Résumé : Introduction : le coup de chaleur d’exercice (CCE) est l’entité la plus grave des pathologies liées à la chaleur pouvant se produire lors d’efforts physiques en situation de contrainte environnementale et notamment en compétition. Malgré des progrès majeurs dans la compréhension de la physiopathologie du CCE, les connaissances actuelles semblent insuffisantes pour restreindre sa description à un syndrome purement physiologique.
Population et méthode : dans ce travail, nous proposons un modèle psycho-cognitif du CCE et amorçons sa validation expérimentale au moyen de données psychométrique. Nous faisons l’hypothèse que le CCE pourrait résulter d’un déséquilibre de la balance entre les coûts (ex : la fatigue, la déshydratation, ...) et les bénéfices (ex : la victoire, le plaisir, …) associés à l’effort physique. Plus précisément, nous faisons l’hypothèse que la surestimation des bénéfices, comme conséquence d’un excès de motivation à réussir et/ou la sous-estimation des coûts qui pourrait résulter d’un niveau de conscience corporelle intéroceptive bas pourraient amener les individus à poursuivre un effort physique malgré la présence de symptômes (hyperthermie ou tachypnée par exemple) évocateurs de CCE.
Résultats : nos données expérimentales, recueillies au moyen d’auto-questionnaires, montrent que les sujets avec un antécédent de CCE (cas, n=51) ont un niveau de conscience corporelle intéroceptive plus bas que les sujets sains (témoins, n=43) mais ne diffèrent pas en termes de motivation (trait de motivation générale). De plus, les cas présentent un trait mindfulness moins développé comparés aux témoins.
Conclusion : ce travail pose les bases théoriques et fournit des données préliminaires pour un modèle psycho-cognitif du coup de chaleur d’exercice. Nos résultats suggèrent que des mesures psycho-cognitives relativement simples (auto-questionnaires) pourraient présenter un intérêt dans l’identification des facteurs de risque intrinsèques du CCE. L’approche psycho-cognitive du CCE pourrait potentiellement conduire à de nouvelles stratégies de prévention.