Être dans l'écrit, être au monde : étude d'enfants aveugles précoces présentant des troubles associés
Résumé
Le cas des enfants aveugles précoces, porteurs de troubles associés, est de plus en plus fréquent. Les multiples handicaps, qu’ils soient psychiques, sensitivo-moteurs… s’entremêlent et créent une hétérogénéité des cas. Les accès à la symbolisation et au langage écrit en braille semblent compromis. Les « pré-requis », multiples, semblent donner, habituellement, une place cruciale à la vision. Les psychoses amènent, elles, d’autres particularités, dont un rapport différent au symbole. Quelles sont, alors, les capacités d’adaptation de ces enfants ? Quel est l’intérêt de les accompagner vers une découverte de la communication écrite ? Celle-ci serait essentielle dans leur développement général, dans leur conscience de soi et du monde. Nous nous sommes intéressés, particulièrement, au sein d’un IES, à trois enfants aveugles précoces. Ils présentent, de plus, différents troubles psychotiques et certains troubles sensitivo-moteurs. Le langage écrit, ce qu’il nécessite comme « pré-requis », avec par exemple la séparation, l’abstraction, l’identité…, est capital pour ces enfants. L’exploration, par les différents sens, de l’environnement, est au cœur de ce cheminement. Pouvoir mener des expériences personnelles, vers une plus grande autonomie, est garante d’une meilleure compréhension du monde. Tout cela doit se faire sous l’étayage d’un adulte. Accéder à la fonction symbolique, au langage, à la communication est lié à l’intérêt porté à l’exploration du monde. Néanmoins des limites existent, les difficultés sont nombreuses et le travail de l’orthophoniste, seule et en équipe, est essentiel.