La skyline, une vitrine capitale : les tours, outils de positionnement dans la compétition interurbaine. Étude de la future ligne d'horizon marseillaise
Résumé
Les tours sont de retour dans les villes européennes depuis une quinzaine d’années et elles participent de l’édification de skylines attractives. C’est là le cœur du sujet de ce mémoire, resserré au cadre de la future skyline marseillaise. Les projets d’IGH (immeubles de grande hauteur) se situent dans le périmètre de l’opération d’intérêt national Euroméditerranée, dans le secteur d’Arenc, non loin de la tour CMA-CGM (œuvre de l’architecte Zaha Hadid). Le groupe Constructa, créé en 1964 à Marseille, est à la barre pour piloter l’opération privée Les Quais d’Arenc : à savoir édifier trois nouvelles tours signées Jean Nouvel (la Marseillaise), Yves Lion (tour Horizon) et Jean-Baptiste Pietri (tour H99).
Il s’agit ici de démontrer que ces tours sont conçues comme des outils pour positionner le territoire urbain dans la compétition obligée, dans une optique néolibérale, entre villes européennes, afin de tirer son épingle du jeu dans l’économie mondialisée. C’est la volonté de certains acteurs marseillais (des édiles aux entrepreneurs), regroupés au sein d’une « coalition de croissance », matérialisée notamment par Euroméditerranée, qui rêvent « leur » ville en Barcelone, Bilbao, etc., et qui ambitionnent de la hisser dans les hauteurs des classements de cités européennes. Il s’agit en effet de « tirer Marseille vers le haut », comme le répètent nombre de ces acteurs.
Ainsi, en s’appuyant sur un cadre théorique emprunté à l’économie politique, ce travail s’apparente à une analyse d’un objet symbolique de l’urbanisme contemporain - la tour - et développe une lecture critique d’un projet urbain articulé autour d’une skyline.