, Au cours de mon stage en Service d'Accompagnement Médico-Social pour Adultes Handicapés, je rencontre Madame X, une femme d'une soixantaine d'années souffrant d'une addiction à l'alcool. Son mari est souvent en déplacement pour son travail, elle passe donc beaucoup de temps seule dans sa maison à la campagne

, Je suis assise à côté en tant qu'observatrice. Lors de cet échange, Madame X a la voix qui tremble, une voix serrée qui reflète agacement et tristesse. Les émotions l'envahissent et plusieurs fois

, A la fin du rendez-vous, Madame X se retourne vers moi et, m'adressant la parole pour la première fois, elle m'interroge : « ça ne vous gêne pas d'entendre tout ça ?

, Je la regarde dans les yeux mais aucun mot ne parvient à sortir. Mon absence laisse place à un silence

, La psychomotricienne finit par briser ce silence, me permettant de revenir à moi

, Il n'y a pas de voix sans durée, sans rythme, sans ponctuation ; pas de voix sans silence. P. HANRIT écrit que « les silences ne sont ni des « blancs », ni des « trous », mais deviennent des « pleins ». »[17] Les silences laissent alors place aux questionnements, aux sous-entendus, aux regards. Il donne de la couleur et de la vie à notre voix. Le silence ancre le discours, il est notre ponctuation orale. Il remplit de sens la parole qui le précède. Les silences laissent à la personne qui écoute le temps d'assimiler ce qui vient d'être dit, de se l'approprier et de se le répéter intérieurement, Cette expérience de stage m'a finalement amenée à me questionner sur le son du silence

, Nous pouvons l'observer lors de l'apprentissage de la lecture, le jeune enfant a besoin de lire à haute voix avant de pouvoir faire une lecture silencieuse. Aussi, si nous voulons chanter une chanson, nous avons besoin de d'abord l'entendre intérieurement, Ou lorsqu'un chef d'orchestre entend intérieurement les voix et les instruments. M. MARTENOT parle de « chant intérieur

, Nous pouvons par exemple imaginer un comédien qui arrête de parler pour marquer un arrêt. Comme le fait remarquer J. ABITBOL, ce silence est si puissant qu'il laisse « sans voix, Le silence a un rôle symbolique puisqu'il interpelle

, ne permettant pas à l'interlocuteur d'intérioriser ce qui a été dit et à l'inverse, un silence trop long peut déstabiliser et décrocher notre interlocuteur. D'ailleurs nous pouvons entendre des personnes parler de « silence de mort, Cependant nous devons rester vigilants, un silence trop court, trop fréquent interrompt le rythme et la musicalité du discours

L. Dans-le-silence and . Dans-notre-«-langage-intérieur, est garant de la structuration de notre mémoire auditive mais surtout de notre intériorité

, Avec un peu d'habitude, nous pouvons entendre les sons pulsatifs de notre propre coeur. J. VIGNE [36] écrit que ce son continu invite à la concentration et à la méditation

, Nous pouvons ici faire le son « Om » et laisser sa sonorité se dissoudre dans le silence

, Il ne s'agit pas d'un exercice d'attention mais l'attention même. J. VIGNE commente que lorsque nous nous concentrons sur le silence

, et ajoute que « l'écoute du silence est la véritable clé des sons ; elle ouvre la même porte que la clé des songes : celle du monde intérieur

, Emily Brontë a écrit un poème montrant comment l'expérience du son intérieur

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