Introduction : la prophylaxie pré-exposition du VIH (PrEP) s’est imposée comme un outil de prévention combinée du VIH chez les populations à haut risque de transmission sexuelle. Grâce au suivi qui l’accompagne, la PrEP permet de dépister et traiter précocement des infections sexuellement transmissibles (IST). Les usagers de PrEP subissent une exposition accrue aux antibiotiques (AB), faisait craindre l’émergence de résistance, notamment chez Neisseria gonorrhoeae. Le but de cette étude est d’évaluer la prévalence, l’incidence et la résistance aux AB des infections à N. gonorrhoeae chez les usagers de PrEP. Matériels et méthodes : étude monocentrique au CHU de Bordeaux de janvier 2016 à juin 2018. A chaque consultation, était proposée une détection systématique multi-site (anus, premier jet d’urine, pharynx) de N. gonorrhoeae par technique d’amplification d’acides nucléiques (TAAN), Aptima Combo2 HologicÒ (GenProbe). Des usagers avec TAAN-N. gonorrhoeae positifs ont été prélevés pour une culture. Résultats : 229 personnes ont été inclues dont 226 hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH). La durée médiane de suivi était de 9 mois. A l’inclusion, 27 des 229 patients (11,8 %) avaient une infection à N. gonorrhoeae. Le pharynx était le site le plus souvent infecté (n=17). Durant le suivi, 53 cas de gonococcies ont été diagnostiqués, majoritairement anales. Seuls 17,5 % des sujets étaient symptomatiques. Parmi les 44 cultures réalisées, 19 étaient négatives. Seulement 3 souches étaient sauvages et 19 présentaient au moins une résistance acquise. Deux souches sur 22 (9,1 %) et 16/22 (72,7 %) étaient respectivement résistantes et intermédiaires à la pénicilline G, dont 2 avec présence d’une pénicillinase. Les concentrations minimales inhibitrices (CMI) pour le céfixime et la ceftriaxone étaient toutes £ 0,016 mg/L. Onze souches (50 %) étaient résistantes aux fluoroquinolones, 6 (27,3 %) aux cyclines et 4 (18,2 %) aux macrolides. Conclusion : les CMI du céfixime et de la ceftriaxone des souches de N. gonorrhoeae restent très basses chez les usagers de PrEP. Les résistances aux autres classes antibiotiques sont superposables aux tendances nationales, hormis pour les cyclines, moins touchées dans notre cohorte (27,3 % vs 64 %). La faible proportion de cas symptomatiques encourage la poursuite du dépistage multi-sites systématique.