, Si l'être humain cherche à se préserver par la violence, il ne devient, en revanche, agressif, que si la seule solution dont il dispose pour exister est celle de la domination

L. , De plus, elle convoquerait la présence d'un autre tandis que la violence, d'un point de vue lexical, l'éloignerait. Si la survie de Gabriel est entendue comme un moyen d'être en relation malgré tout, alors l'agressivité en serait une forme, contrairement à la violence. Or, si nous considérons l'état de survie comme une façon de maintenir son corps actif, alors l'agressivité permettrait de prouver son existence à l'autre et la violence

, Gabriel tapait, jurait, criait et riait. Nous étions là, il me semble, dans le cas d'une domination, il se montrait agressif. Durant cette situation, j'ai eu le sentiment d'être impuissante face à lui. Il affirmait son existence, son libre arbitre, mais il avait aussi, de mon point de vue, menacé notre relation. Ai-je eu la bonne attitude à cet instant ? Qu'attendait-il de moi ? Peut-être s'était-il lui-même senti menacé, p.68

, Pouvait-il associer l'absence de nos rencontres avec les faits réels (maladies saisonnières et vacances scolaires) ou a-t-il pensé qu'il était une nouvelle fois la victime d'une rupture relationnelle ? Ce que je perçois comme étant une agressivité à mon égard était peut-être

. A-première-vue, agressivité et la violence de Gabriel comme des formes de survie, face au manque d'appuis narcissiques et identitaires dû à une carence affective, est totalement confirmée. Mais, d'après le sens des termes « violence » et « agressivité », elle ne l'est que partiellement : l'agressivité n'est pas tout à fait une forme de survie mais une affirmation de sa puissance -et par extension de son existence -tandis que la violence, qui éloigne et détruit l'autre sans avoir l'intention de le tuer

. En, Gabriel porte atteinte à autrui qui, à son tour, est amené à s'affirmer et prouver sa survie face à cette attaque. L'hypothèse qui propose l'existence d'un phénomène de cercle vicieux, entre les attitudes de Gabriel et celles des professionnels, est donc confirmée. Cela influence la façon dont chacun se perçoit et perçoit l'autre. D'un point de vue mythique

, Gabriel et les représentations de mort, ou celui qui révèle

, Cette notion a à voir avec la vie et la mort. Si j'en suis venue à poser une hypothèse sur ce sujet, c'est parce que, de mon point de vue, l'histoire de Gabriel peut être perçue comme des expériences répétées avec la mort : carence affective, séparations répétées, accident de la route et handicap moteur acquis, Le thème de la survie m'a rapidement animée au fil de mes observations et mes diverses lectures

, Du fait que Gabriel a survécuen partie d'un point de vue symbolique -à un accident de la voie publique, il devient un « messager du malheur, p.19, 2019.

O. R. Pour and . Grim, Le voici, lui naguère en-deçà de l'humain, au-dessus de l'humanité », il ne serait donc plus un Homme individus choisissant d'exercer des métiers du soin. Ces derniers, tournés vers la vie, tentent d'un point de vue mythique de ramener tout être sur le champ de l'existence. Peut-être estce là une des conditions de l'exclusion : se battre contre la mort symbolique de tout individu dans la société (l'exclusion), et vis-à-vis de lui-même (retrait social, souffrance). L'enfant handicapé ne doit pas mourir. Mais, comment lui permettre de vivre pleinement ? Voici peutêtre l, « sa survie lui confère les attributs du héros, p.124, 2008.

S. Selon and . Korff-sausse, Pourtant, lors de notre premier face à face, je ne reconnais aucune similitude entre Gabriel et moi. Comment pourrais-je ressembler à cet enfant dont le corps est divisé et dont l'agressivité me fait si peur ? J'ai d'abord cru que les mots de S. Korff-Sausse ne me concernaient pas, que j'étais justement attirée par nos différences. Elle ajoute en 2007 (p.22) que « la ressemblance (?) est beaucoup plus difficilement perceptible. Et tellement plus inquiétante, je vois, à travers l'enfant handicapé une partie de moimême : « son étrangeté révèle, comme dans un miroir brisé, notre propre étrangeté que nous voulons ignorer, 1996.

, 27) précise ainsi que « la figure du monstre nous intéresse ici dans sa formidable capacité à révéler ce qui, chez l'autre, à l'épreuve de l'infirmité et du handicap, reste caché dans ses pensées, son discours et ses Nous voyons chacun le monde selon notre propre référentiel. Cette démarche de réflexion, selon la personne qui l'entreprend, pourrait donc avoir un autre caractère que celui que je vous présente ici. Ce présent travail m'a amenée à élargir les frontières de mes connaissances et « tirer le fil » de ma pensée, Gabriel, j'ai en effet remis mon point de vue en question lorsque je me suis intéressée à ses difficultés à communiquer et à entrer en relation, 2008.

, Au cours de mon élaboration et des échanges que j'ai pu avoir avec certains professionnels, mon travail a tantôt dérouté

J. Pourtant, . Ne-m'attendais-pas-À-ce, and . Qu, Quelques instants plus tard, ma maître de stage me dit : « je le regardais et j'ai compris ce que tu voulais dire : dans cette position, on ne voyait plus son handicap, il était comme un enfant ordinaire. Il y avait une certaine harmonie

, L'hypothèse concernant les effets d'une approche psychomotrice sur l'expressivité du geste en utilisant le toucher thérapeutique ne peut être ni confirmée, ni infirmée. Mon implication dans ce travail a été limitée dans le temps et la discontinuité des rencontres avec Gabriel ne permet pas de rendre compte

, 37) évoque la notion de contre-transfert corporel. Le professionnel tourne son attention vers le sujet qu'il accompagne et se laisse imprégner de ses émotions et qui n'appartient qu'à lui ». A travers ce présent travail, je réfléchis à la nature expressive de l'agressivité et de la violence, Néanmoins, il semble que les moments que nous avons partagés se soient, au fur et à mesure du temps, 2015.

, Un phénomène de boucle, un cercle vicieux, semble à l'oeuvre, impliquant ce jeune garçon et son environnement dans un rapport particulier, tissé autour de l'agressivité, de la violence et des représentations de mort. Pourtant, au fil des semaines et de façon générale, j'observe une amélioration du comportement de Gabriel : les épisodes agressifs et violents sont moins fréquents et moins intenses. Pour les professionnels de l'IEM, les jeunes et moi-même, cette évolution nous permet de nous sentir plus à l'aise et moins menacés dans la relation à cet enfant, il me semble avoir observé que les difficultés de Gabriel

, Nous le considérons moins comme une créature imprévisible et menaçante mais comme quelqu'un de vivant, qui a une vie méritant d'être vécue -quelle vie ne pourrait-elle pas l'être ? Sur quels critères ? Gabriel faisant moins peur, il devient aimable. Nous pouvons le regarder comme un objet d'amour et lui en donner. Peut-être qu'en introduisant de la tendresse dans le cercle vicieux, l'estime que Gabriel a de lui-même tend à augmenter, Gabriel projette quelque chose de moins brutal, moins sauvage, moins effrayant et moins mortifère, pp.1-61, 1995.

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