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S. Pala, V. Arnaud, L. Ollitrault, S. Rétif, S. Classe et al., La double absence : des illusions de l'émigré aux souffrances de l'immigré, Seuil, Coll. Liber On est devenus aussi plus individualistes. Par rapport à ce qu'on avait c'était Manhattan : les écoles à côté, le sport pour les enfants. On faisait plus attention à ce qu'on avait. On a trouvé un certain confort, c'est les histoires des HLM. On dit que c'est des immeubles qui ne devraient pas exister, moi je dis que pour la situation de l'époque, on aurait pas pu faire des petites maisons pour tout le monde. Ce qui a manqué c'est les structures autour : services, jeux pour les petits, des maisons de quartier qui n'existaient pas à l'époque, mais même jusqu'à aujourd'hui c'est pas suffisant. Voilà, ce qu'on espérait c'est que nos enfants réussissent à l'école, qu'ils n'aient pas la vie qu, Que nos enfants n'aillent pas sur les chantiers sauf si c'est leur kiff... Aujourd'hui je le vois comme ça : qu'est ce que la réussite ? Chacun la voit de façon différente. C'est l'apprentissage de la vie, 1999.

. Les-enfants-grandissent, Je savais élever des enfants et faire du ménage Chose importante, parce que ça il faut que ce soit entendu : quand mon mari est décédé, mes voisines me disaient « Mimouna t'es toute seule, t'as pas d'argent, t'as le droit à des aides » Je vais donc à la mairie d'Argenteuil et j'explique ma situation au CCAS, elle me demande si je suis française, je le dis non, et elle me dit « allez voir votre consulat alors ». Je vais voir mon consulat à Saint Ouen l'Aumône et ils me donnent 30 francs, je leur demande combien de fois et ils me disent : « Ah non nous on a pas d'argent pour les gens d'ici ». Je retourne à la mairie et cette dame me dit « Vous savez votre fils qui passe son bac, il ferait mieux d'aller travailler » et la j'ai senti ma tête cogner au sol et je me suis réveillée dans un bureau tellement elle m'avait blessée et je me suis jurée que j'y retournerai pas. C'est peut-être un bien pour un mal, mais je suis pas d'un tempérament à être assistée, et je ne voulais pas que mes enfants apprennent ça de moi. Donc j'ai gardé des enfants, j'ai eu la chance d'avoir des parents réglo : une instit de la maternelle, un professeur d'anglais et d'autres au fur et à mesure. Et puis c'est devenu trop, entre le ménage, les enfants et les enfants des autres pour qui je faisais doublement attention. Au bout d'un moment j'ai craqué. Le médecin m'a dit d'arrêter, il m'a dit qu'il fallait sortir, même pour faire des ménages, Donc j'ai fait quelques heures de ménages dans un foyer en bas de chez moi, chez une dame qui voulait m'aider. J'ai appris beaucoup de cette dame que je vois encore. Je lui disais : « Claire c'était quand même bien quand j'étais dans l'ombre de mon mari

. Après-c-'est-une-page-qui-est-tournée, Sur ma carte de résidence je n'avais pas la mention « travailleur salarié ». Quand je l'ai eu, j'ai eu l'honneur d'aller m'inscrire à l'ANPE, premier pas vers l'extérieur. Et là je rencontre un Monsieur qui me demande ce que je voulais Je me présente : je suis mère de 8

. Alors-là-où, Alors oui je n'avais que le certificat d'études, mais j'avais tellement envie d'apprendre qu'avec mes enfants je vérifiais leur devoirs, je regardais J'ai quand même gardé le goût de la lecture, avec mes enfants il y a eu des livres Mon mari ne l'a jamais empêché, l'instruction des enfants c'était à 100% Avant son décès, je sortais mais pour aller marché, ou quand on est arrivés ici, aller faire des courses sur la dalle, voilà. C'était super sur la dalle, un autre visage que celle d'aujourd'hui. C'était vraiment agréable, il y avait des boutiques diversifiées, des espaces pour s'asseoir, une vie. Du fait d'avoir été mal logés, les gens retrouvaient une façon de vivre. D'arriver des bidonvilles dans un appartement, les enfants ont chacun leur lit, deux par chambre, alors qu'on était avant 8 dans un deux pièce tu vois. Je crois que tout ça les gens l'ont apprécié, 1976.

. Je-suis-arrivée-À-la-gare, Bon après je ne me suis pas dégonflée je suis arrivée à « La montagne vivra ». Elles ne m'ont pas donné de réponses le jour même. C'était un foyer où il y avait des jeunes avec des problèmes, en procédure judiciaire, pas forcément délinquants, mais des familles à problèmes. Et les enfants sont au foyer en attendant la décision. Et je me disais « il y a de la place ici, s'ils me donnaient quelques heures de ménage ce serait bien ! ». Je m'en serai contentée, On me dit : « Vous allez passer une matinée avec les jeunes ». J'arrive le lendemain à 9

. Je-suis-revenue-À-la-journée-porte-ouvertes, Entre temps j'ai un rendez-vous avec la présidente de l'association, qui est Maître Mercier, une femme, à Pontoise, beaucoup plus loin de Cormeilles J'étais à peine assise qu'elle me dit : « Vous savez nous avons réfléchi mais il nous faut un formateur, un homme parce qu'il faut de la poigne, c'est un groupe qui est dur : ». Je lui dis « C'est vrai que d'autres personnes avec de l'expérience se sont présentées, et je ne suis pas prioritaire sur ce travail. Mais ce qui m'étonne c'est que vous me parlez d'hommes et de poigne. J'ai 8 enfants à la maison et je n'ai pas besoin de crier pour me faire entendre ! Et ce qui m'étonne de votre part, pas très longtemps les femmes se sont battues pour porter la robe et entrer dans un tribunal et faire le travail que vous faites aujourd'hui ». Je suis sortie j'étais contente de moi