Évolution des comportements alimentaires des français et de leurs ancêtres de la préhistoire à nos jours, revue de la littérature historique
Résumé
Depuis les origines, la recherche de nourriture a été une des préoccupations essentielles de l’espèce humaine. Au cours de l’histoire l’homme a plus souvent été confronté au manque de nourriture qu’à son abondance. Depuis la seconde moitié du XXème siècle l’abondance alimentaire s’est installée en France ; pourtant, malnutrition, inégalités et anxiétés alimentaires persistent, comme en témoigne l’épidémie actuelle d’obésité. Cette thèse propose de décrire l’évolution des comportements alimentaires des français et de leurs ancêtres au cours de l’histoire pour tenter d’identifier certaines difficultés alimentaires présentées par les personnes en surpoids ou en situation d’obésité afin d’améliorer leur accompagnement en médecine générale.
Méthode : revue de la littérature descriptive historique.
Résultats : depuis l’apparition des hommes sur terre, leurs régimes alimentaires dépendent des ressources alimentaires disponibles dans leur biotope soumis aux conditions climatiques et aux épidémies. Ils dépendent également des innovations et techniques humaines acquises au cours de l’histoire mais aussi, et surtout, des règles, des mythes et croyances, c’est-à-dire des constructions culturelles, instaurées par les communautés humaines (relevant par exemple de l’économie, la politique, la religion, la morale sociale, la médecine…). Les pratiques alimentaires sont également très différenciées selon : l’âge, le sexe et la classe sociale. Les inégalités sociales en matière d’alimentation, plus ou moins marquées selon les époques, font de l’alimentation un puissant marqueur social. La culture alimentaire est un moyen d’identification et d’intégration à un groupe social et de distinction par rapport à un autre groupe. Les représentations sociales et collectives en matière d’alimentation, de santé et de corpulence désirable expliquent aussi en grande partie les comportements alimentaires. Si les cultures alimentaires sont variables d’un territoire à l’autre, elles le sont aussi dans le temps car elles s’influencent mutuellement.
Les grandes mutations socio-économiques que nous connaissons depuis un peu plus d’un siècle, liées notamment à l’essor des transports, aux révolutions industrielle, agricole, scientifique et numérique, ont bouleversé nos modes de vie et comportements alimentaires et contribué à l’augmentation de notre espérance de vie. Aujourd’hui la modernité alimentaire en France est caractérisée par une alimentation surabondante, industrialisée, délocalisée, scientifisée, médicalisée et plus individualisée. Notre environnement actuel favorise la survenue du surpoids, de l’obésité et autres maladies nutritionnelles (maladies cardio-vasculaires, diabète, certains cancers…) et paradoxalement la minceur extrême est prônée et érigée en norme d’excellence entrainant le phénomène de grossophobie.
Conclusion : l’alimentation, nécessité biologique pour l’être humain, est aussi une source essentielle de plaisir et de socialité. S’il est important de poursuivre les efforts nutritionnels (c’est à dire en terme d’alimentation et d’activité physique), l’amélioration de l’accompagnement des personnes en surpoids ou en situation d’obésité peut aussi être approchée en recherchant un bien-être global de la personne, en respectant les différences culturelles alimentaires, en valorisant la personne, la sensorialité et le plaisir alimentaire, la cuisine et la commensalité ; ainsi qu’en poursuivant la lutte contre la sédentarité, la grossophobie, l’isolement social, l’exposition aux publicités et la pression des modèles esthétiques de minceur.