, Je remercie profondément Fabrice Bouthillon pour le temps et la patience accordés à mon travail ainsi que pour ses remarques et ses nombreux conseils qui m'ont été d'une aide précieuse

C. , Traditions populaires de la, pp.17-18, 1884.

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«. Pizzorni-florence, «. L'anthropologue, and . Révélateur, Fabrication de traditions, invention de modernité, des traditions : chercheur ou inventeur ? » in : DIMITRIJEVIC D. (direction), p.309

, notamment le Folklore français ( voir notamment, dans notre étude, la note 238 p.48) Par ailleurs, Van Gennep a souligné les références de folklore chez Georges Sand (dans « Georges Sand folkloriste, Concernant les chasses fantastiques, on retrouve : « Chasse sauvage (à Baudet, etc. : Visions, dans Promenades, pp.245-246

. Compagnon, Légendes rustiques, p.289, 2001.

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L. Gaidoz-henri, A. St-hubert, and . Picard, , p.38, 1887.

L. Pineau, . Dans-son-folk-lore-du-poitou, and . Chasse-galopine, ) mais il renvoie essentiellement à des sources allemandes (note 1 p.119) à savoir « K. SIMROCK, Handbuch d. d. Myth, GRIMM, Deutsche Mythologie, t.II, p.1892

. Marmier-x, Souvenirs de voyages et traditions populaires, p.75

. Hubi, de hut ou de hub ou haube, sans doute en souvenir de son grand chapeau. A Soultz

L. Freischütz, . Guebwiller, . Le-chasseur-nocturne, and N. Der, , vol.595

«. Et-l'on-entend-le-bruit-de-l'infernale-chasse, Le galop des chevaux et la meute qui passe, Hurlements des maudits, hennissements, abois, Sourds grondements des ours, au lointain dans les bois ! Le fantôme se dresse

. Sauvage, elle s'enfuit, s'égare, Revient, rugit, s'éloigne !

, Il gémit, et ses pleurs Se mêlent aux échos d'infernales clameurs

, Mais de la nuit déjà l'aube chasse les voiles

, Dans le ciel alangui pâlissent les étoiles

, Du Girsberg le fantôme a repris le chemin, Et le soleil se lève, vol.596

, Cette influence germanique est rarement discutée. « Ce qui fixe surtout l'origine germanique des chasses aériennes, c'est que la plupart de ses héros sont de cette race, Les caractéristiques de cette chasse nous sont bien connues : « Nous avons déjà parlé de ces chasses aériennes d'une origine germanique dont le point de départ dans la réalité a été ces bruits d'insectes, d'aboiemens, d'oiseaux de passage, appelés Besnêques, et dont les analogues existent dans le Nord. » 597

C. Martel, A. Et-waldemar, H. Capet, and E. , , vol.598

. «-cette-légende-de-la-chasse-sauvage-se-retrouve-en-suède, . En-allemagne, and A. En,

. France,

, En Allemagne, quand un bruit soudain se faisait entendre, le peuple disait : C'est Odin qui passe

O. Devenu-le-diable,

. Sébillot-p, Livre Second : La Nuit et les esprits de l'air, Chapitre 2 : les chasses aériennes et les bruits de l'air, p.129, 2002.

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. Idem, , p.180

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H. Drouet, « Folklore limousin -La chasse volante (suite et fin) », Limoges illustré : publication bi-mensuelle, pp.4064-4065

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T. Wlgrin-de, Antiquités de Vésone, cité gauloise, remplacée par la ville actuelle de Périgueux, ou Description des monumens religieux, civils et militaires; précédée d'un essai sur les Gaulois, tome I, F.Dupont, Périgeux, 1821, p.244

, Mais en Suède, encore aujourd'hui, la chasse aérienne se nomme la Chasse d'Odin, p.607

, Ce serait ainsi le cas du roi Hugon, déjà évoqué 608 mais aussi celui d' Hérode ou d'Hérodiade : « Ces noms de Hérode et de Hérodiade, nous les prenons pour les appellations transformées de Wotan, qui fut jadis le grand dieu des Germains et Scandinaves, et de son épouse Frigga Holda, dite Goda par les paysans ou Horda ; la vraie, la grande Dame Blanche. Quand l'innombrable armée des anges chrétiens eut pris le Walhalla d'assaut, force avait été aux dieux proscrits du Nord de choir dans la démonaille et d'aller en enfer grossir les cohortes de la Mort et de la Perdition, Les chasseurs maudits locaux ne seraient également que des métamorphoses du dieu, vol.609

. «-l', origine du nom de Woden ou Odin se révèle par la racine étymologique de l'anglo

. Saxon-woodin, Aussi l'appelle-t-on dans le Nord le chasseur féroce, et en Allemagne Groden'sheer ou Woden'sheer

, Décrivant un « féroce chasseur » 612 , un auteur publié dans La Semaine des familles en 1860

. Le-rattache-au-dieu-germanique, « Cette légende est-elle un souvenir d'Odin ? Aussi bien

L. Mecklembourg and . Chasse-porte-elle-le-nom-de-l'ancienne-idole, , p.613

A. Histoire-littéraire-de-la-france-avant-charlemagne, Didier et C ie Libraires-Éditeurs, vol.2, p.129

L. «-en-résumé and . Roi, Hugon me semble issu des décadences du culte d'Odin. » in : PÉAN, Le roi Hugon, p.147

. Reclus-Élie, Les Croyances populaires, leçons sur l'histoire des religions, professées à l'Université nouvelle de Bruxelles. Première série. La Survie des ombres, V. Giard & E. Brière Libraires-Éditeurs, p.79, 1908.

L. Gaidoz-henri, A. St-hubert, and P. Picard, Voir également la note 1, p.39 rapportant une légende danoise qui représenterait « le roi Odhin à la poursuite d'un cerf qui porte des anneaux d'or dans ses bois et qui l'entraîne dans l'empire de Holda. -Holda, litt. « la bonne dame, p.39, 1887.

«. , Dictionnaire infernal : répertoire universel des êtres, des personnages, Quarterly Rewiev, p.317, 1863.

«. Le, il traverse les nuées ; monté sur un cheval inondé d'écume, escorté de ses compagnons qui brûlent en se tordant sur leurs étriers de feu, au milieu des hennissements lugubres, au milieu des hurlements sauvages de ses cents meutes de dogues, des fanfares sinistres d'autant de trompes, il poursuit sans repos le cerf noir aux cents andouillers, toujours harcelé par les suppliciés qui se précipitent pêle-mêle sur les pistes, poursuivant et poursuivi lui-même. » et « Le féroce chasseur entraîne la chasse aux mille replis de serpent, peut-être aura-t-il sonné si formidablement, que vous aurez cru qu'il a le tonnerre dans la poitrine, p.553, 1860.

. Idem, auteurs parlent de la mesnie ou suite d'Helquin, c'est le wuthendes Heer, l'armée furieuse des, p.553

L. Allemands and . Chasse-d'odin-des-scandinaves, Des personnages historiques ont été placés à la tête de cette chasse redoutable : en Danemark, les rois Abel et Waldemar, en Allemagne Charles-Quint, en Angleterre le roi Arthur, en France Charlemagne et Hugues Capet ; puis ces noms se sont effacés à leur tour de la mémoire du peuple comme s'était anciennement effacé celui d'Odin, et il n'est resté que le grand veneur de Fontainebleau, héritier éloigné, mais, comme on voit, vol.618

, Amélie Bosquet, dans son ouvrage de 1845 portant sur la Normandie, affirme que le nom de

, Helle Koenig, c'est à dire du roi de l'enfer. 619 Elle ajoute que « cette transformation bouffonne d'un objet qui imprimait naguère, sinon le respect, au moins l'effroi, nous paraît dans toutes les conditions du naturel et de la vraisemblance

«. Le-nom-de-hellequin, qu'on lui donnait au moyen âge et qui a peut-être quelque rapport avec celui d'Elfen-Koenig, p.621

, Ely-Camps", altération abréviative de "Champs-Élysées". Jésus-Christ vint, dit-on, le bénir lui-même et en faire un cimetière chrétien. Alors on voulut enlever au nom son air de paganisme, et "l'Ely-Camps" fit place à "l'Arles-Camps". Toutefois, il faut noter que le peuple conserva et confondit les deux dénominations. Je doute que tous ces mânes païens et chrétiens fissent bon ménage, logés si près des uns des autres, à l'heure ténébreuse où s'éveillent les trépassés. Mais ce fut bien autre chose quand Charlemagne eut remporté, On retrouve encore la supposition de cette étonnante parenté chez Jules de Glouvet en 1882 : « Quand à la dénomination, très répandue et dans tous les cas très

A. , Histoire littéraire de la France avant Charlemagne, pp.129-130

L. Bosquet-amélie and . Normandie, romanesque et merveilleuse: traditions, légendes, et superstitions populaires de cette province, J. Techener, p.70, 1845.

. Idem, , p.71

M. A. Croyances, H. Du-moyen-Âge, . Champion, . Paris, and . Appendice, Aucun citoyen français ne sait s'il est burgonde, alain, taïfale, visigoth ; tout citoyen français doit avoir oublié la Saint-Barthélemy, les massacres du Midi au XIII e siècle. Il n'y a pas en France dix familles qui puissent fournir la preuve d'une origine franque, et encore une telle preuve serait-elle essentiellement défectueuse, par suite de mille croisements inconnus qui peuvent déranger tous les systèmes des généalogistes. La nation moderne est donc un, vol.631, pp.375-376

, En un sens, la nationalité française est inclusive : basques, catalans, bretons, flamands, auvergnats et corses, tous, par une langue commune, sont fondus dans la masse nationale. « La nationalité française, c'est la citoyenneté française : ethnie, histoire, langue ou patois parlé chez soi n'ont aucune incidence sur la définition de la "nation, La nationalité française passe par le refus de considérer comme remarquables les différentes identités locales que le pays recouvre, vol.632

, Cette construction française s'est faite à partir d'un État fort, solidement implanté et historiquement centralisé. « Le sentiment national français s'est construit lentement durant tout le

, Chaque époque y a contribué, les périodes de crise plus que les autres. Il convient de distinguer dans cette élaboration séculaire plusieurs problèmes différents : l'apparition de chaque symbole national, le sens variable qu'on lui donne et l'imbrication de ceux-ci en mythes cohérents et ordonnés, vol.633

, L'élément d'invention est ici profondément clair, depuis que l'histoire, qui est devenue une partie du fond de la connaissance ou de l'idéologie de la nation, de l'État ou des mouvements, n'est pas ce qui s'est conservé effectivement dans la mémoire populaire, mais ce qui a été sélectionné, peint, vol.634

, La formation de la nation passe donc par une certaine vision de l'histoire, pourvue d'un sens utilitaire. « A l'aube du XIX e siècle, les nations n'ont pas encore d'histoire. Mêmes celles qui ont déjà identifié leurs ancêtres ne disposent que de quelques chapitres incomplets d'une narration dont

R. E. Qu'est-ce and . Qu, Imprimerie nationale, coll.« Acteurs de l'histoire, et autres écrits politiques, p.228, 1996.

E. J. Hobsbawm, Nations et nationalisme depuis 1780: programme, mythe, réalité, Paris, Gallimard, p.167, 1992.

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E. J. Hobsbawm, Nations et nationalisme depuis 1780: programme, mythe, réalité, Traité comparatif des nationalités, p.69

. Idem, , p.75

A. E. , La France de 1848 à 1870: entre ordre et mouvement, p.188, 2002.

, ce qui implique automatiquement une continuité avec le passé. En fait, là où c'est possible, elles tentent normalement d'établir une continuité avec un passé historique approprié, « Les "traditions inventées" désignent un ensemble de pratiques de nature rituelle et symbolique qui sont normalement gouvernées par des règles ouvertement ou tacitement acceptées et cherchent à inculquer certaines valeurs et normes de comportement par la répétition, vol.644, p.28

. Le-nationalisme-va-donc and . Au-nom-d'une-légitimité-passée, Allemagne prénationaliste était composée d'une multiplicité de vraies communautés dont la plupart étaient rurales, tandis que l'Allemagne unifiée postnationaliste était essentiellement une société de masse industrielle. [Le nationalisme] prône la continuité et s'en proclame le défenseur, mais il doit tout à une rupture décisive, considérable et profonde de l'histoire de l'humanité. Il prône la diversité culturelle et s'en proclame le défenseur quand en fait, il impose l'homogénéité, à la fois à l'intérieur des unités politiques et, à un moindre degré, entre elles. Sa propre image est le reflet inversé de sa vraie nature, En général, l'idéologie nationaliste est imprégnée de raisonnements erronés, vol.645

A. Le-nationalisme-repose-sur-un-phénomène-ancien-:-la-meute-de-chasse, Avec le nationalisme, les masses entrent en jeu. « Le nationalisme est l'un des facteurs d'irruption des masses dans la vie internationale. » 646 Il rassemble, il unit, vol.647

, Le culte de la nation en tant que corps unique, purifié après une étape de déportation et parfois de destruction des minorités ethniques, est clairement visible. C'est sur une communion autour du sang de l'Autre, de l'Étranger, que les membres d'une nation peuvent célébrer leur triomphe

«. Pizzorni-florence, «. L'anthropologue, and . Révélateur, Fabrication de traditions, invention de modernité, des traditions : chercheur ou inventeur ? » in : DIMITRIJEVIC D. (direction), p.309, 2004.

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R. E. , Qu'est-ce qu'une nation? et autres écrits politiques, p.240

. «-a-l'âge-nationaliste, les sociétés se vouent un culte à elles-mêmes, de manière tout à fait ouverte et impudente, au mépris de toute pudeur. A Nuremberg, l'Allemagne nazie ne s'est pas vénérée en prétendant adorer Dieu ou même Wotan, vol.649

, La nation, qui semble être une réponse apportée à l'angoisse de la modernité, est paradoxalement elle-même génératrice d'inquiétude : « Le passage de la nation comme principe intemporel à l'État-nation, organisation qui ne peut perdurer qu'en s'adaptant, met au jour cette contradiction entre fixité et évolution. Et fait naître une angoisse : la disparition de la nation. La nation éternelle, en s'incarnant, devient sujette à la morbidité et à la mortalité. C'est au moment où triomphe l'État-nation comme forme d'organisation politique par excellence, vol.650

, Il faut ajouter également la crainte des foules et des émeutes. La masse prolétarienne inquiète : certains intellectuels n'hésitent pas à voir en elle les marques d'une bestialité qui effraie

, Ainsi Cesare Lombroso affirmait pouvoir « débusquer dans la structure faciale des criminels ou des anarchistes des traits similaires à ceux des grands singes, p.651

, Apparaît également la peur de l'invasion, de la domination étrangère voire de l'éradication

. Le-livre, qui rencontra immédiatement un immense succès, s'achève sur la vision de cavaliers barbares descendant les Champs-Élysées avec des têtes blanches plantées sur des piques. Partout en Europe, la peur du péril jaune était présente : Bismarck avouait sa crainte de voir un jour "les Jaunes faire boire leurs chameaux dans le Rhin, vol.652

, Le nationalisme va unir des individus autour du concept de nation et de l'idée d'un peuple uni et unique, indivisible, entier. Il affirme faire renaître des nations de leur cendre : en réalité il les façonne. Issue de la modernité, nouvelle forme d'organisation sociale et de représentation mentale, la nation possède une face archaïque, vrai revers de la médaille

. Detienne-m, Comparer l'incomparable, p.173, 2009.

G. E. Nations, . Paris, . Payot, and P. Bibliothèque-historique, , p.87, 1989.

T. , La création des identités nationale, p.235

C. Traïni, La cause animale (1820-1980): essai de sociologie historique, 1re éd, p.66, 2011.

. Ruscio-alain and . Blanc, De quelle couleur sont les Blancs ? des « petits Blancs » des colonies au « racisme anti-Blancs, p.94, 2013.

. Le-massacre-Évoque-le-trophée, la tête d'un animal tué lors d'une chasse. Son lien avec la chasse est fort : il est lié à l'hallali, au grand final de la chasse qui voit s'abattre le coup de grâce

, C'est généralement une mise à mort collective et fortement ritualisée

, On commence à le tuer avec des mots qui disqualifient son humanité. Depuis le Moyen Age, le mot "massacre" signifie d'ailleurs la mise à mort d'animaux -comme, par exemple, dans la chasse à courre, La victime humaine désignée est réduite par ce moyen à l'état

«. Chasser, possède un double sens : poursuivre et expulser. « Il y a la chasse poursuite et la chasse expulsion. La chasse qui capture et la chasse qui exclut. » 656 Sans doute parce qu'en poursuivant, l'on expulse et que pour expulser, déporter, faire fuir il faut nécessairement donner la chasse

, Les premières victimes de ces massacres de masse sont généralement juives : « La première flambée d'antisémitisme violent éclate dès 1882 à Alger, puis en 1883 à Oran et à Sétif, La seconde flambée de violences débute dans les années 1930 : l'antisémitisme est alimenté par les doctrines nazies et les violences verbales d'une

, De sérieux incidents ont effectivement lieu en 1934 à Oran, où 700 Arabes miséreux se jettent sur la population israëlite (23 morts, 37 blessé juifs, 3 morts et 35 blessés musulmans, vol.657

J. Le-pogrom-est-une-véritable-chasse-aux, Le terme pogrom, d'origine russe

. «-un-pogrome-est-une-espèce-de-rage, Qui la leur communique ? [?] Un pogrome est comme un incendie de forêt : le premier arbre qui flambe allume tous les autres. » 659 massacres et aux violences extrêmes du front ouest (1914-1918) » in : idem, p.312

J. Sémelin, Purifier et détruire : usages politiques des massacres et génocides, p.59, 2005.

. Chamayou-g, Les chasses à l'homme : histoire et philosophie du pouvoir cynégétique, p.8, 2010.

P. B. , N. Gutman, L. J. Dans-le-monde-contemporain, P. , and M. A. Editions, , pp.175-176, 1986.

L. Londres-a and . Juif, , p.85, 1929.

, il est loin d'avoir le monopole du massacre et de l'expulsion. Les sociétés se construisent et se renforcent au détriment de petits groupes isolés et souvent persécutés et martyrisés, Si le nationalisme joue un rôle prépondérant dans la plupart des tueries du XIX e et du XX e siècle

. Ainsi, époque médiévale connaît de nombreuses chasses menées contre les juifs et les lépreux. Lors de la révolte des Pastoureaux (14 e siècle), la foule s'en prend aux juifs, qui, acculés, préfèrent s'entre-tuer pour ne pas tomber entre les mains de leurs assaillants

«. Bientôt, il ne resta plus qu'un seul homme, celui qui avait dépensé le plus d'ardeur à la tuerie. Lui, du moins, restait, et devait affronter la folie des attaquants. Il descendit et, pour les apitoyer, se fit accompagner des enfants restants, terrorisés. Les Pastoureaux, tenant enfin une victime à immoler, vol.660

, En cas de crise soudaine, les mécontents et les apeurés se jettent sur ceux qui apparaissent comme de véritables boucs émissaires : « Au printemps de 1321, on déplora en Aquitaine un certain nombre de morts dues à des puits contaminés. La réaction fut unanime : voilà le commencement du complot. Ce fut le massacre. Dans un certain nombre de villes, la populace se rua sur les léproseries et les ghettos, p.661

, L'acte de chasser et de massacrer ceux que l'on juge responsables d'un certain nombre de malheurs semble solidement ancré et ce

, France sont sévèrement frappés : « La déclaration de juillet 1682, voulue par Colbert et signée par

X. Louis, Elle demandait aux baillis, aux sénéchaux et à leurs lieutenants d'arrêter et de faire arrêter les hommes afin qu'on les conduise aux galères, à perpétuité, en dehors de tout délit constaté, tandis que les femmes, séparées des premiers, devaient être tondues et, au cas où elles continueraient à "mener la vie de Bohémiennes, vol.662

, paru pour la première fois en France en 1939, Serge Tchakhotine écrit, en écho avec son temps, que « les mouvements populaires, issus de l'effervescence causée par les croisades, étaient, surtout en Allemagne, toujours suivies de massacres de juifs, vol.663

, Yves Ternon insiste sur l'importance des croyances

, qui, généralement en période de crise, semblent unir la société autour d'un but commun et souvent

. Gobry-i, V. Philippe, and X. Frère-de-louis, , p.148, 2010.

. Idem, , p.150

. Filhol-emmanuel and F. De-la-couleur-des-tsiganes-en, De quelle couleur sont les Blancs ?, p.272

. Tchakhotine-s, . Le, . Paris, and . Gallimard, Le massacre est là encore associé au trophée : « Au Texas, jusque dans les années 1870, les autorités offraient une récompense pour tout scalp d'Indien. En 1880, il ne restait rien de la population indienne de l'État. En Californie, les orpailleurs et autres immigrants venus après 1849 mènent ouvertement la chasse aux Indiens. En 1851, l'assemblée de Californie vote une loi qui appelle à l'extermination des Indiens, vol.669, p.311, 1992.

, Le 16 août 1870, dans le village de Hautfaye (Dordogne) des individus rassemblés pour l'événement qu'est la foire locale mettent à mort un homme qu'ils accusent d'être un partisan des Prussiens et un ennemi de l'empereur

«. Dans-le-massacre, La profanation de la victime, l'outrage, l'injure, la plaisanterie qui la stigmatisent, l'héroïsation proclamée des acteurs, la participation festive de la foule, la ritualisation, même dégradée, la distinguent radicalement de l'assassinat, crime odieux, se déploie une libération joyeuse des pulsions dionysiaques, vol.670

F. Toujours-en, Aigues-Mortes : le 16 et le 17 août 1893 se produit le massacre d'ouvriers italiens sur fond de chasse à l'étranger. « Des petits groupes se forment pour donner la chasse aux Italiens présents dans les rues, p.671

L. Français, surexcités, très supérieur en nombre, se jettent sur les Italiens, les frappent, leur tirent dessus, les achèvent, pourchassent les fuyards dans la campagne et jusqu'au pied des remparts. Plusieurs sont jetés dans le canal ou s'y jettent eux-mêmes pour se sauver, p.672

, On retrouve également, en 1881, les Vêpres marseillaises : « Le 18 juin toute la journée, de jeunes nervis, âgés pour la plupart de moins de 20 ans, entreprennent, "sous prétexte d'effervescence patriotique, vol.673

«. Votée and . Qu, une loi sur la conscription obligatoire, la loi du 26 juillet 1889 sur la nationalité substitua au droit du sang inscrit dans le Code napoléonien le droit du sol, qui permettait d'imposer le service militaire aux enfants d'étrangers nés en France. La loi et les discussions qui s'en suivirent doivent être replacées dans un climat marqué par des scènes et des 669 Idem, p.297

C. A. , Le village des cannibales, p.110, 1990.

R. , Voir également : « Les représentants de l'autorité constatent qu'un groupe d'ouvriers italiens, dont certains sont armés de couteaux et l'un d'une fourche, menace ou assaille les ouvriers français qui se présentent, La chasse à l'immigré : violence, mémoire et représentations, Bruxelles, Mardaga, coll.« Psychologie et sciences humaines, vol.219, p.20, 1997.

. Liens-georges and . Les, ou la crise franco-italienne au lendemain du traité du Bardo », Revue d'histoire moderne et contemporaine, tome 14, N°1, janvier-mars 1967, p.10

, pulsions xénophobes, dont les spectaculaires "Vêpres marseillaises

, Le plus grand massacre du début du XX e siècle est celui des Arméniens en, pp.1915-1916

, Felicia Waldman établit un lien de ressemblance entre le traitement réservé aux Arméniens et celui des Juifs : « Dans les deux cas, de la même façon, les autorités se servaient "d'unités de meurtriers" pour faire le "sale boulot" : les hamidiye (une cavalerie kurde mise en place par Abdülhamid pour terroriser les Arméniens) puis les "bataillons de bouchers

, Jeunes-Turcs et composés de criminels violents relâchés de prison pour l'occasion, ne différaient

, Ces unités spéciales ayant pour but de terroriser et de massacrer reprennent les caractéristiques de la meute de la chasse, qui sont la mobilité, la rapidité, l'expérience et la sauvagerie. Un premier programme de massacres de masse avait été envisagé par l'Empire ottoman

, En dépit du fait que les insurrections d'avril avaient été sévèrement réprimées, les Bulgares vivaient toujours sur leur propre territoire et ils furent bientôt capables de créer les conditions préalables à la création d'un État indépendant. Quant au programme de 1915, il fut un "grand succès" puisque le peuple arménien fut complètement éradiqué de la plus grande partie de son territoire national historique. » 678 En 1915, les juifs subissent des déportations et des pogroms au sein de l'Empire russe après que les Allemands refoulent les forces russes à l'Est

. Citron-s, Le mythe national : l'histoire de France revisitée, p.290, 2008.

. Ternon-yves, L. Le-génocide-des-arméniens, and . Shoah, Du génocide des Arméniens à la Shoah: typologie des massacres du XXe siècle, p.44, 2015.

F. Waldman, Quelques ressemblances entre la déportation des Arméniens et celle des Juifs, p.54

. Safrastyan-rouben, Deux programmes ottomans de génocide (1876 et 1915) : une analyse comparative, p.186

. Idem, , p.207

. Snyder-t, « Henry Orenstein, un survivant, décrit le zèle des Allemands soucieux de s'assurer qu'après avoir déjà massacré la majeure partie des Juifs d'une ville ils les tuaient bien jusqu'au dernier. C'était alors que "[la] chasse à ceux qui avaient réussi à se cacher commençait. C'était une chasse d'un genre que l'humanité n'avait jamais vu. Des familles entières s'étaient cachées dans des skrytkas [refuges], comme nous en avions à Wlodzimierz, et elles étaient traquées inexorablement, sans relâche. Rue par rue, maison par maison, mètre par mètre, de la cave au grenier. Les Allemands étaient devenus experts pour trouver ces cachettes. Lorsqu'ils fouillaient une maison, ils tapaient sur les murs, écoutant le son creux qui indiquait un doublage du mur. Ils creusaient des trous dans les planchers et les plafonds, Terre noire : l'Holocauste, et pourquoi il peut se répéter, Gallimard, p.49, 2016.

, Des équipes de SS parcouraient les rues, fouillant les fossés, les abords des maisons, les granges, les porcheries, p.686

, Elles bouclent des rues entières, fouillent les maisons et débusquent les familles qui tentent d'échapper à l'"action" en se réfugiant dans des cachettes aménagées derrière les cloisons ou creusées dans les sous-sols, « Unités militaires et particulières, qu'elles soient allemandes ou auxiliaires, participent directement aux rafles, vol.687

, La troupe la plus emblématique de cette dimension cynégétique du nazisme est celle fondée autour du personnage d'Oskar Dirlewanger. « En mars 1940, Himmler le mit à la tête d'une brigade spéciale de braconniers composée de délinquants incarcérés pour avoir chassé sur la terre des autres. Ils possédaient une sorte d'aura romantique aux yeux de certains dirigeants nazis, qui voyaient en eux des types allemands primitifs purs qui résistaient à la tyrannie de la loi, vol.688

, Cette brigade composée de chasseurs et de braconniers est restée tristement célèbre pour sa violence et sa cruauté. « Partout, donc, où l'unité passait, elle semait certes désordres et violence, mais elle était surtout précédée d'une réputation qui mêlait vérités et légendes, et confortait la rhétorique qui avait présidé à sa création. [?] Les braconniers, malgré la fiction de leur "mise à l'épreuve au combat", semblent bien être restés prisonniers de l'image projetée sur eux par la société nazie

D. J. Goldhagen, d'après le témoignage de : ORENSTEIN Henry, I Shall Live : Surviving Against All Odds, pp.86-87, 1939.

. Epstein-s, Histoire du peuple juif au XX e siècle: de 1914 à nos jours, p.168, 1998.

. Snyder-t, Terres de sang, p.378

C. Ingrao, Les chasseurs noirs la brigade Dirlewanger, p.128, 2009.

L. Dans and . Chasse, il y a consensus autour de la mort de la proie. « C'est bien pourquoi on ne peut les rapporter l'une à l'autre : la guerre est un pur comportement d'agression et d'agressivité. Si la guerre c'est la chasse, alors la guerre, c'est la chasse à l'homme : la chasse, p.705

. L'action-d'une-chasse, est justifiée par les rituels précédant et succédant la chasse. Il faut souvent demander pardon à l'animal, justifier son geste

, L'absence totale d'animosité envers la proie est telle que dans la chasse sportive

«. Qu, à peine les armes se furent-elles perfectionnées toute l'urgence d'abattre l'animal par tous les moyens est disparue ; c'est-à-dire que la chasse est devenue un sport

, Et depuis lors, à mesure même que l'efficacité de l'arme s'est accrue, l'homme s'est imposé des

, comme un égal : il s'abaisse lui-même : « Dans la chasse comme sport, l'homme renonce de façon suprêmement libre à la suprématie de son humanité. C'est là son élégance inhérente, L'homme n'élève pas l'animal à sa hauteur, vol.707

. Strictement, essence de la chasse sportive n'est pas d'élever l'animal au niveau de l'homme, mais c'est quelque chose de beaucoup plus spirituel que cela : une humiliation consciente et comme religieuse de l'homme qui limite sa supériorité et se rabaisse vers l, vol.708

. Au-contraire, Elle est haïe. Elle incarne le mal absolu et par sa seule existence justifie toutes les violences. Tous les moyens sont bons pour la détruire : dans la chasse, l'homme se fait l'égal de l'animal, il descend vers lui, se met à sa hauteur alors que dans, dans les chasses à l'homme, la victime est chargée de toutes les fautes, de toutes les erreurs

. Clastres-p, Archéologie de la violence la guerre dans les sociétés primitives, p.22, 2010.

. Idem, , p.23

. Ortega-y-gasset-j, Méditations sur la chasse, p.62, 2006.

. Idem, , p.68

. Idem, La chasse est un espace d'affirmation, d'allégeance à la nature, quand la chasse à l'homme est un espace de négation de l'autre. Ces chasses formidables (du latin « formidabilis "redoutable" ; de formidare "craindre" » dont le sens originel est : « qui inspire ou doit inspirer une grande crainte, qui est très dangereux ou qui a un aspect terrifiant » 709 ) occupent donc une place particulière : il ne s'agit pas d'une simple transposition des chasses menées contre les animaux appliquées à des êtres humains mais, p.116

L. Chasse-soude-le-groupe-pour and M. Donner-la, Elle donne également la vie par la nourriture qu'elle procure. La chasse à l'homme tue pour le plaisir de détruire et de supprimer. Les participants ne sont pas des hommes coopérant entre eux en vue de prospérer

, La plus vieille forme de civilisation, la meute de chasse, s'est fondue dans le monde sédentaire des villes et des champs. Pourtant, elle semble ressurgir au moment où l'ordre s'effondre et où l'autorité décline. Comme si

, Dans ses formes les plus primitives, il était au contraire une proie facile. « Les australopithèques n'étaient pas des chasseurs. Ils étaient gibier. » 710 Devenir chasseur est le fruit d'une longue et lente évolution. De proie, l'homme devient prédateur et il garde en lui les réflexes de ces deux statuts : son aptitude à fuir, sa peur d'être poursuivi et sa capacité à massacrer et à se jeter sur autrui témoignent des différentes influences

. «-l', homme en fait réunit les deux conditions extrêmes des mammifères et, par conséquent, hésite toute sa vie entre être un tigre ou un mouton. » 711 Ce mélange de la proie et du prédateur est sans doute la raison pour laquelle l'homme reste, selon la vieille formule, un loup pour l'homme : toujours en alerte, il préfère attaquer le premier, pour avoir l'avantage de la surprise

, La rencontre d'hommes et de canidés primitifs a probablement joué un rôle majeur

. Avec-le-chien,

J. Girodet, Logos : grand dictionnaire de la langue française, p.1294, 1976.

H. Et and B. Seytre, Quand d'autres hommes peuplaient la terre: nouveaux regards sur nos origines, p.27, 2011.

. Ortega-y-gasset-j, Méditations sur la chasse, p.120

, Mais il peut également fondre en meute, surgir au bon moment pour porter le coup final. « La chasse à courre offrirait une autre possibilité, mais la structure physique des primates ne s'y prête pas. Ce type de chasse et de poursuite est le métier des chiens et de leurs alliés

, Répartissant l'effort entre plusieurs individus, elle allège la chasse de chacun, vol.712

. C'est-une-véritable-révolution-dans-la-manière-de-chasser, Avec le chien, l'homme découvre le massacre et la curée. Naît alors la cynégétique, l'art de conduire, de mener les chiens (du grec « kunêgetikos ; de kuôn, kunos "chien

, « Inventé à la fin du Moustérien par Sapiens Sapiens et le différenciant aussi sûrement que

, Pierre Chaunu a raison lorsqu'il affirme que la chasse « nous a façonnés biologiquement et

, La nouvelle forme de chasse cimente le groupe autour de la meute : « La masse ameutée est très ancienne, elle remonte à l'unité dynamique la plus primitive que connaissent les hommes

, Elias Canetti souligne là aussi l'influence de quelques canidés sur quelques primates particuliers :« Le terme de meute pour cette forme archaïque et limitée de la masse est choisi pour rappeler qu'elle aussi doit son apparition chez les hommes à un modèle animal, savoir les bandes d'animaux qui chassent ensemble. Les loups, que l'homme connaissait bien et dont il fit au cours des millénaires les chiens à son usage, vol.717

«. La-meute-de-chasse, hui une horde de chiens dressés pour la chasse en commun, est un vestige vivant de ces liens antiques. Les hommes ont pris leçon des loups. [?] J'emploie le terme de meute pour les hommes, l'empruntant aux animaux, parce que c'est celui qui caractérise le mieux l'aspect collectif du mouvement rapide et le but concret et direct dont il s'agit en l'occurrence. La meute veut une proie : elle veut son sang et sa mort

J. Reichholf, L'émergence de l'homme : l'apparition de l'homme et ses rapports avec la nature, p.181, 2009.

J. Girodet, Logos : grand dictionnaire de la langue française, p.678, 1976.

C. Ingrao, Les chasseurs noirs, La brigade Dirlewanger, pp.262-263, 2009.

P. Chaunu, . Histoire, L. Paris, . Académique-perrin, . Histoire et al., , p.33, 1981.

C. E. Masse and G. Paris, , p.49, 1966.

. Idem, vivement et sans se laisser détourner, avec ruse et endurance, vol.718, p.100

, La société de chasse repose sur un partage soigneux des tâches et la pratique de rituels communs qui renforcent la cohésion de l'ensemble. « Il convient, en effet, de rappeler à quel point la chasse -loin de relever du déchaînement spontané d'instincts supposés naturels -ne peut être

, Le philosophe espagnol José Ortega y Gasset, dans ses Méditations sur la chasse (1942), en fait le propre de l'homme : « Afin de subsister, cet homme primitif devait se donner intégralement à la chasse. La chasse était alors la première occupation, le premier travail et le premier métier de l'homme. Il est très important de garder ceci en mémoire, Il n'est pas anodin que la chasse soit l'une des rares pratiques universelles

. De-plus, elle gouvernait et orientait totalement la vie humaine, ses actes et ses idées, ses progrès techniques et ses aspects sociaux. Elle fut donc la première forme de vie qu'adopta l'homme, et ceci veut dire, vol.720

, Elle précède et permet les sociétés sédentaires, agricoles et urbaines. A la tête de la meute

, tient le chef et la chasse a été, pendant des siècles, le privilège des monarques et des princes de différentes civilisations. Le pouvoir, quel qu'il soit

«. Le, exerce sur des proies, des vivants qui s'échappent et qui fuient, avec un double problème : comment les attraper ? Comment les retenir une fois capturés ? Ce pouvoir est donc mobile, mais pas de la même mobilité que le pastorat. Tandis que le berger marche au devant de son troupeau pour le guider, le chasseur poursuit ses proies pour s'en saisir

, Nemrod à la fois chasse et bâtit, c'est aussi parce que l'un est la condition de l'autre : il chasse pour bâtir. Le pouvoir cynégétique rassemble l'épars, le centralise et l'accumule dans une logique d'annexion sans limite, vol.722

. Le and . Chasse, le roi est symboliquement le maître des hommes et des bêtes mais également celui qui ordonne ou non le massacre. « La thématique du roi massacreur, présente aussi bien en Égypte qu'en Orient, est une part majeure d'une idéologie royale fondée sur l'idée d'un roi maître des hommes mais aussi de la nature, p.101

. Traïni-christophe, ». Territoires-de-chasse, and E. Française, , vol.34, p.41, 2004.

. Ortega-y-gasset-j, Méditations sur la chasse, p.118, 2006.

. Chamayou-g, Les chasses à l'homme : histoire et philosophie du pouvoir cynégétique, vol.722, pp.26-27, 2010.

, Lorsqu'un homme chasse, sa violence est normalement dirigée, comme celle de ses compagnons, vers la proie. Le risque est l'ensauvagement du chasseur : si la mort de la proie ne suffit pas à étancher sa soif de sang, il peut très bien porter sa violence contre ses semblables. La chasse est toute-puissance : le risque de l'orgueil, celui d'oublier sa place au sein de la cité et du groupe, est présent. La chasse, dans son essence même, est l'acte religieux par excellence. La violence du chasseur peut lui faire croire, dans son aveuglement, qu'il est l'égal des dieux : s'il peut tuer, s'il peut donner la mort, Nous avons souligné le thème du Chasseur maudit qui traite du châtiment réservé à ceux qui ne respectent pas les règles de la cité et de la chasse (et il faut noter le nombre de rois qui apparaissent liés à ce thème)

. «-la-chasse-n'est, L. Tuer, and . Goût, du meurtre ; elle brise les tabous de l'éducation et met à jour l'homme primitif, livré à toutes les émotions qui l'assaillent. Dans la chasse, l'homme doit dépouiller une part de son humanité et d'une certaine façon se faire animal pour traquer sa proie. Il lui faut exacerber l'acuité de ses sens -l'ouïe, la vue, le flair -au détriment du raisonnement, ce qui revient à inverser les valeurs. L'homme originel est appelé des profondeurs de l'inconscient collectif. C'est une expérience déroutante, et c'est parce que tuer n'est jamais un geste banal que la chasse s'exerce selon un rituel avec ses règles et ses codes, vol.724

X. Le, La consolidation de l'Étatnation passe notamment par la répression : « La peur de la classe ouvrière est telle que, partout, les classes dirigeantes cherchent à se prémunir contre l'insécurité qu'elle pourrait provoquer. C'est à cette époque que se mettent en place les polices urbaines et que l'appareil pénal connaît un extraordinaire développement. Face à une menace, vol.725

P. Butterlin, La figure du massacre dans l'histoire du Proche-Orient ancien : du stéréotype à la terreur calculée, vol.138, p.49, 2005.

«. Dufief-anne-simone and . Tartarin, les avatars d'un disciple de Saint Hubert, Romantisme, pp.75-76, 2005.

C. , « Les Hommes et La police est alors conçue comme un instrument de traque et de poursuite, Ces projets de

L. Mouvements, dont le talent est essentiellement charismatique. 727 Il est celui qui mène la chasse. Son image est aussi fondée sur le pouvoir religieux : il incarne des forces supérieures, invisibles mais bien à l'oeuvre dans le monde. La figure du chef, du guide, s'appuie sur des siècles de représentations successives, qui servaient à justifier la détention et la monopolisation du pouvoir, Cet individu est appelé à diriger les masses, à rassembler les foules : il est au-dessus des autres

, Adolf Hitler en ces termes : « Non, celui que j'ai vu passer derrière le barrage de ses mamelucks comme prince de ce monde n'est pas un être humain. C'est un personnage sortie d'une histoire de fantôme, Friedrich Reck-Malleczewen a décrit, le 11 août 1936 dans son journal intime, vol.728

. Hitler-incarne-le-chasseur-noir and . Qu, il fut à de nombreuses reprises comparé à Wotan, le dieu païen qui représente l'époque d'avant la christianisation, celle des temps barbares. Le nazisme a parfaitement su jouer sur la nature religieuse du pouvoir de chasse : sa nature cynégétique appelant au sacrifice et au meurtre collectif accoucha d'un véritable mouvement religieux dont les principaux rituels

, Une image de la dernière grande retraite aux flambeaux avant le jour des élections à

. Darmstadt, Vingt mille hommes marchaient dans la nuit, éclairés par des flambeaux et entourés d'épais nuages de fumée ; parmi les masses, des groupes symboliques surgissaient tout à coup, à l'aspect fantastique, pittoresque, par leurs couleurs criardes, éclairés d'une lumière crue et frémissant de vie ; le rouge vif des drapeaux, la musique, les cris "Freiheit", le tonnerre de milliers de pas, battant rythmiquement le pavé, se fondaient en une symphonie inouïe, une extase s'emparait de la foule en délire, p.337, 1981.

. Chamayou-g, Les chasses à l'homme, p.129

W. M. Voir-«-la-domination-charismatique-»-chez, Économie et société, tome 1 : Les Catégories de la sociologie, Économie et société », n? 1, pp.320-325, 1995.

. P. Reck-malleczewen-f, La haine et la honte: journal d'un aristocrate allemand, p.57, 1936.

. Tchakhotine-s, Le viol des foules par la propagande politique, pp.397-398, 1992.

, Il doit y avoir consensus autour de la victime désignée pour que personne ne s'interpose

, Nous avons évoqué le lien étroit qui existe entre la chasse et le sacrifice. L'Allemagne nazie va sacrifier un certain nombre de victimes pour que la race allemande devienne une réalité

, En cherchant à chasser ce qui est perçu comme étranger, voire diabolique, en tentant de "refonder" le groupe aux dépens d'un "autre, vol.733

L. Tacite and . Germanie, Les Belles Lettres, p.97, 1962.

Y. Ternon, Etat criminel: les génocides au XXe siècle, p.96, 1995.

. Kilani-m, Guerre et sacrifice: la violence extrême, 1re éd, Ethnologies, p.96, 2006.

, Celui des Juifs est de disparaître. « Réciproquement, dans l'imaginaire antisémite, reconquérir la puissance perdue passe par se réapproprier le privilège viril de la chasse, vol.734

, Ils sont perçus comme un mal absolu et cette vision repose sur des siècles d'images et de fantasmes ce qui démontre l'importance des fictions et des représentations dans l'évolution des sociétés humaines

, Personne ne doutait qu'ils fussent atteints des plus ignobles maladies. Dès qu'ils ouvraient la bouche, l'air était empoisonné. Leurs os perçaient leur chair. Les vers les mangeaient vivants. Les pères épousaient leurs filles. À certaines dates, ils dévoraient les enfants des chrétiens, « Les Juifs prirent figurent de démons terrestres. L'imagination leur vit bientôt une queue au derrière, des cornes au front et des flammes aux lèvres, p.735

, Ces représentations sont en grandes parties responsables des grandes chasses aux juifs du XIX e et du XX e siècles. « Maintenant, un spectre nous barre la route. Il n'est pas blanc

. Il-rôde-sur-la-transylvanie, . Sur-la-bessarabie, and . Ukraine, On ne comprendrait pas sans lui le regard inquiet des Juifs de cette Europe, leur attitude peureuse, leur dos courbé, leur amour des impasses ; ni pourquoi, dans les rues, ils longent les murs et parlent bas, ni leur craintive et vigilante curiosité, Au moindre événement, ils ont les réactions d'un criminel qui entend frapper à sa porte

E. Tous and . Effet, dans ces pays-là, se sentent lourds d'un crime : celui d'être juif. Le spectre s'appelle pogrome. Il n'est pas terriblement vieux. Depuis le massacre de Chmielnicki, les Juifs avaient été battus plutôt qu'assassinés. Le pogrome moderne est né en Russie, vol.736

, « Tandis que le religieux institué (à travers les Églises chrétiennes) n'est plus, ne peut plus, ne veut plus être le garant spirituel de l'interdit du meurtre, une nouvelle logique tend à se développer : celle qui place la perpétration du meurtre au centre du religieux, ou plutôt d'un autre type de sacré. Un sacré qui, selon les cas, se donne pour objet commun de vénération la race, la nation ou l'ethnie. Cette sacralisation du peuple "élu" ou majoritaire suppose l'édification d'un autel sacrificiel pour brûler tous ceux qui sont désignés comme cet "Autre, La race allemande mais également les nations qui ont voulu chasser toute minorité de leur espace territorial se sont construites et pensées en opposition à leurs adversaires désignés, p.184

L. Londres-a and . Juif, , p.48, 1929.

. Idem, , pp.84-85

, effet nécessairement constitutive de ce mouvement de vénération de soi, de "nous, vol.737

, En chassant un animal, l'homme éprouve des regrets et des remords, il doute profondément

, devant la mort qu'il est sur le point d'infliger à l'animal enchanté. En ce moment ultime, il n'a pas la conviction que sa conduite est correcte. Mais, entendons-nous bien, vol.738

. Lorsqu, est plus que certitude : la mort est source d'une puissance énorme, celle de briser des os, de souiller des corps, de détruire des vies. La chasse à l'homme est le stade ultime du sacrifice humain. « En règle générale, l'homme s'est nourri d'animaux ; mais le chasseur est toujours aussi un guerrier guidé par des pulsions agressives. Derrière chaque sacrifice se trouve à l'état de possibilité, d'effroyable menace, le sacrifice humain. C'est ce qui explique la forme compliquée du rite sacrificiel, vol.739

. Par-le-sacrifice-d'un-homme, Une fois rattrapée, la proie succombera d'une multitude de coups ou de morsures : tous l'auront tué, mais aucun n'en aura été l'assassin. La meute désindividualise ses membres. Son unité cependant n'est que temporaire, vol.740

. «-la-masse-ameutée-se-forme-À-la-vue-d'un, Elle se dispose à tuer, et elle sait qui tuer. Elle se jette sur ce but avec une résolution sans pareille ; il est impossible de l'en frustrer. Il suffit de faire connaître ce but, de proclamer qui doit périr, pour que la masse se forme. Cette concentration pour tuer est d'un genre particulier, et nulle autre ne la surpasse en intensité. Chacun veut y participer, chacun frappe. Pour pouvoir porter son coup, chacun se presse au plus près de la victime. S'il ne peut frapper, vol.741

, est pas un accident ou le simple surgissement de pulsions bestiales refoulées : mais un moyen de souder les hommes, de les rassembler autour d'un but commun. « La chasse à l'homme est une technique de gouvernement par l

J. Sémelin, Purifier et détruire : usages politiques des massacres et génocides, p.116, 2005.

. Ortega-y-gasset-j, Méditations sur la chasse, p.104

. Burkert-w, Sauvages origines: mythes et rites sacrificiels en Grèce ancienne, pp.32-33, 1998.

. Chamayou-g, Voir également : « La meute de chasse est tendue vers une unité d'action. C'est un collectif d'attaque, en mouvement rapide vers un but qui focalise toute son attention : la proie. » (p.146) et « Dans ces chasses à l'homme qui prennent la forme d'émeutes populaires, un but politique clair est poursuivi : l'expulsion. On crie "à mort, Les chasses à l'homme, p.158

C. E. Masse and G. Paris, , pp.48-49, 1966.

, sur fond de vie déportable et d'existence traquée. Ces effets relèvent d'une stratégie consciente et théorisée d'insécurisation, vol.742

. De-survie, « Considérons par exemple la peur provoquée par la présence d'un prédateur. Chez beaucoup d'animaux, dont l'homme, il en résulte des événements somatiques spectaculaires. Nous ne sommes conscients que de l'accélération de nos battements de coeur et d'un surcroît de transpiration. Mais d'autres systèmes sont à l'oeuvre. Par exemple, nous devons choisir entre plusieurs réactions, rester immobile, fuir ou combattre, choix qui découle d'un calcul, c'est-à-dire de l'examen de divers aspects de la situation et de l'évaluation de l'option la moins dangereuse. La peur n'est donc pas seulement ce que nous ressentons mais aussi un programme, comparable par certains aspects à un programme d'ordinateur. Ce programme organise les ressources du cerveau d'une manière particulière, différente de ce qui se passe dans d'autres circonstances. La peur augmente la sensibilité de certains mécanisme perceptuels, vol.743

, La peur de l'agression est liée à la peur de perdre son territoire : « La notion de "territoire" peut-être utilisée avec prudence, car l'homme, à défaut d'être un animal, n'est pas non plus un pur esprit. La conscience d'une menace lui vient de situations angoissantes : la surpopulation d'une ville

, D'origine biologique mais plastique et culturellement modifiée selon les temps, les lieux et les valeurs dominantes d'une société, la régulation de la distance -en d'autres termes l'aire de sécurité à

, La notion d'identité, telle que la nation la présente, est un marqueur de l'angoisse : angoisse d'être attaqué et de disparaître. Les différentes idéologies du XX e vont souvent dénoncer l'ennemi intérieur, la cinquième colonne. Cette dernière notion est une caricature de la peur de l'agression qui confine alors au comportement paranoïaque, Or la peur joue un rôle déterminant dans les sociétés humaines

, est cette propension de nos semblables à se muer en massacreurs lorsqu'ils sentent leur "tribu" menacée. Le sentiment de peur ou d'insécurité n'obéit pas toujours à des considérations rationnelles, il arrive qu'il soit exagéré et même paranoïaque ; mais à partir du moment où une population a peur, c'est la réalité de la peur qui 742 Idem, « Ce que nous appelons commodément "folie meurtrière, p.204

. Boyer-p, Et l'homme créa les dieux: comment expliquer la religion, pp.36-37, 2001.

. Muchembled-r, Au sens emblématique de cette substance, il met en perspective la transmission de l'identité collective, il constitue une intervention sur cette transmission, il tranche le lien de filiation aussi cruellement que le sont les gorges du mari, Une histoire de la violence : de la fin du Moyen Age à nos jours, vol.749, p.22, 2008.

, Son mari, son père, ses frères voire ses enfants ne pourront plus la regarder de la même manière : elle est désormais impure. Le viol est une arme caractéristique de l'entreprise de destruction massive qu'est la purification ethnique : « Le viol ethnique est une arme symbolique d'annihilation de l'identité de l'ennemi, avec lequel l'auteur du forfait partage la même vision virile et patriarcale de l'honneur, dont la femme est l'enjeu central. Autrement dit, le viol de masse n'obéit pas plus à une bestialité ou à une naturalité présymbolique que l'assassinat de masse. La violence extrême, la violence la plus barbare continue à se loger dans un cadre symbolique qui non seulement la rend possible, on annihile les générations à venir. La femme est désormais celle de ses agresseurs, elle portera peut-être un enfant d'eux

, On ne peut s'empêcher de mettre en parallèle les chasses fantastiques traditionnelles et ces chasses d'un nouveau genre, fanatiques et formidables. On peut voir dans l'évocation des chasses

, Europe touche à sa fin, que la technique, se pavanant pour la dernière fois d'une façon atroce, laisse derrière elle un vide affreux des âmes et que la substance qui remplira ce vide sera selon toute vraisemblance résolument antimécanique, antirationnelle, un sentiment de la vie, plein de démons brusquement sortis de leur assoupissement. Qu'il n'y a pas de retour possible à la conception du monde d'hier et que cette fois-ci ce sont les cavaliers de l'Apocalypse eux-mêmes qui ont sellé leurs montures décharnées, p.751

, La fiction, par l'exemple des chasses fantastiques, permet de canaliser la violence en la nommant, en l'illustrant, en lui donnant un visage. Les récits sanglants et morbides fascinent car ils 749 NAHOUM-GRAPPE Véronique, « L'usage politique de la cruauté : l'épuration ethnique (ex-Yougoslavie, 1991-1995) » in : HÉRITIER F., De la violence: seminaire, Séminaire de Françoise Héritier, pp.286-287, 2005.

. Kilani-m, Guerre et sacrifice, pp.94-95

. P. Reck-malleczewen-f, La haine et la honte: journal d'un aristocrate allemand, p.249, 1936.

, de 1867 accordait également une très large autonomie à la Hongrie. » 754 On peut également ajouter la Bulgarie (1878), la Norvège (1907) ou encore l'Albanie, p.755, 1913.

, Ils sont généralement fondés autour d'une majorité de la population et comptent alors soigneusement chacune des minorités résidant sur leur territoire. Nous avons déjà dit que l'une des conséquences de la Première Guerre mondiale a été de redessiner une partie des frontières entre les États belligérants

, La volonté de traquer et d'exterminer les juifs à anéanti des pans entiers de la culture européenne, à laquelle participaient langues et dialectes. Associée aux efforts des États pour

«. Le,

. Venaissin and . Vaucluse, Elle disparut avec son dernier locuteur en 1977 et ne survit que dans les textes liturgiques. Le sarphatique ou judéo-français avait cours en Moselle et dans la région du Rhin jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Ses derniers locuteurs périrent dans les camps de concentration. La caló, langue romani des gitans ibériques

, La France non plus n'a pas échappé au spectre de l'épuration ethnique : « Sous le régime de

. Vichy, en 1940, l'aspiration d'avant-guerre à limiter et contrôler l'immigration déboucha sur un plan clairement destiné à faire de la France une État ethniquement homogène, vol.757

L. , Allemagne nazie et la fin de la Seconde Guerre mondiale ne signent pas l'arrêt de l'épuration ethnique. Au contraire, les pays libérés vont en profiter pour se débarrasser des dernières minorités qui les importunent

, une vague de pogroms, déclenchée par des rumeurs de meurtres rituels qui auraient été perpétrés par les juifs, déferle sur la Pologne. Tout commence à Chelm fin mars début avril : la milice accuse plusieurs juifs, torturant même l'un d'eux, d'avoir saigné "un petit garçon chrétien, En Pologne, les juifs qui ont survécus sont accusés d'enlever à nouveau les enfants des chrétiens : « En, 1945.

. J. Hobsbawm-e, Ère des empires, p.197, 1989.

. Idem, , p.192

R. G. Une-histoire-buissonnière-de-la and F. , , p.88, 2013.

. Snyder-t, Terre noire : l'Holocauste, et pourquoi il peut se répéter, Gallimard, pp.358-359, 2016.

, Les troubles les plus violents, fondés sur des allégations de meurtres, éclatent à Kielce où 42 juifs sont tués l'année suivante, les 4 et 5 juin 1946. Au lieu de retomber, la vague de persécution submerge ensuite d'autres villes et d'autres régions de Pologne, attribué à un rabbin local, suscite les débordements des 14 et 15 juin 1945

D. Bia?obrzegi, ?ód? (encore une fois) et une douzaine d'autres lieux, vol.758

, On estime que, dans ce pays, les « meurtres antijuifs après la guerre » sont « évalués entre

, Europe le départ des Juifs a été tacitement accepté : le retour de certains survivants pose alors un problème. Il faut les faire partir pour de bon : « Malgré tout, ici comme ailleurs dans la Pologne de l'après-guerre, des Juifs furent passés à tabac, tués et menacés au point que la plupart des survivants décidèrent de partir, vol.760

, Une nouvelle Pologne est redessinée : épurée, bien sûr, d'un maximum des éléments qui composaient jusqu'ici la vie quotidienne polonaise. Vers 1939, « en Pologne orientale, la population était polonaise à près de 43%, avec 33% d'Ukrainiens, 8% de Juifs et 8% de Biélorusses et de petites minorités, tchèque, allemande, russe, rom, tatar et autres. » 761 En 1948, « la Pologne

, On expulse également les Allemands en grand nombre : « En 1946, près de deux millions d'Allemands supplémentaires furent envoyés en train vers les zones d'occupations britannique et soviétique ; quelques 600 000 autres suivirent en 1947. Bien que les conditions aient été loin d'être humaines

«. De, 6 millions d'Allemands avaient quitté la Pologne : à peu près la moitié comme réfugiés fuyant l'Armée rouge, et l'autre moitié en tant que déportés, vol.7, p.1945, 1947.

, à la fin de 1947, peut-être 400 000 Allemands originaires de terres annexées par la Pologne

. Tokarska-bakir-j, Des racines mythiques de l'antisémitisme : le meurtre rituel juif », Ethnologie française, vol.40, p.305, 2010.

. Szurek-jean-charles, « Nouvelles questions sur la mémoire et l'histoire de la Shoah en Pologne, Du génocide des Arméniens à la Shoah, p.345

. Snyder-t, Terres de sang : l'Europe entre Hitler et Staline, p.535, 2012.

D. J. Goldhagen, Pire que la guerre: massacres et génocides au XXe siècle, p.211, 2012.

. Traverso-e, , p.159, 1914.

. Snyder-t, Terres de sang, pp.494-495

, moururent au cours de cet exode et des transports : la plupart dans des camps soviétiques et polonais, vol.764

, tout en s'appuyant sur des préjugés antiallemands invétérés, du moins chez certains Polonais, Tchèques et autres, étaient les réactions véhémentes de ces peuples aux souffrances qu'ils avaient endurées et répondaient à une logique de protection de soi (on supprimait par là la cause que les Allemands pourraient alléguer pour envahir, à savoir le souci de "protéger" les Allemands ethniques), même parmi les gens qui avaient auparavant déploré de telles mesures. Les Polonais, surtout les habitants des zones d'Allemagne orientale que la Pologne avait annexées, et les Tchèques menèrent à bien l'expulsion complète et parfois meurtrière d'environ 10 millions d'Allemands, Les peuples qui ont souffert de l'occupation allemande en profitent pour se venger : « Les campagnes assimilationnistes contre les Allemands ethniques, vol.765

, Outre les Allemands, d'autres minorités sont expulsées. « Dans une moindre mesure

, Hongrois ont subi le même sort en 1945-1946, au moment de la recréation de l'État tchécoslovaque par Edvard Benes

. Hongrie, , vol.766

. «-cette-vaste-campagne-de-nettoyage-ethnique-se and . Traduit, entre 1945 et 1948, par l'expulsion de 15 millions d'Allemands ; 7 millions de Silésie, de Poméranie et de Prusse orientale ; 3 millions des Sudètes ; 2 millions de Pologne et d'URSS ; 2,7 millions de Yougoslavie

. Hongrie, Cela permet la formation d'une Pologne homogène sur le plan national et l'annexion à l'Urss de la Prusse orientale, p.767

, Nous avons vu l'exemple de la Pologne, désormais unifiée et considérée comme ethniquement pure. Nombreux sont les exemples de ce genre : « La Roumanie, qui s'était transformée en un État multinational après la Première Guerre mondiale, ne conservera plus, après la deuxième, qu'une seule minorité consistante, celle des Hongrois, Ces vagues de déportations et d'expulsions, d'une chasse à l'autre, ont pour effet de transformer le visage de l'Europe, p.768

. Idem, Suivant les politiques soviétiques de purification ethnique, les Ukrainiens, les Biélorusses et les Lituaniens devaient rester dans les républiques soviétiques qui portaient leurs noms, alors que les Juifs, comme les Polonais, p.535

D. J. Goldhagen, Pire que la guerre, pp.239-240

J. Sémelin, Purifier et détruire : usages politiques des massacres et génocides, p.402, 2005.

. Traverso-e, , p.158, 1914.

. Idem, endroit, le second à un autre, vol.770, p.159

, Cette dernière est éminemment positive dans le Bible : elle est riche de songes prémonitoires où les mises en garde abondent. En revanche, le cauchemar, en tant qu'expérience horrifique, n'y apparaît pas. Cette absence est légitimée par l'idée que les rêves sont envoyés par Dieu et les cauchemars par le Malin. Cependant, l'époque médiévale se méfiera de toute activité onirique nocturne : « Tout au long du haut Moyen Age, de grands soupçons pesaient sur les rêves. De même que la promotion du rêve va de pair au XII e siècle avec celle du sujet, durant le haut Moyen Age l'un fut bridé en même temps que l'autre. L'une des raisons est que le rêve donne accès directement à la révélation des vérités cachées de l'au-delà, Le rapport au rêve et au cauchemar dépend fortement de la société et des influences culturelles. La religion chrétienne a ainsi joué un rôle important dans la représentation de la vie onirique, vol.771

, Augustin (354-430) est le véritable fondateur de la théorie chrétienne des revenants. Celle-ci présente trois aspects principaux, qui tous trois vont dans le sens d'une forte restriction imposée aux apparitions des morts. Ces apparitions sont jugées sinon impossibles, du moins exceptionnelles ; le cas échéant, ce n'est ni le corps ni même l'âme du mort qui apparaît, mais seulement une "image spirituelle" du mort ; ces "images spirituelles" sont bien souvent introduites par des démons dans l'esprit des hommes, Cette stigmatisation de la vie onirique est à mettre en lien avec l'interrogation du potentiel retour des morts, notamment à travers les songes. « L'évêque d'Hippone

. Pour-lui-donner-une-consistance, Le cauchemar donne lieu à des personnifications comme dans la « Cauchevieille ou Chauchepaille, qui, selon un témoin du début du XIX e siècle, venait terrifier, en passant par la cheminée, ceux qui, au lieu de se rendre à la messe de minuit, étaient allés se coucher. Il s'agit évidemment d'une personnification du Cauchemar qui n'est pas spéciale à la Franche-Comté. Elle a été relevée en Suisse également, p.773

J. Goody, La peur des représentations: l'ambivalence à l'égard des images, du théâtre, de la fiction, des reliques et de la sexualité, p.272, 2006.

S. , Les revenants: les vivants et les morts dans la société médiévale, p.59, 1994.

. Idem, , p.31

A. Van-gennep, . Le, and . Tome, Cycle des douze jours: de Noël aux Rois, vol.3, pp.2432-2433, 1999.

L. Généralement and . Cauchemar, est représenté sous la forme d'une créature qui monte les dormeurs, les oppresse et gêne leur respiration

, Cette image d'un cauchemar ambulant, d'un être profitant du sommeil des dormeurs, est à replacer dans le contexte des créatures hors du commun. « Menaçants, noyeurs, se faisant porter, gardiens de trésors, les animaux du bestiaire fantastique raniment les angoisses anciennes qui renvoient aux profondeurs de l'inconscient : la crainte d'être pris, dévoré, transporté, attiré dans les eaux profondes, vol.774

, Complice des apparitions anormales, elle les fait naître, les dissimule, enfin les fait disparaître. » 775 Dès 1896, A. Maury, dans son ouvrage Croyances et légendes du Moyen-âge, affirme que le mot cauchemar découle du mot mahr : « La croyance aux démons incubes remonte à celle aux nains ou esprits nocturnes, qui venait sous les formes les plus bizarres ou les plus effrayantes tourmenter les hommes durant leur sommeil. Dans le Nord, ces esprits étaient nommés mahr, mahra, et se rattachaient aux elfes et aux druds. Les mots qui, dans les différents langues européennes, désignent le sommeil accompagné d'oppression et agité de rêves affreux sont empruntés au nom de mahr : en danois, maren ; en anglais, nigthmare ; en allemand, nachtmar ; en français, cauchemar. Dans les pays scandinaves, on croit que la mahr prend plaisir à tirer l'homme par les cheveux, comme les lutins de l'ouest de la France s'amusent à tirer les crins des chevaux. La maladie, appelée plica en polonais et dans laquelle les cheveux deviennent comme une sorte de feutre, s'appelle en suédois, marlock ; dans la basse Allemagne, mahrklatte, mahrenzopf, La nuit joue une fois de plus, un grand rôle : l'obscurité fait le lit d'une imagination redoublée : « Redoutable, noire, divine et puissante, la nuit permet le développement des forces obscures en amplifiant les bruits environnementaux, vol.776

, Le même auteur avance une hypothèse personnelle de l'origine des représentations du cauchemar, dont le point commun avec la chasse nocturne est l'idée de chevauchement. Celle-ci repose en partie sur une sexualité nocturne : « Chez les nations superstitieuses, le cauchemar a dû être naturellement rapporté à la main d'un démon qui lutine le dormeur, et ces rêves voluptueux, produits chez l'homme par l'écoulement séminal involontaire et dans lesquels il s'imagine avoir commerce avec quelque beauté mystérieuse

. Bernard-d, Êtres fantastiques des régions de France: actes du colloque de Gaillac, vol.5, p.249, 1997.

. Idem,

M. A. Croyances, H. Du-moyen-Âge, . Champion, . Paris, and . Appendice, sensations analogues, qui lui font croire qu'elle se livre à des étreintes amoureuses, ont été l'origine de la même croyance chez tous les peuples, Les pilosi des Hébreux, les panisques, satyres et éphialtes des Grecs, les faunes et sylphes du moyen âge sont autant d, vol.777, p.380

. Le, Mais le mot français cauchemar est lui-même composé de cauche, de l'ancien français caucher : fouler, et de mar, dont la racine, qui est la poitrine des dormeurs. En Poméranie, la Mhart, ou cauchemar, saute sur les mortels et les force à la porter. A Bamberg, on raconte l'histoire de la femme d'un meunier qui voulut séduire l'apprenti de son mari

. «-le-mahr-est-un-esprit, On en retrouve la racine dans plusieurs langues, allemand Mähre et anglais mare, jument, d'où nightmare, le cauchemar, néerlandais mare, fantôme nocturne, vieux-slave mora, sorcière, d'où le russe mora, spectre, vieil-irlandais marah, mort, épidémie, lituanie maras, mort. Étrange glissement sémantique qui s'explique cependant très bien et qu'on retrouve en français avec le mot cauchemar, dans lequel nous retrouvons notre racine. Le cauchemar est l'incube qui cauque, vol.779

, littéralement par "cavalcade" ou "jument de la nuit"), le cheval est présent. La proximité des mots de l'allemand moderne Mahr (cauchemar) et Mähre (jument) en témoigne. Le cheval dans la mythologie du cauchemar est soit l'oppresseur lui-même, « Dans la mythologie du cauchemar comme dans les gloses linguistiques de Nightmare, vol.780

, « Nous pensons donc que c'est à l'indo-européen MAR (ayant donné un groupe de mot

. Idem, , p.381

R. G. , Les portes du rêve, pp.351-352, 2000.

J. Benoit and . Le-chamanisme-en-eurasie, , p.113, 2010.

. Bridier-s and . Le-cauchemar, étude d'une figure mythique, p.21, 2002.

, fouler, mordre, écraser") que remonte le Mare anglais (jument) et le Mähre allemand du même sens ; et que MER (idée de mort) est à l'origine du mar-(fantôme) de Nightmare

/. La and . De-la-nuit-par-extension, Et mare désigne le cheval, l'animal qui représente la peur d'être piétiné et la puissance sexuelle, l'étalon. C'est tout naturellement que la croyance populaire a mêlé les deux, Le cheval, vol.782

. Le-cauchemar-prend-la-forme-d'une-poursuite, Pendant toute la durée de cette épreuve, un être maléfique chevauche sa poitrine. Cette idée d'une poursuite nocturne et d'un chevauchement explique l'état physique de celui qui s'éveille brutalement d'un cauchemar : le battement de son coeur est rapide, signe d'un effort physique, sa respiration peut être saccadé et il est généralement couvert de transpiration. Le sursaut du réveil et la peur d'avoir été poursuivi trouve une explication logique dans l

T. Dans-ce, Je repassais dans mon esprit certain marché récemment conclu, quand, tout à coup, un grand fracas ébranle les airs. Les cheveux me dressent sur la tête ; que se passe-t-il là-haut ? Y a-t-il chasse ? Y a-t-il bataille ? La peur fait dire des hardiesses qu'on n'oserait pas de sens rassis, pp.26-27

. Idem, Et moi : "Holà ! vous autres ; si vous chassez, jetez-moi un peu de votre chasse !" Je n'avais pas dit, qu'une chose lourde tombe à mes pieds. Je la ramasse, p.27

. Dieu-!-une-jambe-!-une-jambe-d'homme and !. Tas-de-feuilles, Je prends la fuite. Le lendemain, je me réveille dans mon lit, sans pouvoir m'expliquer comment j'étais revenu chez moi ni quand je m, vol.783

, Le cocher de Rhésos perçoit le danger en songe, avant de se réveiller et de se rendre compte que les siens sont massacrés : « Alors, dans mon sommeil, une vision se présente à moi. Les cavales que j'avais élevées et que je conduisais, debout sur le char auprès de Rhésos, je les vis, comme ce qu'on croit voir en rêve : des loups avaient sauté sur leur croupe, ils fouettaient de leur queue la robe des cavales et les pressaient. Elles, hennissaient, exhalant leur colère par le souffle de leurs naseaux, et se cabraient d'effroi. Moi, voulant protéger les chevaux de ces fauves, je m'éveille, poussé par une terreur nocturne. Je lève la tête et j'entends des râles de mourants. Un flot tiède me frappe : c, vol.784

. L'image-du-chevauchement-qu'on-retrouve-dans-le-cauchemar-est-particulièrement-intéressante, Dans une histoire de sorcières, on voit la femme d'un fermier qui, tous les soirs, se rend au Sabbat, montée sur un jeune apprenti qu'elle transforme en cheval. A la fin, le jeune homme retourne la situation : il lui passe la bride et la monde à son tour, vol.785

, Ainsi, la poursuite de la chasse vise à capturer un animal, généralement pour le monter

, Lorsqu'il s'agit d'une femme, l'image est des plus explicites : « La manière la plus habituelle de concevoir cette procession d'âmes galopantes était la chasse sauvage. Le plus souvent, cette chasse était la poursuite soit d'un animal, soit d'une femme, moins souvent celle d'un homme. Lorsqu'elle était attrapée, la femme se transformait parfois en cheval et était monté

R. J. Dans-le-limousin-de and P. , cité in « Les chasses fantastiques en Limousin, vol.8, p.414

R. Euripide, L. Paris, . Belles-lettres, ». Tragédies, and T. Vii, , p.797, 2004.

R. G. , Les portes du rêve, p.352

. Jones-e, . Le-cauchemar, and P. Paris, Nous avons vu tout au long de cette étude que les chasses extraordinaires étaient souvent associées aux phénomènes de sorcellerie. Or il se trouve qu'une des caractéristiques des sorcières est leur capacité à se déplacer d'un endroit à un autre en un temps record, notamment pour se rendre au Sabbat. Pour cela, la sorcière a besoin de trouver une monture, p.265, 2002.

, La sorcière met une bride et des rênes à son mari endormi, le transformant ainsi en un cheval sur lequel elle s'envole vers le Sabbat des sorcières. Parfois, celui-ci renverse les rôles et c

, On chevauche pour voyager et se déplacer dans l'espace. « La transformation en animal ou

, Ce curieux voyage peut également être perçu comme le passage du monde des vivants à celui des morts, et l'on sait par ailleurs l'importance du cheval dans l'imaginaire ayant trait au déplacement. C'est un animal psychopompe qui permet de franchir la frontière entre les mondes

, Toutes les voies parcourues pour éclairer les dimensions folkloriques du sabbat convergent en un point : le voyage vers le monde des morts, p.789

, Mecklembourg on raconte l'histoire suivante : le matin du premier mai, un jeune garçon se réveilla trempé de sueur. Il raconta à un camarade que la femme de son maître l'avait transformé en cheval et qu'elle l'avait fait galoper toute la nuit. Ce phénomène se reproduisit le premier mai suivant. Elle lui mit la bride sur le coup, il se transforma en un étalon noir

, Ensuite apparut le diable dans ses atours traditionnels, et ils firent tous l'amour entre eux sous les yeux du garçon. Celui-ci réussi finalement à renverser les rôles : sa patronne devint le cheval, il la fit ferrer et elle mourut de ses blessures, vol.790

G. Róheim, 1891-1953) explique la crainte, la panique que ressent l'homme vis-à-vis des dieux et des créatures extraordinaires par la peur que ressent le nourrisson écrasé par le sein maternel, impression retrouvée par la suite dans le cauchemar : « La mère qui introduit de force son mamelon dans la bouche du bébé est en réalité, semblet-il, le prototype de la cavale de la nuit (nightmare) qui s'allonge sur la personne endormie en

R. G. , La Panique des dieux et autres essais, p.245, 2000.

. Ginzburg-c, Le sabbat des sorcières, p.156, 1992.

. Idem, , p.235

R. G. , La Panique des dieux et autres essais, p.246

, En Croatie et en Serbie le terme mora signifie cauchemar, mais la mora est également souvent identifiée à la sorcière. Si un homme éprouve une douleur à la poitrine, c'est parce que ces "cauchemars

, Il s'agit d'un cauchemar dans lequel la foule des dieux impuissants, ainsi que l'armée des démons voraces, sont autant de représentations du rêveur. Le prototype du démon vorace, c'est l'enfant au sein ; il devient "multitude" pour cacher son identité. Le nombre de ses angoisses est lui aussi multiplié et celles-ci sont souvent associées aux objets parentaux et en particulier à la mère, « Nous pouvons maintenant ébaucher une interprétation quant à la panique des dieux, vol.792

L. Carnaval, Selon Henri Rey-Flaud, la chasse sauvage est à mettre en lien avec le phénomène du charivari : « Le charivari a été durant des siècles, des millénaires même, à travers tout l'Occident un rituel qui a incarné, dans l'inconscient collectif, les défenses archaïques dressées contre les atteintes portées à la loi, pourraient être des prolongations de ces rites et de ces pratiques où l'ordre du monde est renversé

, Le rituel de charivari n'est rien d'autre que l'incarnation du mythe qu'il perpétue, à l'insu de ceux-là même qui le jouent et

/. Panique and . Mise-À-mort, La peur panique révèle en l'homme une animalité profonde : « La peur peut prendre l'aspect

. Idem, , p.258

. Idem, , p.285

. Rey-flaud-h and . Le-charivari, les rituels fondamentaux de la sexualité, pp.17-18, 1985.

, Lorsque le dieu Pan est réveillé par mégarde, le monde tout entier bascule dans le chaos : il surgit, entouré d'une troupe

, Pan est un dieu qui envoie la peur sans cause. Il sème la panique, cette espèce de folie qui s'empare d'un groupe. Phénomène collectif et contagieux, la panolepsie est la possession par Pan, dérangé à midi, l'heure sacrée où le dieu dort, vol.795

. Dans-le-roman-grec-daphnis and . Chloé, « la peur panique est ainsi une punition d'origine divine, d'ampleur démesurée, inhumaine, incompréhensible

, Dionysos a introduit en Grèce l'étonnante fête des Bacchanales : emportés par la fureur divine, les adorateurs du dieu parcourent les rues de la cité en hurlant, puis se transportent dans les campagnes en des cortèges désordonnés, On retrouve une fureur comparable dans les célébrations du culte de Dionysos : «, vol.797

S. Ortega-y-gasset, «. Dionysos, L. Le-dieu-de, and . Chasse,

, La rupture de l'interdit entraîne une violente réaction : il ne faut en aucun cas bousculer l'ordre établi, le jour comme la nuit : « il y a une transgression à perturber l'immobilité de midi

, La panique est liée à une fureur que l'on retrouve lors des massacres, comme dans la mise à mort d'Orphée : « Tel l'oiseau de la nuit, si le jour l'a surpris dans la plaine

. Tchakhotine-s, Le viol des foules par la propagande politique, p.216, 1992.

. Bridier-s and . Le-cauchemar, , p.43

M. Briand, La peur (panique) dans les romans grecs anciens : effets descriptifs, narratifs, cathartiques, vol.38, p.71, 2015.

. Hell-b, Sang noir: chasse, forêt et mythe de l'homme sauvage en Europe, Paris, L'OEil d'Or, p.96, 2012.

. Ortega-y-gasset-j, Méditations sur la chasse, p.93, 2006.

«. Caroline and ». Sous-le-fouet-de-pan, Peurs antiques, p.58

. Le-matin, aux yeux des spectateurs, un cerf qui doit périr dans l'arène est livré en proie à une meute féroce : ainsi les Ménades entourent Orphée, le frappent de leurs thyrses verdoyants faits pour un autre usage. Celles-ci s'arment de mottes

, A la vue de la troupe furieuse, ils s'enfuient, abandonnant les instruments de leur travail ; de tous côtés demeurent dispersés dans les champs et les sarcloirs, et les longs hoyaux, et les râteaux pesants. Les Bacchantes s'en emparent, arrachent jusqu'aux cornes de boeufs, et retournent, en furie, achever le destin du chanteur de la Thrace. Il leur tendait ses mains suppliantes, et sa voix

J. On-retrouve-une-telle-fureur-dans-le-mythe-d'atalante-comme-le-rapporte and . Vernant, « Le mariage, quand il est finalement imposé à Atalante, se transforme d'abord en une course, une poursuite sauvage où la fiancée traque et massacre ses prétendants comme à la chasse

, Cette soif de sang est celle du chasseur, qui doit savoir la maîtriser sous peine de devenir luimême une bête féroce. « En poursuivant les bêtes pour les tuer, le chasseur s'avance dans le domaine de la sauvagerie. Il s'y avance mais il ne doit pas aller trop loin ; bien des mythes racontent précisément ce qui menace le chasseur s'il franchit certaines limites : dangers d'ensauvagement, vol.802

E. Dans-les, Eschyle décrit une chasse à l'homme menée par les Érinyes, qui poursuivent Oreste, et ce, même en songe

, Elles traquent le criminel en suivant l'odeur du sang qui lui reste collée à la peau, et cette odeur horrible les remplit de joie (v.253). Les gémissements qu'elles poussent en rêvant d'une chasse pourraient nous amener à conclure que, tels des chiens de meute, elles jappent avec enthousiasme en suivant une piste sanglante. Elles sucent le sang des membres (sanglants ?) de leurs victimes encore vivantes, en raison de leur comportement plutôt que de leur aspect réel, vol.803

, Marcel Detienne les décrit comme « les chiennes qui jamais ne perdent la trace d'un meurtrier possédé par sa victime. » 804 Il ajoute que « l'état d'être en colère affolée se dit en grec 800 OVIDE, Les métamorphoses, 2010.

J. P. Vernant, La mort dans les yeux: figures de l'autre en Grèce ancienne, Textes du XXe siècle, pp.20-21, 1985.

. Idem, , p.18

. Devereux-g, Les rêves dans la tragédie grecque, p.232, 2006.

. Detienne-m, Éditions du Seuil, coll.« La erinùein dont les puissances exactes s'appellent les Érinyes, déesses à la mémoire implacable et inaltérable. Elles ne cessent jamais de suivre, Comment être autochtone: du pur Athénien au Français raciné

C. Dans-les, Oreste affirme être le seul à être en capacité de voir les créatures qui l'agressent : « [?] Ce ne sont pas des visions qui me tourmententje le vois bien, ce sont les chiennes furieuses de ma mère, pp.1053-1054

, Vous ne les voyez pas -moi, je les vois, elles me chassent, je ne peux plus rester -» (v, p.806

, Oreste insiste pour que d'autres le croient et qu'il ne soit pas traité comme un fou ou un rêveur. La chasse dont il est la victime n'est pas une simple fiction : seulement ses contemporains refusent de lui accorder l'attention nécessaire

. C'est, Oreste ne peut bouger sans être immédiatement repéré et assailli par les créatures qui le pourchassent. Il est, en un certain sens, paralysé. On retrouve la capacité du monstre cauchemar à immobiliser sa victime

«. Dans-le-cauchemar, agresseur immobilise et étouffe souvent les victimes de cette agression oedipienne, aussi bien par son poids que par la force de son étreinte, vol.807

. «-la-sphinge-est-traditionnellement-surnommée-"l'étrangleuse, Si tel est le cas, la Sphinge devient un équivalent exact de Cauchemar (Alpdruck). J'ai déjà précisé que la Sphinge viole toujours les hommes en adoptant la position du coitus inversus

E. Sirènes, Je note seulement en passant que la Sphinge et la Lamia sont toutes deux, comme on pouvait s'y attendre, également cannibales. Pour des raisons purement pratiques

, Les Érinyes sont dotées d'un fort potentiel cynégétiques qui ne peut que rappeler les chasses extraordinaires évoquées tout au long de cette étude, p.81, 2003.

. Idem, , p.103

L. Eschyle and . Choéphores,

L. Euménides and P. , , p.57, 2012.

. Devereux-g and . Ibidem, , p.502

. Idem, Chasseur Noir des Châtiments, vieux seigneur de la légende du beau Pécopin, Grand Veneur de la forêt de Fontainebleau ou cavaliere bruno du Décameron. De la chasse nocturne nous sommes passés à la chasse infernale. Souvent, en effet, la chasse anormale se caractérise par l'apparition d'un être venu de l'enfer, infatigable poursuivant, Et l'on pense à toutes les chasses noires, aux chasses diaboliques dans lesquelles, au cours d'étranges nuits, dans d'interminables forêts chevauchent les démons : Chasse-Gallery du Poitou, Mesnie Hellequin du Nord, vol.809, 1985.

, La chasse se conclut forcément par une mise à mort qui entre en résonance avec la pratique sacrificielle, voire le meurtre : « Sous la forme d'une chasse, c'est une tentative d'assassinat qui est représentée, un homme se substituant à la proie animale

. Lorsqu, Athamas pris de folie poursuit au travers de la plaine de Mégaride son épouse Ino et son enfant Mélicerte pour les tuer, son action est identique dans sa forme à celle d'Héraklès poursuivant la biche de Cérynie : le meurtrier poursuit ou pourchasse, tandis que la victime, telle la proie du chasseur, fuit dans une course éperdue. C'est la matrice même du récit de course, que l'on trouve à propos de la chasseresse Atalante, qui rattrape en courant ses prétendants malheureux pour les exécuter, ou à propos du roi OEnomaos de Pise, près d'Olympie, qui armé d'une javeline, vol.810

, Il existe par ailleurs un certain nombre de récits mettant en scène des hommes lancés à la poursuite (à la chasse) de femmes. Le but n'est pas forcément de les tuer, mais de les attraper : « la chasse-poursuite a pour but non l'assassinat

L. , en particulier dans la peinture sur vases où le sexe en érection semble être la transposition de la flèche ou du javelot. Le célèbre épisode d'Apollon et Daphné ou celui d'Aréthus et Alphée sont exemplaires de ce type de récit. Nous sommes toujours dans le décor d'une chasse à l'homme, car les motivations des acteurs et le but de la chasse ont changé, vol.811

, La chasse possède donc une dimension sexuelle latente. « La chasse est alimentée en partie

. M. Moreau-a, Eschyle : la violence et le chaos, Études mythologiques, pp.82-83, 1985.

. Delattre-charles and . Récits-de-chasse-en-grèce-ancienne, SIDÉRA I. (direction), La chasse : pratiques sociales et symboliques, pp.160-161, 2006.

. Idem, par les forces d'agression, dont la fonction originelle apparaît dans les combats de parade, ce qui prouve que, dès le départ, la chasse était sous-tendue par une motivation sexuelle. Agressivité et sexualité masculines sont étroitement couplées, elles sont stimulées conjointement, vol.812, p.161

L. Sabines, épisode célèbre de l'histoire légendaire romaine, peut être alors perçu comme une chasse aux femmes. Les Luperques poursuivent

P. Pour, L. Walter, and . Chasse, Sauvage rejouerait une scène mythique reposant sur une poursuite. « A posteriori la Chasse Sauvage ne serait autre que la traque de la vierge mère en vue d'une hiérogamie divine

C. Le-mythème-de-la-poursuite-de-la-vierge-divine and . Qui, se métamorphose en oiseau et échappe ainsi à son poursuivant

. Dans-le-cadre-d'une-poursuite, soit la proie est rattrapée (et donc mise à mort pour être sacrifiée ou mangée, ou alors violée) soit elle arrive à semer son chasseur et obtient la vie sauve

, Les nymphes Daphné et Aréthuse échappent à leur poursuivant respectif en se changeant en laurier pour la première, en fontaine pour la seconde

S. Charles-delattre, la proie peut mettre fin à la poursuite en échappant à son agresseur de trois manières différentes : par la transformation (metabolè), la métamorphose (metamorphôsis) et par la précipitation dans le vide (katakrêmnismos), p.815

, La fin d'un cauchemar, d'une poursuite nocturne, se traduit par le réveil, c'est-à-dire le retour à la conscience

, Enfin, la peur induite par le cauchemar est aussi une peur forgée par la société

, est pas réduite à un pur fantasme dans le monde grec : elle est une réalité. « Pour les Grecs, la chasse à l'homme n'est pas seulement la métaphore de jeux de séduction, chasse aux amants ou pièges de la sophistique. C'est aussi une pratique très littérale, vol.816

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, « La question de la légitimité de la capture entre en résonance avec une peur grecque : celle d'être soi-même chassé. Dans le monde antique rôde la silhouette menaçante de l'andrapodistes, le chasseur d'homme qui s'empare des citoyens pour les capturer et les vendre comme esclaves, vol.817

, Une organisation sociale peut fabriquer un monde d'images et de mythes capables de nommer un mal-être, notamment dans l'espoir de le tenir ainsi à distance. Les diverses représentations ayant trait au monde cynégétique sévissant dans le cauchemar et ses récits témoigneraient ainsi d'une peur humaine d'être réduit à l'état de proie, c'est-à-dire de perdre sa qualité d'homme, Le cauchemar et ses représentations reflètent donc les peurs, les angoisses voire les phobies des sociétés qui les expriment

/. Il-n, est pas rare de croiser des récits de chasse où la situation est renversée. Le chasseur peut tout d'un coup se retrouver dans le rôle de la proie : le sens de la poursuite donne sa tonalité à la chasse. « Les Centaures, ces êtres hybrides, à moitié homme et à moitié cheval, vivent dans la forêt et les montagnes. Violents et belliqueux, ils interviennent souvent pour renverser le cours d'une chasse héroïque, le chasseur se transformant alors en proie, vol.818

, Telle fut l'horrible destinée du roi de Thèbes qui railla publiquement la nature divine de Dionysos : Penthée fut poursuivi par des enragées, bacchantes mais aussi Thébaines excitées par une folie noire. Elles le traquèrent comme une bête sauvage, arrachèrent l'arbre dans lequel il trouva refuge et se jetèrent sur lui, Les hommes peuvent alors être réduits à l'état de proies et chassés comme telles : « Euripide a immortalisé dans Les Bacchantes ces nymphes attachées à la divinité du délire mystique, vol.819

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F. Nastase, « tout à coup il crut entendre une plainte immense et des cris suraigus poussés par une femme ; aussi, arraché à sa douce pensée, il leva la tête pour voir ce que c'était, et s'émerveilla en se voyant dans la pinède. De surcroît, regardant devant lui, il vit venir par un épais fourré d'arbustes et de ronces, et courir vers l'endroit où il était, une jeune fille très belle et nue, échevelée, tout écorchée par les broussailles et les ronces

, Et derrière elle il vit venir sur un coursier noir un chevalier brun, le visage animé de courroux, un estoc à la main, et qui, l'accablant de vilenies et de paroles épouvantables, la menaçait de mort

S. Le, Un instant s'écoula et la fille, comme si nulle de ces choses n'avait été, soudainement se mit debout et prit la fuite vers la mer, et les chiens la suivirent la déchirant toujours ; le chevalier, quand il fut remonté à cheval et qu'il eut repris son estoc, commença de la pourchasser

, On retrouve une chasse plus ou moins identique dans un texte contemporain de Boccace

, Il sortit pour voir ce que c'était et vit venir vers la fosse, en courant et en criant, une femme échevelée et nue ; et elle était poursuivie par un chevalier noir courant sur un cheval noir, avec un couteau dégainé à la main ; et de la bouche et des yeux du chevalier et du cheval sortait une flamme de feu ardent, « (?) On lit sous la plume d'Hélinand que dans le comté de Nevers vivait un pauvre homme, qui était bon et craignait Dieu ; il était charbonnier et vivait de ce métier

, Elle tomba par terre, en répandant son sang en abondance, alors il la reprit par ses cheveux ensanglantés et la jeta dans la fosse aux charbons ardents ; après l'y avoir laissée pendant quelques 820BOCCACE, Le Décaméron, Paris, Gallimard, coll.« Collection Folio Classique, vol.4352, p.496, 2009.

, Une femme passa dans la route, courant à perdre haleine ; elle allait si vite qu'on entendait palpiter les ailes de sa coiffe, comme si c'eussent été deux ailes d'oiseau. Ses pieds nus touchaient à peine le sol ; il en pleuvait des gouttes de sang. Ses cheveux dénoués flottaient derrière elle. Elle agitait les bras, en des gestes désespérés, et hurlait lugubrement. C'était une plainte si angoissante, que Fant Ar Merrer en avait froid jusque sous les ongles. Cette femme était poursuivie par deux chiens qui semblaient se disputer entre eux à qui la dévorerait, tremblait de tous ses membres. Néanmoins elle cherchait à voir ce que ceci pouvait être

/. Morts, Cette peur d'être poursuivi, d'être chassé comme une proie est peut-être à mettre en lien avec la crainte des morts

, « Certaines sociétés laissent reposer leurs morts ; moyennant des hommages périodiques, ceux-ci s'abstiendront de troubler les vivants ; s'ils reviennent les voir, ce sera par intervalles et dans des occasions prévues. Et leur visite sera bienfaisante, les morts garantissant par leur protection le retour régulier des saisons, la fécondité des jardins et des femmes. Tout se passe comme si un contrat avait été conclu entre les morts et les vivants : en échange du culte raisonnable qui leur est voué, les morts resteront chez eux, et les rencontres temporaires entre les deux groupes seront toujours dominées par le souci des intérêts des vivants. Un thème folklorique universel exprime bien cette formule, vol.824

, Un contrat est passé entre les vivants et les morts : les premiers respectent, prennent soin voire nourrissent les seconds qui, en échange, leur accordent une protection bienveillante voire fertile. En revanche, si le contrat n'est pas respecté, les vivants peuvent alors subir le courroux des morts. Cette conception que nous avons hâtivement résumée semble universelle : les morts ne sont pas vraiment morts, puisqu'ils sont capables de revenir et le retour des morts se fait parfois lors de chasses nocturnes. Les revenants sont souvent décrits comme dangereux pour l'homme car ils sont souvent pensés comme des prédateurs potentiels : ainsi les morts chassent

L. E. Braz, A. La-légende-de-la, and M. ,

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T. Lévi-strauss-c, . Tropiques, . Paris, . Plon, and . Terre-humaine, Le temps de la chasse est celui de la nuit, où les morts sortent à l'air libre, parfois en troupes, pour chasser comme ils le faisaient de leur vivant. L'homme est donc traqué de jour comme de nuit : il est plus démuni lorsqu'il fait sombre, mais même sous le soleil, un double de lui-même, à savoir son ombre, le poursuit, le guette, l'épie. « Dans l'ombre règnent l'inexplicable, les sensations étranges et les "périls subjectifs". Et l'ombre, qui poursuit l'homme vivant, ressemble déjà aux premiers fantômes qui apparaissent la nuit. La silhouette menue, fugitive et évanescente, préfigure l'apparence de la mort. L'ombre est un double familier du vivant, vol.3009, p.268, 2009.

, Cette peur des morts est liée à la peur du cadavre en général. « L'activation du système

, une épidémie) que par la mort elle-même : elle est vue comme un mal qui rôde, une force maléfique sans cesse en embuscade. La mort elle-même est contagieuse. Les vivants doivent donc s'en protéger à tout prix, notamment en excluant leurs défunts à travers le rite funéraire. C'est notamment une idée qu'on retrouve chez Max Weber : « En dehors de l'angoisse physique directe produite par le cadavre -elle se manifeste aussi chez les animaux -qui a si souvent déterminé les formes d'inhumation (position accroupie, crémation), la conviction s'est imposée qu'il fallait rendre les âmes des morts inoffensives. On devait donc les éloigner ou les reléguer dans la tombe et leur procurer en ces lieux une existence supportable, vol.827

. Pour-andré-leroi-gourhan, « laisser au cadavre les objets personnels du vivant suppose qu'on a peur d'être contaminé par la mort

, La tombe est peut-être autant un signe de dévotion et de marque de respect du mort qu'un

. Morin-e, . L'homme, and P. Histoire, cité in : BLOCH A. et J. FRAYSSENGE, Les êtres de la brume et de la nuit: peurs, revenants, loups-garous et sorcières d'hier et d'aujourd'hui, pp.63-64, 1951.

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. De-cet-État-d'esprit-dans-le-langage, Totem et Tabou, ce « roman noir frénétique » selon le mot de Mircea Eliade 829 , il écrit que « le vivant se sentait à l'abri de la poursuite du mort seulement une fois qu'il avait mis entre ce dernier et lui un cours d'eau qui les séparât. C'est pourquoi on enterrait volontiers les morts sur des îles, vol.830

, Sous terre, au milieu d'objets familiers, avec des offrandes, le mort n'a aucune raison de

, L'enterrement comme la crémation permettraient de supprimer une cause de peur supplémentaire : celle qui est automatiquement déclenchée à la vue d'un cadavre. « Les tenants de la théorie de "gestion de la terreur" affirment que la mortalité en général est source de terreur. L'étude des systèmes d'inférence tendrait à montrer que le fait d'être une proie est une source d'émotion et d'intuition bien plus saillante. Dans la réalité, les proies mortes ne sont qu'un sous-ensemble des corps morts. Mais pour nos systèmes intuitifs, c'est peut-être le contraire ; les proies sont des objets bien compris, si bien que les autres cadavres seraient représentés par analogie avec elles. Donc, si la vue d'un cadavre déclenche des associations angoissantes, c'est peut-être parce qu'une personne morte est, dans une certaine mesure, vol.832

, Pour Pascal Boyer, les cadavres « font peur parce qu'ils activent les schémas mentaux

, Le cauchemar reste une expérience universelle en lien permanent avec la terreur qu'a l'homme d'être chassé, par les vivants comme par les morts. On peut y voir l'expression d'une actualisation des chasses fantastiques dans un monde rationnel et en perte de capital symbolique

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, Dévoré par la fièvre de la chasse, il présente un danger pour lui-même et ses compagnons. Par sa faute, il bascule dans le monde du sauvage et n'a plus sa place dans le monde des hommes

, Il est également la preuve que la chasse représente un danger et pour l'homme, et pour la cité. L'individu risque d'être happé par l'appel de la forêt et disparaître dans le monde sauvage. La cité craint que le chasseur, nécessaire pour apporter de la viande supplémentaire ainsi que pour tuer les animaux qui menacent les récoltes autant que les troupeaux, ne retourne la violence qu'il met dans sa chasse contre la cité elle-même, Ce thème sert d'illustration à ceux qui oseraient braver les lois ancestrales

, Avec les bouleversements du XIX e siècle, le chasseur est de plus en plus perçu comme inutile, surtout pour les urbains. Ces derniers n'ont parfois de contact qu'avec les animaux des jardins zoologiques, enfermés dans des cages et des enclos. L'idée que les animaux possèdent des droits naturels vient du Royaume-Uni. On peut émettre l'hypothèse que

, Droits de l'Homme des Français, les Anglais ont proposé un autre modèle de référence, plus large et plus généreux : marque de la civilisation suprême, ce modèle va plus loin que celui proposé par la Révolution française. Il étend les droits naturels non seulement aux hommes

S. Le-point-de-vue-du-philosophe-josé-ortega-y-gasset-n, est pas favorable aux Anglais, il a l'avantage de poser le doigt sur un point sensible lorsqu'il écrit : « Il est inconcevable qu'aucune étude n'ai jamais été faite d'un point de vue éthique sur la Société pour la Prévention de la Cruauté aux Animaux, en analysant ses standards et ses actions

, on peut souligner l'importance de la mentalité insulaire : isolée, face au continent, l'Angleterre doit se débrouiller seule. Pour dépasser l'un de ses concurrents les plus sérieux en terme d'idéologie, la France, elle propose un modèle supérieur d'empathie et d'humanité, quitte à l'étendre aux chiens et aux chevaux. Mais il n'y a pas que les animaux qui connaissent des changements : la chasse, elle aussi, est profondément transformée. La pratique se démocratise et se répand alors que se construit une véritable culture de masse de la chasse

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