Comme le souligne Richard SaintGelais dans Fictions transfuges, la version d'Antoine Billot modifie forcément la fin puisque Charles ordonnateur des liaisons adultères d'Emma ne peut sombrer dans le chagrin à cause de leur découverte : Billot n'a pas d'autre choix que d'interrompre son récit avant la découverte, par Charles, des infidélités d'Emma : cet épisode de Madame Bovary ne peut en aucune façon s'intégrer à sa version, p.262 ,
, Richard Saint-Gelais, Fictions transfuges, p.174
, Ainsi en est-il du souvenir de Charles étudiant à l'hôpital : Il se rappelait qu'à l'Hôtel-Dieu, dans les couloirs de l'hospice, on le connaissait pour attirer sur lui l'attention voire l'affection déplacée des monstres les plus divers qui vivaient là enfermés ou trop hébétés pour s'enfuir, La lecture que fait Billot de la vie de Flaubert informe donc bien la réécriture de la vie de Charles
, Africaine sans dents ni yeux, à la peau si plissée qu'on l'eût dite trop large pour le squelette de petite dimension qui la soutenait comme un cintre sous une robe. Elle lui avait fait des avances d'une grande lubricité tandis qu'il avançait
, La Cafre s'était approchée de lui sans hésiter quoiqu'elle fût aveugle
, ses épaisses lèvres brunes s'étaient ouvertes sur une bouche sombre comme un puits avant de chercher devant elles le visage de Bovary ; elle avait alors tenté de l'embrasser en nouant ses bras avec une force inattendue autour de son cou et en frottant son pauvre corps contre sa blouse
Flaubert en rapportant dans une lettre adressée à son ami Bouilhet un incident similaire dont à Rouen il venait d'être le héros lors d'une visite de l'exposition africaine, au mois de décembre 1853, p.155 ,
Eux et leur cornac m'ont l'air de mourir de faim, et la haute société rouennaise n'y abonde pas. Il n'y avait comme spectateurs que sept à huit blouses, dans un méchant appartement enfumé où j'ai attendu quelque temps. Après quoi une espèce de bête fauve, portant une peau de tigre sur le dos et poussant des cris inarticulés, a paru, puis d'autres. Ils sont montés sur leur estrade et se sont accroupis comme des singes autour d'un pot de braise. Hideux, splendides, couverts d'amulethtes, de tatouages, maigres comme des squelettes, couleur de vieilles pipes culottées, face aplatie, dents blanches, oeil démesuré, regards éperdus de tristesse, d'étonnement, d'abrutissement, ils étaient quatre et ils grouillaient autour de ces charbons allumés, comme une nichée de lapins. Le crépuscule et la neige qui blanchissait les toits d'en face les couvraient d'un ton pâle. Il me semblait voir les premiers hommes de la terre. Cela venait de naître et rampait encore avec les crapauds et les crocodiles. J'ai vu un paysage de je ne sais où. Le ciel est bas, les nuages couleur d'ardoise. Une fumée d'herbes sèches sort d'une cabane en bambous jaunes, et un instrument de musique, qui n'a qu'une corde, répète toujours la même note grêle, pour endormir et charmer la mélancolie bégayante d'un peuple idiot. Parmi eux est une vieille femme de 50 ans qui m'a fait des avances lubriques ; elle voulait m'embrasser. La société était ébouriffée. Durant un quart d'heure que je suis resté là, ce n'a été qu'une longue déclaration d'amour de la sauvagesse à mon endroit. Malheureusement le cornac ne les entend guère et il n'a pu me rien traduire. Quoiqu'il prétende qu'ils sachent un peu l'anglais, ils n'en comprennent pas un mot, car je leur ai adressé quelques questions qui sont restées sans réponse, vol.27 ,
, Qu'ai-je donc en moi pour me faire chérir à première vue par tout ce qui est crétin, fou, idiot, sauvage ? Ces pauvres natures-là comprennent-elles que je suis de leur monde ? Devinent-elles que je suis de leur monde ? Devinent-elles une sympathie ? Sentent-elles, d'elles à moi
, Passons pour la naïveté : la simplicité renferme toujours des éléments compliqués et c'est en eux que se trouve sa légitimation, même lorsqu'ils ne sont qu'apparents ; mais on ne peut pas dire que l'inventeur du médecin de campagne ait bien pensé : ce n'était pas un philosophe, ce n'était qu'un bourgeois éclectique qui possédait une énorme culture. -Bien senti ? Sans aucun doute, mais à tout bien considérer, seulement dans le cas d'Emma dont le coeur battait au même rythme que le sien. [?] -Bien dire : là tout est parfait ; Flaubert parlait bien, il maniait la métaphore, le rythme à merveille, sans oublier le contrepoint, La règle grossière et naïve qu'il suivait approximativement est résumée dans cette phrase de Buffon : Bien écrire, c'est à la fois bien penser, bien sentir, bien dire, pp.136-137
, tend à faire de Flaubert un maître du beau langage, qui ne se soucie que de créer du rythme et des images. Cependant la citation de Flaubert est tronquée par Améry
Comme le souligne Philippe Dufour, pour Flaubert, le langage est vu « au-delà d'une simple fonction instrumentale », « le mot juste sanctionne la valeur de vérité », finalement « le langage est la pensée », et par conséquent « l'arrondissement de la phrase ne constitue pas une fin en soi : elle est une exigence de la pensée » 167 . L'analyse d'Améry reprend la recherche d'un langage juste chez Flaubert : Flaubert soumet chaque phrase à l'épreuve de l'écoute pour en vérifier la mélodie, il la récite tout haut comme au théâtre, quand il ne la hurle pas, car il est resté cet acteur qu'il était déjà enfant, dans la salle de billard. La cadence de la phrase est-elle juste ? Il faut contrôler, encore et toujours. L'adjectif est-il adéquat ? Pour lui, un seul adjectif peut convenir dans chaque cas, un seul sera le bon et c ,
, Académie française sur le style est : « bien écrire, c'est tout à-la-fois bien penser, bien sentir et bien rendre ; c'est avoir en même temps de l'esprit, de l'âme et du goût ; le style suppose la réunion et l'exercice de toutes les facultés intellectuelles
, une histoire des écritures, vol.27, 2009.
, voir, sentir, goûter et écouter, et à la rendre dans ce bien dire suspect, pour l'amour duquel ceux qui hier encore ce proclamaient les nouveaux romanciers ont fait de Flaubert leur saint protecteur ?, « A-t-il réussi à capter la réalité que l'on peut toucher, p.137
,
effacement d'une instance narrative surplombante, grâce notamment à l'emploi étendu du style indirect libre, devient sous la plume d'Améry recherche d' « objectivité », précepte d'emblée condamné comme intenable et non respecté par Flaubert qui ne s'intéresse qu'à son double féminin. L'impersonnalité ne signifie pas objectivité, loin s'en faut. Mais Améry se laisse constamment emporter par son manque d'objectivité justement, par son univoque compassion pour son double fictif, Charles le bourgeois-citoyen, L'ironie flaubertienne envers ses personnages enfin est jugée « dure ,
, et que le tableau de la noblesse provinciale saisie dans la scène du bal de la Vaubyessard n'est pas plus flatteur pour cette classe sociale que d'autres scènes pour la bourgeoisie. Améry reconnaît donc en Flaubert un grand maître des mots mais aussi un écrivain qui a échoué à mettre en oeuvre sa conception de l'écriture, et à s'imposer également à la postérité comme celui qui écrit en haine du réel, puisqu'on a fait de lui l'un des principaux représentants du courant réaliste. Le style était tout pour Flaubert, il le reliait souvent à l'image de la circulation sanguine. A Louise Colet, il écrit : Le style c'est la vie ! c, Mais il ne veut pas voir qu'aucun personnage n'échappe à l'ironie flaubertienne
, Il faut avoir avant tout du sang dans les phrases, et non de la lymphe, et quand je dis du sang, c'est du coeur. Il faut que cela batte, que cela palpite, que cela émeuve
, ne sait voir dans sa langue qu'une coquille qu'il soupçonne d'être vide de sens, et qui ne donne pas vie de manière satisfaisante aux personnages. C'est pourquoi reconstruire le personnage de Charles, c'est aussi lui inventer une langue, « étendre le champ des possibles du langage » pour reprendre la phrase prêtée par Améry à Charles, p.103
, 162) la phrase qui résume brièvement l'accouchement d'Emma, et explique ce laconisme par l'exécration du réel, formulée dans une des lettres de Flaubert à Edma Roger des Genettes 172 . De la même façon, il regrette que l'épisode du pied-bot et surtout la description de l'intervention médicale manquent de réalisme : Malgré les conseils de son frère Achille, il semble que Flaubert emprunte beaucoup pour nous décrire le pied bot d'Hippolyte à l'innocence savante des médecins de Molière plutôt qu'à la discipline perverse du fétichiste qu'il était peut-être, -si l'on en juge par certaines lettres adressées à Louise Colet, Antoine Billot de façon plus anecdotique et moins systématique commente également les choix d'écriture de Flaubert. Ainsi il s'amuse du soin apporté à la création de patronymes grotesques, note « l'imagination facétieuse » de Flaubert qui nomme Hippolyte le personnage atteint d'un pied bot de genre « équin, p.27
,
, « Il illustre ainsi cet aveu adressé le 30 octobre 1856 à son amie Edma Roger des Genettes : « On me croit épris du réel, tandis que je l'exècre, p.162
, Entre imitation et affranchissement Finalement les commentaires d'Améry et de Billot ne relèvent que très commentaire d'Antoine Billot, plus fragmentaire met également à jour les faiblesses de l'écriture flaubertienne. Pourtant le texte de Madame Bovary est omniprésent dans les ouvrages d'Améry et de Billot. Il en est la matrice
Mais la pratique citationnelle prend dans les deux hypertextes une dimension qui dépasse les limites de la simple citation, d'abord parce que la citation n'est pas systématiquement donnée à lire explicitement comme une citation. Elle n'est pas isolée du reste du texte par des guillemets, elle ne fait pas non plus l'objet d'une note précisant la source, le chapitre de Madame Bovary dont elle est tirée. La pratique citationnelle semble alors relever d'une forme de plagiat assumé, La transfictionnalité génère alors un phénomène qui s'apparente plus à l'intertextualité telle que définie par Genette : la citation relève bien de l'intertextualité ,
Parfois même l'érudition de la voix narrative lui permet de mettre en, la voix narrative, à plusieurs reprises, renvoie explicitement à la « version » de Flaubert à travers des formules introductrices telles que « Flaubert nous précise que?, p.175 ,
, , p.10
, On peut noter une approximation dans la comparaison des différentes versions, Elle l'avait aimé, après tout » (Madame Bovary, p.78
, Au cimetière Bovary s'autorise à nous dire qu'il avait sans doute aimé Héloïse -du moins dans le manuscrit final et non dans les versions antérieures où il est écrit plus laconiquement : « Il fut triste. Elle avait été bonne pour lui?, p.65
, 255) à propos de la maladie nerveuse d'Emma après le départ de Rodolphe ou de « l'imbroglio financier » dans lequel elle est empêtrée ou encore « on le sait bien » introduisant l'épisode de la ruine d'Héloïse (p. 64). L'histoire est considérée comme connue de tous, en ce sens elle accède à travers ces rappels qui scellent la connivence et la communauté de savoir entre le lecteur et l'auteur, au statut de mythe littéraire. L'adjectif Boulanger : On se souvient de la première leçon d'équitation, des bottes molles à larges revers qu, Parfois le narrateur reprend la version initiale en insistant sur le fait que son lecteur connaît forcément cette version, comme le soulignent des expressions récurrentes telles que « on sait que?, p.241
, Berthe à travers la vitre derrière laquelle Félicité la soutenait à bout de bras, comme s'il s'agissait d'un tribut vivant offert à quelque divinité païenne, p.176
, flaubertien ; il construit une lecture -sélection, articulation des souvenirs textuels -et il ouvre à une réinterprétation explicite du passage : la dimension sacrificielle de l'enfant offerte à une divinité. La pratique du sommaire défait également le « collier » qu'est le roman flaubertien, enlève des perles pour réagencer l'ensemble autour d'un autre fil conducteur, le rôle joué par Charles en tant que marionnettiste qui tire les fils du pantin Emma. Le montage de séquences narratives crée donc ici un effet d'accélération et de collision qui produit du sens. La fin d'Emma est plus encore survolée et réglée en trois groupes nominaux suffisants, pour que le lecteur connaisseur du roman puisse reconstruire les derniers moments de l'héroïne, Ce type de rappel va d'ailleurs bien au-delà du seul renvoi au texte, p.93
Elles empruntent à tous les domaines, médical, alimentaire, littéraire, naturel? Ainsi on peut relever par exemple pas moins de neuf occurrences de comparaisons aux pages 44 et 45 comme si les « poux » de Flaubert avaient migré dans l'écriture de Billot : « ainsi que le sang au sortir de l'aorte » ; « tel un chaton sous le flanc maternel » ; « dans la peau d'un malade qui sort d'un long coma », « sentir l'amnésie se retirer de son cerveau, comme la mer de la plage, les jours de pleine lune, p.147 ,
Mais elle est également révélatrice des limites de l'exercice d'imitation. Contrairement à Proust dans ses variations sur « L'affaire Lemoine », Jean Améry comme Antoine Billot ne se mesurent pas à l'inventivité syntaxique et rythmique de la phrase flaubertienne. Cette réécriture ludique se donne uniquement à voir à l'échelle de la fabrication d'images, de l'emploi de normandismes, ou encore dans les morceaux écrits à la manière d'un personnage, comme l'article d'Homais après la mort d'Emma, rédigé par Jean Améry, alors qu'il n'est que mentionné dans Madame Bovary 179 . On reconnaitra dans l'article le style ampoulé du pharmacien, sa manie de l'hyperbole, sa flagornerie et son autosatisfaction, ainsi qu'un ton constamment moralisateur : Dans le vaillant petit bourg de notre belle Normandie, à Yonville-l'Abbaye, la méprise d'une maîtresse de maison a eu des conséquences qu'il n'est pas outrancier d'appeler tragiques, On peut relever le « picot, p.231 ,
e partie, chapitre IX, p. 473). de Flaubert ? Les réécritures prolongent le questionnement du lecteur qui rêve sur le personnage, s'identifie à lui, remotive ses actions, se substitue à l'auteur pour continuer à le faire vivre. Il s'agit à la fois d'un jeu, d'un plaisir créateur, mais aussi d'une démarche de lecture herméneutique et critique, qui discute les choix de Flaubert. Les deux récits transfictionnels analysés partagent le même constat de départ : Flaubert n'a pas compris Charles Bovary. La « propriété créatrice » de l'auteur premier est ainsi remise en question dans des relectures qui s'affirment comme contrauctoriales, Il [Homais] avait à écrire deux lettres, à faire une potion calmante pour Bovary, à trouver un mensonge qui pût cacher l'empoisonnement et à le rédiger en article pour le Fanal ,
, Les fêlures du personnage tel que l'a conçu Flaubert permettent à Jean Améry comme à Antoine Billot de s'immiscer dans les interstices, et d'envisager d'autres voies. L'un comme l'autre semblent d'ailleurs suivre la direction suggérée par M. Gravier dans le premier Chapitre de La muse du département de Balzac : « -Si j'étais écrivain ou romancier, dit monsieur Gravier, je prendrais le parti des maris malheureux. Moi qui ai vu beaucoup de choses et d'étranges choses, je sais que dans le nombre des maris trompés il s'en trouve dont l'attitude ne manque point d'énergie, Flaubert, mais dans lesquels sa personnalité et par conséquent son destin vont se trouver modifiés, vol.185
En effet l'auteur de Charles Bovary, médecin de campagne voit dans le roman de Flaubert et particulièrement dans le mauvais traitement réservé au petit-bourgeois, l'illustration d'une pensée conservatrice voire réactionnaire ,
, L'aveuglement politique de Flaubert se traduit pour Améry dans son écriture même, dont il remet en cause la capacité à représenter le réel. Cette lecture s'accompagne également d'une
, Seuil, Collection « Tel Quel, p.18, 1973.
~ 143 ~ la hauteur du désir féminin, peur de l'échec amoureux. Madman Bovary de Claro et Mémoire d'un fou d'Emma d'Alain Ferry, OEuvres complètes, édition A. Houssiaux, 1855, p.404, 2008. ,
, sous les espèces de son couvre-chef charbovarien, la recette à la fois chimique et psychique de mon être en sempiternelle décomposition, car je suis moi-même ovoïde et renflé de baleines, molletonné de boudins circulaires, finissant en sac ou en polygone cartonné, je ne sais, ou plutôt si je sais, mais ce brevet d'arlequin définit assez bien la pathétique invention qu, et j'en veux soudain au nouveau de m'offrir
, As-tu vu la casquette, la casquette ? As-tu vu la casquette du Père Charlot ? La casquette d'un Corto Maltese, c'est tout de même autre chose. Ridicule, cette calotte beuvienne dont nous chauffons notre crâne les jours, où, levé tôt, nous gagnions notre bibliothèque pour y terminer une lecture passionnante, ou pour taper le dernier chapitre d'un polar : Éva devait en rigoler quand nous prenions avec elle le café et l'oeuf à la coque du petit déjeuner. Peut-être nous regardait-elle déjà comme une bête à cornes, ?un franc boeuf à embâter?, vol.187
, En effet, tracer d'une façon qui se veut plus cohérente le destin du personnage, c'est courir le risque de figer le roman dans une de ses potentialités, alors que Madame Bovary au contraire génère une lecture plurielle, en laissant simplement affleurer des significations latentes. Isabelle Daunais souligne ainsi combien la transfictionnalité s'accompagne d'une perte, dans la mesure où « elle se nourrit de l'étrangeté des personnages mais nous les rend familiers. » 188, L'étude des réécritures transfictionnelles du roman de Flaubert permet par ailleurs d'appréhender leurs faiblesses et leurs limites
, Babel, chapitre, vol.12, p.27
, , vol.40, p.152
, contradictions, elle facilite la compréhension, en enlevant les zones d'ombre dans le portrait du personnage. Charles Bovary gagne ainsi en cohérence dans le récit d'Antoine Billot ce qu'il perd en richesse de possibles, en indécidable, p.359
, et ôte une grande part de l'étrangeté d'un personnage certes peu doué pour les grands discours, mais apte à révéler l'insuffisance du « chaudron fêlé » qu'est la parole humaine 189 . Notre analyse nous aura aussi amené à constater que les réécritures transfictionnelles, tout en comblant des failles, peuvent en générer d'autres, en créant de nouvelles zones d'ombre dans la narration, les actions et les motivations des personnages. Ainsi le récit d'Antoine Billot amène le lecteur à se poser d'autres questions, notamment sur le choix d'une double narration
, En comblant les failles, les réécriveurs les mettent à jour dans le texte de Flaubert, et le lecteur, que la réécriture reconduit nécessairement vers le texte premier, comprend comment Flaubert, en ménageant dans son oeuvre des « espaces de vacuité, d'inachèvement, et d'indéfini » 191 , maintient le sens en suspens, sans conclure, sans imposer un sens univoque. Les réécritures finalement tendent à réduire l'indéfini, mais dans un même mouvement le rendre palpable. Rien n'empêche le lecteur de Flaubert de créer d'autres itinéraires. Elles fonctionnent également comme autant de révélateurs de tout ce qui est contenu en filigrane dans les pages de Madame Bovary, de ce qui affleure sans y être, notamment dans l'évocation fugace des corps et de la sexualité. Les auteurs contemporains, dont l'écriture n'est plus entravée par le carcan de la morale et de la religion, La lecture de réécritures de Madame Bovary s'avère pour finir un biais intéressant et enrichissant pour redécouvrir Flaubert. Elles sont en effet révélatrices de la richesse du texte premier
, , p.301
,
, , p.49
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Une existence en pointillés : entre présence et absence?????, p.15 ,
, , p.16
« métis culturel » ?????????????????????, p.27 ,
, , p.27
, Charles Bovary médecin malgré lui???????????????????, p.36
, , p.41
, deux conceptions de l'amour irréconciliables???????? p, p.50
, Deuxième partie : l'exploration des possibles du personnage dans la réécriture?????????????????????????, p.63
, Se démarquer par le choix de dispositifs textuels autres???????????, p.63
, , p.69
, Recontextualisation : l'ancrage historique et social?????????????, p.80
, , p.86
, , p.91
, Un être de désir et de passion???????????????????????????????????p, p.99
, Troisième partie : Se mesurer à Flaubert : enjeux, p.107
Passages de frontière : de la fiction à l'auteur, p.109 ,
, Le discours sur l'auteur : le fragment biographique en mode transfictionnel, p.110
, Les commentaires sur l'oeuvre comme préalable à la reconstruction du personnage transfictionnel??????????????????????????? p, p.117
, , p.121
, , p.130
, , p.140
, , p.145