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, I: Ah carrément allongé d'accord

M. Ah, il sortait pas, il avait pas le droit de sortir c'était pas possible, dans la maison il pouvait circuler mais il n'avait pas le droit de sortir

, I: Oui ouais, et vous savez s'il vous a raconté cette période, comment il l'a vécu ou comment il l'a ressenti à ce moment-là ?

M. , vaguement, vous savez c'était pas, je sais pas si vous imaginez, un gamin de 11 ans, il avait à l'époque je crois de 11 à 13, d'être bloqué, de pas pouvoir bougé, Oh bah vous savez

, I: Oui Oui, en plus lui avait un comportement plutôt jovial euh

M. , Oui c'est ça et il était assez actif, donc rester bloqué c'est pas spécialement bon quoi

, après il a repris ses études après du coup ?

M. .. , il les avait réalisé à Nantes dans le cadre avec l'aide du diocèse parce qu'ils avaient manifesté un désir de se consacrer à la religion, prêtrise ou quelque chose comme ça donc ils étaient dédiés... mais à partir du mois d'avril de ce je ne sais plus quelle année c'était, il devait avoir 14, 15 ans, il avait plus la vocation

.. I:-d'accord, après il me semble qu'il a suivi les cours bah c'est après avoir été, avoir pris la ferme avec son frère, il a suivi des cours au centre d'enseignement à Angers, nan ? M-P: c'est ça oui... je sais pas s'il était en association avec son frère

. I:-d'accord, mais il a quand même eu une maîtrise en agriculture c'est ça ouais ? M-P: Oui c'est ça par correspondance mais il a eu sa maîtrise

, I: Ouais ça lui tenait à coeur de suivre des études pour lui nan ?

M. , ah bah oui bien sûr pour lui c'était important, la formation, la lecture, etc... il était abonné au Monde et il le lisait tous les jours, peut-être pas de la première à la dernière page mais enfin les choses les plus importantes 25) I: maintenant une question peut-être plus intime

M. , il était à la JAC, il y était en tant que responsable de la Commission aînée de la JAC et moi j'étais à Paris à la JACF, sur les problèmes d'abord de formation professionnelle pour des jeunes agricultrices et ensuite pour la presse des jeunes, Nous nous sommes rencontrés à paris puisqu

. I:-d'accord,-c'était-en-quelle-année-?-m-p, En 57 c'était, pp.57-58

, Ah oui donc c'est vraiment grâce à la JAC que vous vous êtes mariés ? M-P: ah bah c'est une grande agence matrimoniale, la JAC, c'était

, quand on s'est rencontré, il savait trouver... il y avait forcément quelque chose qui s'était mis en route pendant ce temps-là oui, Oui ouais, parce que vous vous venez du Gers et lui de Bretagne du coup M-P: Bah forcément

, I: Et vous avez beaucoup d'amis ou de connaissance qui se sont mariés comme vous ?

M. -p:-a-l'époque-il-y-en-eu, moins, il y en avait pas beaucoup qui sortait

, I: Vous c'était la JACF, c'est ça ?

M. Jac, oui jeunesse agricole catholique féminine pour les filles, c'est pour ça que c'était JACF

, I: et vous vous aviez quelles responsabilités ?

M. , essayer de les amener à se commissionner en tant que productrice et pas simplement attendre le mariage, c'est-à-dire faire un atelier, éventuellement et ensuite... faire le tour des exploitations et ensuite... ils m'ont... j'avais, j'ai été propulsé à ce moment-là il y avait une retraite qui s'appelait "promesse" pour les filles et j'ai été responsable de la relation du (même groupe) de la JACF et

S. .. I:-est-ce-que-vous-savez, je sais pas si vous en avez parlé, avec Bernard si vous vous êtes engagés dans la JAC pour les mêmes raisons

M. -p:-je-sais and .. , lui il s'est engagé à la JAC pour quoi... parce que il avait des problèmes avec la rigidité de la religion dans l'Ouest et ... moi c'était plus parce que j'avais entendu à la radio, des reportages qu'il y avait eu sur les jeunes, qui étaient monté en 50 à paris au moment du congrès de la JAC et ça m'avait énormément emballé

.. Bernard, le livre de René Bourrigaud, et il disait qu'il s'était engagé aussi parce qu'il y avait pas mal d'activités sportives que proposait la JAC M-P: oui oui aussi oui

M. , mais ça c'était pas mon cas

. I:-et, comment, et lui était, il était rédacteur d'un journal je crois ?

M. and .. , je pense que tous les responsables travaillaient... faisaient des articles pour les revues qui sortaient oui, mais il n'était pas chargé d'une rédaction d'un journal

, Ah nan il était à Jeunes Forces Rurales c'est ça nan je sais plus M-P: Bah il devait sans doute écrire dans Jeunes Forces Rurales comme tous les responsables de l'époque je pense à quelque chose près oui car des sujets qu'il traitait concernait la responsabilité

, I: Et qu'est-ce que ça représentait pour lui la JAC un à-côté, un... une activité à temps plein ?

M. , Il y était en permanence... à partir du moment où on était permanent, on avait un salaire et on avait un plein temps

, I: Ouais et ça lui plaisait vraiment ce qu'il faisait

M. , Oui parce qu'il y avait beaucoup d'échanges, il y avait une partie de formation aussi en même temps

, bah quand il s'exprime dans les années 70-80, il avait une vision je trouvais où il regrettait pas son engagement à la JAC mais il disait que la JAC avait peut-être raté le coche, du moins il la critiquait pour... par exemple pour son non-engagement dans la guerre d'Algérie ou pour son absence d, Parce que dans les archives après

M. , Oui bah ça c'est resté très présent jusqu'à la fin, on est resté l'un comme l'autre assez critique, on a pas gardé des relations très énormes après et que... avec la JAC et sa suite

. I:-ouais,

M. , parce la suite normale des gens de la JAC, c'était souvent après de faire partie des adultes qui devaient s'appeler le MFR je crois à l'époque le mouvement familial rural quelque chose comme ça

.. I:-et-donc, vous vous êtes mariés en 1959, je crois

M. ,

. I:-et, on parle souvent de la présence de deux ministres M-P: Oui !

, I: Et c'étaient quels ministres déjà je sais plus ?

M. Buron, ministre des transports, et Pierre Pflimlin, qui était ministre je ne sais plus dans quoi

, I: Et pourquoi en fait il étaient là ?

M. , parce que Bernard faisait partie de leur groupe, puisqu'il était parlementaire... et donc... il était parlementaire, c'est parce qu'il était parlementaire hein autrement ils auraient pas été là

, I: Mais il était pas, il était avec amis avec eux ou nan ?

M. , de Pflimlin sans doute beaucoup moins mais euh... bon bah c'est dans n'importe quel groupe, quand il y a un mariage, il y a des invitations qui se font et

?. I:-c'est-un-mariage-chez-vous-dans-le-gers and . Oui,

, I: D'accord, il s'agissait d'un mariage à l'église ouais ?

M. , Il s'agissait d'un mariage à l'église oui, il y avait les ministres donc... l'église voulait faire venir l'évêque et

, I: et pourquoi vous avez refusé ? M-P: parce que je trouvais qu'on avait pas besoin de tout ça

, Et il y avait vos amis jacistes aussi nan ? M-P: Il y en avait oui, il y en avait certainement oui

, I: D'accord, maintenant bah je voulais savoir si c'était le rapport à la religion de Bernard, sa foi, estce que déjà il pratiquait beaucoup ou il était

M. , , 1972.

, I: D'accord mais avant 72

M. , et j'ai pas recommencé depuis

, plus ça s'étirait moins on y allait et on avait surtout des rencontres tous les ans dans le cadre du club Jean XXIII, où il y avait une journée de formation avec quelqu'un qui venait de l'extérieur, tel Blancard qui était je crois dominicain, tel père léger des choses comme ça qui étaient très intéressantes et qui, I: mais avant 72, dans le sens pratiquer, vous alliez à la messe toutes les semaines M-P: bah pas... oui on allait

, M-P: Il y avait trop de contradictions, entre ce qui était... l'Evangile, du moins ce qui était prôné, la charité, etc... et ce qui était pratiqué dans nos communes ou on était prêt à critiquer le moindre truc ou on se sentait pas du tout en relation avec ce qui se, I: et c'est quoi la raison pour laquelle vous avez décidé de ne plus pratiquer, perte de foi ou

, I: D'accord, mais du coup après par rapport à vos enfants, vous leur avez donné un enseignement religieux ou

M. , on était encore pratiquant à ce moment-là, certains ont fait leur communion, d'autres n'ont pas voulu, bon bah, Ils ont fait ce qu'ils ont voulu après, ils ont été baptisé, ils ont tous été baptisé

, I: Vous leur avez laissé une grande liberté M-P: Ah bah après c'est leur problème, c'est plus le nôtre

, I: Il me semble, toujours chez René Bourrigaud, j'ai lu qu'il avait lu la Vie de Jésus d'Ernest Renan M-P: C'est parce qu'il y avait une fille du propriétaire qui pendant qu'il était malade lui descendait les livres qui étaient au château

. I:-et, d'après ce que je lis de René Bourrigaud, il dit que cette lecture l'a beaucoup marquée

M. , Oui il en parlait, je ne peux pas vous dire en quoi ni comment, on a pas, ça pas été un sujet, en tous cas je ne m'en rappelle plus très bien donc je ne peux pas vous dire plus que ça

.. I:-d'accord, Pourquoi en fait il a refusé d'entrer au séminaire tout simplement parce qu'il voulait pas

M. , Il a dit qu'il avait plus la vocation, il y avait été pour faire des études pas parce qu'il avait une vocation de religieux finalement, parce que à ce moment-là le seul moyen de faire des études dans le cadre de l'enseignement privé, c'était d'avoir la vocation

, I: Mais dès le départ lui son objectif c'était de faire des études et de pas se consacrer à la prêtrise M-P: Je pense que c'était plus important pour lui de faire des études oui je crois qu'il était peut-être pas très sûr de lui non plus j'en sais rien

, qu'il revendiquait son héritage catholique, par exemple, il y avait un article, je sais plus si c'est au Figaro ou quoi, mais il dit, où il justifie son engagement au PSU et il dit alors oui, bah il revendiquait son héritage catholique M-P: je pense que ça été une base de formation importante parce que la JAC au-delà d'être un mouvement de catholiques, c'était aussi un mouvement d'éducation populaire, puisqu'ils partaient sur les bases de "voir, juger, agir, Et je trouvais à de nombreuses reprises

, I: Est-ce que vous savez à partir de quand il a commencé à découvrir Marx ou, même pas Marx, mais je veux dire la pensée un peu marxiste en général M-P: Je pense qu'il a dû, je ne sais pas exactement, il a surtout approfondi après à l'intérieur du PSU

, I: Vous savez pas par hasard s'il a lu le Capital, ou d'autres ouvrages comme ça

M. ,

, I: et pour lui c'était vraiment un nouveau système de pensée ou... genre comment... quelle vision il avait de son M-P: ah bah c'était important oui puisque c'était une approche qu

, Mais pourtant il gardait un regard critique par rapport au marxisme ou je veux dire il adhérait à tout M-P: ah bah il y a des choses dans le marxisme en tous cas qu'il n'approuvait pas, les problèmes de liberté étaient impropres

. I:-et, je voulais revenir à présent sur le service militaire de 52 à 54, c'est ça ? et il a été rappelé en 56 je crois, est-ce-que vous pouvez un peu raconter comme ça s'est passé son service

M. , je connaissais pas cette époque-là, euh je sais qu'il l'a fait en Allemagne, et... bon c'est à peu près tout ce que j'en sais hein

, I: et par contre en 56, ça l'a plus marqué lorsqu'il a été envoyé en Algérie M-P: ah bah bien sûr, là il avait, il était contre le rappel des anciens d'Algérie, et contre cette guerre donc il a manifesté, il a arrêté des trains, il a été retrouvé dans des équipes disciplinaires

, Il fait combien de temps en Algérie déjà ?

M. , Il a dû être de retour en 57, il était rentré, il a fait, il a été assez malade parce que il a fait une dysenterie amibienne et il avait perdu je sais pas combien de... il avait maigri pas mal et donc il a été, il a été rapatrié, Je sais plus moi, écoutez il a été rappelé c'était l'été je crois au mois de juillet août je ne sais plus

, même à ses enfants, à vos enfants je veux dire il en a parlé, I: et je veux dire même par rapport... dans les repas de famille ou les choses comme ça

M. Il-en-parlait-oui and .. , de l'Algérie de... et puis après il a fait sa première intervention qu'il a faite à l'Assemblée Nationale, c'était justement sur l'Algérie

, I: mais du coup pour lui, il en avait tiré une forme de... je sais pas moi de

M. , alors là vous m'en demandez trop... appris j'en sais rien, il s'est trouvé en réaction et... il a essayé de se battre avec ça quoi

.. I:-oui-ouais, Bah je reviens maintenant sur son engagement à la JAC, bah on en a parlé, ouais ce que je vous disais tout à l'heure, son engagement à la JAC c'est par le biais des activités sportives et... je crois qu'il a fait un stage... toujours dans le Bourrigaud, j'ai trouvé ça... il a fait un stage dans le Finistère où il aurait parcouru 300 kilomètres pour s'y rendre M-P: Il y avait un stage de JAC, ils faisaient des stages de formation à la JAC, formations qui étaient basées sur l'enquête, le jugement des enquêtes et les actions comme quoi c'était toujours "voir, juger, agir", c'était toujours les mêmes principes, c'étaient des stages de formation de 3 semaines je pense si je ne me trompe pas et il voulait y aller

, et vous aussi vous aviez ça à la JACF ou les mêmes

M. , Il y avait ce genre de stages oui je l'ai fait aussi oui, j'ai pas fait en vélo moi, j'y suis allé en train

, I: ouais lui, bah s'il a parcouru 300 kilomètres en vélo je pense, mais ça lui plaisait vraiment ce qu'il faisait là-bas

M. , c'était une formation... c'était quand même intéressant, parce que nous étions l'un et l'autre des autodidactes... nous avions dû arrêté au certificat d'études, lui avait été un peu plus loin mais bon, ah bah oui il aimait bien, c'étaient des choses

, Par rapport aux études qu'il menait, c'était un complément ou ? M-P: ah oui c'était complètement différent

, I: Il me semble qu'il devient permanent national c'est ça... après dans les 50 il devient permanent national c'est ça ?

M. , Il est devenu permanent national en... après de retour d'Algérie, c'est-à-dire dans les années, pp.56-57

, I: Et est-ce que vous pouvez raconter comment il est sollicité pour être...par qui, comment ? Bah après c'est vrai que

M. Ah-nan-mais-là-c'est and .. ,

.. I:-désolé-hein, oui parce que vous vous étiez pas encore rencontrés ouais

M. , ah bah on s'était pas rencontrés, on s'est rencontré au moment où il est rentré d'Algérie et puis

.. Le-dimanche, chez les filles, il y avait une nana qui faisait la cuisine et on se débrouillait pour faire notre bouffe mais... les maîtres ils allaient dans des restaurants le dimanche, c'était la possibilité d'aller manger dans des restaurants, dans des petits bouibouis du coin qui étaient pas trop chers... et on se retrouvait garçons et filles à ce moment-là et après on faisait un spectacle et il y en avait toujours qui avaient déjà fait le relevé des choses intéressantes et voilà et certains partaient dans un sens, d'autres dans un autre

M. , ça c'était en 57, oui c'est ça en février-mars, vol.57, p.57

, I: je crois que c'est en 57 aussi il prononce un discours à Vannes, où il

M. -p:-c'est-possible-oui, parce qu'il avait en même temps que la JAC, dans la JAC il s'était retrouvé, puisqu'il était responsable lui de la branche aînée, et l'objectif de la branche aînée c'était que les paysans s'engageaient au niveau des organisations professionnelles sachant que la FNSEA, était quand même pas tellement d'accord avec ce genre de truc et c'est là que ça été créé, le CNJA, avec Michel Debatisse

. I:-d'accord, est assez marrant parce que même déjà à Vannes, je crois, je sais plus exactement, il dénonce le système capitaliste, et pourtant un an après il deviendra député MRP

M. Qu, il y avait pas autre chose, parce que c'est pas lui qui avait été spontanément candidat pour être député, il avait fait plusieurs discours effectivement comme vous l'avez souligné tout à l'heure, et il était tribun un peu, il arrivait à emballer ses foules, donc il y avait des gens de la zone de Chateaubriand qui voulaient absolument faire sauter

, ils l'ont poussé à être candidat et il a donné son accord à une commission, c'est que les gars s'engagent à faire la campagne pour qu'il soit élu, donc la personne qui était celui qui allait être son suppléant, et qui avait appelé aussi à sa candidature, était docteur de saint-Julien de ... qui était MRP donc voilà. Pour arriver à se mettre dans ce, il fallait, comme toujours il fallait c'était quand même plus simple si on avait un soutien parce qu'ils avaient pas de fric hein donc, André Maurice comme député et donc ils ont dit tu pourrais être candidat

, I: Ouais parce que c'est assez marrant, parce que en fait c'est le MRP qui l'a soutenu spontanément limite

M. , Bah oui oui, c'est le suppléant qui faisait partie de son équipe était donc MRP donc voilà

, I: Et lui, comment il

M. , Il était pas particulièrement enchanté parce qu'il travaillait plus ou moins déjà avec le PSU, mais

P. Le, quoi, c'était pas encore un mouvement politique important

, I: Ouais parce que c'était à Châteaubriant c'est ça nan ? ouais c'est marrant parce que Teillé c'est au Sud de Nantes, c'est pas du tout proche de Châteaubriant

, Ah oui ouais, c'est pas trop dans la région de Châteaubriant, il me semble M-P: C'est pas la région de Châteaubriant mais il y avait des communes qui étaient, Saint-Mars-la-Jaille faisait partie de la circonscription

, I: mais du coup comment ça se fait qu'il ait été appelé à devenir député, bah à poser sa candidature à Chateauriant M-P: bah je vous ai expliqué, les militants du coin qui voulaient pas qu'André Maurice soit élu, et qui ont manoeuvré pour que

, ouais parce que... bah j'ai trouvé dans les archives de l'association Bernard Lambert, il pense ou il dit lors d'un entretien, qui dit qu'il pense qu'il a été élu grâce à son étiquette catholique, ça c'est vrai vous pensez ? Parce qu'il était étiqueté catholique et je crois qu'il se disait en faveur de l'école libre etc, Alors que bon André Morice était plus perçu comme un radical

M. , Oui Morice était perçu comme un radical, c'est vrai que oui c'est vrai que bah la JAC était catholique donc voilà c'était ça la limite disons

, ou même votre quotidien, vous aviez souvent... vous vous rendiez souvent à Châteaubriant pour faire le porte-à-porte je sais pas M-P: J'y suis allée une fois ou deux mais j'étais... j'étais à la JAC, à Paris, il y avait du boulot à Paris, donc j'y suis allée quelques fois mais pas souvent, on était pas mariés, on était pas, c'était pas l'époque où on pouvait se fréquenter comme ça impunément sans être mariés il fallait passer d'abord

.. I:-d'accord-vous-respectiez,

M. , Ah bah à cette époque c'était comme ça c'était pas autrement, ah bah oui mais, on faisait des révolutions mais faut le temps hein

, I: ah mais du coup il y avait pas de... vous logiez pas ensemble d'accord M-P: ah bah pas question nan

, I: Du coup vous avez pas vraiment participé à la campagne ?

M. Ah-bah-nan and .. , moi j'ai pas participé à la campagne, j'y suis allée à la fin et c'est tout quoi

, I: et lui en tirait une forme de fierté le fait d'avoir été désigné par

M. , ah bah oui quand même, c'était quand même un peu exceptionnel, le plus jeune député de France

, face à quelqu'un comme André Morice, c'était quand même un peu un exploit, c'était pas que lui, il y avait tous les militants qui ont parcouru pendant toute la campagne électorale été très actifs

, bah c'est peut-être un peu bête comme question mais il y avait d'autres talents, il y avait d'autres personnes à la JAC de Loire-Atlantique nan ? M-P: ah bah oui mais qu'est-ce que vous voulez... il avait... il parlait bien et il pouvait éventuellement remporter l'adhésion des gens la preuve c'est qu'il y ait arrivé mais il savait prendre, Et pourquoi lui et pas d'autres finalement et pas d'autres

, I: Ouais c'est surtout pour ses qualités rhétoriques ? M-P: oratoires, oui oui bien sûr

, il a commencé de faire des discours quand il y a eu des manifestations au moment où il y a eu des problèmes dans l'agriculture dans les années 56, il y a eu des grosses manifestations, si mes souvenirs sont bons, vous devriez retrouver ça quelque part, et il s'était exprimé plusieurs fois et du coup comme il arrivait à emporter la vision des gens, I: d'accord et par rapport à ça, il a commencé vraiment à faire des discours à la JAC, c'est ça ? M-P

, I: Bah j'avais vu du coup le discours de Vannes mais je sais pas s'il y avait eu d'autres discours avant

M. , il y en avait plusieurs mais je peux pas vous dire lesquels, encore une fois j'étais pas sur place à ce moment-là

, I: et est-ce que vous saviez si c'étaient des discours en plutôt très petit comité ou nan, vous savez pas ?

M. -p:-nan-c'étaient-devant-des-manifs-de and .. , 1000 ou 2000 paysans ils se retrouvaient les paysans il y en avait, il y avait 27% de la population et en Bretagne il y en avait déjà pas mal

, I: et c'est à partir de quand qu'il a commencé à connaître Michel Debatisse M-P: ah bah la JAC, c'était dans les années 54-55

, I: et de lui quel souvenir il en avait ? M-P: ah bah ils étaient pas tellement d'accord

, I: dès le début ils étaient pas d'accord ?

M. , Ils n'étaient pas d'accord sur les méthodes de fonctionnement parce que Michel Debatisse alors ce qui les séparait entre autres... alors après je vous dirais pas je ne sais pas... mais ce qui les séparait c'était au niveau du fonctionnement, Michel Debatisse cultivait le secret, c'est-à-dire que quand il y avait quelque chose on ne le divulguait pas

, I: Il me semble j'ai lu ça bah c'est justement dans l'entretien dans les archives de l'association. Bernard dit que Michel au fond même s'il y avait des actions qui pouvaient aller contre l'objectif au final c'était à long-terme

M. , ah je sais pas là je peux pas vous dire

, I: mais dans le sens où lui le fait d'avoir une position parfois un peu ambiguë ou, je sais pas, de soutenir des gens qui sont pas forcément, qui sont pas forcément dans lignes de pensée, lui ça... bah je veux dire c'était vraiment pas sa méthode

M. Oui-nan-bah-bien-sûr, je sais pas trop hein moi j'avoue que là vous me posez des colles, moi j'ai pas suivi toute sa carrière au début

, I: est-ce que vous savez s'il y avait une forme de rivalité dès le départ ou pas du tout M-P: Non, au début ils ont travaillé ensemble pour mettre en place le centre des jeunes, le CDJA, et il y avait pas de problème à ce moment-là, c'est après que ça s'est

.. .. Je-veux-dire and .. , de l'entente sur le plan humain je veux dire ça passait bien ou, sur le plan humain ça passait bien entre Bernard et Michel Debatisse ou pas du tout ? M-P: oui oui... j'ai pas mal été chez lui dans les années je sais plus 60 je crois

, I: parce qu'il me semble qu'ils ont même fondé un parti ensemble, bah un petit parti en 59 je crois M-P: c'est possible oui

, I: le rassemblement des forces

M. ,

, I: et vous savez pas par rapport à ça si vous avez des choses

M. , alors là, j'ai pas d'archives moi, toutes mes archives sont au CHT hein moi j'en ai pas gardées

, I: je trouvais dans les archives, c'est quelque chose qui revient assez souvent, il avait une image de député-paysan et

M. and .. , bah ça il l'a rejetait pas son image de député-paysan

.. I:-mais-c'est, par rapport à d'autres députés je veux dire, il se positionnait comment, il était... il la revendiquait plus que d'autres cette étiquette ou

M. , en tous cas il a essayé... il était là pour faire passer les questions agricoles, les projets et... en tous cas c'

, I: Il dit que son travail de député lui a apporté beaucoup au sens des méthodes de travail, ça c'est vrai nan ? M-P: ah bah c'est une bonne école de formation oui

, I: Il s'agissait plus de faire des discours

M. Les-travailler and E. , il a fait un discours, le premier qu'il a dû faire c'est sûr l'Algérie, justement sur la guerre d'Algérie, il était intervenu et il demandait à l'époque, il doit y avoir quelque part mais je sais pas où... le discours qu'il avait préparé à l'Assemblée nationale, il se trouve qu'il a pas fini, il a publié ce qu'il n'avait pas pu écrire parce que il y avait donc Le Pen, Lagaillarde et je ne sais plus qui, qui étaient montés à la tribune et qui le menaçaient de le faire sortir quoi, bah il fallait surtout préparer des dossiers

, I: et est-ce qu' il avait des collaborateurs pour son travail de député ?

M. , bah il y avait un secrétariat qui était d'ailleurs à payer, c'était Mme Guillon, c'était la femme de l'instituteur de Teillé 111) I: c'était sa collaboratrice ?

M. -p:-c'était-sa-secrétaire, bah sinon il avait des conseillers, ou du moins les gens qui étaient au MRP, qui pouvaient l'aider à préparer des dossiers

, I: et même par rapport à la JAC, il a pas reçu d'aides, ou il a pas été sollicité par la JAC à ce moment-là ?

M. , bah nan il était plus à la JAC, et moi j'ai arrêté tout de suite aussi, nos relations avec la JAC se sont arrêtés là oui

, I: ah à partir de 58, bah pas de 58, à partir de 59 vous aviez plus de contacts avec la JAC ? M-P: bah on pouvait avoir des contacts mais c'était des contacts actuellement je dirais amicaux mais c'est tout quoi... on travaillait plus à la JAC, c'était pour les jeunes agriculteurs

, I: oui c'était avec l'organisation d'accord ouais

M. , l'organisation elle est très, la JAC il y avait entre tel âge et tel âge et t'étais agriculteur, ou aides familiaux

, I: parce que ouais d'accord vous aviez plus l'âge pour être à la JAC en fait M-P: bah on était plus paysans donc on n'avait plus de raison d'être à la JAC

, I: Je trouvais un jour bah c'était dans un article aussi, il disait que son combat finalement il le conçoit un peu comme une troisième voie entre ce qu'il appelait le matérialisme communiste, et la matérialisme capitaliste, ça résume bien sa pensée

M. , oui oui je pense que c'est bien dans ce sens-là qu'il essayait d'aller, c'était le PSU, c'était tout ce qu'il a pu faire après quoi donc

. Est-ce, il a évolué dans les années 60-70, mais est-ce que c'était... est-ce que sa pensée politique était vraiment différente dans les années 50 ou même quand il était député je veux dire [...] est-ce que sa pensée politique était différente quand il était député, I: mais je veux dire par rapport à sa pensée

M. , il y a des choses qui se passent, des analyses qui évoluent, qui sont un peu les mêmes, ça disparaît pas complètement, ce n'est pas tout à fait la même chose, comme toutes les pensées ça évolue, tous hein

, I: mais est-ce que sur un point particulier, il a particulièrement évolué, je veux dire, il a pas radicalement changé d'avis, mais si bah il a changé d'avis sur un point en particulier

M. , bah écoutez apparemment j'en sais rien non il était assez, persévérant dans ce qu'il faisait, donc non non écoutez je sais pas, il a évolué, est-ce qu'il a changé vraiment d'avis

, I: et sur le plan politique vous pensiez la même chose à peu près ou... il y avait des nuances c'était différent

M. , On était très proches, j'ai jamais été encarté dans des partis politiques quels qu'ils soient même si lui y était

, Vous vous rejoigniez tout le temps au niveau politique tous les deux M-P: Oui, oui mais

, I: par rapport à son... engagement... par rapport à sa défaite en 62... je voulais revenir ça c'était, ça été un choc ou

M. Bah-on-s'y-attendait, c'est arrivé quand même plus vite que prévu, puisque normalement les élections ont été avancées d'un an, donc voilà... c'était, une défaite c'est toujours un choc même si elle était pas énorme mais justement on

, I: et vous dites que et là par contre il l'a senti venir, ouais il l' a senti venir... sa défaite ? M-P: ah bah, il la craignait parce que la première élection était un peu une surprise, ça change de comme ça après les gens vous savez ils reviennent sur leur truc hein

, il lui a pas manqué énormément de voix, 124) I: s'il était à plus de 40% il me semble nan je sais plus M-P: bah il lui manquait 400 et quelques voix je crois c, Ouais mais je veux dire il aurait pu très bien être réélu M-P: Il a failli être réélu

, I: parce que cette fois le MRP l'a pas soutenu M-P: je sais plus, vous trouverez ça dans les archives

, I: et cette fois vous avez pris une part plus active à la campagne ou vous vouliez pas vous

M. , bien sûr il y avait des tas de choses à faire au niveau local mais en plus, on avait des enfants et donc, fallait bien que je m'en occupe aussi hein on avait pas quelqu'un

. .. I:-et and .. Dans-un-article-j'avais-vu, bah c'est un peu après, après coup qu'il dit ça, au final il regrette pas trop de ne pas avoir été élu, il disait qu'il serait devenu un notable M-P: ah bah oui... non mais je sais qu'il l'a dit plus d'une fois... où il disait on est parti on va résister à tout ce que ça représente à la fois les facilités financières, les relations etc

, I: mais il voulait, ouais c'était dans son ADN si je puis dire, il voulait vraiment pas devenir un notable comme les autres

M. , son objectif n'était pas de devenir notable, son objectif était de défendre les paysans et d'être fidèle à ce qu

M. , ah bah oui il savait pas dire nan

, I: il était trop généreux... et est-ce qu'il a continué son engagement dans le syndicalisme agricole pendant cette période

M. , ah bah après il est reparti sur les problèmes agricoles, il était responsable, il est devenu responsable d'abord des problèmes agricoles à la FDSEA de Loire-Atlantique et puis il est devenu secrétaire général, il a été au niveau régional secrétaire régional également mais donc son grand engagement ça

, I: d'accord et pendant son mandat de député, aussi son combat c'était l'agriculture ?

M. , ah oui bien sûr, il a dû faire une intervention sur les problèmes agricoles, mais je ne sais pas quand ni comment je ne m'en rappelle plus

, I: et là aussi il avait gardé, il gardait des contacts dans le milieu du syndicat agricole M-P: du CDJA, oui beaucoup, oui bah

. I:-et-est-ce-que-au-niveau-de-votre-quotidien, des facilités, bah des facilités financières que ça apportait... est-ce que ça se voyait au quotidien le fait qu'il était député, c'est peut-être indiscret, vos revenus ont augmenté, c'était plus facile de manière générale nan ?

M. , des charges qui étaient liées au fait qu'il était parlementaire, puisqu'il faisait un bulletin qui devait paraître 3 ou 4 fois dans l'année je ne sais plus, où il expliquait les interventions qu'il faisait pourquoi il les avait faites donc, il fallait le faire et fallait le distribuer etc

, était des charges pas directement liées plus le courrier auquel il fallait répondre, plus les interventions qu'il y avait à faire au niveau de l'Assemblée Nationale et qu'il fallait préparer donc c'étaient des choses quand même qui étaient lourdes et... bah il restait quand même... voilà que c'était quand même plus facile quoi

, I: et du coup ça pas été dur après M-P: ah bah après si après on avait pas trop de revenus

, I: ça été difficile de se réhabituer M-P: oh c'était pas impossible

, I: ouais vous êtes toujours restés à Teillé, vous vous l'avez rejoint après à Teillé, c'est ça ? M-P: oui oui quand nous avons été mariés, je l'ai rejoint à Teillé oui

, I: et du coup-là à partir de ce moment-là il y avait son frère, sa femme et vous deux ? M-P: oui

, I: mais vous habitiez quand même dans des maisons différentes M-P: alors au début, il y avait eu des pièces qui avaient été aménagées dans la maison familiale et donc, nous avions deux pièces

, I: et ça se passait bien de manière générale, les relations avec le frère et bah... le frère et son épouse ? M-P: c'était pas toujours facile

, I: parce que Bernard et son frère s'entendaient pas ou nan je sais pas ?

M. , mon mari et son frère s'entendaient bien mais ma belle-soeur n'était pas n'était pas du tout sur les mêmes longueurs d'ondes, et des fois ça créait des petits accrochages

, I: et vos enfants sont nés en quelle année M-P: alors 60, vol.61, p.66

, I: d'accord et ils s'appellent comment déjà je sais plus ?

M. Au-niveau-de-ma-fille-aînée, A. La-deuxième, C. Le-troisième, and . Vincent-le-quatrième,

. I:-et, du coup maintenant ils ont une cinquantaine d'années M-P: ah bah plus, 58 pour ma fille aînée

, I: et ils gardent un bon souvenir de leur père ?

M. Oui, ils étaient en admiration devant leur père, il était très, il était très proche de ses enfants même s'il était pas là très très souvent, il avait toujours les gamins à ses trousses parce qu'il les considérait toujours comme des grandes personnes

, I: ah il a jamais voulu les infantiliser M-P: ah nan nan nan nan et puis, ses neveux et nièces, mes neveux et nièces plutôt, parce que il y avait un échange avec la famille du Gers, les enfants de mon frère et de ma soeur venaient passer des vacances chez nous et les nôtres allaient là-bas, et mes neveux et nièces qui sont... qu'étaient en adoration aussi devant Bernard voilà 147) I: ah même vos neveux et nièces M-P: ah oui oui oui 148) I: et pourquoi

M. Qu, il les considérait toujours, il leur accordait une considération, ils savent le reconnaître les gamins

, I: d'accord mais parce qu'il avait un rapport particulier aux enfants ou, je sais pas

M. , non, il estimait qu'ils méritaient autant d'attention qu'un adulte

, ah c'était pour revenir sur... bah ça coupe un peu désolé, c'était pour revenir sur ses relations, pas qu'avec Michel Debatisse avec les autres syndicalistes, comme Médard Lebot M-P: ah bah il s'entendait très très bien avec Médard Lebot

, I: ouais parce qu'il me semble qu'avec Médard Lebot, il a... c'était au début des années 60, il a mené la grève à Saint-Nazaire je crois

, I: 60 non c'était sûrement pas

M. , bah il me semble que c'était pendant son mandat de député mais après je me trompe peut-être

, I: et est-ce que bah dès les années 50, la fin des années 50, début des années 60, bah il avait cette conception de là de l'alliance entre paysans et ouvriers

M. , je pense que c'était en tous si c'était pas si avancé, c'était au moins en germe, parce que déjà à la JAC, il y avait déjà des relations et des contacts qui étaient établis au niveau national, entre les JEC, les JAC et les JOC, JAC, JOC, jeunesses ouvrières et JEC jeunesses étudiantes donc ils avaient créés le MIJARC à l'époque qui existe peut-être encore j'en sais rien, j'ai pas suivi les évènements là-dessus, ça été longtemps, ça a existé un certain nombre d'années mais je ne sais pas si c'est encore en cours

, I: parce que vous-mêmes, je sais pas si ça existait, mais les JOCF c'est ça ? vous aviez beaucoup de contacts M-P: non c'étaient surtout les grands responsables

, I: et est-ce-que vous aviez des soeurs ou des nièces qui y étaient ? M-P: Non, moi non

, I: et Bernard de son côté non plus ?

M. , Bernard de son côté je sais pas, non je crois pas bah si vous voulez revoir tout ça et vous pouvez me rappeler ça vous fait déjà pas mal de choses avec tous les éléments que vous avez

, I: oui oui bah ouais ça me fait beaucoup de matière oui bah je vous rappellerai dans ce cas-là si j'ai besoin d'autres informations M-P: entendu 159) I: bah merci beaucoup ENTRETIEN AVEC MÉDARD LEBOT, 2018.

, Bernard Lambert, ça été un jeune paysan de Teillé, c'est une commune à une quinzaine de kilomètres de Saint-Mars-du-désert, qu'est ma commune d'origine et d'Ancenis, et à cette époque-là, dans les années, c'était dans les années, attends on a un an d'écart, moi j'avais 18 ans lui 17 et je suis né en 1930 et lui en 1931 et lors d'une réunion de la JAC à Ancenis, le vicaire de sa paroisse, parce qu'il y avait un vicaire dans toutes les communes, l'abbé Guérin il me dit à la fin de la réunion, il m'a dit "il y a un jeune à Teillé qui est plus intéressé par les filles que par la JAC mais ce serait bien qu'il participe" bah je lui dis "écoutez vous l'amenez à la prochaine réunion, I: Déjà comment avez-vous connu Bernard Lambert et dans quelles circonstances ? ML : Et bah

, il s'est engagé à la JAC... et il a été très vite sollicité pour être permanent national de la JAC et il est parti à Paris et de là après il est parti en Algérie comme soldat malheureusement et on s'écrivait régulièrement et... presqu'une lettre par semaine, il m'écrivait de longues lettres et je lui répondais... j'ai conservé une partie seulement de ces lettres, elles sont là et autrement... et puis après il est revenu dans le syndicalisme il était à peine revenu d'Algérie que déjà on lui a confié des responsabilités à la FDSEA de Loire-Atlantique dans la commission des aînés, commission professionnelle parce qu'il n'était pas encore élu local il avait simplement... il devait être adhérent au syndical local mais sans plus quoi... alors depuis on s'est jamais jamais perdu de vue jusqu'à son décès en 1984 et à la fin, les dernières années, c'était plutôt du type anar, il était un peu anarcho avec des cheveux qu'il se faisait couper tous les deux ans ou trois ans, et chaque fois qu'il venait, moi j'étais à la CANA, à la coopérative agricole d'Ancenis comme animateur formateur, on recevait pas mal d'étrangers ou d'économistes pourde la formation et tout et souvent souvent je lui téléphonais et je les emmenais, j'emmenais cette personne chez Bernard Lambert à Teillé, et là dans sa cave, autour d'une bouteille bah il y avait une conversation qui s'engageait pendant quelques heures et là, et même à la fin... on était quelques personnes, peut-être cinq, six, sept, qi l'auraient sortis du fossé si on l'avait vu, tellement il s'était foutu à dos un tas de gars, quelques personnes, tellement il était anar, il était anar... bien que les dernières années avec son ami et voisin Bernard Thareau, il avait, il faisait tout ce qu'il fallait pour que des paysans travailleurs, le mouvement des paysans travailleurs dans lequel il était engagé puisse rejoindre la Confédération Paysanne qui était en formation à ce moment-là. Moi j'ai des souvenirs il est passé de nombreuses fois à la maison, La JAC nous envoyait des thèmes chaque année, on y réfléchissait, on en discutait et il est venu à cette réunion, il s'est exprimé, je lui ai donné la possibilité comme j'animais la réunion euh? qu'il s'exprime tout ce qu'il voulait

, Et ça quand vous vous êtes rencontrés c'était en quelle année ? ML: C'était

.. I:-d'accord, on appelait les Semeurs de France à cette époque-là, c'était les 14-18 ans, il y avait trois niveaux, les 14-18 ans, les adolescents, après les jeunes la JAC 18-vingt vingt et quelques années et puis il y avait les aînés, un peu plus de vingt ans, les aînés étaient mariés ou pas, moi j'étais responsable local des adolescents du pays d'Ancenis, responsable départemental et très vite après responsable régional et quand je l'ai rencontré, j'étais responsable départemental des adolescents et en même temps ce qui me permettait d'être dans l'équipe départementale de la JAC. Donc on s'est suivi, lui il était plus branché sur ce qui était professionnel, économique, politique, et moi c'était plus social, humain, spirituel, Et vous c'était quoi vos responsabilités à la JAC ? ML: A la JAC ?! moi c'était responsable des adolescents parce qu'on était

?. I:-et-la-jac-vous-y-avez-membre-de-quand-À-quand and . Ml:-j'ai-commencé-quand, ans c'est-à-dire en 46-47 jusqu'à 23-24 ans parce que j'étais un permanent national à 22-23 ans et comme j'étais malade en 1953, là j'ai été une année en repos et j'étais encore membre de l'équipe mais je participais pas puisque j'étais au lit et j'avais une visite toutes les semaines ou presque il y avait des responsables qui venaient me voir, dont Michel Debatisse, il a dû venir me voir deux fois à Saint-Mars-du-Désert quand j'étais en repos donc j'ai, pp.16-17

, plutôt militants de la JAC et j'avais un frère prêtre qui était... séminariste et lui aussi très engagé. Il vit toujours actuellement, il a fait pas mal de choses dans le diocèse et alors que lui était d'une famille, c'était plus libertaire quoi, plus ouvert, tout juste si ses parents allaient à la messe mais sans plus quoi... lui c'était irrégulier tandis que moi j'étais plutôt un fidèle, toutes les messes tous les dimanches, on ne manquait rien de la vie paroissiale quoi. Mais on se retrouvait sur l'essentiel, sur les valeurs à développer, et le monde à construire surtout, c'était la période d'après-guerre et aussitôt, on voulait être des acteurs, des constructeurs et Bernard Lambert disait souvent : le Christ est un acteur de la vie et doit être comme lui, un acteur de la vie parce que dans ses Evangiles, on se retrouvait bien dans, Est-ce que vous vous êtes engagés à la JAC pour les mêmes raisons que Bernard Lambert ? ML: Bah c'est-à-dire moi j'étais dans une famille très chrétienne, catho, mes frères, j'avais deux frères aînés qui étaient déjà engagés à la JAC, enfin

, ses frères n'étaient pas engagés, ils n'étaient pas dans la JAC, ils participaient à des réunions, des activités sportives ou des loisirs mais sans plus quoi alors que moi tous mes frères et soeurs, on était à fond dans le mouvement quoi

.. I:-d'accord, mais on avait eu une sensibilité plus proche de ce qu'était le spirituel, la vie de l'Eglise, de l'humain, du social que lui était plus proche, de ce que... de l'économie, la preuve c'est qu'il s'est engagé ensuite dans une coopérative qui s'appelait la SICA-SAVA, l'économie le politique ça le passionnait davantage mais on se complétait bien là-dessus, je peux pas dire que... on a pas eu d'affrontements, le seul affrontement le plus dur qu'on a eu et là malheureusement j'ai pas conservé sa lettre, j'avais dit un moment, c'était à son retour d'Algérie, je lui ai dit tu n'es plus un paysan, t'es absent la moitié du temps, t'es plus paysan, ça l'avait vexé à un point, il m'a fait une lettre de 10 pages pour m'expliquer ce qu'était un paysan, ce qu'il était lui, et on s'est retrouvé, on s'est expliqué, je lui ai dit : faut qu'on se retrouve pour échanger, d'accord, alors on a passé une heure ou deux à échanger et puis on a déchiré sa lettre et on a dit bon bah c'est fini la page est tournée on en parle plus... nan nan je reconnais que... moi j'étais le permanent des paysans parce que j'étais agriculteur alors que lui était, il est souvent parti quoi, il était très peu sur son exploitation, c'était son frère Edouard qui conduisait l'exploitation laitière, mais quelle différence entre vous et Bernard Lambert dans le militantisme au quotidien ? ML: C'est difficile à dire, c'est difficile parce qu'on se complétait tellement

, il y en avaient quelqu'uns qui étaient adhérents comme celui qui était son suppléant, le docteur Ledoze, c'était lui l'adhérent car il était maire et conseiller général... mais comme Bernard était plus proche des socialistes que du MRP, il s'est dit : je vais être un élu politique de gauche, alors c'est un peu comme ça, on lui avait demandé, on avait d'abord demandé à mon frère, Joseph, qui était président départemental des jeunes agriculteurs, qu'était paysan à Nord-sur-Erdre, s'il aurait accepté d'être le candidat parce qu'il était dans la circonscription et Joseph, mon frère a dit : Non-non moi je suis dans le syndicalisme, bon alors, il a dit par contre, si Bernard Lambert veut y aller, moi je le soutiens, on le soutiendra et on va s'organiser pour qu'il soit le candidat et qu'il soit élu si on peut, bon voilà comment ça s'est un peu produit, je me souviens qu'ils étaient en recherche, on avait interrogé le mouvement, je sais plus qui était le responsable départemental, je lui avais demandé s'il acceptait d'être candidat et puis lui il avait même pas tellement besoin qu'on lui demande, il voulait être candidat et je me souviens ce soir-là, il avait dormi à la maison, et le matin vers six-sept heures, très tôt, il se réveille, on dormait dans la même chambre, et il me dit : je vais y aller, ça y est, je me lance, et puis voilà... il a été candidat, et puis très vite, il y a toute une équipe qui s'est constitué, le comité de soutien de la circonscription de Châteaubriant, formés pour la plupart des syndicalistes, des anciens de la JAC, de la JOC, du mouvement, surtout des militants de gauche qui n'étaient pas engagés dans des partis politiques mais qui tous étaient proches du MRP à l'époque, très peu parce que la SFIO, aie aie, c'était pas clair du tout, et puis surtout pas à droite, ça il était pas conservateur, surtout qu'il affrontait André Morice, ancien maire de Nantes, ancien ministre, c'était une autre politique que Bernard développait quoi, Je vais revenir sur son élection comme député en 58. En fait, non seulement il était pas de la circonscription, mais apparemment on est allé le chercher, mais c'est qui qui est allé le chercher ? ML: Bah c'était, je sais plus quel parti politique c'était, c'était le MRP qui plaçait ses candidats et voulait quelqu'un qui soit dans cette orientation sans être adhérent au MRP, et le parti politique n'avait pas de candidat de la circonscription

, de soutien s'est formé ? ML : Voilà, c'est après que le comité de soutien s'est constitué, peut-être que Marie-Paule aurait làdessus des souvenirs plus précis que les miens, c'est que c'est pas hier? ça fait déjà des années. Mais je me souviens quand même des grandes lignes avec René Philippot, et les autres de la circonscription, enfin on avait plaisir à l'entendre et le jour où il a été élu député, ça été la fête, surtout qu'il batte quelqu'un qui n'est pas de la circonscription, qui n'était vraiment adhérent au parti MRP, et qui est élu député avec l'étiquette MRP, centre-gauche disons, parce que la gauche, la SFIO

, comme il avait quand même été responsable syndical, je ne sais plus c'était en quelle année, qu'il a été candidat, en 58, donc il avait déjà des responsabilités syndicales, et il connaissait beaucoup, il était connu, pour son originalité, par de nombreux paysans, et puis à cette époque-là, le monde paysan c'était 25 à 30% des actifs de la population donc il y avait une dominante de paysans et de ruraux. On arrivait autour de 30%, 40% sur certaines communes, et puis il était déjà connu parce que militant syndical, et comme personne ne voulait d'André Morice, il y a eu tout un mouvement qui s'est créé avec le MRP de l'époque, je sais plus qui en était le responsable départempental, mais Le Doze qui était son suppléant, s'était bien engagé pour accompagner ses équipes, était un peu flou, c'était qui en fait ses soutiens ? ML : Oui disons

, grande mémoire, il avait une mémoire assez prodigieuse, il ne vouvoyait personne, il tutoyait tout le monde, quel que soit l'âge, quel que soit la fonction, quelqu'un qui... c'était toujours à tu et à toi... et ça les paysans appréciaient, les syndicalistes appréciaient, Et il les connaissait personnellement les militants lui ? ML : Ah bah oui et puis il avait une très

, avec partout une participation assez forte, c'est dommage qu'il n'est pas resté parce qu'il s'était mis en travers de... c'était qui à l'époque... il s'est mis dans l'opposition et ça n'a pas passé du tout, un autre a été élu, Hunault, qu'était le maire de Chateaubriand. C'était le militant qui expliquait la vie politique et sa vie à lui et les combats qu'il conduisait mais il ne cherchait pas sa réélection, il n'était pas de ces députés, il revenait tous les ans, dans les deux années qu'il a été député, dans la commune expliquer ce qu'il faisait

L. Bault-de-la-morinière-qu'habitait-en-maineet-loire-dans-les and M. , on en a passé des heures après une fois qu'il était député pour voir comment concrètement, qu'est-ce qu'on pouvait faire pour mobiliser les gars, faire qu'il y ait un appui aux valeurs qu'il défendait quoi. Ah ça il était très très présent sur le terrain mais après les élections bah... il était tellement généreux qu'il recevait, en permanence il avait quelqu'un... alors des fois on s'organisait, il me disait tiens je vais recevoir quelqu'un, il me passait un coup de fil, le risque c'est que quand il vient, il reste deux heures quoi... alors il me dit tu me téléphones... tu m'appelles vers telle heure et puis il me répondait "D'accord ok, excusez-moi" et c'était le moyen qu'il foute le camp, l'autre partait et puis il me disait "Bah merci

, I : Et vous, vous étiez à la CANA à ce moment-là ?

, ML : Ah nan nan bah j'étais un syndicaliste, j'étais à la FDSEA mais on se connaissait tellement et on se voyait régulièrement quoi même une fois qu'il a été élu député, on se voyait... je sais pas, j'avais amené, j'avais contribué aussi à amener les responsables départementaux de la FDSEA à le soutenir alors qu'on ne faisait pas de politique mais enfin

, I : Et à un moment je crois qu'il a essayé de fonder un parti avec Debatisse, le Rassemblement Démocratique je crois ?

. Ml-:-oui-;-paris, J. De-la, and &. Acjf, Mendès-France était proche de la SFIO et du parti communiste, il était vraiment de gauche, ah ça passait pas ça et Debatisse n'en voulait pas. Bernard Lambert était à fond derrière Mendès-France, mais pas derrière Rémi Montagne, je me souviens mais ce qui est dommage là aussi, on avait rapporté tout un dossier qu'avait rédigé Marcel Faure, ça a disparu tout ça, il y avait des valeurs dedans, ça aurait pu faire un mouvement, disons c'était les anciens de la JAC

, il y avait pas d'enracinement, c'est-à-dire que les militants dont on faisait partie ne se retrouvaient dans cette formation qui était ni centriste, ni de gauche ni de droite, mais enfin... il y a pas eu de soutien de masse, alors qu'au MRP, il y avait quand même des équipes, qui fonctionnaient, qui se réunissaient, engagées, la SFIO aussi, mais pas dans le monde paysan, c'était un monde plutôt urbain, le PC pareil. Le rural c'était plutôt le MRP, Et pourquoi ça a pas fonctionné ? ML : Il y avait pas d'enracinement

, I : Là je change un peu de sujet, on parle souvent d'"entrisme" de la JAC au CNJA, ouais ça c'est vrai, je veux dire dans le sens

. Ml-:-tout-À-fait, était reconnu comme une force à l'intérieur de la FNSEA dont on partageait pas toutes les orientations parce que la FNSEA était dirigée par les gens du bassin parisien, par la région parisienne, la dominante, les céréaliers... La FNSEA, la FNSEA c'étaient plutôt des dirigeants alors que le CNJA

. Cnja, Alors à tel point que là-dessus, une histoire c'est que Bernard Lambert, lui il voulait une responsabilité nationale, et très vite alors, c'est là... il était pas au CNJA, il était plutôt à la FDSEA de Loire-Atlantique, et il avait vu, obtenu de mon frère, et j'étais intervenu auprès de mon frère qui était président du CDJA, que Bernard soit candidat pour être au comité national du CNJA, alors mon frère a dit "après tout moi j'ai pas l'intention d'être président j'ai pas l'intention d'être candidat, si Bernard Lambert veut, je le connais, un peu vaguement, mais tu le connais mieux que moi si tu penses qu'il peut faire un syndicaliste utile et bien faut y aller, faut le laisser partir", alors mon frère a joué le jeu, il a réuni l'équipe départementale du CDJA dont il était président, pour que Bernard Lambert soit mandaté par le CDJA de Loire-Atlantique pour être candidat au CDJA national et ça a marché, ou la Fédération Régionale, on s'y retrouvait beaucoup

. I-:-et-ouais-bah-du-coup, et il y avait des conflits aussi parfois ? ML : Oui mais j'avais pas tellement en mémoire des conflits parce que les responsables de la JAC de cette époque se retrouvaient tout à fait dans les orientations du CNJA et comme la plupart des responsables des CNJA étaient des anciens de la JAC, j'ai pas mémoire de conflits entre les deux organisations. Là-dessus nan je ne vois pas

, I: C'est un chercheur que je cite dans mon mémoire et il dit bah au début il y avait de l'entrisme et

, est normal mais je sais pas de quelle nature étaient ces conflits, il y en avait sûrement parce que même des responsables de la JAC de la région et avec les responsables du CRJA, bah c'était pas les mêmes organisations, il y avait un mouvement plutôt d'église, et puis l'autre c'était un syndicat professionnel, j'ai pas mémoire, non... après là où ça été sérieux, c'est quand la JAC a disparu pour être remplacé par le MRJC, là c'était différent, parce que ceux qui étaient à la JAC et qui ont quitté la JAC pour créer le MRJC

, I : Ouais alors que la JAC était pas

, Autant on avait une formation spirituelle, humaine, professionnelle, mais politique non. Alors que les jeunes de la JAC qui ont quitté la JAC pour former le MRJC étaient idéologiquement beaucoup plus à gauche et puis même beaucoup plus indépendants par rapport à l'Eglise, à l'Eglise l'institution. Et puis ce n'était plus... la JAC était un mouvement de jeunesse et un mouvement, il y avait du monde quoi... alors que le MRJC était beaucoup plus sélectif beaucoup moins de militants, il y avait pas les mêmes équipes locales que dans la JAC, la JAC, il y avait des militants partout, on diffusait le journal Jeunes Forces Rurales aux militants à l'Action, énormément, et c'était un mouvement de masse alors que le MRJC à mon avis n'était pas un mouvement de masse enfin, ML : Ah nan, la JAC c'était un mouvement qui a formé des jeunes spirituellement, humainement, professionnellement, mais pas politiquement. La JAC n'apportait pas de formation politique parce que la politique, ça divisait, alors on ne faisait pas de réflexions politiques

. I-:-et, c'est pas ce qui rebutait justement Bernard Lambert le fait que la JAC ne se prononçait pas

, Eux ils ont quitté l'ACJF pour se retrouver ailleurs, plutôt dans les mouvements de gauche plutôt que à la JEC, et à la JAC c'est pareil. C'est pas que ça a disparu mais ça s'est effacé, sans disparaître mais ça s'est effacé et puis il faut dire aussi qu'il y avait moins de jeunes, restant en agriculture. A notre époque, tous les jeunes, on était tous pareils, des fils de paysans sortis de l'école à 12 ou 14 ans et on travaillait à la ferme, alors qu'après les jeunes sont allés à l'école jusqu'à 17 ans parfois plus, et étant étudiant, ils n'avaient plus les même besoins, les mêmes aspirations que 10-15-20 ans plus tôt et puis c'est, surtout aujourd'hui, il y a plus de jeunes paysans, c'était des fils de paysans, qui sont étudiants

, C'est autre chose c'est tout à fait autre chose

, I: Et à la JAC il y avait aussi des ruraux, qui voulaient pas devenir paysans

, ML : Ah bah si, il y avait une branche à la JAC qui était la branche des artisans, des jeunes artisans et commerçants, qui n'étaient pas paysans, qui étaient dans le mouvement et ils formaient une branche, il y avait une branche artisans-commerçants enfin ce qu'on veut, et puis une branche de la JAC, des adultes, des semeurs, des adolescents... mais il y avait une branche des artisans qui se retrouvaient à la JAC

J. La, de cette époque-là... enfin c'est comme ça que je me souviens 21) I : Mais une branche servait à quoi dans le fonctionnement ? ML : ça permettait d'avoir une réflexion de la profession, ou de ce que vivaient ces jeunes quoi, les adolescents, c'était une ouverture à la vie, à la société, on apprenait à téléphoner par exemple, à correspondre pour se situer dans la vie, les jeunes dans la JAC, bah c'était plus des réflexions sur la profession, sur l'Eglise, mais surtout sur la profession et les aînés, c'est ceux qui se préparaient pour être agriculteurs demain, et pour quel type d'agriculteur, on ne parlait pas du tout à ce moment-là d'agriculture biologique, Et il y a eu combien de branches en tout ? ML : Je sais plus, il y avait les adolescents, les jeunes, 17-20 et quelques années, 17-20 ans parce qu'il y avait le service militaire, et puis les aînés, et puis les artisans et commerçants, les fils d'artisans, il y avait 4-5 branches, c'est tout

, je sais plus trop dont le président était un de ses voisins Jean Richard de Teillé, et avec un autre, un gars qui a été, le directeur ou l'animateur, comment il s'appelait déjà... ah là là et Bernard Lambert faisait partie de cette équipe parce que leur exploitation, il y avait des vaches... il fallait bien les vendre quelque part mais sans plus. Il était pauvre qu'on organise la coopération animale, parce que je me souviens d'une réunion qui s'était tenue à la fédération dans les années 65-68, avec Bruel, Marcel Bruel et c'était le tout début des coopératives viandes, élevage et viande, parce qu'il y avait des coopératives d'élevage et d'insémination artificielle et ça c'était pour l'insémination artificielle et ça c'était pour l'insémination artificielle pour les animaux, les coopératives laitières, mais les coopératives de viande n'avaient pas et c'est comme ça, la CEVEL s'est organisée après en coopérative, comment ça s'appelait, dont Jean Batard en a pris la présidence, Jean Batard qui est devenu après... qui est un ancien de la JAC, ancien président de la JAC départementale, et il a été président de la Caisse Régionale de Crédit Agricole, et il était dans, dans le syndicalisme il était le secrétaire national de l'élevage bovin, la FNP, la Fédération Nationale Bovine, Est-ce que vous pouvez revenir sur, bah Bernard Lambert a codirigé la CEVEL vous avez dit ? ML : au départ, il a été cofondateur de la CEVEL, qui veut dire coopérative des éleveurs

, Bernard Lambert s'est beaucoup plus penché vers l'aviculture, il a pris son autonomie et il a créé un élevage de volaille, bon je sais plus avec combien de poulets, avec ces poulets-là, ça lui a permis d'être membre et adhérent de la SICA-SAVA de Challans

, I : Ah oui, la CEVEL c'était pour les bovins et la SICA-SAVA c'était pour les volailles

, ML : C'est autre chose, la CEVEL c'était pour les bovins, c'était une initiative qui a pas duré longtemps sous l'appellation CEVEL, c'est passé sous un autre nom qui m'échappe qui a été absorbé rapidement par la CANA

, I : Mais les deux coopératives, CEVEL et SICA-SAVA, ça avait quand même pour objectif d'avoir une auto-distribution ?

, c'était organiser la profession ça veut dire créer des CUMA, des coopératives, s'organiser pour être maître et maîtriser la production le plus loin possible, comme pour le lait, c'était la coopérative la plus ancienne, mais la coopérative viande-avicole, pour aller le plus loin possible et vendre directement au producteur, au magasin, c'était un peu ça le rôle du syndicalisme et là-dessus, Bernard Lambert et bah il était avec d'autres on partageait ces mêmes valeurs, organiser la production syndicalement mais ça ne suffisait, c'était économiquement, faut que la profession s'organise pour commercialiser ce qu'on produisait quoi et lui c'est comme ça qu'il a été amené à présider la SICA-SAVA, comme ça et la CANA aussi il était engagé, il était à la CANA, ML : L'idéal à cette époque-là, c'était la revendication syndicale dans lequel j'étais engagé, c'était former les militants, les adhérents, si on est pas formé bah on peut pas assumer des responsabilités

, I: Et pourquoi lui personnellement il est passé de la production bovine à

, ML : Bah c'est-à-dire que son frère, il avait... probablement plus besoin de lui sur l'exploitation puisqu'il était plus là une fois qu'il était député, bah il avait

, et ça lui disait de créer une élevage avec des poulets et il les commercialisait avec un groupe économique parce qu'actuellement la SICA-SAVA ça a disparu, c'est Doux le grand industriel en Bretagne, qu'existe mais qui est encore en difficulté, qui le relaie quoi, c'était pas évident, la coopération avicole, aïe aïe aïe, c'était léger, c'était pas évident. Les coopératives viande ont mieux tenu lorsqu'elles étaient rattachées à des coopératives comme la CANA qu'étaient des coopératives polyvalentes, des coopératives laitières, qui faisait tout sauf les maraîchers, et sauf l'aviculture et après très vite la CANA, est devenue une coopérative, une section de la CANA qu'était avicole, et la SICA-SAVA, une partie a rejoint la section avicole de la CANA, c'était une époque où il fallait organiser la profession, l'organiser en mutuelle, en crédit agricole, et là vraiment on faisait de l'entrisme dans les caisses de crédit agricole pour que les syndicalistes entrent aux responsabilités au Crédit Agricole, qu'il entre aux responsabilités aux mutuelles, qu'ils créent des CUMA, mais pourquoi il s'est lancé dans l'aviculture, parce que c'était l'époque aussi où il fallait développer les poulaillers, c'était l'époque où on commençait à avoir des poulaillers industriels quoi

, comme en 67 je crois à Redon, on avait rassemblé je sais plus combien de milliers de paysans, et puis quand Gourvennec et Léon avaient été emprisonnés, il y avait eu tout un mouvement important, des manifestations presque dans tous les départements pour les libérer, le jour où ils ont été jugés et libérés. Dans les années 66-67 avec les ouvriers, les organisations ouvrières, CFDT, CGT, Force Ouvrière, la FEN et je me souviens on s'était réunis à Baden dans le Morbihan en 1967 pour réfléchir ensemble sur quel avenir de l'Ouest et on avait dit c'est important que en avril 1968, on organise dans tout le département des manifestations paysansouvriers, des grandes manifs... dans tous les départements, avec une prise de parole dans chaque manifestation, des neuf départements, et ça ça été le lancement de, disons du mouvement 68, il y a des départements comme la Loire-Atlantique, qui a continué à accompagner les ouvriers en grève, et puis d'autres qui n'ont pas continué quoi, il y a ceux qui ont rejoint plutôt la FNSEA, qui voulaient d'un syndicalisme autonome, paysan uniquement paysan et puis d'autres comme la Loire-Atlantique, un petit peu les centres des jeunes agriculteurs et déjà les membres qui se trouvaient paysans-travailleurs ou confédération paysanne, qui disaient qu'il faut se battre avec tous les autres, si on veut que l'Ouest vive, ce n'est pas que les paysans, c'est l'Ouest avec tous ceux qui composent l'Ouest, il y a des manifestations historiques, moi je me souviens d'avoir été en tête des manifestants, Je change un peu de sujet, encore. C'était dans l'Ouest, il y avait pas mal de manifestations dans les années 60, le slogan c'était "l'Ouest veut vivre"... quelle place vous aviez dans ces manifestations ? ML : Il y a eu deux choses, il y a eu les manifestations paysannes

, avait obtenu ça, on voulait que l'Ouest, la Bretagne était quand même, population assez forte et assez nombreuse, et on avait pas les mêmes atouts que la région Rhône-Alpes ou Alsace qu'étaient plus proches de l'Europe, c'était le début de l'Europe, fallait se battre pour qu'on reste à l'Ouest. On a pas mal d'amis qui sont partis... et puis il y avait un service à la FDSEA qu'étaient les migrations rurales, qui devait permettre à ceux qui voulaient partir, agriculteur dans une autre région de France, I : Et pourquoi est-ce qu'il y avait une tonalité régionale en fait ? ML : Parce que l'Ouest, il y avait déjà pas mal d'exode rural, des paysans qui partaient ouvriers, surtout les enfants, et comme il y avait

, ah lalala oui avec tous les syndicats ouvriers, il était très politique à ce niveau-là et puis dans son élection, les syndicalistes ouvriers de la région de Chateaubriand l'ont soutenu à fond, autant que les syndicalistes paysans et il a toujours été très très proche du mouvement ouvrier, plutôt CFDT que CGT, la CGT c'était lié avec le parti communiste à l'époque alors que la CFDT était plus ouverte avec nous, c'était plus facile, FO difficile, très difficile, c'étaient les fonctionnaires, mais la CDT et la FDSEA, la FRESAO au contraire, on allait en confiance quoi, et c'est vrai que la plupart de ces responsables étaient des anciens de la JOC pour la CFDT et les anciens de la JAC pour la FDSEA quoi

, I : Et ouais Bernard Lambert a pris la tête de ces

, il était vraiment le grand responsable, mais il était dans le peloton de tête et puis je me souviens, de réunions aux régionales qu'on avait avec Bernard Lambert, on allait en voitures ensemble, et après il y avait toujours une conférence de presse et aux conférences de presse, il savait présenter aux journalistes, d'une façon vivante, que les journalistes appréciaient beaucoup parce que au moins il y avait des idées et même des choses sur lesquelles on avait tout juste pris position mais il savait le dire et c'était bien expliqué par le journal, ce qui fait, il disait encore "on les a encore baisé les anciens là, ML : Il était dedans, il était dans le peloton de tête disons

, Etat pour soutenir le prix agricole qui donnait un revenu aux paysans, et on avait fait une proposition, de la route parce qu'on a présenté au ministre de l'Agriculture qu'était Edgar Faure une délégation de la région, on était allé à Bruxelles présenter à Raymond Barre, qu'était commissaire européen, il avait dit bah après tout il y avait des idées dans ce projet, et puis il se trouve qu'on a présenté ça, et la FNSEA n'a pas voulu et au congrès de la FNSEA à Lyon en 69, Bernard Lambert avait présenté, soutenu par Bernard Lambert et toute une équipe notre projet, qu'a été mis en minorité, et là Bernard Lambert avait été, administrateur de la FNSEA il n'a pas été élu, à ce moment-là, c'était le bassin parisien surtout et c'est là que en 69 dans la foulée de 68, la FNSEA a vraiment franchi le cap à droite, et la confédération paysanne est née à cette époque-là et en Loire-Atlantique, on a même constaté, Et 68 ça été vraiment le point de convergence ? ML : Ah bah oui, c'est sûr que ça été, les paysans n'en ont pas été présents, ou très mal, je me souviens on avait préparé, et là-dessus dans le dossier que je te remets, Bernard Lambert avait rédigé, on avait proposé une autre politique agricole, une politique qui apportait un revenu aux agriculteurs, aux agriculteurs organisés, on voulait l'organisation dans tous les secteurs de la profession et avec un engagement de l

I. Frseao, ?. Ouest-veut-vivre, and . Ml, Tout à fait et là-dessus on se retrouvait tout à fait avec les syndicalistes ouvriers pour porter une action de l'Ouest veut vivre en avril 68, et il y a eu un militant de Loire-Atlantique, CFDT, qui vient d'écrire un livre, qui l'a présenté il y a un peu plus d'un mois ou deux, à Nantes, sur toute l'action de Loire-Atlantique sur l'Ouest veut vivre et il a dit que le démarrage de l'action pour la

, il y avait pas de problème on a toujours été très lié avec les Thareau, c'était un peu la famille, je n'ai pas mémoire d'avoir eu des affrontements avec Bernard Thareau, à tel point que quand il a été élu député, et que moi j'ai pris ma retraire, je suis parti en retraite à 56 ans, c'était l'époque du FNE, c'est-à-dire que si quelqu'un prenait sa retraite, il y avait un remplaçant, alors à la CANA, on était une cinquantaine concernée, Et vos c'était quoi vos relations avec Michel Debatisse et Bernard Thareau ? ML : Et bah Bernard Thareau

, être son organisateur local, parce qu'il avait en permanence des délégations des autres pays, j'étais le chauffeur, j'allais chercher les gens à l'aéroport, j'organisais les réunions locales, et avec Bernard on a mené une action à tel point que ces dernières années où il avait... j'allais le voir, je m'arrangeais pour aller le voir une fois par semaine, à la Roussière parce que c'était pas loin, 12 kilomètres d'Ancenis, et à chaque coup, il fumait et puis il buvait bien, et là du coup je me suis trouvé un peu libre et Bernard Thareau était député européen alors il m'a demandé d

.. , quand il a été élu député, il avait loué, à Paris, une location au deux ou troisième étage, c'est moi qui avait emmené tout ce matériel, j'avais loué un camion à la CANA et on avait chargé tout ça et puis on l'avait installé et puis dans ce bureau faut dire, parce que déjà Jospin avait un peu pensé à lui, ou même Rocard, pour être secrétaire d'Etat à l'agriculture à défaut d'être ministre quoi et ce soir-là, un jour il avait réuni dans cette maison tous ses amis politiques, Jospin, Rocard, Fabius et compagnie, et il y avait... qui l'avait emmené de la CANA, et ce soir-là il était un peu dérangé, ce qui fait que pour Jospin, terminé, il a dit non, quelqu'un qui n'est pas totalement maître lui, ne peut pas être ministre, Bernard bah il se rendait pas compte, il était tellement généreux, du whisky et puis deux verres, fallait jamais partir avec un verre, heureusement qu'il y avait pas de contrôle sur la route, on aurait pas passé, et puis il avait tendance, je l'ai aidé à déménager

?. I-:-c'était-en-quelle-année,-c'était-quand-jospin-Était-premier-ministre and . Ml, Oui c'est ça, c'était à cette époque, lui était député européen, et Jospin premier ministre, enfin c'était la grande époque de la gauche française au pouvoir. Alors là-dessus, alors qu'avec Debatisse je n'ai pas eu de relations. Au CNJA, quand il était au CNJA, il m'est arrivé de le rencontrer

F. I:-la-fnsea-voulait-pas-entendre-parler-de-la and . Ml-:-bah-ne-voulait-pas, Debatisse ne voulait d'actions organisées syndicalement, nous, c'était important, alors le jour où Debatisse n'a plus été président de la FNSEA, qu'il a été président de sa coopérative, coopérative de Louverne, il a été le président. Moi j'étais à la CANA à ce moment-là, bah on se retrouvait comme des frères, parce qu'on a quand même été au secrétariat national de la JAC ensemble. C'est lui qui était secrétaire général de la JAC quand j'étais permanent. Il nous faisait bosser, oh il nous faisait bosser. Je me souviens un jour j'avais fait un article parce qu'on se partageait le boulot, et il déchire

I. Bernard, Lambert il s'est engagé au PSU au milieu des années 60 je crois ? ML : Il a dû s'engager au PSU dans la lignée de Rocard

, Bernard a écrit son livre Les Paysans dans la lutte des classes, c'étaient dans les années 69 je crois bien, je me souviens très bien qu'Henri Nallet et Michel Gervais, on devait relire son livre, et il y a qui voulaient modifier, ces gars-là disaient "nan laissez c'est Bernard qui l'a écrit, c'est la plume d'un paysan faut rien modifier" parce qu'il y a des choses qui leur convenaient pas trop dans le livre quoi et Michel Rocard c'est lui qui avait préfacé son livre, il avait demandé à préfacer, Ah oui il connaissait déjà Rocard ? ML : Ah bah très bien

, Bernard s'est très vite engagé, à tel point qu'il se voyait parfois le premier secrétaire du PSU, oh plusieurs fois il m'a dit "il a toujours eu de l'ambition hein" (intervention de son épouse), il y avait autant de courants de pensées qu'il y avait de militants. Bernard Lambert voulait "je représente les paysans, les jeunes

?. I:-et-le-psu-Était-pas-très-implanté-dans-l'ouest and . Ml, Non non c'était un mouvement de... moi j'ai pas adhéré au PSU, j'ai pas adhéré mais j'étais tout à fait dans l'orientation. Aucun problème on se retrouvait tout à fait, les valeurs exprimées dans le PSU, j'avais des lectures

, I: Je voulais savoir aussi par rapport à son... rapport à la religion, je trouvais qu'il était intermittent, des fois il revendiquait son héritage catholique et des fois

E. Fdsea, Alors il m'a dit "on demande un rdv et on va les voir" alors on est allé ensemble, une délégation, lui moi, on était trois ou quatre. Il nous avait reçu et Bernard là-dessus. On explique à ce cardinal qu'il y avait un membre de l'Eglise qui n'allait pas du tout dans le sens des valeurs portés par les mouvements de jeunesse dont on faisait partie, dont on était issus. Alors il nous a écouté et deux mois plus tard De Mouron a été mandaté à Madagascar, il a quitté à la grande surprise de tout le monde. Il l'a déplacé et ça correspond à la démarche qu'on avait fait. Alors Bernard Lambert fallait toujours voir le patron, il est allé plusieurs fois voir aussi le rédacteur en chef du Monde, qui était à l'époque je ne sais plus. Ah mais rien ne l'arrêtait, il a dû rencontrer Jean-Paul Sartre une fois, il allait discuté... parce qu'il lui présentait les paysans, le mouvement des paysans, "on est une force". Il faut pas se cacher. Il dormait pas beaucoup. Il disait, j'ai vu dans les réunions qu'on a fait des fois, parce qu'on faisait des formations ensemble, on a fait plusieurs formations ave Economie et Humanisme, il lui arrivait de lire jusqu'à trois heures la nuit, deux trois heures et lendemain ça y est, le livre il l'a lu, il était en forme la journée. Ce qui fait qu'on a passé de très agréables moments dans les journées de formations, les sessions de formations, notamment avec François-Régis Hutet, qui était dans nos âges, Comment ça s'appelait. Lui n'y était pas non plus, il était assez critique et on a fait une fois avec Bernard Lambert, j'étais étudiant à l'ESA à Angers

X. Il-Était-au-cercle-jean and X. Ml:-le-cercle-jean, Il avait créé un groupe de réflexion et on se réunissait tous les mois, et on invitait des personnalités qui venaient échanger avec nous le soir. C'était plutôt le dimanche. ça me fait penser aussi à autre chose, On avait organisé aussi... on disait "il faut que les gens soient formés, formés idéologiquement et tout", on avait organisé, on était le tandem qui organisait ça, des journées de réflexion

L. Congar and . Père-léger, Un moment on avait dit "on va inviter le pape mais il viendra pas", ça se passait dans une maison de Loire-Atlantique, on passait une journée de réflexion mais de fond, avec ces théologiens-chercheurs. C'était un peu tous les deux qu'on fournissait les programmes, qu'on fournissait les conférenciers. ON voulait ça on le faisait bien et au cercle Jean XXIII. Là c'est pareil, le cercle c'était un groupe de catholiques, de chrétiens, pas forcément pratiquants, Les jésuites les plus en vus dans l

X. I:-vous-Étiez-nombreux-au-cercle-jean and X. Ml:-jean, oh on se retrouvait 20 ou 30, ça dépendait des fois, une bonne vingtaine

X. Le-cercle-jean, on rassemblait des gens un peu de toutes confessions, l'adhésion à des partis politiques, c'était pareil. Parti politique, il y avait des ouvriers, des universitaires, des paysans, on sortait de nos milieux corporatistes, et Bernard Lambert était un anti-corporatiste, alors là on peut vraiment dire anti. C'était la société, c'était le monde en mouvement, I: C'était un peu les principales figures du militantisme chrétien ? ML: Absolument, des militants chrétiens en

I. Qu, il avait quitté le PSU et le cercle Jean XXIII en 72, mais il y avait une rupture à ce moment-là ?

, ML: C'est l'année où j'ai quitté le syndicalisme pour passer à la CANA, ça tanguait pas mal, il y a pas mal de choses qui se sont séparées. Et puis des gars comme René Bourrigaud ont contribué à faire éclater tout ça, parce que c'était pas assez à gauche

, I:Parce que même Marie-Paule m'a dit qu'il avait arrêté de pratiquer en 72

, parce que moi j'avais quitté le syndicalisme. J'avais été dans ce groupe de réflexion autour d'Economie et Humanisme, c'était fini, et puis on est venu habiter Ancenis, avant j'habitais Nord-sur-Erdre. C'est vrai la période 71-72, il y a eu comme un éclatement. Lui a quitté l'Eglise, le PSU et puis moi j'ai quitté la FDSEA, la FRSEAO et tout ça quoi. On a mené des actions

, Marie-Paule c'est pareils, non il se retrouvaient pas. Moi j'ai continué parce que j'ai une femme qui est très croyante, comme elle animait des messes, maintenant, quand elle est demandée, des sépulture ("je lâche, je lâche, je lâche, je suis fatiguée" intervention de son épouse), Et lui par contre vous vous avez continué de pratiquer ? ML: ah bah lui

, Non ce n'est pas une corvée de pratiquer surtout quand je me retrouve avec des prêtres que j'aime bien

, Ah on a eu des moments très très forts. Ensemble, qui c'est qu'on avait reçu déjà. Henri Nallet, c'était le ministre de l'Agriculture, alors Bernard Lambert était toujours de la rencontre quand on recevait quelqu'un, il venait, et chez lui c'est pareil, il y avait souvent quelqu'un des rencontres à Teillé dans leur maison, on y était souvent. On avait plaisir à se retrouver et à partager nos convictions, avec les gens qi passaient par là, Ah parce que je sais plus où j'ai vu ça, mais limite Marie-Paule était plus à gauche que lui... peutêtre sur certains sujets ? ML: Ah c'est pas impossible ! Marie-Paule était une forte personnalité, très aimée et très appréciée

. Marie-paule, ah bah oui bien sûr" intervention de son épouse). C'était qu'il fallait changer la société

, I: Mais justement, tout à l'heure vous disiez qu'il était pas, qu'ils était plus... qu'il était assez politique comme personnalité

, qu'il a été battu bah, quand il a été élu, mais une fois qu'il a été pas élu ah c'est pas pareil, la FDSEA de Loire-Atlantique s'est séparée de la FNSEA, et Bernard Lambert n'était pas étranger à ce mouvement. Il était à un poste économique, président de SICA-SAVA et puis les dernières années, c'était l'anar le plus complet, mais l'anar, tout !! le style, la tenue. Il est toujours resté le même, toujours aussi ouvert, ML: Pour s'engager faut être demandé et puis il était pas demandé

, ses enfants, qu'il devait aller chercher à la gare d'Angers, il a cru pouvoir voir le match jusqu'à la fin et puis après à fond sur la route, puis c'est là qu'il est rentré dans un arbre

, il s'est engagé... mais j'ai pas eu l'occasion de l'accompagner parce que j'étais à ce moment-là, le Larzac, c'était en quelle année, 73 je crois donc je venais d'être embauché à la CANA et je ne pouvais pas me permettre ça. Parce que oh là là? la CANA fallait pas trop s'engager, alors si bien que lui il y est allé, et puis il a eu son succès, il s'est exprimé devant je sais plus combien de milliers de personnes, et puis, "paysans et ouvriers" il avait une phrase, sur Versailles et tout, il avait une phrase que j'ai souvent entendu mais dont je m'en souviens plus, Et je voulais revenir sur le Larzac, il s'est précipité directement ou après ? ML: De lui-même, il est allé parce qu'il a ressenti qu'il y avait des forces syndicales qu'il partageait làbas, et des gars qu'il avait connu au parti politique, député, enfin bref

, I: C'est pas à ce moment-là qu'il a rencontré par hasard José Bové ? ML: Oh si c'est au Larzac qu'ils se sont retrouvés, et puis c'était à peu près les mêmes, les mêmes profils, les mêmes combattants. Des gars qui savaient te faire des discours et puis qui savaient parler aux paysans

, Ouest, il savait qu'il existait, un de ces conférenciers comme il y en avait d'autres mais non on avait pas... j'ai aucune mémoire des relations entre Lambert et Bové... avec Debatisse ça d'accord. Lambert et puis d'autres militants syndicaux, Vous savez quelle relation ils entretenaient, entre eux ? ML: Il en parlait mais sans plus, et puis Bové n'était pas encore tellement connu dans l

, après il était très autogestionnaire, tout à fait autogestionnaire, il souhaitait que les ouvriers, les paysans, enfin, il avait contribué avec Bernard Thareau à ce qu'il y ait des salariés au conseil d'administration de la CANA, il y avait quatre salariés élus, administrateurs de la CANA. Il avait contribué, avec les syndicats, Bernard Thareau, il était pour, tout à fait pour.. ça fait partie des souvenirs haha. ANNEXES : 1-Tableau socio-politique de la circonscription de Châteaubriant, I: Au Larzac, il y avait les ouvriers de Lip aussi ? Il vous en a parlé un peu ?! ML: Sans plus

. Deuxième-partie-:-«-les-années-;-?????????, Les illusions perdues, vol.68, p.82, 1962.

.. .. Introduction????????????????????????, , p.83

, I-Fin d'un statut, début d'une stature???????????????????

, II-Retour aux sources, retour au syndicalisme????????, p.88

, III-L'engagement politique????????????????????????, p.97

, CHAPITRE 4 : Bernard Lambert, figure des « années 68 » dans l'Ouest, 1968.

, I-1968 chez les paysans???????????????????????, p.107

. Ii-l, onde de choc de mai 68 : l'unité syndicale se lézarde???????????, p.116

. Iii-les, Paysans dans la lutte des classes : le petit livre rouge des paysans ?, p.125

, Bernard Lambert : portrait-robot politique, vol.5, 1968.

I. , Lambert : engagement spirituel et engagement temporel???????, p.138

I. Lambert, , p.142

I. Lambert and . .. Leader-de-la-«-nouvelle-gauche-paysanne-»-?, , p.148

T. Gauche,

. I-une, nouvelle forme d'action syndicale??????????????????, p.160

, II-Les succès et les échecs????????????????????????, p.167

, III-La médiation paysanne????????????????????????p, p.177

. ????????, CHAPITRE 7 : Les derniers combats, p.185, 1978.

, II-La réunification syndicale : l'oeuvre inachevée de Bernard Lambert??????p, p.194

. .. Conclusion??????????????????????????, , p.205