Objectifs : Notre étude est une étude longitudinale rétrospective ayant pour objectif d'analyser l'évolution des anomalies intercritiques paroxystiques lors du passage de l'enfance à l'âge adulte dans les épilepsies focales non idiopathiques. Les objectifs secondaires reposaient sur l'analyse de l'évolution des anomalies lentes lors de cette transition, l'évolution du type d'anomalies paroxystiques et de la réponse aux manœuvres de sensibilisation. Matériel et méthode : À partir du système informatique hospitalier du CHU d'Amiens, nous avons cherché à identifier, dans la période donnée de 2004 à 2021, les patients ayant réalisé au moins un EEG dans le service des Explorations fonctionnelle du Système Nerveux pédiatriques après l'âge de 6 ans et un EEG dans le service de neurophysiologie clinique adulte à un intervalle supérieur ou égal à 5 ans. Ces patients devaient avoir comme diagnostic actuel une épilepsie focale non idiopathique active. Chaque tracé électroencéphalographique a été analysé en utilisant la classification standardisée internationale SCORE en recueillant le type d'anomalie paroxystique, sa distribution temporelle et spatiale. Le critère de jugement principal portait sur le nombre d'électrodes enregistrant les anomalies paroxystiques chez l'enfant et à l'âge adulte. Les critères secondaires principaux reposaient sur l'évolution de la localisation des anomalies paroxystiques, l'évolution des anomalies lentes, du type d'anomalies et de la sensibilité aux différentes manœuvres. Résultats : Trente-trois patients ont été identifiés. La diffusion spatiale des anomalies paroxystiques n'était pas statistiquement différente entre l'enfant et l'âge adulte. En revanche, dans la moitié des cas, leur localisation différait entre l'enfant et l'adulte. Les anomalies paroxystiques restaient majoritairement stables dans leur aspect. Elles étaient significativement plus activées à la manœuvre d'hyperpnée chez les adultes. Conclusion : Ce travail est le premier à s'intéresser à l'évolution des anomalies intercritiques chez un même patient enfant puis adulte. Nous avons montré ici une stabilité de la diffusion spatiale des anomalies intercritiques dans une population pédiatrique de plus de 6 ans. En revanche, la localisation des anomalies paroxystiques évoluait avec l'âge chez un patient sur 2. Ces données nous incitent à savoir remettre en question la localisation de la zone épileptogène lorsque celle-ci a été localisée à partir des anomalies intercritiques d'un EEG standard.