L’hyperkaliémie est un trouble électrolytique fréquent aux urgences et peut être responsable de troubles sévères du rythme cardiaque, ce qui fait de son diagnostic et de sa prise en charge une urgence médicale.
Dans cette étude, nous avons réussi à mettre en évidence un lien statistiquement significatif entre l’apparition de signes électrocardiographiques et un taux croissant de kaliémie, et plus particulièrement lorsque celle-ci dépasse 6,5 mmol/L. Au-delà de cette valeur de kaliémie le risque d’avoir un électrocardiogramme (ECG) avec des signes menaçants est multiplié par trois, avec notamment les motifs « malaise et syndrome coronarien aigu (SCA) » multipliant ce risque par environ 30, mais également qu’une élévation de 1 mmol/L de la kaliémie augmente également ce risque par quasiment trois. Comme d’autres travaux avant le nôtre ont pu le montrer, les signes discriminants d’hyperkaliémie les plus fréquemment rencontrés étaient l’onde T pointue et l’élargissement du QRS et par ailleurs, 71% des patients de notre échantillon présentaient un ECG normal. Certaines études ont même retrouvé jusqu’à 20% de leur échantillon diagnostiqué en asystolie ou en dissociation électromécanique, alertant sur le fait qu’un nombre de patients non négligeable est diagnostiqué en état d’arrêt cardio-respiratoire et que des patients ne présentant pas d’anomalie sur leur tracé au moment de la prise en charge initiale peuvent tout de même évoluer rapidement vers l’arrêt cardio-respiratoire. Bien que les complications rythmiques et hémodynamiques soient souvent précédées de signes d’alerte électrocardiographiques, il faut cependant rester vigilant devant l’absence de trouble sur l’ECG du fait notamment de l’absence de spécificité d’une hyperkaliémie sévère sur le retentissement électrocardiographique mais également sur la survenue d’une complication ultérieure pouvant mettre en jeu le pronostic vital des patients.
Devant ces résultats et les recommandations actuelles de prise en charge de l’hyperkaliémie, des études de cohorte multicentriques pourraient être une perspective de travail intéressante afin de guider les praticiens vers une approche « personnalisée » de l’hyperkaliémie.