, Et ça, ça a énormément d'écho chez les enfants quoi? ils ont énormément d'empathie sur ces problèmes là et ils étaient tous catastrophés car pour eux perdre leur mère ou leur père c'est quelque chose d'inenvisageable donc? donc? on ne s'est pas appesanti sur la question, je n'ai pas expliqué ce qu'elle avait eu. J'ai juste expliqué que E. était un enfant fragilisé d'une part parce qu'il était nouveau dans le pays, dans l'école, dans la classe et qu'il ne connaissait personne et d'autre part qu'il était en souffrance? et ça, ils l'imaginent très bien, ils le ressentent très bien. Donc qu'il était en souffrance car il venait de perdre sa maman, donc il était tout seul avec son papa. Et? et j'ai dit aux enfants que c'était peut être pas non plus la peine de lui en parler, eux? que si lui leur en parlait, qu'ils pouvaient en discuter bien évidemment? s'il avait besoin d'en parler, s'il avait besoin d'en discuter mais que eux, je préférais qu'ils ne le disent parce que ça allait peut être? alors ils ont fini mes phrases hein ? Ils comprennent très bien. « Ah oui, ça va le faire pleurer », « Ça va le rendre encore plus triste ». Ils ont réagi de manière super. Ils ont été gentils avec lui, ils ont toléré? des fois, il avait des comportements un peu inhabituels. Des fois, il était renfermé, on le voyait partir et tout? Bon ben, quand il écoutait plus, son voisin lui donnait discrètement un petit coup de coude et lui disait gentiment « écoute la maîtresse, écoute la maîtresse ». Ils l'ont vraiment pris en charge et puis quand on a fêté la fête des mères. C'est pas dans les textes mais traditionnellement mais les enfants demandent toujours à faire quelque chose. Bah là, c'est pareil. Il était pas là et je leur ai posé la question, je leur ai dit « voilà, on approche de la fête des mères et je sais que vous aimez faire quelque chose pour vos mamans? qu'est ce que vous en pensez par rapport à E. ? ». Et là ça a été l'unanimité dans la classe et ils m'ont dit « on n'a qu'à rien faire à l'école, on fera des choses pour nos mamans à la maison? comme ça, trouver un prétexte pour l'envoyer chez la directrice où apporter quelque chose dans une autre classe, je ne sais plus trop. Trouver un prétexte légal et pas extraordinaire pour le faire sortir de la classe et j'en ai profité pour expliquer très rapidement aux autres enfants que E. était un cas particulier. Que d'abord, il était nouveau dans l'école, il venait d'arriver, qu'il ne connaissait pas le pays, qu'il ne connaissait pas l'école donc déjà là? ça voulait dire qu'on soit solidaire avec lui, qu'on soit gentil avec lui mais que en plus, lui, venait de perdre sa maman

, Sans la présence de celui qui était concerné bien évidemment et je leur posais toujours la question « qu'est-ce qu'on fait ? » et là, cette deuxième fois là, ils avaient choisi « bah on a qu'à pas dire que c'est la fête des pères

, Alors maintenant quelle était la part, dans cette fugacité de son attention? quelle était la part du deuil, du manque de sa mère et quelle était la part qu'il était nouveau dans l'école, que tout était nouveau : le pays, la maison, la culture, le? c'était le grand chamboulement de tous les côtés? ça je ne sais pas. Enfin, les enfants étaient attentifs à lui et moi j'étais aussi particulièrement attentive à lui. À pas le stigmatiser quand il déraillait, à pas? mais ça les enfants ont été? les enfants étaient trop top ! Jamais, jamais ils l'ont fait. Autant, ils ont une propension à se moquer d'un qui n'a pas réussi naturellement, autant là, jamais je n'ai entendu quoi que ce soit? même quand il avait aucun mot juste à sa dictée ou des choses comme ça, aucun n'a jamais fait une réflexion. Bon, par la suite, il est resté dans l'école et le papa s'était remis avec quelqu'un? et là il était devenu très? très agressif et très?, Ils disaient « bah nous on l'offrira à notre papa et lui il pourra l'offrir à qui il veut

, Des besoins particuliers ? Des moments régressifs ? Non, non, c'était un gentil garçon. Il était pas spécialement en demande d'affection. Et non je n'ai pas remarqué de moment régressif? peut être il en avait chez lui mais en classe non. Je l'ai jamais vu sucer son pouce ou? et puis pas spécialement en demande d'attention vis à vis de moi. Non, non, c'était juste ça : des fois il était plus là

, Il avait pas tout à fait le même niveau que les autres élèves de l'école. Pas les mêmes habitudes de classe, il avait pas forcément vu? Nous on se concertait énormément entre niveaux pour les prendre là où ils s'étaient arrêtés à la classe précédente donc c'est vrai que les nouveaux qui arrivaient ils avaient des choses qu'ils avaient déjà vues. Mais ça c'était lié au parcours scolaire, pas au deuil. C'était un élève moyen. Rien de spécial à noter

. Jamais and . Jamais, Alors, est-ce que dans son parcours scolaire il a eu à faire à des enseignants qui? qui étaient? qui mettent une barrière entre les élèves et eux

. Beaucoup, Ou alors il en discutait suffisamment à la maison. Son papa était très proche de lui

, Il y avait MC.D. mais c'était une psy privée. Après c'était les parents qui prenaient rendez-vous? Mais je ne voyais pas dans son comportement l'utilité de m'inquiéter et de conseiller au papa de lui apporter un soutien de ce côté là. Après si ça se trouve, Donc peut être qu'il n'éprouvait pas le besoin de m'en parler à moi

C. ,

, Et les autres enseignants du coup ? Notamment ceux qui intervenaient en classe, je pense aux profs de malgache

. Oui, Je ne me rappelle plus si c'était la directrice qui les avait prévenues mais par précaution, au cas où la directrice l'ai oublié, j'avais prévenu la prof d'anglais et les profs de malgache? que? E. fallait pas trop le bousculer, bon pas le laisser faire n'importe quoi non plus mais que si de temps en temps

J. Eu-un-gamin and R. , qui arrivé en CE1 il ne savait pas lire. L'enseignant de CP n'arrêtait pas de dire aux parents « Ça va venir, ça va venir, faut lui laisser du temps ». Ce gamin n'arrêtait pas de se répéter qu'il était nul et qu'il n'y arriverait pas. Le premier trimestre je l'ai passé avec lui à restaurer une image positive de lui même, jusqu'à ce que je n'entende plus « moi j'suis nul ! ». Et en fait, malgré ça je me suis aperçue qu'il n'arrivait pas à écrire sur les lignes et j'ai demandé à sa mère de lui faire voir les yeux. Le gamin est allé chez l'orthoptiste et il s'est avéré que le gamin alignait pas les horizontales. Les lignes se mélangeaient, comment veux-tu qu'il apprenne à lire comme les lettres ne se mettaient pas les unes en face des autres ? Tu pouvais toujours lui dire que « b » et « a

, C'est pareil, il ne savait pas lire en rentrant en CE1 mais c'est pareil il passait sa vie dehors parce que son enseignante n'arrivait pas à gérer son comportement ! Quand tu as des bases forcément c'est plus facile. J'en ai parce que ça m'intéresse énormément et que j'ai lu beaucoup de choses là dessus? mais quelqu'un qui se contente de ce qu'on lui a appris? et ben voilà le résultat? tu as des gamins en souffrance, des parents en souffrance et des enseignants en souffrance. C'est pas spécifique à la mort mais ça en fait partie. C'est à dire que si tu ne sais pas gérer ce problème là, tu peux mettre tout le monde en souffrance. Donc pour moi c'est une nécessité absolue d'avoir des connaissances de psychologie comme d'avoir un minimum de niveau en maths et en français. Notamment sur des choses très spécifiques auxquelles on est confronté à l'école. On nous dit, par exemple, « prenez en compte le harcèlement », alors maintenant y a des choses qui sont sorties, mais nous ça fait longtemps qu'on est confronté à ça ! C'est « démerde toi ! Gère !, Les enfants faut les observer