, Nous allons essayer ici, de mettre au jour ce que peut représenter la figure du monstre à l'aune de son étymologie. Le monstre vient de monere qui signifie «avertir, éclairer, p.152

S. Olivier and R. Grim, Terme du vocabulaire religieux, il désigne un prodige avertissant de la volonté des dieux, vol.153

, Nous retrouvons le potentiel sacré que détient le monstre

. Le-monstre-renvoie-aussi-À-l'idée-d'être and . Montré, Sur ce point, le monstre, par essence, est montré à la vue de tous. Le monstre est celui qui est montré dans les foires lors des « freakshows », sorte de fête foraine où l'on exposait des hommes et des femmes dont le physique était extra-ordinaire. Ce genre d'événement sont mis en scène dans le film de Tood Browning 155

. Le-monstre, Il fascine en même temps qu'il inquiète. « D'une part, il [le monstre] inquiète : la vie est moins sûre d'elle-même qu'on avait pu le penser. D'autre part, il valorise : puisque la vie est capable d'échecs, toutes ses réussites sont des échecs évités, vol.157

R. Olivier, Grim parlera du monstrueux en ces termes : « Si tout ce qui fait peur n'est pas forcément monstrueux, en revanche tout ce qui est monstrueux suscite ce sentiment où se mêle la fascination, y compris avec le « monstre de gentillesse » » 158 . Le monstre, dans toutes ses formes possibles amène ces mêmes deux sentiments. Nous faisons l'hypothèse que ce double ressenti provient d'une inquiétante étrangeté que la rencontre avec la figure monstre donnerait à vivre. L'inquiétante étrangeté est un concept développé par Sigmund Freud 159 , qui en allemand se lit « Unheimlich

, Définition du mot monstre sur le CNRTL

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, Définition du mot monstration selon le Laurousse

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. De-persécutions and . En-particulier-au-xvième-et-xviième-siècle-188, Notons qu'à cette époque, sorcellerie et folie était amalgamées. Selon Michel Caire « Le guide des inquisiteurs, le Malleus Maleficarum, ou Marteau des sorcières, utilisé à partir de 1487, affirme l'identité commune de la sorcellerie, vol.189

, les sorcières se retrouvent la nuit, et invoquent des démons pour partager avec eux des orgies. Il s'agit d'accouplements zoophiles, de cannibalisme, d'apparition de figure humaine mêlée à des démons, Les gravures de Claude Gillot représentent aussi bien les fêtes de Bacchus 190 que les Sabbats

, Sur ce point, nous renvoyons vers le site Michel Caire, professeur à l'École Pratique des Hautes Études, qui retrace sur là page indiquée un bref historique de l'histoire de la psychiatrie

M. Caire, « Eléments chronologiques de l'histoire de la psychiatrie française

. Autre-nom-que-porte-dionysos,

C. Gillot, XqK1-WgzZPZ Sur cette gravure de Claude Gillot est représentée une fête de Bacchus. Il ne s'agit pas de Sabbat à proprement parlé, on y retrouve cependant de nombreuses correspondances, Les bacchanales ou Les quatre festes

, Juste au dessus de la masse se trouve une monture, aux pattes décharnées, où n'apparaissent plus que les os. Dans cet état, la monture semble rassembler en elle vie et mort. Plus haut encore sur la gravure, une femme vole en tenant un bâton, accompagnée d'un enfant, elle a de nombreux attributs de la sorcière dans sa représentation classique. Lorsqu'on porte le regard sous le bras de l'enfant qui accompagne la sorcière

, En bas à droite de la gravure, nous remarquons des fémurs, nous faisons l'hypothèse que cette image renvoie à un festin, peutêtre cannibal. La présence de la lune signifie que la scène se déroule la nuit

, Une figure hybride siège au centre de l'image. Dans le premier cas, il s'agirait de Bacchus, dans le La notion de norme m'a questionné tout au long de mes études en psychomotricité. J'ai songé à faire mon mémoire sur ce sujet avant même de rencontrer ma clinique en pédopsychiatrie, Cette autre gravure de Claude Gillot ressemble à la première dans sa conformation

, mon envie est restée la même, mais je n'ai pas su relier ce concept directement à ma clinique. J'ai donc décidé d'adopter une démarche heuristique sous les conseils d'un de mes professeurs, c'est-à-dire de découvrir mon sujet à mesure que je l'étudiais. Je suis donc partie de mon ressenti de folie dans le groupe de jeu dramatique que j'ai essayé de déconstruire afin de mieux pouvoir le mettre en mot. Cette recherche m'a mené à considérer les figures du fou et du monstre, pour considérer les notions d'informe et d'illimité. Le lien me paraît maintenant évident que ces figures, que nous avions rassembler comme appartenant à la famille des anormaux 198

, Le mot norme nous vient du latin norma qui signifie proprement « équerre, règle

G. Selon-roland, « La norme, étymologiquement c'est l'équerre, c'est ce qui tombe droit, c'est ce qui rectifie en même en temps. La norme, c'est à la fois

. Le-tracé, Nous voyons très vite que le concept de norme peut rencontrer la figure du monstre et celle du fou par le négatif, en se constituant comme une butée à ces deux figures. Le terme rassemble les notions de mesure (contre la démesure), d'ordre avec avec la règle et la loi (contre le désordre et le chaos), et enfin elle rectifie (donc annule les torsions, ou du moins redresse ce qui est tordu). La norme trace les limites, contre l'illimité et propose une conformation à l'informe par la rectification, Catherine Thibierge, vol.201

. Le, « Norme vient en effet de gnomona, accusatif de gnômôn qui désigne l'aiguille du cadran solaire ou le cadran lui-même » 203 . Ces racines étymologiques renvoient à une puissance de la norme selon Catherine Thibierge

, « La puissance de la norme, c'est encore la puissance de ses fonctions, qui sont aussi bien 198 Cf supra p, p.47

, Définition du mot normes sur le CNRTL

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, Ainsi que son adjectif normal

C. Thierberge, , 2017.

. Op and . Cit, , p.53

, Nous aurions alors tous une monstruosité en nous, elle serait même constitutive de notre singularité. La lecture de ces lignes ne fait que renforcer notre hypothèse que la figure du fou, à la lumière de la théorie freudienne, en tant que sujets singuliers doués d'un inconscient, vol.218

, Il nous semble que c'est face à cette informité universelle et première que se place l'éducation

, identique, la forme idéale à laquelle doit parvenir un être humain, l'enfance apparaît comme un « informe » qui doit prendre forme. » 221 . C'est ainsi que le rôle de l'éducateur fait son entrée, ayant la charge de donner une forme à cet informe que représente l'enfant. Cette mise en forme peut être considérée comme le passage pour l'enfant d'une nature libre et sauvage à la culture, lui permettant de s'élever 222 . D'un autre point de vue, on peut lire le processus d'éducation comme potentiellement brutal.« La monstruosité, c'est l'informe, le brut. Or, traiter le brut ne va pas sans brutalité. Cette brutalité se trouve de deux côtés : du côté de celui qui est à « dégrossir » -ici l'enfant -, et du côté de l'éducateur qui doit discipliner

, Nous prendrons comme exemple le cas de Victor de l'Aveyron 224 , fait historique célèbre qui raconte comment un éducateur a essayé d'enseigner la culture à un enfant sauvage . Un premier plan de lecture des événements présente l'éducation d'un jeune garçon retrouvé dans

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, Jeune garçon retrouvé au début du XIXème siècle dans l'Aveyron, rapidement considéré comme enfant sauvage

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, Sur ce point voir Canguilhem, 1966.

, Nous repensons à l'exposé de Foucault déconstruisant le figure du fou criminel condamné par la justice nouvellement réformée au XIXème siècle, qui a chercher un appui scientifique du côté de la psychiatrie avec l'expertise psychiatrique. Cf supra p

. Le-psychomotricien, en prêtant sa capacité à jouer, va pouvoir venir à la rencontre du patient à travers cet espace, à la fois réel et imaginaire. C'est ce que nous faisons lorsque nous jouons dans le dispositif de jeu dramatique

, Par extension, cet objet peut-être représenté par le thérapeute ou encore le dispositif. Il est indestructible puisqu'il ne s'effondre pas face aux attaques au cadre du patient, il est d'une extrême sensibilité puisqu'il est à l'écoute de ses propres ressentis (pour ce qui concerne le thérapeute) et de ceux du patient, il peut prendre la forme qu'il souhaite, se trouve toujours disponible (créant par la même une sécurité affective pour le patient) et enfin a une vie propre, la présence du patient n'est pas nécessaire à sa vie, ce qui conjure d'éventuels sentiments de toute puissance de la part de celui-ci. Nous faisons l'hypothèse que par le jeu, le psychomotricien peut venir rejoindre le patient dans un espace informe en perpétuelle transformation, et découvrir avec lui, différentes formes possibles à adopter. Ce processus n'est pas à sens unique, du psychomotricien vers le patient, il va aussi à l'inverse, puisque nous sommes transformés au contact du patient, il nous enrichit au moins autant que nous essayons de lui proposer de nouvelles expériences. Le dispositif de jeu nous semble alors un espace de co-construction, en perpétuel mouvement, où l'informe et l'illimité peuvent se rejoindre dans un espace d'entre deux, entre réel et imaginaire. Dans ce dispositif, il ne s'agit pas d'attendre un résultat idéal ou de comparer le patient par rapport à une moyenne. Nous pensons que dans la créativité, et reprise par René Roussillon 265 peut nous permettre de comprendre en quoi le dispositif de jeu dramatique sert à l'espace transitionnel. Le médium malléable représente un objet à différentes caractéristiques : indestructibilité, extrême sensibilité, indéfinie transformation, inconditionnelle disponibilité et vie propre, vol.266

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. Qu, ni à la lecture, ni à penser. J'ai peut-être moi-même fais preuve de démesure en voulant m'attaquer à des sujets aussi vastes. J'ai fais le choix de traiter la figure du fou, celle du monstre et la norme puisqu'il m'a semblé que toutes trois entretenaient des liens forts. Ne pas traiter l'une, c'était appauvrir les deux autres, ne pas faire l'effort mettre au jour leurs liens, c'était renoncer à la complexité. De ce choix résulte une forme imparfaite, parfois peut-être indigeste, mais elle fait état d'une recherche authentique et sincère. C'est une leçon d'humilité que je retiendrai de ce mémoire, Dans un premier temps que le sujet abordé n'est pas simple, ni à l'écriture

, C'est toujours de la forme dont il est question, celle de mon texte, de ma pensée

, Il me semble que cette exploration a pu éclore dans les TD, sous le regard précieux et toujours bienveillant des professeurs riches d'enseignement et d'humanité, au sein d'inconnus devenus depuis amis, commençant dans le mouvement timide des premiers jours pour finir dans la danse joyeuse, débridée et vitale des derniers instants où nous avons pu être réunis. Enfin, mon exploration a pu s'épanouir, parfois se heurter, dans la réalité, dans la clinique, toujours entouré de maîtres de stage à l'écoute, attentifs et formateurs, qui pour beaucoup m'ont fait l'honneur de m'accorder leur confiance et de me laisser explorer tout en restants présents, ni trop près, ni trop loin, dans une juste et belle distance relationnelle. C'est sur ce terrain que j'ai pu explorer de nouveaux mondes, qui appartenaient hier aux autres, souvent oubliés et préjugés, dans lequel aujourd'hui j'espère pouvoir m'inscrire pleinement. Celui de la prise en soin, de la relation, Cette formation m'a permis de rencontrer des mondes qui m'étaient inconnus, à commencer par le mien. J'ai pu explorer mon monde interne durant de ces trois années, au gré des quelques cours d'amphithéâtre où le silence a pu régner en maître, vol.40, pp.29-43, 1841.

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