D. Paul, J. Dupuy, and L. , Cité par Jean-Claude PERROT, Une histoire intellectuelle de l'économie politique: XVIIe-XVIIIe Siècle, p.283, 1979.

, Necker fut l'un des premiers a constater ce phénomène mimétique qui accroit les mouvements de crises. Jean-Claude PERROT, « Analyse dynamique des crises au XVIIIe siècle », Une histoire, p.282

C. Alain and N. Baudeau, , p.544

. Eph, 22 septembre 1766, p.99

C. Yves, , pp.70-71

. Ibid,

«. Du-mone-politique, ». , and E. , , vol.22, pp.100-101

, Il s'agit d'un modèle pré-capitaliste qui n'envisage que la redistribution des revenus, Yves CITTON, p.72

C. Alain, , p.546

«. Du-monde-politique, ». , and E. , , vol.26, p.128

, Ordre naturel et essentiel des sociétés politiques est publié en juin 1767, le Précis de l'ordre légal en juin 1768

». «-notice-abrégée and E. , , vol.1769, p.299

, Elle est la première retenue par Philippe Steiner dans « Les revues économiques de langue française au XVIIIe siècle, p.33

G. Hervé and . Mémoires, Dictionnaire des Journaux, pp.1751-1772

S. Philippe and O. , , p.37

G. Hervé,

. Ibid,

S. Philippe and O. , , p.52

. «-notice-abrégée, , p.300

S. Philippe and O. , , p.53

, Dupont réfléchit sur sa signification : « Chez les nations antiques de l'Asie, une fête annuelle en auroit conservé le souvenir à la postérité. Ces Peuples plus près de l'enfance du monde, de la naissance des sociétés, et des vrais principes de l'ordre naturel, déifierent les Princes qui s'étoient appliqués à l'Agriculture » 616 . Ce texte relève de l'éloge royal et accorde une importance symbolique à un geste du Dauphin en faveur du travail agricole. Baudeau avait exprimé de gouvernement

«. Les-anciens-rois-d'egypte and . De-perse, avec la plus grande pompe, aux yeux de leurs Peuples attendris, ainsi que le fait encore aujourd'hui l'Empereur de la Chine, l'auguste cérémonie d'ouvrir et de labourer la terre. » 618 . Ces pouvoirs incarnent ce que Quesnay opposait aux républiques commerçantes : le royaume agricole 619 . Dupont en vient à célébrer les cultes agricoles comme des expressions culturelles différentes d'un même ordre naturel. Elle se déroulent dans le cadre de sociétés anciennes qu'il rapproche de « l'enfance du monde ». Cette formule témoigne d'un lien fort entre le passé et l'ordre naturel. La Chine forme une exception en ce que son ordre politique a perduré pour les physiocrates. Ainsi, si l'état de nature rapproche de l'ordre physique, l'ordre social qui en découle correspondra aux règles de l'ordre naturel

, Comme les anciens peules de l'Asie déifièrent leurs princes agricoles, le périodique des physiocrates participe à l'élaboration d'une image du futur monarque en souverain d'un royaume agricole. Le rédacteur du journal présente ainsi le rôle des Éphémérides dans la glorification de cet événement : « nous avons eu l'honneur d'être les premiers à le rendre public, par la voie de l'impression » 620 . Georges Weulersse évoque ce texte dans le contexte d'une recherche de la protection de la cour 621 . Le duc de Saint Megrin avait proposé de placer le périodique sous le patronage du Dauphin. Mirabeau s'y était opposé, contrairement à Quesnay. Il n'en demeure pas moins que le journal prétend commémorer un événement élevé au statut symbolique par le rapport personnel qu'il établit entre le Dauphin et l'activité agricole. Le « pacte social, Une société éloignée temporellement et culturellement de la civilisation occidentale qui se formule alors, ne s'en approche pas moins et la dépasse même dans l'organisation politique par rapport aux lois naturelles

. Eph, , vol.1769, pp.167-168

. Eph, , vol.8, p.17

. Eph, , vol.1769, p.168

S. Arnault and L. , , p.197

. Eph, , vol.1769, p.165

W. Georges and L. Mouvement, , p.202

, Elle s'accompagne de celle de la civilisation qui, dans son perfectionnement, achève d'établir des relations économiques et diplomatiques entre les États. La notion de civilisation est un moteur essentiel dans l'universalisme de Baudeau. L'univers politique ne trouvera son unité achevée que par l'extension de ce processus incarné notamment par le développement des sciences et des arts. La science économique en constitue un élément nouveau qui manifeste ce progrès. L'Europe est définie par cette évolution qui est aussi formée par la « polissure » des moeurs, Des sciences et des Arts », Baudeau identifie ces catégories comme formant une part importante de la culture occidentale : « Les connaissances et les talents forment dans un vaste empire

, Elle rejoint l'enthousiasme d'une République de l'esprit qui, au XVIIIe siècle, se manifestait par le sentiment cosmopolite d'un progrès de la raison en Europe et dans le monde 632 . Le patriotisme forme la seconde qualité qui définit un État puissant et heureux, le développement des sciences et des arts constitués par les savants, les « littérateurs » et les « artistes »

. Jaucourt, L. Au-xviiie-siècle, and . Terme, L'emploi que fait Baudeau du terme « patriotisme » doit s'interpréter dans cette conception du droit individuel et général qui part de l'insertion de l'homme dans sa famille, dans la société, dans un État libre 634 , et, enfin, dans l'humanité. Jaucourt évoque ainsi les « droits du genre humain » 635 . Il s'agit là d'un patriotisme qui ne s'oppose pas au cosmopolitisme dont l'un des thèmes est celui du savoir et de la raison qui doivent conseiller les gouvernements 636 . L'intérêt porté aux différentes nations dans leurs singularités culturelles manifestait également le sentiment cosmopolite qui, en Europe occidentale, considérait la « juxtaposition variée de la pluralité des nations » 637, de patrie renvoyait aux idées de liberté et de bonheur liées à la connaissance des droits de chacun 633, p.242

C. Peter, Les citoyens du monde : histoire du cosmopolitisme, vol.12, 1995.

G. Jacques, . Nation, . Patrie, and . Et-patriotisme-en-france-au-xviiie-siècle, Annales historiques de la Révolution française, vol.43, pp.490-491, 1971.

«. Jaucourt, ». Patrie, and E. , Cité par Jacques GODECHOT, vol.XII, p.490, 1765.

«. Jaucourt, ». Patriotisme, and I. , Cité par Jacques GODECHOT, op. cit, p.491

C. Peter,

. Ibid,

, Malheur aux Etats, malheur aux Sciences, aux Lettres et aux Arts mêmes, si l'amour propre ne marche pas de concert avec le patriotisme, et avec cette vertu qui n'a point de nom parmi nous (l'amour général de l'humanité) que nous oserions appeler humanisme, puisqu'enfin il est tems de créer un mot pour une chose si belle, si nécessaire

, Mandeville fut l'un des premiers penseurs à retenir dans l'amour-propre -passion jusqu'alors condamnée moralement -un facteur d'organisation sociale selon une logique économique 640 . La science économique est l'art de la conciliation. À la considération de l'intérêt individuel, de l'intérêt de la patrie et de l'Etat, s'ajoute celle de l'humanité. Le néologisme de Baudeau témoigne de l'influence que peut porter le périodique sur le langage. La physiocratie fut critiquée pour ses modifications langagières, Baudeau exprime ce besoin d'un renouvellement des mots pour raisonner dans le cadre 'intérêt. L'union de l'intérêt individuel et de l'humanisme réside, pour Baudeau, dans le sentiment égoïste, Si Jaucourt définissait l'amour de la patrie comme une « vertu politique » du renoncement à soi-même au profit de l'intérêt public 639 , Baudeau, dans une interprétation influencée par la science économique, n'oppose pas le patriotisme et l'amour propre -qui n'est pas l'amour de soi, pp.146-147

«. Jaucourt and . Patriotisme, , p.178

M. Hervé, amour-propre : une analyse théorique et historique », Revue européenne des sciences sociales, p.77, 2014.

. De-l, état actuel des Sciences et des Arts », Eph, vol.20, issue.1766, p.222

. Eph, , vol.20, p.231

D. Michèle and A. , , p.230

, biens dont je vous ai mis en possession, et appliquez vous à imiter les vertus les uns des autres, vol.657

. Ce-texte and . Dans-le-london-chronicle, fut certainement rédigé dans une optique économique et applique sur les Iroquois un sens qui outrepasse leur culture. Les paroles du Manitta ressemblent ici à celles du Christ envers ses disciples lors du repas pascal 658 . Dupont présente ainsi un évangile sauvage -il parle de « philosophie sauvage » -qui se lit comme une fable sur une vérité économique, à savoir, la valeur équitable des objets échangés dans une transaction et la répartition des biens selon les besoins. Les raisons du désordre viennent en effet de ce que la nation possédant le maïs a décidé

, Les Voyages d'un philosophe de l'intendant des îles de France et de Bourbon Pierre Poivre font l'objet d'une analyse détaillée par Dupont de Nemours. Le rédacteur du journal félicite l'intendant de ses remarques sur le caractère déterminant de l'agriculture sur les moeurs et l'organisation sociale. L'ouvrage concerne les côtes africaines et l'Asie. S'il parle des « Nègres stupides », c'est moins par condescendance ou critique des sauvages que par la dénonciation de l'esclavage qui perpétue l'état de guerre 662 . Il s'agit pour Dupont d'un commerce qui détourne l'intérêt des hommes au profit du désordre de la guerre. Les physiocrates étaient, dans leur ensemble, anti-esclavagistes pour des raisons avant tout économiques sans qu'elles ne fussent dépourvues d'intentions humanistes. L'une des principales conséquences de ce commerce est l'état languissant de l'agriculture. Dupont retient tout particulièrement ces passages de l'ouvrage de Pierre Poivre sur les terres non cultivées et arides des côtes, fidèle au principe de l'intendant qui juge de la qualité d'un peuple par la vigueur de son agriculture. La comparaison avec les Hollandais et huguenots du Cap permet de démontrer la fertilité des terres africaines dont les causes de stérilité se trouvent, Le récit de voyage est également utilisé dans un sens physiocratique. La description des différents peuples donne autant d'exemples d'écarts, de déviation ou de proximité par rapport à l'ordre naturel, p.69

, Je vous donne un commandement nouveau : vous aimer les uns les autres ; comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. », Évangile selon saint Jean, vol.13, p.34

. Eph, 1769, t. 11, p.72

. Ibid,

. Eph, , vol.1768, p.168

, tyrannie et l'esclavage 663 . L'agriculture constitue donc un critère de lecture politique de ces espaces

L. Dupont, Il exprime le choix d'une seconde patriebien que contraint -mais justifiée par la mise en place d'un système correspondant aux principes de l'économie physiocratique et assurant la « sureté, la propriété et la liberté » 664 . L'exil des huguenots représente dans cet exemple une exportation réussie car enrichissante de la culture européenne selon la loi naturelle de l'agriculture. À Madagascar, les autochtones sont jugés « intelligens et adroits » par Dupont. Il cite Poivre qui les identifie par leur proximité de l'état de nature : « ils ont les simples loix de la Nature, et les moeurs des premiers hommes. Ces moeurs et ces loix sont plus favorables à l'agriculture que toutes nos sublimes spéculations

, Les physiocrates suivent bien cette optique qui donne un discours ambivalent sur les peuples des colonies européennes en ce qu'ils sont à la fois considérés comme des sauvages incapables de se gouverner et trop éloignés de la civilisation

, Le même jugement est formulé pour les territoires de la côte de Coromandel dans lesquels, malgré un gouvernement anarchique, l'agriculture demeure un sentiment religieux : « Heureusement pour ces conquérens barbares, le peuple conquis, inviolablement attaché à ses moeurs antiques, n'a pas cessé de se livrer à l'agriculture par goût et par religion, « moeurs simples » et « agriculture florissante » vont de pair dans l'ouvrage de l'intendant 666

, Malabar (?) cultive encore avec ardeur le champ qui appartenoit à ses pères » 667 . L'auteur oppose la guerre à la culture de la terre dans son versant religieux et moral plus que strictement économique. Le respect de l'agriculture est ici le signe de bonnes moeurs plus que d'un bon gouvernement. Il n'implique pas la formation d'une société physiocratique. Dupont conclut de la qualité de leur religion qui n'est pas guerrière. Pour lui, cette religion ancienne se confond avec l'intérêt et la raison 668 . L'ancienneté des moeurs

. Ibid,

. Ibid, , pp.174-175

. «-c', est cette ancienne Religion, ou plutôt c'est la raison et l'intérêt, dont la voix se faisoit entendre fortement aux hommes dans les premiers âges du monde, qui ont rendu la culture un art sacré parmi les Indiens, pp.178-179

. Ibid, , pp.207-208

. Ibid,

, Cette affirmation peut pourtant entrer en contradiction avec les propos de Mirabeau et de Quesnay sur l'inégalité naturelle. Saint Megrin la distinguait des inégalités contingentes à la volonté des hommes. La liberté individuelle est plus importante dans l'économie physiocratique que l'égalité invoquée par Mably. L'auteur des Doutes éclaircis lui rétorque : « Aucune association ne peut exister sans inégalité, parcequ'il ne sauroit exister deux hommes physiquement égaux ; aucune société régulière ne peut non plus exister sans inégalité, parcequ'aucune société régulière ne peut subsister sans culture. » 672 . La force physique des uns, les richesse des autres qui permet les avances faites à l'agriculture puis la quantité des dépenses, impliquent la nécessité des inégalités de situations pour la bonne circulation des richesses à partir de l'activité agricole. Les premières sociétés à l'image de la famille apparaissent pour les physiocrates comme des lieux inégaux mais devant préserver le bien-être de leurs membres, Poivre en tire un savoir que les Anciens possédaient mais que les Modernes ont pu oublier : « ceux dont le Gouvernement est ancien et remonte aux premiers âges du monde, savent que les hommes naissent égaux, tous freres, tous nobles... » 671

L. , origine des gouvernements et la valorisation des sociétés anciennes et primitives s'exprime à nouveau dans les Éphémérides par la présentation du vaste ouvrage de court de Gébelin, Du Monde primitif, analysé et comparé avec le Monde moderne, ou recherche sur les antiquités du monde

, Celui-ci cherche à découvrir la « source primitive de nos connaissances ». Pour cela, l'auteur défend une méthode qui isole d'abord les points communs pour aboutir aux différences. Plutôt que de chercher à saisir toutes les branches, p.209

. Eph, , vol.1768, p.235

. Eph, , vol.1768, p.216

, connaissances 675 . Il rejoint les physiocrates sur deux principes : l'ordre des moeurs vient de l'ordre physique, et l'imitation. La méthode consistera donc à retrouver l, p.217

, Il entend : « ne point considérer l'Antiquité par masses détachées, de ne point isoler chaque Peuple, chaque langue, chaque étymologie ; mais de rapprocher tous ces objets, et de rétablir l'Antiquité dans son ensemble » 681 . La double comparaison dans le contexte et entre les sociétés présentes et passées est aussi la méthode des physiocrates dans les Éphémérides. Dans les deux ouvrages, il s'agit de valoriser la source « naturelle » des connaissances humaines dont la physiocratie se veut une des principales émanations. Les exemples de mythes et de sociétés agricoles prouvent la validité de la philosophie de l'ordre naturel, L'interprétation historique de Court de Gébelin est celle d'une structure organique qui relie chaque société dans son temps, p.231

F. Michel, Les mots et les choses, p.217

C. Yves, , p.146

. Ibid,

, une culture -alors souvent synonyme d'agriculture. 2. Le commerce L'un des traits de bienfaisance de l'avant dernier tome de l'année 1772 concernait le commerce dans son versant civilisateur et humaniste. Les physiocrates demeuraient opposés au groupe de Gournay sur l'interprétation du rôle du commerce dans la circulation des richesses, Dupont n'en montrait pas moins une volonté de conciliation entre les deux écoles qui transparaît dans sa Notice abrégée et dans sa conclusion aux Voyages d'un philosophe. Cette perspective intègre le commerce comme fait civilisateur dans la doctrine physiocratique. La société non européenne est vue comme nécessitant une aide au développement économique pour le bien mutuel des deux acteurs. Il s'agit d'un projet de voyage en Nouvelle-Zélande organisé par deux Anglais, pourtant moins une histoire physique que mentale. L'influence du climat est rejetée par les la vertu et l'ancienneté d, p.233

, Le thème de la noblesse n'est pas évoqué dans cet article qui, dans les observations de Dupont, retient une représentation du commerce qui diffère de celle de la guerre critiquée par Quesnay. Le commerce international est d'abord décrit comme bénéfique à l'économie d'un État

. Eph, , vol.1772, pp.221-222

S. Arnault and L. , , p.134

, Europe occidentale se présentent comme les porteurs -en ce qu'il tire les hommes de la simple subsistance pour les conduire vers l'abondance : La Grande Bretagne, dit-on, ne produisoit originairement que des prunelles. Quels avantages immenses n'a-t-elle pas reçus par la communication des fruits, des grains, des racines, des herbages, des animaux et des arts des autres contrées ! Par leur moyen, elle est devenue une riche et puissante Nation, abondante en toutes sortes de bonnes choses, Ne résulte-t-il pas de là quelques devoirs pour nous envers les autres contrées qui sont encore réduites à notre indigence primitive, p.687

, Comme les lois naturelles imposent des devoirs à l'homme envers lui-même, la civilisation, qui s'identifie à la richesse, entraîne une forme de devoirs économiques de communications de celle-ci. Ce principe présenté sous un angle humaniste recouvre en réalité la nécessité pour le commerce de trouver des débouchés pour ses produits. Arnault Skornicki montre que cette défense du commerce civilisateur porté en France par Gournay réunissait patriotisme, monarchie et commerce en pointant l'utilité de cette activité pour la nation 688 . Dupont approuve ce projet commercial et civilisateur mais refuse la répétition de celui-ci par d'autres États. Pour les physiocrates, le commerce ne créant pas par lui-même de richesse nouvelle, une telle politique d'exportation empiéterait sur les progrès de l'agriculture qu'il s'agit de diffuser en premier à l'échelle d'un État dans l'ordre de la logique économique. Ce système de écrit : « Faisons des voeux pour que le bonheur et la richesse débordent, si l'on peut ainsi dire, tellement chez nous, que nous soyons réellement appellés

, Le monde extra-européen sert dans cet article à comparer deux États, l'Angleterre et la

. France, le rapport au commerce et à ces peuples étrangers. Les écrits physiocratiques des 687 Eph., 1772, pp.215-216

S. Arnault, , p.139

. Eph, , vol.1772, p.226

C. Yves, Angleterre identifie émulation et encouragement. Dupont fait l'éloge de ce soutien apporté à l'agriculture par une société anglaise qui attribue des prix. Il s'agit d'une forme d'intervention qui n'entre pas en conflit avec la liberté des activité agricoles et commerciales dans la mesure où il s'agit d'une incitation et non pas d'une coercition. L'Angleterre n'en est pas moins critiquée pour ses lois restrictives et son esprit réglementaire. L'exposé d'un arrêt révolution de 1688-1689. En 1767, suite à des émeutes liées à la disette, l'exportation des grains fut prohibée 697 . Cet arrêt la rétablit dans les limites des variations du prix du grain. L'Angleterre sert également de conte-modèle en matière de finances. Dans son « Histoire abrégée des finances de l'Angleterre », Dupont retrace ces erreurs qui montrent en retour le bien fondé des principes libéraux, p.69

, On la verra s'épuiser pour soutenir d'une main des guerres au dessus de ses forces, entreprises dans la vue d'étendre son commerce ; qu'elle étouffe de l'autre main, par des gênes de toute espèce, par des droits onéreux, par des prohibitions injustes et sévères. On la verra sacrifier pour ainsi dire sa propre existence à des antipathies nationales » 699 . Dupont entend réaliser un réservoir de toutes les mauvaises législations fiscales. Il retient trois éléments de corruption d'un État : les impôts, le commerce et les intérêts mal entendus. Les deux premiers ne constituent pas des facteurs négatifs en eux-mêmes. Le rôle qu'ils peuvent tenir dans la prospérité d'une nation dépend de la nature de leur emploi, p.230

. Ibid, , pp.231-232

S. Gustave, . Oeuvres-de-turgot, F. Paris, and . Alcan, , p.280, 1913.

. Eph, 1769, t. 4, p.141

. Ibid, , pp.139-140

. Cette-partie-d'histoire-politique-du-texte-de-dupont-montre-une-qualité-«-scientifique-»-en-ce and . Qu, Il n'en relève pas moins de l'apologétique économique qui vise à établir une comparaison entre deux royaumes. L'objectif de son article est ici d'influencer la politique des autres États à l'exemple de la France et au contre-exemple de l'Angleterre : « on desirera qu'elle [l'Angleterre] s'applique à l'étude de ces vérités salutaires ; on souhaitera qu'elles deviennent familières à tous les humains ; on félicitera la France d'en avoir vu la première combiner l'ensemble, et l'on fera des voeux pour qu'elle ne soit pas la dernière à en profiter. » 705 . L'histoire physiocratique est une histoire politique qui met en oeuvre la diversité des objets de la science économique

D. Edmond, , p.342

S. Arnault and L. , , pp.141-142

. Eph, 1769, t. 7, p.101

. Eph, 1769, t. 4, p.140

, moins à la forme du gouvernement qu'à l'état de la société décrite. La critique du pouvoir politique est donc indirecte. La norme prescriptive prend vite le pas sur la méthode descriptive. Aussi, le rédacteur du journal engage-t-il la Russie à

, Baudeau montre que ce mouvement n'est pas l'apanage d'une culture urbaine mais qu'elle concerne également les provinces et les campagnes. La société des campagnes représente alors pour Baudeau le lieu du patriotisme qui témoigne d'une réunion des intérêts entre chaque État. Chacun d'eux bénéficiera d'avantages mutuels

, La perspective patriotique de Baudeau consiste également dans l'union des différentes classes de la société, ici, l'artisan et le paysan. Son agrarianisme participe de ce patriotisme qu'il invoque dans la défense de l'« esprit national

, Sa définition de l'humanisme économique : son coeur généreux sentit qu'il n'y avoit point de véritable grandeur à troubler des ravages le bonheur des Nations policées, qu'il étoit bien plus noble de l'appeller, de le fixer dans ses Etats. Son génie lui fit découvrir le moyen d'y réussir, en adoucissant par le commerce et par les arts, les moeurs de son Peuple, et la rigueur même du Climat. L'esprit fondamental de son Gouvernement fut et sera très long-temps encore, Comme la plupart des philosophes des Lumières

, La civilisation se caractérise bien par le caractère « policé » de la société, c'est-à-dire de la maîtrise des passions, et par l'« adoucissement » des moeurs. Il s'agit là de deux éléments que la 709 Eph, vol.19, p.82

. Eph, Après une première séduction, Diderot et Le Mercier La Rivière se montrèrent très critiques envers son règne. Le royaume de France devient un modèle pour les souverains russes. Les relations internationales envisagées par Baudeau dans la première version des Éphémérides sont centrées autour des intérêts de la France. Il montre dans cet exemple que la réforme de la Russie n'engage pas une concurrence dangereuse mais provient d'une imitation qui encourage l'émulation : « C'est ainsi que dans les grandes ames, l'humanisme regle toujours les desseins même de la politique et du patriotisme. L'émulation que nous osons appeler aujourd'hui la première Loi de l'Empire russe, a produit des merveilles » 713 . L'humanisme passe autant par l'amour général de l'humanité que par celui de l'agriculture. Ces deux dispositions se confondent. La civilisation qui suit la logique de l'ordre naturel de réduction des passions en exprime la culture sociale et politique. Norbert Elias voyait dans cette notion un élément du « sentiment national occidental » 714 . L'universalisme des termes « humanisme » et « patriotisme » n'en servent pas moins Baudeau à définir « l'esprit national » de son temps, science économique porte en elle dans la mesure où elle concilie l'intérêt et la raison, l'ordre de la nature et l'ordre des moeurs, vol.6, p.29

, France est en retard quant au développement de son économie agricole et industrielle 715 . Le périodique montre des exemples et propose des réformes pour la France

L. Iii, . Éphémérides, and F. Le-gouvernement-de-la,

S. Arnault and L. , , p.174

. Ibid,

E. Norbert, La civilisation des moeurs, Calmann-Lévy, p.11, 1939.

, Il définit un individu dans sa relation à un « être moral » là où le terme de « sujet » caractérise l'homme dans sa dépendance vis-à-vis d'un être physique 719 . Les Éphémérides traitent de l'homme dans ses deux aspects confondus, Mirabeau reprenait l'idée qui fait du pouvoir royal l'image terrestre du pouvoir divin. Ce terme doit donc se comprendre moins dans un sens politique qui le rapprocherait du républicanisme -que les physiocrates rejetaient -que dans un sens moral selon les vertus qu'il caractérise, la première étant la liberté. Celle-ci se décline notamment sous deux formes : économique et intellectuelle. L'article de l'Encylopédie rattache le citoyen à une patrie. La patrie désignait au XVIIIe siècle le lieu où l'on est né et nouait des liens forts avec l'idée de liberté 720 . Le citoyen semble donc représenter le premier sujet de l'analyse économique. Il s'agit d'un individu rationnel dont les moeurs et les intérêts n'entrent pas en contradiction avec le bien général. Outre les propriétaires et les cultivateurs, une des principales catégories de citoyens considérée par les physiocrates sont les nobles, se répand en France à partir des années 1740 718

D. Edmond, , p.355

«. Diderot, ». Citoyen, and E. , , vol.III, p.488, 1753.

G. Jacques, . Nation, ». Et-patriotisme-en-france-au-xviiie-siècle, and O. , Mirabeau décrit la situation de la maison de Kergroadez qui possède des terres en basse Bretagne et dont leur transmission héréditaire permet la stabilité de l'exploitation. Il fait l'éloge de cette société qui noue entre eux les propriétaires et le cultivateur par un lien de génération : « ils sont comme perpétués dans les familles d'anciens fermiers, qui, de père en fils, s'en sont transmis l'exploitation, et qui regardent la terre comme la mère-nourrice commune du Propriétaire et des Colons, comme le berceau de la famille, sa patrie, ses lares, son monument, l'objet de son attachement et de ses soins, et la matière précieuse sur laquelle se forme ce lien de services réciproques, qui doit unir utilement et invariablement la nature, l'homme et la société. » 722 . L'Ami des Hommes défend ici l'image d'une vassalité agricole et renvoie cette organisation économique à un idéal social antique et païen. Le culte de la famille est ce qui relie la noblesse présente aux familles patriciennes. L'arbre généalogique d'un côté, et les lares de l'autre, réunissent ces deux sociétés dans un idéal ancien qui identifie l'économie au cercle familial dans un sens élargi aux personnes dépendant de la famille. La féodalité rejoint l'époque romaine dans un même respect pour la génération et la nature. Mirabeau lui-même souhaitait consolider sa écrit : « Qu'est-ce en effet que la Noblesse, si ce n'est l'authenticité, la tradition, l'acquisition d'un plus grand nombre de témoins de la bonne conduite d'une race ? ». L'ancienneté et la sédentarité constituent les deux qualités nécessaires à la légitimité d'une entreprise commerciale, agricole ou artisanale. La noblesse incarne cette assurance économique qui relie fermement les bonnes moeurs et l'enrichissement : il s'ensuit de-là que celui qui fait le mêtier de ses pères, la cour 721 . La noblesse se caractérise par son enracinement dans une terre, celle qui constitue dès lors sa patrie. Dans un exemple de bienfaisance rurale, p.485

S. Arnault and L. , , p.171

. Eph, , vol.1769, p.198

S. Arnault and L. , , p.175

. Eph, , vol.1769, p.204

. Eph, 1768, t. 7, pp.14-15

, Mirabeau ne fait pourtant pas de la famille le cercle politique premier. Son féodalisme se construit dans une échelle précise, régionale, et dans un cadre précis, la campagne. Il ne généralise pas la sociabilité de l'économie familiale à l'économie du pouvoir à l'échelle nationale mais pointe au contraire les méfaits de « l'esprit de famille » qu'il identifie à l'hypothétique âge d'or d'une « obéissance passive » où la propriété n'existait pas mais les liens sociaux ne dépendaient que de la soumission au patriarche. Il commente : Ce genre de constitution (?) n'est autre chose que l'esprit de famille, et les sociétés les plus étendues en deviendront participantes plus ou moins, en raison de ce que la conduite de leurs chefs leur donnera plus ou moins de confiance en eux. Ce sont des diminutifs de ce sentiment qu'on appella jadis amour de la Patrie, honneur de la nation, etc. etc. En raison de ce que le pere se conduit mieux, mémoire en étoit effacée, la constater et l'attester par la nature même des avantages transmis 726 . Mirabeau s'opposait aux moeurs de la cour et au désordre qu'elle entraînait dans la noblesse guerrière. L'ascension sociale des financiers et des bourgeois dans cette classe constituait un danger de corruption morale pour celle-ci 727

, La loi de l'intérêt personnel y règne moins que celle de la dépendance de tous envers un seul. À cette situation de soumission, Mirabeau oppose la logique de l'intérêt et de la propriété personnelle comme seule garantie de la paix sociale, comme obstacle naturel aux passions et aux agressions contre autrui. Le terme de nation s'apparente ici à celui de peuple en tant qu'émanation d'un groupe familial. La patrie oblige à la fidélité

. Eph, , vol.1769, pp.200-201

S. Arnault and L. , , pp.171-172

. Eph, , vol.1769, pp.219-220

. Dans-le-cadre-d'une-propriété-agricole, Mirabeau décrit ainsi le dépassement de l'esprit de famille, ou plutôt son recentrage économique, dans l'exploitation agricole et nobiliaire. Être citoyen, dans les Éphémérides, n'entre pas en contradiction avec la vassalité prise dans une interprétation économique et morale. L'hérédité et la mémoire familiale consolident le mérite du citoyen économique

, Si Baudeau, dans la première version du journal, prévient qu'il ne s'attardera pas sur les « sciences de la religion » pour éviter les dangers de polémiques et de condamnation, il ne considère pas moins le rôle socio-économique de l'Église, non pas seulement catholique

S. Dans-une, état des sciences et des arts, le rédacteur exclut la religion par prudence 729 , ce qui n'en montre pas moins l'intérêt possible de ce domaine pour la philosophie économique dont le journal de Baudeau se faisait le réceptacle. Pour lui, la bonne pratique économique se confond avec le patriotisme. Dans la Chronique de l'Esprit national, le patriotisme est ce qui préfigure la physiocratie. La science économique s'est formée sur la rhétorique des philosophes des Lumières dans l

, En présentant la modernisation de la Russie depuis Pierre le Grand et poursuivie sous Catherine II, Baudeau indique une étape importante dans la réussite de ces réformes libérales : l'instruction des sujets. Pour ce faire, il s'agit d'établir l'autorité parfaite du gouvernement royal. Ceci passe par la réduction du pouvoir de l'Église sur le peuple, Les physiocrates ne s'en distinguaient pas moins, notamment Mirabeau et Baudeau, par leur appréciation de l'institution religieuse. Par l'intermédiaire de la société des Trois Amis

». and E. , Nous ne parlerons point des Sciences qui sont propres aux Ministres de la Religion : c'est un objet qu'on ne peut traiter sans danger, quand on fait comme nous une profession ouverte de tout sacrifier à la vérité, vol.27, p.128

. Eph, En février 1720, Pierre le Grand avait fait réaliser un « Règlement ecclésiastique » qui instaura en 1721 le Saint-Synode, collège spirituel à la tête de l'Eglise sur lequel image du pouvoir naturel, est capable de prendre en charge. Le clergé russe est critiqué pour son luxe, sa richesse et sa manipulation des hommes. Après avoir formulé cette critique, Baudeau précise, comme pour s'amender, qu'il s'agit d'un corps différent du clergé catholique de France 733 . Le patriotisme qu'il célèbre dans ce règlement rejoint un gallicanisme selon les sociétés, l'unité du gouvernement et l'autorité du pouvoir souverain constituent une loi naturelle qu'il s'agit d'instaurer ou de restaurer. Les contradictions entre le temps religieux et le temps politique de l'économie forment un point important du sujet de l'Église tel qu'il est traité dans les Éphémérides. La religion est le travail, 15 septembre 1766, p. 75. devient subordonné au pouvoir politique capable de surveiller les nominations d'évêques : « Le Clergé Russe (?) vient d'être totalement incorporé au Gouvernement, dont il sera nécessairement la voix et l'organe. » 731

B. Jean and . Le-règlement-ecclésiastique-de-pierre-le-grand, Fin.) » in Échos d'Orient, tome 7, n°46, p.153, 1904.
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. Eph, 15 septembre 1766, p.72

. Eph, , vol.1770, p.189

«. Des-vendanges, ». , and E. , républicain à l'anglaise, c'est-à-dire commercial et parlementaire, les physiocrates étaient plus proches des thèses du chevalier d'Arcq exposées dans La Noblesse militaire, rédigé en 1756. À l'opposé de l'ouvrage de l'abbé Coyer, ce dernier confondait dans le patriote l'amour du prince et de la patrie, vol.8, p.17

. Recueil-physiocratie, Comme nous l'avons vu précédemment, le pouvoir monarchique est considéré comme un pouvoir naturel dont la légitimité est corroborée par les exemples de l'histoire des sociétés humaines. L'exemple contemporain de l'Empire chinois achève de convaincre sur le gage de pérennité que représente un tel pouvoir qui ne doit avoir de coercitif que ce que prescrit la nature. Dans son « traité de la république de Genêve, Ferrès rappelle qu'il s'agit du gouvernement de la nature

, Les bourgeois étaient les citoyens de Genève et possédaient les droits politiques en formant le gouvernement par le conseil général

«. Jaucourt, ». Patrie, . Encyclopédie, D. Edmond, and O. , , p.340

D. Edmond, , p.367

L. Catherine, , p.173

. Eph, , vol.1768, p.165

, Dans le cadre d'une monarchie, l'autorité souveraine imposera cette taxe à ses sujets. Mais, dans le cadre d'une république, le principe d'un gouvernement formé par une pluralité de personnes entraîne la constitution d'un groupe qui s'arrogera des droits différents des administrés et imposés 742 . La revendication de l'égalité constitue un deuxième facteur de « dégénérescence » vers une aristocratie : Il y a peu de ressource contre l'abus du pouvoir des supérieurs, parce que ces supérieurs sont une multitude, parmi laquelle il y a, comme dans toute multitude, quelques gens très raisonnables, et beaucoup d'autres qui ne le sont guere ; et que la prétention peu éclairée de l'égalité, soutenue entre ceux qui participent aux privileges supérieurs, s'oppose à ce que les plus raisonnables aient la prépondérance ; qui, à la pluralité des suffrages, Les habitants et les natifs étaient privés des droits politiques et ne pouvaient accéder au statut de bourgeois faute d'argent en raison des taxes qu'ils devaient payer

, Il pourrait s'agir des détenteurs du savoir économique qui enseignent le souverain sur son gouvernement naturel. L'argumentation physiocratique antirépublicaine rejoint la logique des passions et des intérêts. Les passions qui dégénèrent pour des raisons imaginaires ne sauraient avoir le même impact sur un État lorsque celui-ci est gouverné par plusieurs personnes que lorsqu'il s'agit d'un pouvoir personnel. Saint Megrin affirmait que dans ce système monarchique, Le régime républicain se caractérise par les principes d'égalité, de liberté et du suffrage du peuple

. Eph, 1770, t.1, pp.232-233

. Ibid, , pp.233-234

, et où le produit net de la culture forme un objet si peu considérable, que ce qu'on en peut consacrer au maintien de l'Etat, n'y sauroit suffire, il faut recourir à des contributions prises sur la fortune des particuliers » 750 . Arnault Skornicki met en 745 Ibid, p.247

S. Arnault and L. , , pp.199-200

. Eph, 1770, t.1, pp.232-233

, Les premières sont sédentaires et attachées à la terre, les deuxièmes relèvent du circuit des marchandises et les troisièmes demeurent nomades 751 . L'avantage décrit par Dupont du royaume agricole par rapport à la république commerçante est l'assurance de richesses pour le peuple et l'Etat qui dépendent de la production des terres. La nature donnant en abondance dès lors que l'activité agricole n'est pas entravée, la pérennité de ce gouvernement est garantie. C'est, évidence cette typologie des gouvernements qui dépend d'une règle de « territorialisation ». Les physiocrates distinguent trois sociétés : agricoles, marchandes et barbares

. Le-pouvoir-du-souverain-un-modèle-la-défense-de-la-physiocratie-se, Moreau relativise la nouveauté -et donc la capacité de subversion de leur doctrine -de la philosophie des économistes en rappelant Platon, Cicéron et Aristote. Dupont confirme en note cette filiation et ajoute les noms de Socrate, Xénophon, Epictète et Marc-Aurèle mais s'en distingue par rapport à l'objet principal de la science économique qui est la reproduction et la distribution des subsistances et des richesses, éléments qui ne fut pas envisagés par ces philosophes 755 . L'un des principaux modèle philosophique des physiocrates se trouve donc dans le stoïcisme. Les qualités de philosophe et d'empereur font de Marc-Aurèle un modèle particulier de souverain souvent repris par eux. Un roi philosophe pouvait en effet incarner un modèle de gouvernement sans pour autant qu'il ne déterminât la connaissance philosophique

S. Arnault, , p.201

. Ibid,

». «-corps-de-doctrine-du-censeur and E. , , p.270, 1770.

. Ibid, , pp.261-262

. Eph, 1770, t.1, p.262

F. Michel, . Sécurité, . Paris, /. Gallimard, and . Seuil, EHESS, p.72, 2004.

». Dans-les-articles-«-du-monde-politique and E. , et « De Paris, vol.6, p.17

;. Eph, H. Bernard, and O. , Le roi est à l'intersection de ces liens sociaux et économiques. Il leur assure une sécurité par sa politique d'ajustement du droit positif au droit naturel. Il doit imiter les lois naturelles pour être ensuite imité par la population : Voyez s'étendre, depuis le trône jusqu'aux extrémités des Empires, les rayons bienfaisants de l'autorité tutélaire. Voyez les organes incorruptibles de la Justice par essence, ne recevoir et n'exécuter que les Loix, rejettant avec horreur les volontés transitoires, erronnées, iniques et destructives, inspirées par l'orgueil ou la cupidité, 1767, t. 1, p.266

. L'ordre-que-décrit-baudeau-est-hypothétique, Le gouvernement physiocratique a vocation à s'étendre et à être imité. C'est le but des articles d' « opérations louables » qui donnent l'illusion d'une extension internationale et continue des réformes libérales. La succession des exemples par pays donnent cette impression

, Le chancelier s'était arrêté sur des expressions « peu usitées ». La science nouvelle devait employer le moins possible de termes nouveaux pour désigner un objet ancien. Dupont distingue ainsi le vocabulaire de la science économique, ses mots techniques et les « expressions de sentiments » dues à la subjectivité des auteurs. Ce qui compte selon lui est la justesse du vocabulaire scientifique. Il s'agit notamment des avances foncières, primitives

, L'autorité tutélaire devient ainsi un modèle lorsqu'elle prend connaissance de ce savoir nouveau. Dans la perspective physiocratique, les pouvoirs juridiques et politiques doivent être l'expression des lois naturelles. Leurs prérogatives sont ainsi délimitées par l'existence d'un ordre supérieur dont il assure l'existence parmi la société humaine. Comme la justice ne fait que « recevoir » et qu'« exécuter », le souverain veille à l'application de ces lois. Son pouvoir politique se substitue aux mécanismes de l'ordre naturel. Baudeau peut ainsi dire qu'il gouverne moins par son pouvoir que par ses exemples. Il se rapproche de la figure du roi patriote de Bolingbroke qui réunit l'honneur nobiliaire au patriotisme, c'est-à-dire à la liberté de travailler et de jouir de ses biens, Ces termes, qui désignent une réalité économique, caractérisent l'originalité de la physiocratie -sans être des mots de leur invention -qui formule un savoir qui n'était pas maîtrisé par les Anciens ni par les précédents gouvernements

. Eph, 1770, t.1, p.256

, Les physiocrates s'intéressent moins aux moeurs des individus qu'à celles du souverain. La science économique qui se formule dans les Éphémérides n'a donc rien de positiviste et n'est pas entièrement débarrassée de la réflexion morale. La loi de l'intérêt ne supprime pas l'exigence de bonnes moeurs pour le souverain. Saint Megrin concède pour autant une contradiction possible entre le comportement privé du souverain et les lois de son royaume. Tant que la stabilité de celles-ci, fondées sur l'ordre naturel, est maintenue, cette considération importe peu 765 . Son comportement officiel n'en incarne pas moins un exemple pour le peuple. Saint Megrin répond ainsi à Mably sur le rôle du souverain : « le Souverain doit se concilier l'estime et la considération de ses sujets, p.272

, Si les Éphémérides agissent comme un « miroir aux princes », ces derniers en figurent un second pour le peuple envisagé comme population. L'instruction publique souhaitée par les physiocrates apparaît avant tout comme un enseignement moral propre à l'économie. Ce dernier se différencie des normes religieuses en ce qu

, Surveiller Le pouvoir principal du souverain réside paradoxalement dans sa situation en retrait

. Eph, , vol.1768, pp.239-240

. Eph, , vol.1768, p.258

F. Michel and . Sécurité, , p.79

, La sécurité est le pendant nécessaire de la liberté, toutes deux entraînent des mécanismes de contrôle 769 . L'art de gouverner des physiocrates se rapproche plus, selon lui, d'un naturalisme que d'un libéralisme en ce qu'il ne s'agit pas de l'instauration d'une liberté juridique pour le sujet de droit mais d'une liberté naturelle, insérée dans une physique et dans les lois de l'évidence 770 . Ils n'en formulent pas moins une vision du pouvoir monarchique proche du « gouvernement frugal » 771 formulé par Benjamin Franklin. Dans son Traité sur la République de Genève, Dupont montre à la fois la puissance de l'autorité tutélaire et son exercice restreint : « on voit que cette autorité établie pour le maintien de la liberté et la conservation de la propriété de tous, n'a que des droits avantageux pour tous ; qu'elle a un intérêt pressant à se renfermer dans l'exercice de ses devoirs, puisqu'elle est essentiellement toutepuissante quand les ordonnances sont conformes à la justice » 772 . La légitimité du souverain provient bien d'une nécessité sécuritaire. Le maintien et la conservation représentent la nature de son pouvoir qui est limité à celui de la réglementation, celui de l'application de l'ordre légal 773 . La puissance du souverain ne réside pas dans ses prérogatives mais dans la loi naturelle qu'il incarne et qu'il préserve. Le pouvoir royal n'est pas un droit acquis mais un devoir inné. La puissance de l'autorité souveraine est proportionnelle à son adéquation avec l'ordre naturel. Le retrait du souverain ne réside pas seulement dans la politique économique mais aussi dans l'apparence symbolique de la monarchie. Le luxe et le faste sont critiqués par les physiocrates qui préfèrent la « modération » du souverain à une démonstration artificielle et coûteuse. Ainsi, l'un des exemples d'« opérations louables » décrit la réduction des dépenses d'apparat par l'évêque et prince de Spire, le comte de Leinbourg-Styrum. La réduction des impôts va de pair avec cette loi somptuaire, physiocrates comme un droit naturel et la liberté d'en jouir impliquent un besoin de sécurité. Michel Foucault a étudié la formation de la gouvernementalité libérale qu'il caractérise comme un regain du pouvoir de contrôle de la part du gouvernement, p.74

F. Michel and . Sécurité, et Naissance de la biopolitique, p.68, 2004.

. Eph, 1770, t. 1, p.229

S. Arnault, , p.214

. Eph, , vol.1770, p.186

, déserte l'idée de population, son importance s'accroît dans la figure du souverain

, La modération du souverain et son comportement moral lui fournissent un pouvoir de surveillance qui découle du principe libéral défendu par les physiocrates

M. Foucault, l'instauration de la liberté de circulation des marchandises et des hommes la loi naturelle efface l'arbitraire de l'autorité souveraine, elle n'en renforce pas moins son pouvoir sécuritaire qui passe par la surveillance. La morale est toujours liée à cette fonction gouvernementale

, On ne s'est pas aperçu qu'il n'y avoit contre elles de barrières suffisantes, que celles qu'y peut mettre le bien-être des sujets et la vigilance avec laquelle le gouvernement protège tous les droits naturels, dont la liberté est le premier » 777 . Ce gouvernement libéral se manifeste non seulement ponctuellement pour réprimer les violations des lois naturelles mais aussi perpétuellement par la fonction de contrôle. Cette perspective donne un rôle croissant à l'administration. Il s'agit là de ce qu'Arnault Skornicki caractérise comme la « gouvernementalisation de l'Etat, Il écrit : « On a hérissé de difficultés les transmigrations

, Mirabeau n'en rappelle pas moins la symbolique de l'autorité royale comme image de Dieu sur terre

, L'exercice du pouvoir politique se définit autour de ces trois principes : liberté, protection et justice

, Le roi apparaît comme un être charitable et dont le prestige se renforce de cette posture libérale : « ces bienfaits, qui coûtent si peu, sont encore plus avantageux à ceux qui les accordent, qu'à ceux auxquels ils sont accordés. » 779 . Cette phrase témoigne non seulement du renforcement de pouvoir que donne paradoxalement une législation libérale au gouvernementformé par l'administration -mais aussi d, L'effacement du souverain n'est donc que partiel en ce que son pouvoir se renforce de ces libertés accordées aux hommes

F. Michel and . Sécurité, , p.67

«. Doutes-Éclaircis, ». , and E. , , p.240, 1768.

. Eph, 1768, t. 7, p.14

S. Arnault, , p.214

. Eph, 1768, t. 7, p.17

, à savoir, celui de la surveillance totale. La physiocratie qui développa la théorie du despotisme légal défend l'idée d'un savoir économique qui peut guider la volonté du souverain. Ce savoir n'en est pas moins limité aux règles de Quesnay issues du Tableau économique et aux lois naturelles 781 . Les Éphémérides portent et diffusent ce savoir à l, vigilance, rappelle ce que Michel Foucault nomme le « vieux rêve du plus vieux souverain, vol.780

, Des économistes dépend la tâche d'instruction du pouvoir politique, qui, à son tour, instruira le peuple. Les physiocrates expriment ici une voie libérale qui place le souverain à équivalence des du roi derrière l'ordre naturel et derrière l'administration, voire même derrière le savoir économique porté par les physiocrates. Elle peut se comprendre par la dépendance du périodique vis-à-vis de la censure royale et par la nécessité pour les économistes d'obtenir le soutien du gouvernement, La notion de citoyenneté se définit ici par rapport au savoir économique. En effet, les physiocrates défendent la nécessité d'une instruction générale sur l'ordre naturel pour rendre conformes les volontés particulières à la volonté souveraine

, Ce dernier gouverne également le champ du patriotisme dont le vocabulaire fut fréquemment formulé au cours du XVIIIe siècle. L'économie politique s'en empare pour insérer les lois découvertes par Quesnay dans l'espace d'un État. La physiocratie étudie également les différentes échelles de la

F. Michel and . Sécurité, , p.67

F. Michel and N. , , pp.288-289

. Eph, 1768, t. 7, p.27

. Eph, 1767, t. 10, p.154

, Les difficultés financières et les retards de parution qui deviennent constant de 1770 à 1772 témoignent d'une certaine réduction de leur audience dont certains textes contemporains se font l'écho comme les Mémoires secrets. Les sujets économiques restaient pour autant débattus, notamment en ce qu'ils concernaient la fonction de l'autorité royale. Les Éphémérides semblent s'adresser à deux destinataires précis : le souverain et ses sujets. Parmi les seconds, il s'agit dit s'adresser est celui qui défend un savoir libre. Il devient, dans la version physiocratique du journal, celui qui reconnaît, par sa raison et sa sensibilité, la justesse de cette doctrine. Le journal montre ici un but d'instruction qui correspond à la position physiocratique selon laquelle les sujets doivent être instruits de leur intérêt et des lois naturelles pour assurer la pérennité du marché libre. Ce mouvement d'éducation économique s'oriente également vers l'autorité la transparence des phénomènes inscrits dans le savoir économique 787 . L'idée de l'instruction générale comme condition garantissant

M. Einar and . Jónsson-«-les, miroirs aux princes" sont-ils un genre littéraire ? », Médiévales, n°51, p.6, 2006.

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