'un, je vais passer une heure, ça tant pis. Ils sont habitués chez moi en fait Si ils attendent, c'est qu'ils savent pourquoi. Et après, de me faire des petits créneaux entre guillemets d'urgence. Ca, pour l'hiver notamment. Les créneaux d'urgence, du coup, ça me permet de rattraper mon temps entre deux et puis de placer une otite, un truc, enfin qui va aller un peu plus vite, quoi. Julien : D'accord Dr G : Voilà, donc, ça c'est pareil, ça roule quoi. Mais, je fais non stop hein. Enfin quand je fais non stop, c'est 8h, euh, voilà, l'hiver c'est facile 8 h ? 20h, quoi Julien : Oui, avec les visites entre deux et tout ça, quoi Dr G : Oui. Je fais très peu de visites, donc si j'ai des visites à faire, euh, en général, enfin, je suis là de 8 h à midi. Donc, souvent, ça démarre un peu, parce que je suis souvent en retard, donc midi et demi, une heure moins le quart et je reprends à 13h30 Julien : D'accord Dr G : Donc, si j'ai des visites, c'est sur ce créneau là, quoi. Julien : Oui donc c'est court, quoi. OK Dr G : Voila, enfin, pour moi, le but c'est de pas rentrer trop tard chez moi, donc, c'est pas toujours le cas mais voilà ! Julien : D'accord

G. Dr, . Ca, . Fait-moniteur-de-secourisme, and . Fait-plein-de, oui Dr G : il faut ! Julien : J'ai longtemps voulu être urgentiste, j'ai fais tout le cursus, en fait pour être urgentiste Etant externe, j'étais aux urgences tout le temps, etc. Euh, je suis passé aussi au SAMU en tant qu'interne et tout ça Et puis en fait, euh, au moment du saspas, le dernier stage de médecine gé, j'ai rencontré un médecin avec qui je me suis super bien entendu et pis qui m'a? Dr G : Transmis sa fibre, c'est bien (rires) C'était qui ? Julien : C'était le Dr Dupont à Corbie Dr G : Ah, je connais pas, oui, oui Julien : Et, euh, en fait, là, je me suis dit, en fait, t'es peut être fait pour ça, en fait. (rires) Dr G : Y'a plein de trucs à faire. Oui, moi je voulais être pédiatre, alors voilà suivant le cursus? et pis moi, c'est au fil de mes?, enfin je vous file mon expérience perso mais, au fil des stages. Bah oui, en fait. Et puis dans les stages, disons, purée, c'est être spécialiste dans sa spécialité, enfin, je veux dire, voilà. Après, moi aussi, j'ai fait pas mal de SAMU et d'urgence. Ca me plaisait bien en fait. Après, c'était dans l'organisation de la vie personnelle que je me disais que ? bien que? Mais c'est, bon, voilà. C'est un abord différent et puis pareil, alors moi pour le coup, j'ai été la première, euh, génération où on commençait à faire des stages de médecine générale. A l'époque, en fait, on avait juste un stage de 3 mois à faire, enfin, c'était très court. Et, c'est vrai que mon stage en médecine générale, ça m'avait bien bottée parce qu'on touchait un peu à tout

. Julien, . Oui, G. Fait-dr, and . Et, on est en semi-rural Je fais partie d'un groupe de formation, l'EPUH sur Amiens et mardi soir, euh, à chaque fois on dit « ouais, nous on vient de Montdidier, c'est le trou paumé » Mais, alors pour le coup, pour tout ce qui est urgence, enfin, si vous aimez justement ce contact de l'urgentiste Julien : Oui, justement, le côté semi-rural, on fait des sutures, on fait des trucs comme ça en fait Dr G : On fait tout. Nous, ici, on fait de tout, en fait, hein. Une fois, j'ai choqué parce que je leur ai dit que bah ici, les sections de filets chez les nourrissons, bah, je les fais en fait, hein. Alors, mes collègues, tout à coup, me les filent, enfin entre guillemets, hein. Mais voila, j'ai appris à le faire en pédia. Alors, ils étaient tous choqués en se disant, bah non, moi je les envoie chez l'ORL. Je dis, non mais attendez, ils les mettent sous anesthésie pour faire ça, plein de trucs à faire Julien : Y'a plein de gestes

. Julien, Encore les mettre à la limite, je veux bien comprendre

G. Dr and . Mais-je-leur-dis, arrête parce que bon, vous voyez je suis très bavarde.. J'me dis, purée !! Alors, elle a contacté son nouveau médecin généraliste Il dit, ah, non, non, moi je fais pas ça quoi, en fait, faut aller voir un gynéco !! Elle est allée voir un gynéco de ville qui leur a dit, ah, mais, non, non, faut aller voir un gynéco à l'hôpital ou en clinique, en fait, mais moi, je fais pas ça !! J'me dis, bon cocotte, prend RDV un samedi. J'te verrai, pis on le fera, quoi !! Julien : Oui, bah, oui y'a plein de trucs à faire quoi !! Dr G : Mais voilà. Et pour le coup, moi vraiment je prône pour la médecine générale même si en ce moment, on a tendance à vouloir un peu nous effacer. Voilà, si on aime, on peut aller toucher, voilà. Non, parce que je vois plein de gamins, c'est ce que je voulais en effet faire, je vois des adultes, je fais du geste, enfin voilà. J'ai un collègue, moi, qui retire les grains de beauté, en fait, hein. Nous ici, pour avoir des rendez-vous dermato, c'est l'horreur, bah, Christophe Carton, enfin quand il a besoin, toc, il retire les grains de beauté, est un peu comme vous en fait, il travaille beaucoup comme ça. Il fait beaucoup

?. Il-fait-beaucoup-de and . Et-pis-voila, Pis c'est aussi une question de rencontre aussi, j'pense en fait

. Julien, Donc euh? Y'a des fois des gens qui nous correspondent pas et puis du coup, on catalogue la médecine générale comme étant quelque chose de nul parce qu'on a rencontré quelqu'un avec qui on s'entendait pas, quoi Dr G : Bien sûr, bien sûr Julien : Pis finalement? Dr G : Mais oui et c'est là où l'intérêt des stages

G. Dr and . Très-bien-julien-alors-bah, est : Comment est-ce que vous avez réagi quand je vous ai annoncé le thème du sujet au téléphone. Dr G : J'ai trouvé ça rigolo (rires), intéressant et rigolo Julien : D'accord, intéressant et rigolo. Est-ce que vous pouvez m'expliquer un petit peu ? Dr G : Bah, euh, je dirais intéressant parce que, en effet, moi c'est un petit peu ce que j'utilise, en fait. Alors pour le coup, aujourd'hui, j'ai un exemple. C'est aussi dans ma façon, enfin alors, après attention, je mets des guillemets partout Je veux pas vouloir me vanter de ? enfin voilà Julien : Non, non, vous inquiétez pas Dr G : Mais, euh, ca aussi on l'apprend après sur le terrain, enfin moi j'ai appris énormément de mon métier Je trouve que ça m'apporte énormément sur le plan perso et dans ma façon, dans ma vie, aussi, familiale et tout ça. Et, on apprend énormément avec le contact des gens en fait. Et là, pour le coup, avec la médecine générale, vous touchez tous les niveaux, je vais dire tous les niveaux intellectuels, tous les niveaux sociaux, tous les? Et, ça c'est intéressant. Et j'essaye moi, est un bon moyen aussi de les mettre à l'aise et en confiance. Julien : Hum, hum

G. Dr and . Enfin, Du tout Julien : Les 2 mots, à côté de l'autre médecine générale et humour ? Dr G : Non. Enfin, je dis non. C'est faux parce que pour le coup, j'ai une BD à la maison là-dessus. Donc, c'est un peu faux. Y'a un visiteur que je vois plus maintenant parce qu'il a dû changer mais je lis beaucoup en fait, hein. J'aime bien farfouiller Alors je sais pas si vous l'avez contacté Pour le coup, ça serait peut être intéressant que vous interrogiez Christophe Carton aussi pour le coup, qui est très BD pour le coup Et il nous a ramené une BD sur le cancer du sein qui est bien foutue, qui est super rigolote mais qui est bien faite, en fait, et même pour les patients et ça utilise justement l'humour et voilà quoi ! Et du coup, j'ai quelques BD en fait comme ça aussi, donc oui Julien : Vous l'avez lu cette BD en question sur le cancer du sein ? Dr G : Je l'ai feuilletée parce qu'en fait, il nous l'a présentée en EPU. Comme je fais partie du groupe d'EPU et? et sur ce que j'ai feuilletée, oui voilà Julien : Du coup, c'est quelque chose qui serait, bon voilà, peut être pas à disposition des patients ... ? Dr G : Si, si, pour le coup, on s'est dit qu'on allait se le faire passer pour bien voir le truc et qu'on allait la mettre à disposition des patients Julien : D'accord. Et bon, c'est un petit peu dommage du coup, vous l'avez juste feuilleté mais qu'est-ce que vous pensez que les patients, ils pourraient en retirer de ça ? Dr G : Bah, la première chose, je dirais, c'est de mieux accepter la maladie. Julien : Oui tout ça, alors vous voyez, moi en plus je suis pas très grosse, mais enfin, bah, c'est d'autant plus facile à faire passer les messages et ils vont mieux intégrer que si on leur dit, purée, bon faut que tu perdes du poids, c'est pas sérieux, tu vas avoir plein de maladies. Bah non, ils savent ça en fait, enfin, bon voilà, quoi. Julien : En fait ça leur permettrait peut-être de mieux accepter leurs symptômes pour mieux y faire face, quoi ? Dr G : Oui, tout à fait. Alors c'est pareil, hein. Pour le coup, ça dépend du profil patient. Et c'est là où il faut qu'on s'adapte, qu'on apprenne à connaître nos patients. Alors pour nous en médecine générale, c'est plus facile que pour les spécialistes, forcément Julien : Justement, vous disiez, les spécialistes, ça serait peut-être bien qu'ils l'utilisent un petit peu? Dr G : Oui Julien : ? Peuvent-ils le faire ? Dr G : Bah oui, ils peuvent le faire. Ils peuvent le faire. Alors oui, après c'est vrai qu'ils connaissent moins nos patients que nous, quoi, en fait. Mais, j'allais dire, ça s'apprend aussi quand on voit rentrer la personne, quand? L'échange qu'on va avoir au démarrage. Oui, oui Julien : Donc même vous

G. Dr, Vous voyez, je sais pas si vous connaissez Dr S, sur Amiens. C'est un stomato

. Il-a-un-humour-un, Enfin, c'est pas l'humour noir

S. Faut-connaître and . Humour, Mais c'est sa façon de travailler Et pour le coup, je dirais, alors, ca passe pas avec tout le monde, c'est vrai qu'il y a des gens, en effet, euh. Mais j'allais dire quand nous, hein, pour le coup, c'est notre rôle, quand nous, on a passé un peu le message en disant, bon vous inquiétez pas, hein, il a un humour un peu tranchant. C'est un peu tranchant, c'est ça, je cherchais le terme, un peu tranchant et un petit peu brut de décoffrage, mais c'est sa façon de travailler

. Il-avait-un-problème-de-sinusite, !. Alors-pour-le, . Ca-a-super-bien-fonctionné, . Simone, !. Sur-la-table et al., Il a été en confiance tout de suite quoi Mais à côté de ça, euh, vous voyez, il a vu une patiente une fois d'un de mes collègues, qui s'appelle Simone. Euh, c'est lui qui répond à l'interphone. Et il dit, ah, Simone, pas de problème, montez ! La dame, elle s'est dit, purée, je l'ai jamais vu, il m'appelle déjà Simone quoi en fait Julien : C'est intéressant finalement ce que vous racontez parce que c'est la vie d'un spécialiste mais finalement on pourrait quasiment comparer ça à la première rencontre d'un médecin généraliste avec un nouveau patient, alors? Dr G : Tout a fait ! Julien : Et donc du coup, vous dites, elle l'a mal vécu, pourquoi ? Dr G : Elle, elle l'a mal vécu parce que voilà, enfin je pense que dans son tempérament, la c'était trop brutal, trop rapide, je dirais dans finalement un petit peu le fait qu'il l'appelle par son prénom même si il l'a vouvoyée et puis dans sa façon de lui dire, l'ayant jamais vue, elle s'est demandé ce qu'il allait lui faire, quoi, en fait. Et je pense qu'elle est partie fixée. Elle l'a pris vraiment au premier degré, quoi. Julien : Peut-être comme une intrusion Dr G : Comme une intrusion, oui. Je pense plus ce côté-là. Bon elle est retournée le voir quand même, hein. Mais bon le premier abord a été un petit peu, bon, voilà. Comme des fois vous voyez, y'a un autre exemple qui me vient en tête, c'est que, euh, j'ai eu une fois une patiente qui me dit, oh purée, c'est un con celui-là (rires) j'irai plus le voir. Alors je sais plus trop comment la consultation s'était passée. Et puis finalement, justement sur ce côté un petit peu plaisanterie entre guillemets, ça a fait son bout de chemin et elle est retournée le voir. Et après finalement, elle me dit, ah, finalement, c'était pas mal ! Et j'ai réussi à lui faire dire que, vous voyez finalement, il vous a fait travailler un petit peu sur vous-même et voilà euh. Sur le coup, ça a été un petit peu brut de décoffrage et puis après finalement heu, et puis le contact est passé. Comme quoi voilà, faut pas rester sur un premier abord, quoi. Julien : Bon, on s'éloigne un petit peu mais c'est bien quand même, ça nous amène à des choses intéressantes. Euh, autant, je pense qu'on choisit son généraliste, on choisit pas des fois son spécialiste et donc c'est peut-être un petit peu là des fois qu'il peut y avoir des clashs, quoi Dr G : Oui, c'est sûr. Vous voyez, moi des fois, moi, je le fais Je vais envoyer vers tel spécialiste plutôt que chez untel, parce que je sais que ça risque de mieux passer avec celui-ci, enfin voilà, quoi, en fait, en fonction du profil patient pour le coup, Julien : Y'a-t-il des fois vous, où vous avez utilisé l'humour et vous vous êtes rendue compte que ça avait fait un flop quoi ? Dr G : Sûrement. Sûrement !! Ouiest vrai que moi je suis un petit peu formatée sur certains? Je profite de ces consultations pour faire passer plein de messages. C'est pour ça aussi que je suis souvent à la bourre ! Et en fait, c'est vrai que du coup

. Ca-serait-peut, Et elle me dit, non, non mais j'ai l'impression d'avoir eu l'herbe coupée sous le pied Le soir, je suis allée me coucher, j'en ai discuté avec mon mari, je vous avoue que j'ai été un peu dure dans mes propos. Et je dis, non, mais allez y, balancez. Mon dos est large, je suis capable d'entendre et c'est bien qu'on ait cet échange. Et elle me dit, je vous avoue que j'ai été très en colère après vous

. Et-son, Elle me dit, je vous avoue qu'il m'a fallu quand même une quinzaine de jours, le temps de digérer, Et du coup on a eu une 2 ème discussion avec ma fille et du coup, elle est partie en me disant merci quoi, hou. Julien : Donc, finalement, elle a eu la discussion avec sa fille après

G. Dr, Mais bon, à la fois, voilà quoi Moi j'ai vu une fille à 11ans ½ enceinte, bon? C'était au début que j'étais installée Et c'est vrai que ça m'a PRRR Donc du coup, vous voyez c'est forcément un sujet que j'aborde. Mais des fois, il faut qu'on se mette des limites aussi, quoi. Julien : D'accord, donc avec la jeune fille, du coup, ou avec d'autres, quand vous parlez des sujets comme ça, c'est un moyen que vous utilisez Dr G : Aussi, oui. Alors y'a une phrase que j'utilise avec les jeunes filles ou les jeunes hommes d'ailleurs, c'est allez « je fais mon petit speech » comme ça en rigolant, en disant je suis pas papa et maman mais voilà, si t'en as marre, si tu trouves que c'est un peu trop glonflant? Alors j'essaie d'utiliser aussi un petit peu leur vocabulaire? tu m'arrêtes. Tu as le droit hein, c'est un échange. Et pis après je dis, bon allez j'arrête la leçon de morale. T'as pas des questions à me poser ? Et du coup, ça les met à l'aise aussi, vous voyez. Et puis alors, moi pour le coup, ça me permet aussi, ce moyen là de laisser des portes ouvertes. Et souvent aux jeunes, je leur dis, bon voilà, t'as pas forcément besoin de papa et maman, en fait, Mais la maman derrière Mais je vous avoue que je me suis dit

M. and D. Sida, Et en fait les gamins, vous voyez, par le biais de la plaisanterie, pour le coup, et bah, je peux vous dire qu'on a abordé tous les sujets Alors au début tout le monde pouffait de rire. J'ai même pris, vous voyez j'ai un sexe d'homme que j'utilise pour les injections d'Edex. J'avais pris des préservatifs pour leur montrer à quoi ça ressemblait. On a tout fait. La maitresse, elle était sciée parce que elle dit, purée Et les gamins, par le biais de la plaisanterie, ils ont su, vous voyez être sérieux. Vous voyez, c'est vraiment ce qui m'a interpellé, c'est que par le biais de la rigolade, Parce qu'en CM2 ils font la reproduction. Enfin bon des choses très basiques. L'infirmière scolaire était malade et du coup bah ils ont su à un moment donné être sérieux, écouter les messages et puis pouvoir rigoler un petit peu. Et ça, c'est un bel exemple vous voyez. Julien : Parce qu'ils ont été mis en confiance dès le début ? Dr G : Peut-être aussi oui. Je veux dire

. Julien, Oui, dans le dialogue aussi, ça c'est important aussi. Ca, ça fait partie de notre métier, aussi. C'est d'arriver, enfin. Perso, je pense, hein. Les anciennes générations, ils étaient pas comme ça, enfin pas tous comme ça. Alors, par contre, un des inconvénients de notre métier, c'est qu'on respecte de moins en moins le médecin, ça, c'est sûr. Enfin comme dans toute profession, maintenant, c'est? Mais

. Ils-ont-appris-À-vivre-avec-cette-maladie-qu-'est-la-sclérose-en-plaques, . Vivre-avec.-c-'est-comme-Ça, and . Fait, Je lui dis toujours, vous êtes comme ça et vous avez la sclérose en plaques avec vous Ils sont à 3 Et il ya quelques mois, lui commence à avoir un cassement de voix, voilà Alors il a des reflux réguliers, alors je lui dis, ça serait bien d'aller refaire une fibro parce que de toute manière, y'a votre colo à contrôler pour les polypes. Et puis du coup, je lui dis, vous allez peut être voir aussi l'ORL quand même. Bon, l'ORL, en effet, elle me dit je ne vois pas grand-chose mais c'est quand même bizarre, bon bref, elle est allée creuser un petit peu. Et finalement, on trouve un chondrocarcinome, un truc hyper rare sur le cartilage cricoïde. Enfin, le truc, y'a pas de traitement. Le seul traitement, c'est la chirurgie délabrante. Enfin voilà, grosse chirurgie pour tout retirer?qu'il a refusée. Donc il refuse de se faire opérer?Donc il a accepté un peu de radiothérapie. On s'est dit, même l'oncologue m'a dit, on va essayer pour au moins stabiliser un petit peu, quoi. Et je me retrouve là avec 2 personnes qui commencent à rentrer dans cette fin de vie Alors lui pour le coup dans discussion et vous voyez, oui. Alors pour le coup, moi

. Ans-que-je-suis-installée-et-c-'est-vrai-qu-'en, humour, là, dans cette situation là, ça me permet de les faire souffler un peu Donc un exemple concret, là vous voyez, j'y suis allée il y a 3 semaines peut-être. Lui m'a appelé un matin paniqué Alors sa grande peur, c'est de mourir étouffé Alors que paradoxalement en fait, depuis une petite année à peu près, il avait cette peur pour sa femme, en fait. Il me disait, mais comment ça va se passer ? Dites moi exactement, comment elle va finir ? Qu'est-ce qu'il faut que je fasse si ça arrive à la maison. Et là maintenant, c'est lui qui y est confronté. Enfin, vous voyez, il dort assis. Bon bref, je suis appelée un matin. Il me dit, je l'ai laissée au lit. Colette, en effet, elle arrive plus à parler, elle est pas bien, elle pleure. Bon, j'ai bien senti un appel au secours. Euh, pour tout vous dire

. Alors-elle,-elle-me-fait-la-banane-aussi.-c-'est-bon, Et vous voyez, là pour le coup, en utilisant des petits trucs d'humour, bah, ça a permis de l'apaiser un tout petit peu Et puis après, j'ai demandé au mari qu'il aille chercher un truc pour s'éloigner un petit peu. Et puis, je lui dis bon on va essayer de parler tout doucement et puis je lui dis, hé, pas de mensonges avec moi, hein. Donc là, toc, une petite banane qui sort. Et puis bah derrière, oui, j'ai appuyé sur le bouton, quoi, en fait, Julien : Vous pensez que ça fait partie de notre métier ça ? Dr G : Oui

. Aussi-bien-du-côté-du-mari, je sentais que lui, il était au bout, fatigué et puis, bah, elle, elle s'épuisait à essayer de vouloir sortir quelque chose et de pas se faire comprendre des autres, quoi. Donc, c'est là où, toc, il faut arriver à apaiser le truc et dire bon, c'est rien

. Julien, Est-ce que vous trouvez que ça serait intéressant ? Dr G : Tout à fait Vous voyez là, je vais retenir votre sujet pour un sujet de notre EPUH. Parce que dès qu'on a un truc intéressant, on le note. Et d'ailleurs, j'aimerais bien avoir le résumé de votre thèse Julien : Oui

G. Dr and . Qui-est-votre-directeur-de-thèse, Julien : Alors c'est Géraldine Layani, vous ne la connaissez pas Elle est récemment diplômée Et là, elle est partie au Québec pour faire de la recherche là-bas. A la base, elle est urgentologue comme ils disent là-bas mais c'est quelqu'un qui a une grand sensibilité et qui je pense est la meilleure pour pouvoir m'encadrer dans un sujet comme celui-là

G. Dr, Très bien, bah, écoutez, bon courage pour la suite alors !! Entretien avec le Dr

. Julien, Je vais commencer par vous demander, si je peux, vous demander votre âge ? Dr H : Oui

. Julien, Dans votre cabinet, est ce que vous avez une secrétaire, est ce que vous avez un secrétariat à distance, est ce que, euh ?

H. Dr, Euh, secrétariat téléphonique que j'utilise pas énormément

. Julien, accord, sinon c'est vous qui prenez vos rendez-vous ? Dr H : Oui Julien : D'accord. Euh, du coup, vous voyez combien de personnes par jour à peu près pendant vos journées classiques

H. Dr, Euh, ça peut aller d'un quart d'heure, voire une demi-heure si vraiment il y a besoin

. Julien, Et, euh, est ce que vous exercez que la médecine générale ou est-ce que vous avez une spécialité annexe, euh, l'acupuncture, la médecine du sport, la mésothérapie

H. Dr, C'est vrai que je me suis un petit peu interrogée sur le type de questions que vous pouviez me poser par

. Julien, Et qu'est ce que ça engendré chez vous ? Vous avez réfléchi ou ? pas vraiment, tant mieux si vous n'y avez pas réfléchi, parce que le but c'

H. Dr, Donc finalement ne vous inquiétez pas si je retiens votre réponse sur cette question là. Alors comment est-ce vous percevez l'utilisation de l'humour en consultation ? Dr H : Comment moi je perçois ? Euh. On va dire que c'est un outil supplémentaire peut être

. Julien, Et qu'est ce que vous en retirez un petit peu ? Est-ce que vous l'utilisez ? Est-ce que c'est quelque chose que vous maniez ?

H. Dr, . Peut-Être-pas-volontairement, and . Consciemment, Mais ça peut tout à fait rentrer dans une conversation. Voilà, je ne me dis pas à l'entrée de la consultation, je vais? Voilà, c'est des choses qui se déroulent, euh

. Julien, Et, euh, par exemple, dans quel genre de situation vous, euh? Peut être que vous ne faites pas forcément d'autoanalyse, en vous disant, tiens, là, j'ai utilisé l'humour

. Mais-peut-Être and . Qu, il y a des situations qui vous reviennent en tête dans lesquelles vous vous êtes dit, euh, ou pas d'ailleurs, mais finalement avec le recul vous vous dites, tiens, là, j'ai utilisé l'humour

H. Dr, Difficile à dire Je pense que ça dépend beaucoup de la personne qu'on a en face de soi en fait. Donc, euh? Julien : Quel genre de personnes alors ?

H. Dr and . Bah, je dirai peut-être que l'on peut se laisser aller un petit peu plus à des propos, euh, un petit peu plus légers, avec les personnes que l'on connait peut-être un peu plus

H. Dr, (Silence) Hum, hum Julien : Ah, je vais vous embêter, je vais vous pousser dans vos retranchements forcément, p.hein

H. Dr, Rires) Euh, pourquoi ? Euh, je pense que, bah, les patients se livrent aussi peut-être plus facilement quand on les connaît mieux aussi. Ca nous permet peut être d'aborder des sujets qui ne sont pas uniquement médicaux

. Julien and . Oui, C'est dans ce cadre là qu'interviennent, les plaisanteries ou, euh ? Dr H : Euh? (Gênée) Julien : On n'est pas en train de parler d'être un clown

H. Dr, . Non, and . Mais, on va dire un petit trait supplémentaire qui permet de détendre un petit peu l'atmosphère. Alors il y a certaines circonstances où ça peut être employé et d'autres ou ça n'a pas franchement sa place

. Dr, Euh, des exemples, euh? Il y a déjà les personnes que vous voyez pour la première fois, qui vont vous raconter un petit peu leur histoire et, euh, là, c'est plus eux qui parlent, tout compte fait, Euh, tout dépend un petit peu de la façon dont ils abordent les choses, voilà. Et puis, euh? Julien : Est-ce que vous pensez que ça dépende du sujet qu'ils abordent

H. Dr and . Oui, Je pense qu'il y a des sujets qui peuvent être abordés avec un peu plus de liberté et d'humour que d'autres

H. Dr and . Euh, est pas systématiquement une réponse à un commentaire un petit peu humoristique du patient. Non, non, ce n'est pas systématiquement ça. Mais je pense qu'il y a des circonstances, euh, où on peut plus facilement l'utiliser que d'autres, selon bah, notamment le motif de la consultation, selon l'humeur de la personne que l'on a en face de soi également, Euh, il y a tout ça qui rentre en ligne de compte

. Julien, Est-ce qu'inversement? C'est quelque chose que vous utilisez fréquemment finalement, avec un petit peu de recul sur votre activité ou pas ? C'est pas forcément? Euh, le but n'est pas de faire l'apologie de l'humour, hein ! Dr H : Non, pas du tout

H. Dr, . Parce-que,-je-pense, and . Qu, il faut, euh? Il y a le fait de connaitre un petit peu mieux ses patients, avec les années également Et puis je pense que moi, j'ai un naturel un petit peu anxieux. Quand je me suis installée, je n'avais pas le recul suffisant pour pouvoir parler de façon un peu plus libre, Je pense qu'avec les années et l'évolution, ce sont des choses qui rentrent un petit peu plus dans les conversations

H. Dr, Parce que c'est un outil d'échange supplémentaire

H. Dr and . Alors, sur le plan médical pur, je ne pense pas que ça change beaucoup de choses. Par contre, le côté relationnel avec des patients que l'on connait, je pense que ça peut aider. Et ça peut aussi aider les patients, même un petit peu psychologiquement dans certaines situations également

. Julien, Alors avec du coup, plutôt, avec des patients que vous connaissez depuis un moment. Vous dites un outil supplémentaire qui permet d'améliorer la relation finalement avec le patient, c'est quelque chose de positif ça. Une bonne relation avec vos patients, qu'est ce que ça vous permet d'avoir ?

H. Dr and . Euh, Silence) Julien : J'attends pas réponse, c'est vous qui me les donnez

. Julien, essaie de vous amener sur des pistes, mais finalement, si vous avez envie de parler totalement d'autre chose, vous pouvez J'attends pas de réponse particulière, j'attends pas, euh? Voilà. J'ai mon idée sur la question, mais ça ne veut pas dire que mon idée est la bonne, et que je ne peux pas entendre autre chose. Donc qu'est ce que ça vous apporte d'avoir une bonne relation finalement avec vos patients ? Dr H : Euh Julien : Via l'humour peut être? Dr H : Oui. Euh? Peut-être aborder certains sujets qu'ils n

. Julien, Quand vous dites, réussir à obtenir des renseignements, euh, qu'on n'aurait pas eus, en utilisant une façon plus rigide de parler

H. Dr and . Julien, Quel genre de renseignements ? Dr H

. Julien, Quels thèmes ? Quels moments d'une consultation ? Quels, euh ? Dr H : Des choses que, par exemple, des parents ne vont pas dévoiler facilement sur leurs enfants, par exemple Je pense aux problèmes d'énurésie, les choses comme ça, les choses, quand en parlant de façon un peu plus légère et peut être un peu humoristique

. Julien, Ouais Dr H : Parce qu'à ces âges-là, à 6, 7, 8 ans, les enfants ne sont peut être pas très réceptifs à? Mais en tout cas, peut être plus, euh, oui

. Julien, Donc avec les enfants, vous estimez que c'est un outil qui n'a pas sa place ? Dr H : Si, mais peut être quand ils sont un peu plus grands

H. Dr, Euh? Après, c'est vraiment individuel, c'est comme on le sent un petit peu. Mais, je ne sais pas, je dirais une dizaine d'année, peut-être

. Julien, Bah, essayer d'instaurer une petite situation de confiance, même si au départ, quand même, euh? Il ne nous connait pas l'enfant, hein. On a plus? Le plus souvent, l'abord avec les enfants, c'est bien souvent via les parents, en tout cas à ces âges-là. Après chez les ados, c'est différent. Mais, euh, c'est souvent par l'intermédiaire des parents. C'est eux qui parlent souvent à la place des enfants

H. Dr and . Euh, je ne pense pas, à partir du moment où c'est toujours, euh? Je pense que c'est un petit peu, euh? C'est pas prémédité, c'est quelque chose qui arrive dans une conversation et à partir du moment où c'est bien placé et où ça ne semble pas déplacé par

. Julien, essayer de déterminer les rôles que peut avoir l'humour dans, je dirai, toute une consultation, voire un petit peu après, même, avec le suivi du patient. Est ce que vous pensez qu'il y a des moments où l'humour peut intervenir ? Alors évidemment, je ne suis pas en train de parler de l'humour comme d'un médicament, mais, euh, est ce que vous pensez que l'humour? Notre métier, c'est de veiller au bien-être de nos patients, et est-ce que vous pensez que l'humour peut avoir sa place dans tel ou tel domaine pour ça ? Dr H : (Silence) Euh

. Julien, Qui viendrait en complément de notre médecine, quoi, en fait ?

H. Dr and . Euh, je dirais, bah, sur tout ce qui est composante vraiment psychologique, oui, pp.bien- sûr

. Julien, Alors, sur le côté vraiment médical pur, on cherche un diagnostic, on cherche un traitement, alors ça, c'est peut être pas décisif dans ce domaine-là. Mais après, il y a tout le relationnel. Et peut être également dans une situation médicale un petit peu délicate

. Julien, Des situations délicates où il est difficile d'en parler

H. Dr, Peut être plus pour le patient que pour moi, je pense. (Silence) Julien : Hum (Silence) Donc vous êtes dans quel cadre ? Je ne sais pas, vous êtes dans le cadre de, euh, je sais pas, d'un examen, de l'annonce d'un diagnostic ?

H. Dr, . Euh, and . Ça-peut-Être-dans-le-cadre-d-'un-examen, Euh, l'annonce lui-même d'un diagnostic, c'est vrai que c'est peut être pas, euh? On va peut-être pas utiliser l'humour pour dédramatiser une situation. Mais, euh, notamment ça peut venir ensuite en complément, notamment dans l'évolution de la pathologie, sur le suivi, sur euh? Je pense que ça peut aider notamment dans, euh? Un patient qui aurait peur d'une prise en charge trop lourde pour une pathologie, je pense qu'on peut essayer, avec un petit peu d'humour et de légèreté, de le rassurer un petit peu sur, euh, alors peut être pas forcément sur l'évolution, parce qu'on ne peut pas lui dire selon la pathologie, ça peut s'arranger comme ça peut, voila. Il faut de toute façon dire la vérité au patient, on n'est pas là non plus pour tout minimiser, euh. Mais je pense que, notamment par rapport à un suivi qui peut sembler un peu lourd s'il y a des examens successifs, s'il y a des choses

. Julien, Qu'est ce que vous pensez que ça procure au patient ?

H. Dr, Est-ce que ça va marcher ? Est-ce que ? Ca, c'est sûr que, euh (Rires) hein, c'est, euh? Julien : Alors, vous pouvez avoir les deux avis !

. Julien, Est-ce que vous pensez que c'est ce qu'il attend ? Dr H : Euh Julien : D'être rassuré évidemment, mais est-ce que l'usage de l'humour, vous pensez que c'est bien perçu par vos patients ?

H. Dr and . Bah, tout dépend de la personne que l'on a en face de soi

. Julien, Il y a des gens qui n'ont pas envie, c'est ça ? Dr H : Oui Julien : Quel est le genre de lien que vous développez avec ces patients ?

H. Dr, Euh (silence) Ca peut être de bons rapports également, hein. L'humour n'est pas non plus quelque chose d'obligatoire pour entretenir de bons rapports avec ses patients Je pense que d'autres personnes recherchent peut être autre chose, et surtout peut être uniquement l'information, hein, euh? Elles n'ont peut être pas besoin de se sentir rassurées par rapport à quelque chose

. Julien, Est-ce que c'est peut être plus vers ce style de, euh? Est ce qu'il y a beaucoup de, euh? Bon, c'est évident de? C'est extrêmement difficile de quantifier l'usage de l'humour dans une activité, mais, est ce que vous avez l'impression que c'est un outil que vous utilisez souvent ou est ce que vous avez dans votre mallette d'autres outils que vous utilisez peut être plus souvent ?

H. Dr and . Euh, ce que l'on connait de sa famille, de sa vie, de? Voilà, hein. Quelquefois on suit plusieurs personnes de la même famille et vous avez les patients qui vont vous raconter les histoires de la grandmère , de la petite fille et de personnes que vous connaissez déjà. Donc, euh, on est pris dans, euh? On a l'impression de faire un petit peu partie de l'histoire. Moi, je pense que c'est un plus, et que ça peut être, euh? L'humour peut avoir tout à fait son rôle, même dans des situations un petit peu, euh? Une dame va dire « je suis très inquiète parce que mon mari a tel problème, etc. », et selon le caractère de la personne, on voit, euh? Elle peut utiliser quelques petits traits d'humour, alors, peut être pour se détendre elle-même. Mais, du coup, ça engage une conversation qui

H. Dr, De la même façon, un petit peu, euh ? Julien : Est-ce que c'est à ce moment là que ça arrive ?

J. 'essaie-de-reformuler-vos-propos, pour être sûr que je les ai bien compris. Ca parait important, en tout cas pour vous, de vous calquer sur comment vous ressentez les gens en fait ? Dr H : Oui, pour être un petit peu, comme si on était un petit peu sur la même longueur d'onde, qu'on puisse converser en fait, euh, que la personne ait l'impression

H. Dr, Alors moi, je pense que moi, ça me fait du bien aussi, parce que, bah, ça procure, euh? Alors peut être que ça me donne un certain recul et une certaine légèreté sur des Dr H : Oui

. Julien, Donc là, c'est plutôt le patient qui utilise l'humour pour minimiser ses symptômes et, euh, et du coup ça, vous induit en erreur, c'est ça ? Dr H : Oui, c'est tout à fait possible

. Dr, Alors pas forcément répondre par l'humour, parce que là en fait, dans ce cadre là, on a plutôt l'impression que le patient utilise l'humour pour se rassurer lui-même, et, euh, de ce fait là, euh... Vous voyez docteur, c'est pas grave ce que j'ai ! Banaliser, hein les symptômes, hein, en fait. Et je pense que c'est surtout le dialogue, le fait de poser des questions, d'en savoir davantage sur les symptômes que présentent le patient, et toujours garder l'objectif du motif de la consultation initial Julien : Très bien, alors, est ce que des fois il y a des patients qui réagissent bien ou mal, qui vous parlent justement de, euh? Comment est ce qu'ils régissent quand vous utilisez l'humour ? Dr H : Oh

H. Dr, Alors quelquefois, c'est pour des sujets qui sont complètement différents, enfin, qui n'ont rien à voir avec la consultation. Les patients vont me parler de leur vacances, de, voilà? Et de ce fait là, il y a une discussion, qui peut être courte, hein, qui se met en place, avec un trait d'humour, mais qui n'a absolument rien à voir avec le motif même de la consultation, Et voilà, ça c'est du, euh, on va dire du relationnel, euh, les gens nous racontent un petit peu

. Julien, Ouais, est ce que vous avez l'impression que vous utilisez l'humour plutôt en dehors du motif de la consultation ? C'est-à-dire? Dr H : C'est peut être plus facile

. Julien, est peut être plus facile, parce que justement, en général, ça vient des patients euxmêmes , qui vont nous raconter des choses qui n'ont pas de rapport direct avec la consultation, mais euh, ou un sujet qu'on a abordé la fois précédente. C'est comme si on continuait la conversation de la consultation précédente

H. Dr, Et alors c'est vrai que c'est plus facile, quand c'est pas directement lié à un sujet médical ou à un problème médical. Mais ça peut également rentrer dans un motif de consultation

. Julien, Très bien, j'ai une petite question, un petit peu sur le, euh, sur la formation. Nos études, bien qu'elles nous apprennent énormément de choses, elles ne nous

H. Dr and . Peut-Être-au-début, en tout cas, sur les premières années, c'est vrai qu'on est assez démunis, quand on commence à faire des remplacements, quand on commence à, euh? Je crois qu'il faut un petit peu d'expérience et ça demande quand même du temps. Je pense que, enfin, en tout cas pour moi, pour être vraiment à l'aise avec les patients, il m'a fallu du temps

H. Dr, Et je pense que ce serait peut être plus valable, en tout cas, sur le début lors de la formation. Alors je ne sais pas si, euh, uniquement la pratique va nous aider par rapport à ça. Ou, est-ce qu'on peut avoir une aide, autre avec une formation

H. Dr and . Julien, Vous pensez que ça va permettre de se livrer plus facilement ? Ou pas ?

H. Dr and . Oui, tout dépend toujours des circonstances et de la personne que l'on a en face de soi. Mais, quelques traits d'humour dans une conversation peuvent aider

. Julien, Est ce que vous vous étiez déjà penchée sur cette idée que l'humour était un outil de communication, et qu'il pouvait être utilisé dans la médecine générale ? Est ce que c'est quelque chose à laquelle vous aviez déjà réfléchi ?

H. Dr and . Non, Mais? c'est pourtant quelque chose que l'on pratique sans y penser à l'avance sans le prévoir, mais qui fait partie du relationnel avec le patient

H. Dr and . Bah, Tout compte fait, j'ai trouvé que c'était très intéressant et peut être

. Julien, Vous pensez que ça pourrait intervenir? ? Enfin, qu'est ce que ça va engendrer dans votre pratique, sans la changer, est ce que vous allez vous poser plus de questions ? Dr H : Euh. Non, je ne pense pas que je vais changer de, euh, parce que c'est des choses qui se font un petit peu naturellement et sans les avoirs préparées, Mais, ça me conforte dans l'importance du relationnel dans la pratique de la médecine

. Julien, Très bien. Est-ce que vous avez d'autres choses à rajouter sur, euh d'autres choses qu'on n'aurait pas abordées ? Dr H : Je ne vois pas (Silence) Julien : D'accord

I. Dr and . Oh, BCBG, catho, mais intelligente, ouverte d'esprit Tu lui dis quand elle a mal à la gorge, et que y'a rien à faire, tu lui dis, faut sucer, c'est tout. Moi, je l'ai fait Je l'ai vraiment déjà fait, quoi. Donc avec elle, je sais que je peux aller super loin, parce que je la connais. Attends, tu vas jamais dire ça à quelqu'un que tu connais pas, tu rigoles. C'est un coup à avoir un procès au cul. T'as les keufs qui viennent te chercher pour harcèlement sexuel. Enfin, voilà. Alors, elle, je la connaissais bien et je savais avec le temps que? parce que? ils ont traversé des moments difficiles où j'ai été là et, voilà, donc. Hein, le vieux proverbe, c'est quand tu es dans la merde que tu connais tes copains, est un peu pareil, quoi. Si c'est pour dire que tout va bien, merci, au revoir. C'est aussi, les gens ils te font confiance quand il se rendent compte que quand ils sont dans la mouise, tu es là, quoi. C'est un peu pareil

. Julien, ça permet justement aux gens de s'ouvrir plus ? De te donner des éléments auxquels tu n'aurais pas eu accès avant ? Dr I : Oui. Mais, pas que l'humour, tout? Enfin, une passion en commun. Sans tomber dans la caricature, tu t'intéresses à la vie des gens, à leur vie sociale, à leur vie familiale, voilà, c'est un être humain dans sa globalité donc? Enfin, l'humour est pratique, mais après il y a d'autres choses. Parfois, il suffit de laisser les gens parler, hein. Parfois, il suffit de laisser les gens parler. Moi, J'ai une règle, c'est la règle des 15 secondes. Parfois quand le patient, il ne va pas bien ou quoi que ce soit, il faut attendre 15 secondes avant de parler. Pour moi, c'est dur ! Mais, ça c'est un truc que j'avais appris en psy, Parce que si tu parles tout le temps, si tu meubles la conversation, le patient? Tu sais, c'est les fameuses discussions fermées. Donc, tu lui laisses le temps de réfléchir. Tu fais exprès de mettre un blanc qui me semble toujours 3

. Presque-impossible-pour-moi, Je prends sur moi ! Mais, parfois, je te dis, les gens, ils te racontent des trucs, tu pensais les connaître, mais en fait, non. On a tous les fêlures, des secrets, et puis, attends, je ne suis pas psychiatre, hein Julien

I. Dr and . Oui, C'est une richesse, c'est une arme, c'est pratique. Mais, y'a pas que ça ! Y'a l'empathie, déjà. Les gens viennent plus pour l'empathie quand même. Faut pas oublier que parfois, le soir, quand tu rentres chez toi, t'as fait 10, 12 heures de boulot et tu as quand même des gens qui se sont plaints 12 heures quand même. Alors bon, on l'a choisit, j'assume, hein

. Julien, Est-ce que parfois tu switches comme ça justement avec les patients qui sont un petit peu difficiles, est ce que c'est le moment où tu vas dire, bon allez

I. Dr and . Non, Le chiatique, l'humour, c'est dur, hein. Une petite pointe d'humour isolée, ça peut passer, mais euh

. Il-vient-pas-pour-rigoler and . Le-chiatique, Donc, l'humour avec eux, vaut mieux pas. Bon, on a tous eu ça dans notre bureau, c'est pas de la médecine, c'est du social, mais avant y'avait les curés qui écoutaient les gens, mais ça n'existe quasiment plus malheureusement Euh? La nan, ou le mec qui s'est fait larguer par l'amour de sa vie et qui est vraiment pas bien. Alors, il va pas forcément mettre fin à ses jours, mais tu sens que, euh, émotionnellement parlant, il est pas bien. Alors, là, pas de bol, il a attendu ¾ d'heure dans la salle d'attente, il est resté le regard figé. Et là, tu lui parles et pof, il craque. Alors là, tu te dis, hé merde. Et il se met à chialer comme une madeleine, Il faut que tu l'écoutes raconter sa litanie Tu vas pas lui dire, bon une de perdue

. Tu-vas-pas-tirer-sur-une-ambulance, . Parce-que-toi, and . Ça-peut-te-faire-rigoler, Alors, tu essaies de lui expliquer que voilà, la vie continue mais bon, au fond, il est venu pour chialer, quoi. Alors, ceux là, c'est pas la peine Ou dans un deuil lourd, ça va être aussi un peu risqué quand même Même les gens que tu connais bien, vaut mieux pas trop parler dans ces cas là Tu montres que tu es présent, que tu es là, point. Euh, y'a quand même des moments où l'humour c'est même pas dangereux, c'est déplacé. Y'a un moment où l'humour, c'est déplacé. Et, si t'es pas trop con, tu le sens quoi. Voilà, euh, le mec qui a 3 de QI, tu vas pas lui faire une blague qui est un peu marrante et qu'il ne va pas comprendre et qu'il va croire que tu te fous de sa gueule, quoi. Ca pourrait mal finir la consult'. Donc, l'humour

. Julien, L. Donc, and . Dépressifs, les maladies graves? Dr I : Alors, je vais être méchant, les dépressifs, les profs, euh? Bah, c'est pareil en fait, prof et dépressif, c'est un peu pareil quoi, en fait !(Rires) Non, voilà, les deuils, les dépressifs, les maladies graves. Les maladies graves

Q. Tu-annonces-une-mauvaise-nouvelle, Bon, des gosses, quand même, des fois, y'a des histoires un peu tristes quoi Une mère qui vient pour rien, avec son gosse, simplement parce qu'elle a la trouille? Bah, tu te moques jamais d'une mère qui a la trouille pour son gosse Tu vois, ça peut être pris, du genre, je le fais chier. Pour qui il se prend, alors que moi, j'ai peur. Nous, on sait très bien, euh, voilà, y'a des gens, ils viennent pour être rassurés. Ils viennent même pas pour un médoc. Mais parce qu'ils ont peur, parce qu'ils ont une mauvaise histoire, parce qu'ils ont lu sur internet, parce que leur belle-soeur qui est aidesoignante

. Mais and . Sait-faire-le-tri-de-ce-qui-est-vrai-et-de-ce-qui-ne-l-'est-pas, Alors moi, en général, ceux qui me disent, on est allé voir sur internet, j'ai toujours la même réplique, bon, vous avez lu quoi, vous allez mourir ? Bah, oui. Ah, donc sur internet, ils disent ça, bon, on va regarder ensemble Tu vois ? Mais, donc, les gens, ils viennent aussi pour être rassurés. Quand quelqu'un vient avec une demande, une angoisse, tu vas pas te foutre de? L'humour, c'est un peu dangereux quand même. Alors, tu les rassures et après tu peux leur sortir une vanne. Mais tu lui expliques que, bah, voilà, moi aussi je suis un parent et que même en étant toubib, moi aussi j'ai galéré, je ne savais pas, voilà. Parce qu'il faut aussi savoir se mettre à la place des gens, des gens? Voilà, tu les rassures. Alors, pourquoi je prend du temps en consult', parce que souvent à la fin

. Alors-une-fois-sur-deux, Mais euh Je suis méchant, une fois sur 3, allez ! Alors, je leur pose la question, est ce que vous avez une question ? C'est le moment où tu fais une pause dans la consult

. Peut-Être-de-bagnole, ça peut être de voyage, ça peut être de qu'est ce qu'est devenue la petite fille, euh, ou ils vont te raconter qu'ils vont te ramener des tomates, parce qu'ils sont contents que ça vienne du jardin. Tu vas perdre 3 minutes, tu acceptes de les perdre. Parce que c'est humain, c'est détendant, c'est bon enfant? Julien

. Julien, Qu'est ce que ca peut leur apporter à tes patients, le fait d'être plus cool, je sais pas moi, dans l'observance

I. Dr and . Ca, En général, les gens avec qui j'aime bien déconner et raconter des conneries, y'a un moment, je dis stop Je suis sérieux. Parce que tu as des gens qui aiment bien ça, hein. C'est un peu une partie de ping-pong quoi, hein. Tu envoies un truc, ils renvoient, tu renvoie, bon et puis après. Bon, voilà, c'est sympa, mais on parle quand même de leur santé, donc y'a un moment parfois, faut mettre le holà. Parfois, y'a des gens

. Et, Faut les prendre tout de suite, tout le temps, c'est urgent, ils comprennent pas que tu ne peux pas dire non Donc parfois, faut mettre le holà aussi. Donc, parfois, moi j'ai des consult' qui sont assez sympas, qui sont vivantes et y'a parfois, je leur dis, bon stop. On va se calmer un peu parce que là, c'est important, faut que vous compreniez ça, euh? Parce que le mec, si tu rigoles et qu'il a rien compris, euh, comme il rigole, il va dire oui. Mais, il va rien faire que ce que tu as demandé, voilà. Donc, y'a des moments, faut savoir mettre le holà. Mais, attends, y'a des jours, euh, c'est comme tout. Regarde, un patient, tu vois, toi, tu es remplaçant mais tu connais des gens. Tu as des affinités qui se sont développées avec des patients parce que tu remplaces les mêmes médecins. Et voilà, y'a des gens qui t'aiment bien. Tu sais pas pourquoi. Et puis, tu as des gens qui vont te tutoyer. Y'a des gens que tu vas tutoyer. Alors, généralement, c'est toujours les gens plus jeunes que soi. Et les gens, généralement vouvoient le médecin, généralement. Bon. T'as des gens que tu connais ni d'Eve ni d'Adam, qui te tutoient et qui te balancent quasiment une tape sur l'épaule alors que c'est la première fois que tu les vois. Bah, moi, ça me met mal à l'aise. De la même manière, j'aime beaucoup les gens qui me vouvoient. Et ceux que je connais bien, je leur dis toujours, j'ai toujours le même discours. Je leur dis, écoute, on va se mettre d'accord, tu me tutoies dans le cabinet quand on est seul, me vouvoies. Alors quand tu expliques ça à des gens sympas, voilà? T'es gentil, t'es accessible mais t'es pas le copain de chambrée

M. Parce-que-si-tu-es-trop-familier, trop gentil, trop? les gens n'écouteront plus ce que tu à eux, parce que finalement tu sais jamais si il y a pas une merde qui s'est cachée là-dedans

. Euh and . La-fin, A la fin, c'est un moment parfois, ça peut-être sympa, à la fin en sortant. Et puis après, ca dépend la consult

I. Dr, . Non, and . Non, Enfin, ça peut arriver mais en statistique, moins que quand je suis assis à mon bureau en regardant les gens dans les yeux Quand j'examine un patient, je ne supporte pas qu'il parle. Donc, je ne parle pas, à part les termes « respirez à fond », « bloquez les poumons », pour diriger l'examen. Mais non, pendant l'examen, tu sais comme moi qu'il n'y a rien de plus saoulant que quelqu'un qui n'arrête pas de parler. On n'entend rien. Et c'est même un moment agréable, respirez fort, comme ça t'es sûr qu'il ne parle pas (Rires) Tu peux écouter peinard, tu as un peu de tranquillité et tu peux réfléchir. Non, pendant l'examen clinique, pas trop. Et puis, quand tu fais un truc, tu le fais bien. Et puis même, t'as peur d'oublier un truc

. Julien, parasitant Dr I : Pas forcément, mais c'est? Je reste attaché au fait que y'a un moment pour la déconne, y'a un moment pour la médecine Qu'il y ait les deux, c'est bien, c'est même très bien. Mais y'a un moment aussi où, euh, moi, j'ai besoin d'un peu de quiétude pour réfléchir aussi. Moi aussi pendant mon examen, je regarde des choses, et puis, des fois, j'ai besoin de me dire? Parfois, ça m'arrive de me remettre à mon bureau et de dire aux gens, attendez, il faut que je réfléchisse, ou? Je suis même capable de leur dire, je ne sais pas. C'est pas facile, non plus de dire ça à quelqu'un. Je suis capable de dire, écoutez, je ne sais pas, je ne comprends pas, je ne sais, pas, on va demander l'avis. Je ne vois, pas. J'ai des idées, je ne sais pas laquelle est-ce

T. Et-puis and . Vois, arrive, mais moi, je suis toujours gêné d'examiner une jeune femme. C'est toujours un truc, ça me met toujours mal à l'aise. Alors déjà parce que tu sais pas si c'est une hystéro, t'as pas envie de passer pour un pervers. Moi, je trouve ça toujours gênant. Examiner une dame plus âgée parce qu'elle a un problème gynéco, ça ne me pose aucun souci et j'ai pas de gêne. Parfois, quand c'est une jeune femme et que tu sais pas si? Enfin

I. Dr, . Oui, and . Et, parfois, je peux être froid parce que je suis mal à l'aise, justement. Et je ne vais pas faire d'humour à ce moment là, parce que j'ai pas justement envie de faire le Kakou, machin, qui est docteur, et qui va? Dans l'inconscient collectif et puis je pense que ça existe plus trop, on va dire, mais oui, dans l'inconscient collectif, euh? Oui ? Donc, je préfère, euh, voilà. Si c'est un examen génital ou des seins à palper ou un truc comme ça, je préfère faire le technicien professionnel, froid et pas blaguer parce que je suis mal à l'aise. Et j'ai pas envie que mes propos soient déformés

. Et-moi, Tu peux blaguer là-dessus. Mais tu peux pas blaguer, tu ne peux surtout pas blaguer sur sa douleur physique ou psychique Parce qu'il ne faut pas dénigrer ce que ressent le patient. C'est une façon de la dévaloriser. Hein, le patient, faut pas oublier, il vient pas pour te dire qu'il pète le feu, hein. Si tu blagues à un moment précis, parce que tu vas décrédibiliser sa demande, attends, le patient, il ne vient pas pour que tu te foutes de sa gueule Donc c'est pour ça que l'humour, c'est génial Tu peux leur sortir des énormités. Mais faut qu'ils aient quand même toujours cette impression, enfin, j'espère qu'elle est vraie, hein, pas qu'une impression mais qu'elle est ressentie et qu'elle est réelle, qu'ils aient l'impression que tu as écouté ce qu'ils ont dit. Parce que l'humour, c'est aussi une façon de ne pas écouter ce qu'on te dit. Parce que le patient, si il a l'impression que tu ne l'écoutes pas, ou que tu n'as pas été attentif à son propos, l'humour c'est contreproductif. Non seulement, il est venu, tu n'as rien fait, ou tu n'as rien compris, mais en plus tu t'es foutu de sa gueule. Moi, en tant que patient, je ne trouve pas ça drôle du tout ! Voilà. D'où l'intérêt à un moment dans la consult' de leur demander s'ils ont des questions. Tu leur laisses un moment ouvert. Et les gens, tu vois, quand ça turbine un peu, tu as l'impression qu'ils n'ont pas compris, tu leur laisses un moment de temps ouvert. Et y'a une chose importante, c'est que c'est le patient qui va décider de la fin de la consult'. Non, aise que certaines jeunes femmes. Et c'est moi gens qui majorent leurs symptômes. Et puis Bon alors, si tu n'as pas en pleine épidémie et que tu n'en as pas plein à voir quoi. Si t'as un peu de temps, tu laisses le patient fermer la discussion

I. Dr and . Bah-oui, Tout est une question de pondération. Voilà, l'humour, c'est comme le whisky qu'on est en train de boire. C'est agréable

. Julien, Alors, je vais te poser les dernières questions de mon questionnaire. Est-ce que tu t'étais déjà penché sur le sujet de l'utilisation de l'humour en consultation ?

I. Dr, . Non, and . Ça-fait-partie-de-moi, Donc plancher sur la question, non, c'est ma façon d'être. Voilà, je peux être super sérieux, je peux? Voilà, je suis comme ça Un être humain, c'est plein de facettes de personnalité, tu vois ? On est tous différent. Y'a l'humour dans moi, y'a pas que ça. Voilà. Euh, me poser la question de l'humour, non, je n'y ai pas réfléchi Je ne veux pas faire rigoler les gens. Je suis pas clown. Ils viennent pour un problème médical. Si je peux les aider, trouver la solution, les soigner et que ça soit drôle, c'est génial. Mais je préfère pas être drôle et être efficace, Il faut les deux mais il faut quand même être bon en médecine quand même

. Julien, Ok alors, dans nos études, on n'a pas de formation sur la communication. Est ce que tu penses que c'est une carence ? Et ce que tu penses que ça devrait faire partie de notre enseignement ou pas ?

I. Dr and . Hum-hum.-j-'ai-envie-de-te-dire-oui-mais-concrètement, Pourquoi ? Parce qu'on est tous différent Un cours, c'est bien, mais tu ne peux pas formater les gens Tu vas pas forcer des gens à être différents Ils ne vont pas être naturels. Y'a rien de pire que de ne pas être naturel Le patient, il le sent ça quant même, attends. T'es pas une machine en face, tu es un humain. Il va quand même vite se rendre compte si tu te forces, ou si tu es naturel. Dans ton discours, dans ta façon d'appréhender les choses, dans ta façon de lui expliquer ce qu'il a, il va vite se rendre compte si tu es naturel ou pas. Et moi, je pense qu'il faut être naturel, Tu peux pas forcer les gens à changer

. Julien, est ce que dans ta formation, est ce que ça t'intéresserait une formation où on parlerait d'humour adaptée à la pratique de la médecine générale ? Tiens je te donne le programme d'une formation qui se fait à Lyon, qui n'est pas réellement adaptée à la médecine générale, mais c'est pour te donner une idée. Est-ce que c'est un truc qui t'intéresserait ou pas ?

I. Dr, Lecture du programme) Ouais, je trouve que c'est pas mal. Mais, je pense que ça serait bien de donner aux étudiants un cours théorique avec quelques cas concrets. Mais après, faut les laisser s'épanouir. Parce que, être médecin

. Pourquoi-on-aime-ce-métier-là and . Qu, est dans tes gènes quoi. Ca, ça ne s'apprend pas à l'école. Y'a des gens brillants qui n'ont pas eu le P1 et qui auraient fait des médecins géniaux, y'a des gens qui ont eu le P1 qui font des médecins intelligents, mais absolument pas humains. Voilà, c'est tout, c'est comme ça, c'est la vie. Euh, tu donnes des armes à des gens qui sont peut-être en manque. Tout le monde a besoin d'un référentiel, mais après

. Julien, Alors, je commence toujours par une petite présentation des médecins que j'interroge. Donc, il y a pas mal de choses que je connais déjà

J. Dr and . Tu-le-connais, Julien : L'âge, je le connais, pp.61-62

J. Dr, Ah, merde, oui, c'est vrai 61. Le sexe

. Julien, Donc, oui, le lieu de l'exercice, je le connais. Euh, est-ce que vous faites une autre activité que la médecine générale ?

. Julien, Alors, on va passer dans le vif du sujet. La première question, c'est comment est ce que vous avez réagi quand je vous ai

J. Dr, . Alors, !. Grande-joie, and . Vraiment-une-grande-joie, parce que y'avait pas de sujet de thèse qui pouvait mieux te correspondre et puis me faire plaisir étant donné mon investissement dans l'humour en médecine générale et mes 30 ans de carrière d'humour en médecine générale. Euh, y'avait pas meilleur sujet que tu pouvais trouver

J. Dr and . Non, Pour moi, ça fait pas partie de la définition de la médecine générale

J. Dr and . Euh, est-à-dire parfois, les gens donnent une phrase dont le sens n'est pas forcément celui qu'ils voudraient donner, et je vais le relever. Donc, je vais dire, vous vous rendez compte de ce que vous venez de dire ? Donc, ça me permet de noter sur mon agenda des mots humoristiques, qui en fait au bout de 30 ans, bah, ça fait quelques pages ! Y'en a qui en écrivent des bouquins, moi, j'irai pas jusqu'à un bouquin, mais, pourquoi pas ! Euh, l'humour, moi, ça fait partie de beaucoup de mes consultations. J'ai une personnalité un petit peu particulière. Les gens ne savent pas si je parle sérieusement. Ils finissent par me connaître. Mais les gens qui ne me connaissent pas, ils se demandent toujours, mais, il est sérieux ou pas ?! Alors, je dis toujours, je ne mens jamais, je dis toujours la vérité. Mais parfois, il faut décrypter. Euh? Et des fois, je suis obligé de me freiner pour ne pas dire des trucs trop durs, ou pour que les gens comprennent quand même. Voilà, je vais être très sérieux, p.7

J. Dr and . Bah, je pense que ça pourrait choquer. Y'a certaines personnes qui ne comprendront pas un certain humour. Ca peut choquer. Et puis d'autres qui attendent cet humour là parce qu'ils vont le trouver fin. Y'a parfois l'humour, qu'on appelle l'humour noir, euh, pour moi, c'est pas l'humour noir, parce que même en Afrique je fais de l'humour un peu difficile ! Mais

J. Dr and . Parce-que, pour faire comprendre, euh? Y'a un mec à la télé qui développe les choses très simplement. Bon, et bien quand on parle d'un ganglion par exemple. J'ai un ganglion, c'est grave. Bon alors, je vais dire, bon, le ganglion, c'est une garnison de CRS qui ont été appelés là sur place parce que y'a une manifestation dans la bouche, hein. Donc, moi, je me dis, si y'a une garnison de CRS, y'a peut-être une manif?

J. Dr, . Voilà, and . Fait, Donc, les gens, je vais dédramatiser leur situation, leur angoisse du ganglion, en disant, moi, le ganglion, il ne m'inquiète pas, je vais chercher la manifestation Où est ce qu'elle se trouve la manifestation ? Ah, y'a quelques manifestants, là, dans le fond de la gorge, y'a une angine. Bon, on va d'abord calmer un peu la manif et puis bah, les CRS, ils vont partir et? Raconter simplement, voilà et puis les gens sont dédramatisés. Donc, raconter une histoire qui va dire, vous savez, c'est pas grave. Alors y'a parfois d'autres situations. Ca va être les gens qui arrivent et qui me disent? On fait la consultation et, tiens Docteur, j'en ai une petite dernière, je peux vous la raconter ? Oui, oui, oui. On prend toujours le temps d'une histoire ! Ca, c'est important. Parce que, même s'il était venu pour un truc important, son cancer de prostate, explique les choses simplement avec des tableaux qui sont rigolos

. Julien, Qu'est ce qu'elle vous fait, ou qu'est ce qu'elle lui fait, la petite dernière blague justement ?

J. Dr, . Ca-peut-lui-faire-oublier, . Le-sérieux-de-la-consultation-si, and . Lui, Et, je dis toujours, le sourire, ça coûte pas cher. Hein, tout le monde peut en avoir Le seul problème du sourire, c'est que quand on vieillit, on attrape des rides ! Hein, mais on le voit, les gens qui sont liftés, ils ne peuvent même plus sourire ! Alors, moi, je me rappelle toujours aussi un patient qui était en fin de vie. Et, lui, il m'en racontait plein de trucs. C'est lui qui m'avait ramené le pêcher qui est dans le jardin. Il me ramenait des trucs Et puis, à chaque fois, il y avait une histoire. On racontait toujours. Et, un jour il me dit, hey, docteur, vous n'en avez pas une petite dernière ? Il était couché, il ne mangeait plus, il ne s'alimentait plus Une petite dernière ? Et puis, ah, si ! Je vais vous raconter une histoire. Bon et puis on sourit, et puis? Mais on avait parlé avec sa femme, qu'il fallait juste lui donner une petite fraise si il avait envie de goûter une fraise et que l'alimentation, ça ce servait plus à rien, qu'il n'avait plus besoin de manger, que ça le fatiguait de manger et que? On parlait de choses, de la fin de vie et qu'il était arrivé à la fin, et qu'elle lui faisait une caresse, on parlait sérieux. Et lui, il me réclame une petite dernière ! Ah, je lui raconte une petite histoire. Il m'a souri. Il était content. Et, je retourne quelques jours après, et c'est moi qui lui dit, j'en ai une, je vous la raconte ? Et il me dit, non, la dernière fois, c'était la dernière. La dernière fois, c'était la petite dernière. Là, j'ai plus le courage. Et c'est la dernière fois que je l'ai vu. Et je lui avais raconté la petite dernière. Bon. Mais, il réclamait, ça lui faisait du bien. Je lui faisais du bien, en fait, à son mental. Ca lui a fait beaucoup plus de bien que l'alimentation. Ca avait nourri son esprit, Mais, il va retrouver un sourire et il va partir sur? Euh autre petit truc aussi sur l'humour. L'humour, c'est quelque chose de très fin et qui réclame au niveau cérébral une zone on a un ami de famille dont le frère avait fait une chute de 5 mètres de haut. Il avait une fracture du crâne, il avait une hémorragie cérébrale, un hématome cérébral. Il se fait opérer, trépaner. On lui retire l'hémorragie. On lui retire un petit morceau de cerveau avec. Il était dans le coma

. Tout-le-monde-va-le-voir, Et je leur disais avant de rentrer dans la salle, il est dans le coma mais surtout faites très attention à ce que vous dites. Je suis certain qu'il peut entendre. Même dans le coma, on peut entendre

. Donc and . Donnez-lui-des-paroles-qui-réconfortent, Donnez-lui des paroles d'encouragement, encouragez-le. Et jamais de paroles négatives en face de lui. Hein, dans le coma, je ne veux que du positif. Bon. On était autour de lui Et puis, bah, je ne peux pas m'empêcher de raconter une connerie, de raconter une blague. Tout le monde éclate de rire. Et, je le regarde à ce moment là. Il était sur son lit. Et, il ébauche un sourire? Mais, on était tous scotchés. Il ébauche un sourire. Et je le vois, les pommettes qui remontent, la bouche qui s'écarte un petit peu, pp.le con excuse-moi

J. Dr and . Donc, je disais, j'en étais à ? Julien : Euh, votre ami qui était dans le coma et puis qui ébauche un sourire

J. Dr, . Oui, and . Fait-un-sourire, Je dis, mais c'est génial. Alors, j'en ai raconté une deuxième Il a re-rigolé une deuxième fois On est sorti, j'ai dit à son frangin, c'est génial, tu as vu comment il a réagi ? On pense qu'il ne comprend pas mais il a capté l'humour qui pourtant est tellement fin et ça veut dire que tout le potentiel est là. S'il est capable de capter l'humour, c'est que c'est très fin. Et, euh, deux mois après, il reprenait son travail. Mais, en faisant de l'orthophonie avec Christine, hein, quand même ! Julien : Quand même ! Et même pour l'entourage du coup, ça a du être? Dr J : Alors ils ont repris espoir? Julien

J. Dr, . Ah, and . Très, Ils savent que je blague tout le temps et puis que je prends pas? Je prends pas les choses au sérieux? Je les dédramatise en fait, c'est-à-dire que je les traite sérieusement, j'ai ma casquette de médecin. Mais, je vais m'occuper des gens et puis? On s'en occupe différemment des gens. On s'en occupe sérieusement Et puis après, il y a une histoire de confiance. Ils ont confiance en moi et ils savent qu'on peut blaguer. Mais, je ne blague pas, euh? J'aime pas les blagues qui vont être racistes par exemple, comme celles que mon frangin peut raconter. Y'a des blagues qu'on peut dire, d'autres qu'on ne peut pas dire. Hein. Euh, j'ai vu des patients ce midi. J'ai vu une patiente, qui est venue, parce qu'ils sont algériens et son gamin, il a mal au ventre. Il a des maux de ventre importants, Et elle me dit, Pierre, je peux te voir parce que je voudrais discuter un petit peu avec toi. Pour son fils. Et, elle me dit, voilà, il a mal au ventre et je pense qu'il est beaucoup anxieux. Et puis, en ce moment crois que parce qu'on est musulmans, ils vont nous en vouloir. Tu crois qu'ils vont nous renvoyer en Algérie

J. Et, non, pas du tout? Et est ce qu'il y a déjà eu des fois des gens qui ont pu lui suggérer des trucs ? Alors je lui dis, tu vois, c'est marrant parce que je rentre du Cap Vert, je trouve que tu as une peau plutôt claire par rapport à la mienne ! C'est moi plutôt qui serais un peu foncé, et puis toi, tu es un peu pâlotte, hein ! Bon, et j'ai re-blagué là-dessus. La mère, elle a souri, calmée de l'angoisse de son fils. Mais, je lui ai dit, bon, il faut que je le vois demain en consult', hein? Alors, je dis, mais qu'est ce qu'on lui a déjà dit ? Alors, son gamin, on l'a déjà traité de bougnoule. Mais je dis, mais les gamins, ils ne savent même pas ce que ça veut dire, bougnoule. Est ce que toi, tu sais ce que ça veut dire, bougnoule ? Elle me dit, les bougnoules, c'est les Algériens

J. Dr, Parce que la plupart du temps, les bougnoules, c'est les algériens. C'est les Nord- Africains. Et bien, bougnoule, tu as raison, c'est un noir

J. Dr and . Bah, bien sûr ! Donc on a extrapolé. Bougnoule, c'est tous les africains. Mais, en fait, au début, c'était les sénégalais

J. Dr and . Donc, Et je lui ai dit, tu vois, ses copains, ils n'y connaissent rien Elle dit, même moi, je ne savais même pas. Bah, je dis, donc, tu n'es pas une bougnoule, t'es une algérienne et t'es une française. Et elle me dit, moi je le sais

J. Dr, . Alors, . Qu-'est-ce, and . Qu, il y a encore sur l'humour ? Alors, euh? Julien : Alors, tout à l'heure, vous parliez de la relation de confiance que l'on peut instaurer avec nos patients. Est-ce que vous pensez que l'humour, il intervient dans cette relation de confiance ?

J. Dr, . Oui, . Oui, and . Parce-que-puisqu, Et on peut avoir l'humour. Et une fois qu'on peut avoir l'humour, on peut faire sourire. On peut, euh, remonter le moral de l'autre. Et puis, bah parfois, les gens, ils attendent de venir en consultation parce qu'ils vont passer un bon moment, parce que y'a pas que l'angoisse de la maladie, y'a? Euh, c'est un moment de confiance avec quelqu

. Enfin, Et en formation médicale continue, moi, je suis le trésorier de la FMC Pégase Ca fait 20 ans, je ne passe pas une soirée sans aller dire bonjour à la cuisinière pour la remercier de nous avoir fait un bon plat. Et depuis 20 ans, tous les mois quand j'arrive, elle attend une histoire. Et je dois avoir une histoire nouvelle à raconter tous les mois depuis 20 ans. Alors mon répertoire, des fois, il s'épuise. Alors, des fois, quelques jours avant la réunion, je dis aux patients, vous n'auriez pas une petite histoire

. Ah, Euh, c'est par exemple, la différence entre un enfant noir et une enfant homosexuel blanc ?

J. Dr and . Bah, Bon, voilà, ça c'est de l'humour noir. C'est comme une fois, au Sénégal, en humanitaire, je me baladais avec un copain dans la rue. Et toutes les femmes portent leur gamin dans leur dos. Et il regarde une mère et il dit, oh, regarde le gamin, il est pas gros celui-là, hein. Alors, je lui dis

. Alors, devant certains patients tu peux le placer, devant d'autres, tu ne pourras pas. Celles là, on ne peut pas les sortir à tout le monde, hein ! Julien : Comment vous expliquer donc qu'on peut faire certaines blagues avec certains et pas avec d'autres ?

J. Dr and . Faut-connaître-les-gens, avec Untel, on ne va pas, pas avoir d'humour, mais pas d'humour piquant, euh? Mais on peut, euh? Bon, moi, je me mets facilement à genoux pour examiner quelqu'un. Euh, les gens ils vont dire, euh, Docteur, vous vous mettez à genoux devant moi, euh, c'est une femme, euh? Si votre femme, elle était là, euh? Bon, ça commence comme ça Je dis, attendez, euh, elle n'est pas là, hein. On peut? Je ne mets qu'un genou à terre, pas les deux, hein ! Et puis voilà quoi. C'est pas grand-chose, tu vois mais on régit toujours? Et puis, moi, je vais tourner à la dérision. Et le fait que j'aie ma poule dans mon cabinet, ça amène aussi parfois l'humour. C'est original. Y'a une touche d'originalité et je tourne toujours à l'humour. Les gens, ils disent, ah, vous avez une poule ? Euh, mais, vous parlez de laquelle ? (Rires) Vous parlez de laquelle ? Ah, celle-là ! Ah, cellelà , tout le monde le sait. Et puis il y a des patients qui vont dire, ne vous coûte pas cher et puis elle vous rapporte ! (Rires) Bon, ça amène à l'humour, même en début de consultation alors que les gens Mais ça n'enlève rien de la confiance du patient au médecin, euh, non, ça apporte un petit plus

J. Dr, . Peut-Être, and . Qu, Bon, et puis, l'humour, c'est aussi pour faire sourire. Y'a des gens qui m'ont dit quand je parlais de ta thèse, ah ouais, c'est intéressant, et pourquoi pas extrapoler l'humour, bah, les clowns des services de médecine. Faut pas forcément faire que l'humour en médecine générale, faut faire l'humour en général a l'hôpital. Alors je dis, oui, mais son sujet c'est l'humour en médecine générale, puisqu'il ne peut pas le faire partout. Mais bien sûr. Moi je suis entièrement d'accord sur l'humour à l'hôpital. C'est-à-dire l'humour, c'est pas que les blagues, c'est aussi faire rire. Euh, on voit arriver un clown dans un service d'hématologie. Et bien, on se dit, c'est pour amener le sourire. Peut être que le clown, c'est un clown blanc qui ne dira pas un mot. C'est un clown muet.il vas pas forcément raconter une histoire. Mais avec son attitude, il va soigner les gens. Là, ça fait partie intégrante des soins. J'ai une patiente qui a fait un mémoire sur l'art-thérapie. Elle m'a demandé d'être directeur de son mémoire et j'ai dit, ah, non, moi je refuse. Non, non, non, ces trucs là, moi je suis nul. Je ne connais pas la méthodologie. Elle me dit, mais c'est pas grave ça parce que j'ai quelqu'un qui s'occupe de ma méthodologie. C'est juste pour que vous corrigiez mes fautes d'orthographe, docteur. Ah, je dis, bon, si il n'y a que les fautes d'orthographe, je veux bien, Mais bon, moi en particulier, p.204

. Et-on-fait-des-tas-de-trucs, Et elle faisait son mémoire sur l'apport de l'art-thérapie dans la guérison des patients. Alors, pas forcément la guérison médicale mais c'est l'aide à l'acceptation des traitements ou des chimios et tout ça

J. Dr and . Bah, je pense que extrapolant de l'hôpital à la médecine générale, ça aide aux traitements, hein. Oui, oui. Euh, ça permet de faire accepter des traitements qui sont des fois un peu lourds. Oui, l'humour

J. Dr and J. Alors-qui-me-viennent-là-comme-Ça?, pas de cas particuliers qui me viennent mais je suis persuadé que? Même moi, dans les chimios ou les trucs lourds, ça m'empêche pas de prendre les choses en rigol? euh, avec le sourire et puis toujours mettre une note d'humour pendant la consultation. J'ai rien qui me vienne en tête là, mais? Julien : Donc, a priori, c'est pour les patients, tout à l'heure vous disiez pour les faire accepter la maladie, etc. C'est pour ça que l'humour intervient à ce moment là

J. Dr and . Oui, Bon, dans les pathologies importantes ou moins importantes parce que ça dépend comment les gens, ils vivent leur angoisse. Hein, l'humour

L. 'humour,-c-'est-comme-si-je-donnais-un-verre-de-whisky, Ca peut être la même chose. Y'en a qui ont besoin de leur whisky, d'autres de leur pétard, d'autres euh? Et puis, euh, bah, ça vient calmer, ça vient détendre, c'est une arme en plus. (Silence) Julien : Très bien. Euh, est-ce que des fois

J. Dr, est risqué parce que mes belles-filles, des fois, elles me disent, Pierre, y'en a marre de tes blagues carambar ! Donc, elles se foutaient un peu de ma gueule, parce qu'à chaque fois que j'en sortais une, c'était une blague carambar ! Alors, des fois, je me dis, je vais être un petit peu sérieux pour éviter de passer pour un con ! Alors, maintenant, je sors des blagues plus intellectuelles, plus sérieuses, plus fines ! Y'a des patients qui ont besoin de blagues carambar

J. Dr, . Oui, . Je-m-'empêcherai-pas-de-sortir-une-blague, and . Non, humour parce que si je le fais, c'est que je pense que je peux le faire Et si la personne en face n'est vraiment pas bien et qu'elle a besoin du sérieux, je resterai sérieux. Et, c'est là où elle me dit, Docteur, c'est vraiment grave, ce que j'ai pour que vous n'ayez pas blagué. C'est déjà arrivé qu'on me dise, dites donc, ce que j'ai, c'est vraiment sérieux parce que vous n'avez pas rigolé et vous n'avez pas sorti de blague, alors ce que j'ai, c'est sérieux. Oh, je dis, ça commence à bien faire, euh, si vous voulez je vais vous en sortir une ! Mais, le fait de me voir sérieux, sans blaguer, ils ont peut être compris que ce qu'ils avaient, c'était sérieux. Et peut être qu'à ce moment là, j'avais besoin de leur faire comprendre que c'était sérieux et qu'il fallait qu'ils le prennent sérieusement et qu'il fallait vraiment s'occuper de ça. S'ils n'avaient pas capté, je savais leur faire capter sans utiliser l'humour. Alors, quand je suis sérieux, si je me mets en colère, ça m'arrive rarement, peut être une fois ou deux fois

J. Dr, Mais pour moi, je ne pense pas qu'il y ait de risque à utiliser l'humour en médecine générale

. Julien, Quand on les connait ? Ou même si on ne les connait pas ?

M. and O. Voilà, mais, ça m'est venu tout de suite, parce que j'ai pas de? pas de mérite parce que ça peut être aussi bien, tac, de l'humour qui vient comme ça. Ca peut être un jeu sur les mots. Ca peut être une transformation des mots. Ca peut être une anagramme. Ca peut être? Mais, moi, ça vient spontanément. Donc, j'ai pas de mérite à ça. Je suis né comme ça. C'est pas de ma faute, ah, on m'avait prévenue !! Julien : C'est moi

J. Dr, . Alors, and . Lui-dis, excuse moi, c'est peut être un peu facile mais voilà ! Avant, je disais, tu écris ça comment, avec un stylo ou quoi ?

. Julien and . Ok, Alors si on essaie de regarder les différentes étapes d'une consultation, euh, les moments qui sont propices? Finalement, vous dites c'est votre nature donc c'est difficile de s'analyser tout seul mais, est ce que y'a des moments dans un consultation où vous pourriez dire, là, avec le recul, en en parlant là, euh, tiens en fait, ça permet de faire ci à tel moment, de faire ça à tel moment, de? dans les différentes phases d'une consultation ? Est-ce que y'a des moments particuliers

J. Dr and . Priori, je dirais non, parce que moi ça peut venir aussi bien quand je sers la main aux gens que quand je leurs dis au revoir ou pendant la consultation. Y'a pas de moment spécialement où je vais choisir? Je ne choisis pas de faire de l'humour

J. Dr and O. Ah, bon, et moi je dis, la troisième ? Oui, ça m'embête un petit peu de vous de dire mais je suis venu aussi parce que, je suis allé à la selle ce matin et puis j'ai saigné Alors je dis, oui. Donc ça vous arrive souvent ? Je pose les questions. L'interrogatoire, il est primordial, pour savoir quelle peut être l'origine de ça Et puis, après l'interrogatoire, vient l'examen. Et je dis, bon je vais vous examiner. Ouais, docteur, ça m'embête. Euh? Donc, dans l'ensemble les gens sont gênés. Enfin, il y a une situation de blocage et ils sont gênés mais ils sont quand même venus pour ça au départ. Mais ils n'osaient pas le dire. Alors, deux solutions, soit ils me disent, non, mais ça m'embête que vous m'examiniez, je ne préfère pas. Alors, je dis, à ce moment là, moi, ça m'embête de vous traiter parce que je ne sais pas ce que c'est, donc, je ne vous soigne pas. Et là, je suis très sérieux Je ne peux pas vous traiter. Donc, vous repartez, je ne veux pas savoir. Vous ne m'avez rien dit mais pour moi, c'est non assistance à personne en danger. Si vous ne me faites pas voir votre anus, si je ne peux pas vous examiner et bah, je ne peux pas vous soigner. Alors, s'il vous plaît, vous allez voir un gastro, vous allez voir qui vous voulez mais vous ne restez pas comme ça. Deuxième solution, vous vous allongez là-bas, vous baissez votre culotte, vous vous mettez sur le côté, vous regardez le poisson et moi, je regarde la lune ! Bon ! Donc, là, je dis une phrase qui va les choquer tout de suite. Une phrase qui a de l'humour parce que je leur dis, bon, vous allez vous allonger. Vous vous mettez sur le côté. J'ai une affiche avec un gros poisson sur le côté gauche, vous regardez le poisson. Moi, je regarde la lune ! Ca fait partie de l'humour. Les gens, ils rigolent et puis je leur dis, allez, allez vous allonger, plein feu sur la vedette et on y va ! Et pour les gens après, c'est dédramatisé et puis ça passe tout seul ! Julien : C'est le cas de le dire

J. Dr, . Ah, and . Oui, elle avait saigné dans sa culotte Et puis, je lui dis, écoutez, au téléphone, je ne peux rien faire. Y'a qu'une solution, il faut que je vous examine, il faut venir au cabinet. Ca peut être une thrombose hémorroïdaire, ça peut être un cancer du rectum. Alors, le diagnostic, il est annoncé. Ca peut être une fissure anale. Ca peut être rien du tout mais ça peut aussi être un cancer du rectum. Tant que je n'ai pas regardé, je ne peux pas vous dire. Ah bon ! Bon, elle vient. Et quand elle vient, elle est toujours aussi angoissée. Je dis, bon, allongez vous. Elle retire la culotte, elle s'allonge. Je dis, bon, on va atterrir sur la lune ! Et je dis, ouah, y'a le cratère qui est en fusion là, hein ! C'était une grosse thrombose hémorroïdaire qui était fissurée. Et puis, je regarde et paf, je me prends un jet de sang sur la figure et puis sur moi. Ah bah, là, y'a de la lave en fusion, là !! C'est bien rouge ! Et je dis

. Et and . Lui, ça s'est bien passé ? Ca ne vous a pas trop gênée ? Et elle me dit, bah, écoutez, je n'y ai pas pensé du tout ! Et tu vois, elle, je la connaissais un peu. Mais si ça avait été quelqu'un que je ne connaissais pas, premier contact

J. Dr, . Oui, and . Fait, Ca peut aider. Ca va faciliter le fait que je puisse examiner les gens, faciliter le fait que les gens, ils vont se laisser examiner en toute confiance, que ce soit pour un examen gynéco, un examen de l'anus, un examen des seins? Je dis, attendez, si vous ne montrez pas vos seins, comment voulez vous que je vous examine ? Parce qu'il y a le gynécologue. Le médecin traitant qu'on connait depuis longtemps, on n'ose pas se faire examiner

. Mais, parfois, par l'humour, tu peux faire passer des trucs

. Julien, Très bien, donc, là, on parlait de l'examen clinique. Est-ce que vous voyez d'autres moments pendant la consultation où vous croyez que ça peut intervenir et

J. Dr and . Des-inconvénients, Je t'ai déjà dit que je ne pense pas qu'il puisse y avoir des inconvénients à utiliser l'humour. D'autres avantages ? Euh? Oui, ça peut aider aussi les soignants, les accompagnants dans les situations difficiles au domicile chez les personnes âgées ou des fins de vie. Ca peut aider les soignants à dédramatiser, à se poser un petit peu, à ? Ca peut, par le fait de sourire, ou de voir leur personne proche qui n'est pas bien et qui sourit, dire, bah, on peut aussi sourire, on peut aussi raconter un blague. Et puis, ça les réconforte aussi

. Julien and . Oui, (Silence) Très bien. Est-ce que vous voyez encore d'autres choses à dire ?

J. Dr and . Euh, est ce que je vois d'autres choses ? Votre Sérénité? Oui, oui, je vois dans ma boule de cristal, euh, que votre thèse sera une excellente thèse. Je vois un sujet très intéressant

J. Dr, Ah bon ! Et que tout le monde en tout cas, attend avec impatience les résultats !

J. Dr, pas bien compris le sens de ta question. Est-ce que vous pouvez répéter la question ? Julien : Est-ce que ce thème de l'utilisation de l'humour en médecine générale, vous y aviez déjà réfléchi ?

S. Si, depuis pris conscience que l'humour, pour moi, était une chose quasiment nécessaire à faire accepter les choses, accepter des maladies, accompagner des gens dans certaines maladies, même pas des maladies graves, même dans la vie de tous les jours. Euh, pris conscience, parce que c'est les autres qui me le renvoient. Y'a des gens qui disent, oh, ce médecin, il est triste, il a pas une blague

J. Bon, . Veux-dire, . Julien, . Quelqu-'un-qui-est-beaucoup-plus, and . Retenu, Je ne l'ai jamais vu raconter une blague. Bon, c'est pas son truc et ses patients, bah, ils vont pas forcément rechercher la même chose chez lui qu'ils viendront chercher chez moi. Et, il n'aura pas forcément les mêmes patients et lui, il aura sa façon à lui de faire passer les choses. Mais, il n'aura pas forcément cette arme en plus, que moi, j'ai. Mais, bon, c'est une arme que j'utilise avec ma patientèle. Mais, tout le monde n'a pas cette arme-là. Bon. Une fois, moi, je fais de l'acuponcture, j'avais un remplaçant et quelqu'un venait pour l'acuponcture et il lui dit, ah, je m'excuse mais je n'utilise pas cet art martial, hein. Mais il parlait bien d'un art, bien pour moi

O. Julien, deux petites questions qui restent, ça va être relativement court. C'est l'idée que les études de médecine ne nous offrent pas la possibilité d'avoir des cours de communication au cours de notre formation. Est-ce que vous pensez que ça serait important ? Et si oui, pensez vous qu'on devrait y intégrer un module sur l'humour ?

J. Dr and . Ah, Moi, j'ai eu des internes qui étaient très figés, d'autres qui étaient timides, d'autres qui étaient très communicatifs, qui utilisaient l'humour, qui avaient un contact très bon. Mais c'est aussi avec les patients que j'avais en consultation, qui sont en fait les patients, je dirais à cette image, habitués à l'humour. Et les internes qui l'utilisent, ça se passe très bien. Mais d'autres internes qui n'avaient pas forcément d'humour, mais qui passaient très bien parce qu'ils avaient un bon contact. C'est-à-dire que y'a pas forcément que l'humour qui va être nécessaire. Euh, faire une formation sur la communication, euh, c'est pas évident parce que chacun a sa personnalité et chacun utilise sa personnalité au cours de la consultation. J'ai dit tout à l'heure que l'humour était inné chez moi, euh, ça fait partie de ma personnalité. Y'en a d'autres qui ne vont pas l'avoir mais qui vont soigner très bien les gens, à leur façon. Moi, je donne à mes internes ma façon d'être. Je dis toujours, je t'apprends ma façon de faire une intramusculaire, je t'apprends ma façon de faire un vaccin, je t'apprends ma façon d'examiner un nourrisson, je t'apprends ma façon d'être avec les gens, de les accueillir, mais toi, tu feras avec ta façon à toi. Tu vas voir différents trucs chez différents médecins. Et puis, tu vas trouver ta façon à toi, Mais les gens, il faut qu'ils l'utilisent comme ils veulent. Mais je crois que ça ne changera pas forcément le tempérament des gens

O. Mais and . Peut-modifier-le-comportement, Les gens peuvent peut être s'autoriser à utiliser une arme qui ne s'autorisaient pas à utiliser Pourquoi pas, hein ? Donc est ce que une communication lors des cours chez les internes sur l'art-thérapie et si on pouvait intégrer l'humour dans l'art comme le dessin dans l'art ou la peinture? Bon, moi, les gamins, je leurs donne une feuille de dessin, une feuille de papier. Aux gamins qui veulent un crayon, je leurs donne une feuille de papier et ils vont dessiner. Euh, y'a pas d'humour. Alors l'humour, quand je faisais des BCG avant, pour revenir à l'art et au dessin, alors, on commençait par une intradermo-réaction, on commençait par un mono-test et je faisais un mono-test sur l'avant-bras gauche à mi-distance entre le pli du poignet et le pli du coude, je redeviens très sérieux. Je faisais mon mono-test et on devait mettre un rond à l'endroit où on avait fait le test pour pouvoir le lire 15 jours après. On mettait un sparadrap

L. Le-lendemain, . Gens-retiraient-le-sparadrap, and . Et, je leur disais, vous faites la toilette mais vous remettez le rond. Moi, je dessinais un chien, une vache, tu vois, comme ça (le médecin fait le dessin), les cornes, avec un petit noeud en haut des cornes, tac, tac, et une petite pâquerette dans la bouche. Alors voilà, ça avait une petite touche d'humour et le gamin était content? Il repartait avec son petit truc. Et bah, une fois, j'ai une mère de famille qui me ramène son gamin, il avait 18 ans, p.209

. Ah, je suis sûr que je peux encore redessiner la même. Bon, et elle avait dit ça en rigolant, si il veut se faire tatouer, c'est de votre faute. Mais, ça lui était resté toute sa vie, cette petite vache-là. Il a adoré ça le gamin. Et il adorait dessiner après. Donc, la petite touche d'humour, même sur lui, le dessin, ça a été un truc bien chez lui, tu vois. Donc, on peut effectivement dire aux étudiants que si les gens comprennent que l'humour, ça peut leur être profitable en dédramatisant tout en étant très sérieux dans nos diagnostics, dans nos traitements, Mais, je crois qu'on aura du mal à changer le comportement de chaque individu. Moi, je dis toujours, le tempérament des gens ne change pas, mais on peut modifier le comportement des gens. Ca, c'est ce que je fais en acuponcture

J. Dr, Alors, une communication sur l'humour, oui. Une communication comme art-thérapie en médecine générale, oui, ça c'est bien

J. Dr, Humour et créativité dans la relation de soins. Découvrir les faces cachées de l'humour?

. Julien, Je fais juste un petit aparté, ce n'est pas forcément adapté à la médecine générale

J. Dr and . Ouais, est-ce bien sérieux (lecture du programme) L'humour qui autorise l'interdit. Attends, parce qu'il faut réfléchir, c'est dur. Alors, j'adore l'humour sur les mots. L'inter-dit est en deux mots, c'est génial. Moi, je dis toujours, on ne dit jamais aux gens, vous avez une tumeur parce que si tu as une tumeur, tu meurs. Donc, la tumeur, c'est malin, c'est grave, tumeur. Et le mot tumeur bénigne, ça n'existe pas. Parce que dès que tu as dit tumeur, tu meurs. Et tu vois, des fois, on se rend pas compte que ça matraque la personne. Sans comprendre le sens, on peut les matraquer. Et si on décortique, ah bah oui. Donc là, inter-dit dans la relation, c'est génial. C'est génial. L'humour qui autorise l'inter-dit. Le désir de maîtrise et de l'imprévu, ah oui. Les émotions interdites pour le soigné, pour le soignant. Tu vois, tu peux pas tout t'autoriser. Des fois, on ne s'autorise pas à rire ou à sourire devant quelqu'un qui est très malade alors qu'il demande que ça lui, Il demande que ça. Et quand on l'amène à rire, ah, ça fait du bien, hein. Et, on s'interdit des trucs alors que pourquoi pas. L'humour et la mort? Si on ne peut pas mourir tranquillement, euh, oui, mais des fois, les gens ils l'attendent

. Oui, on peut travailler beaucoup sur des trucs comme ça

J. Dr, . Oui, and . Tu-te-fais-petit-et-tu-t-'excuses, Je dirais, face à la connerie, tu ne peux pas jouer au plus con que lui, puisque t'es pas plus con que lui. Donc, tu te fais petit. Moi, j'ai eu des gens qui m'ont agressé, qui ont tapé du poing, qui voulaient me foutre sur la gueule

J. Dr, . Non, and . En-visite, C'est arrivé une fois. C'est quelqu'un que je connaissais

L. Mec, je suis parti, je suis allé à la pharmacie, j'ai pris la piqûre, je suis revenu

J. Lui-fais-sa-piqûre, D. Je-lui-ai-fais-un, and . Le, Sa femme, elle me dit, quand vous êtes parti, j'ai regardé, son pistolet n'était pas chargé Je dis, moi je ne savais pas, mais c'est pas grave. Lui, il le savait, mais il a voulu m'impressionner Je suis resté calme. Ca s'est très bien passé. Hein, là, j'ai pas blagué, hein. Pas une note d'humour, hein. Mais c'était sérieux, calme. Et ben, ce gars là, je suis pas allé aux flics, je l'ai soigné, je l'ai traité pour une dépression et il m'a dit merci. Et, je l'ai soigné pendant 3 mois et après, il n'a plus jamais voulu venir me voir. Il se sent toujours coupable. J'en ai parlé avec sa femme et sa femme me dit, non, il s'en veut. Mais il s'en voudra toujours, il a du mal à vous regarder en face. Alors, je dis, bah, qu'il me regarde en face, c'est un mec bien. Il a pété un câble un moment mais je ne lui en veux pas

. Donc, Mais, c'est arrivé Mais là, tu restes calme, sérieux. Là, y'a pas eu d'humour ! Bon, bref, c'était pour la petite histoire. Alors, l'espace de refoulement, colère, peur, mal-être. Dire ce qui n'est pas entendable Tu vois, y'a des trucs, je ne comprends pas tout Je comprends pas où ils veulent en venir. L'humour comme espace de partage et réassurance, ah oui Bien sûr, on partage les histoires, hein. Tu m'en donnes une, je t'en donne une. Euh, réassurance, oui, les gars, ils sont capables de retrouver l'humour quand ça va mieux et quand ils ne sont pas bien ils ne peuvent plus le dire, y'en a, ils n'ont plus d'humour. En fin de vie, tu vois, le gars, il n'avait plus d'humour. Il n'était plus capable de ? Ca m'a été difficile, j'ai compris que c'était fini, hein. Il n'avait plus d'humour. L'humour, c'est une finesse d'esprit, c'est une intelligence et il n'allait plus et moi, je ne pouvais vraiment pas l'aider là. Donc, je lui ai dit au revoir, je l'aurais bien embrassé. En tout cas, je savais que je ne le verrais plus, et lui non plus, il savait qu'on ne se verrait plus. Alors, différencier humour, créativité, jeu et plaisir

D. Oui and . Fois, Et puis, si on leur donne un truc, euh, on les apprécie Si ils savent qu'on fait de l'humour avec eux, c'est aussi parfois, euh, ils savent qu'on les apprécie et donc il retrouvent l'estime d'eux-mêmes. Y'a rien de pire que d'ignorer ou de ne pas parler à quelqu'un, quoi. Tiens, t'as vu, il ne m'a rien dit, il n'est pas en forme aujourd'hui, hein. Ou, ça va pas docteur, aujourd'hui vous n'avez pas raconté d'histoires, vous n'êtes pas en forme. Les gens, ils sentent qu'on ne s'est pas bien occupé d'eux

. Le-soignant-comme-un-artisan,-un-artiste-de-la-rencontre, Voilà, on est encore dans l'art, voilà, l'art ! L'art-thérapie ! Bien sûr qu'on est un artisan de la rencontre avec les gens. Euh, oui, oui, oui, oui, je crois qu'on peut travailler. Euh, si on te demande de faire une communication de ta thèse aux internes en médecine générale en cours, si tu me prépares le truc, je veux bien t'aider à intervenir Julien : Du coup, ce style de formation