État des lieux des connaissances des médecins généralistes sur la pilule contraceptive
Résumé
Introduction : la contraception est le 15ème motif de consultation en médecine générale, classement qui a propension à augmenter avec la diminution du nombre de gynécologues en France. Parallèlement, la connaissance des effets secondaires et des sur risques de la pilule se précise : les sur risques cardiovasculaires, thromboemboliques et carcinologiques sont à rechercher systématiquement, tout comme les effets indésirables rapportés par la patiente qui sont sources de mauvaise observance. Le rôle croissant des généralistes dans la mise en place et le suivi d’une contraception amène à se poser la question de leurs connaissances sur ce sujet.
Tout en suivant les recommandations de bonnes pratiques, les patientes reçoivent-elles une pilule adaptée à leurs symptômes ainsi qu’une une information claire en cas d’oubli de pilule ?
L’objectif de l’étude était dans un premier temps d’évaluer les connaissances des médecins généralistes sur la contraception orale grâce à un questionnaire retraçant par item l’initiation et le suivi de cette prise en charge. Dans un second temps, nous avons cherché à connaître quelle population de médecins était la plus en difficulté dans ce domaine.
Matériels et Méthodes : en février 2022, un questionnaire d’une trentaine de questions a été envoyé par mail à plus de 33 500 médecins généralistes dans toute la France. La diffusion nationale fut possible par le biais du journal Preuves et Pratiques. Le questionnaire comportait 7 items retraçant l’initiation et le suivi de la prescription d’une pilule, ainsi qu’une partie sur les données démographiques du médecin répondant. Les réponses étaient traduites par score de réussite pour chaque item. Le recueil s’est fait sur 1 mois, et de façon anonyme. Pour évaluer la significativité des résultats, nous avons utilisé des tests de Fisher et de Kruskal-Wallis.
Résultats : nous avons obtenu 469 réponses, dont 374 femmes (80,2%). Les hommes étaient plus âgés que les femmes (p<0,001), et faisaient moins de formations théoriques qu’elles (p<0,007). Les questions avec le plus faible score de réussite étaient sur les effets secondaires prouvés (52%), leur prise en charge (61%) et les conseils lors d’un oubli de pilule (51,4%). Sans formation, les hommes et femmes avaient des scores indifférenciés. Une formation théorique permettait une nette amélioration des scores de réussite, notamment sur la prise en charge des effets secondaires et l’information autour de la pilule du lendemain (+6%). Les jeunes médecins avaient un meilleur score global que les médecins plus âgés (p<0,001), mais étaient cependant moins compétents pour prendre en charge des effets secondaires (p=0,03).
Discussion : quoique important, l’échantillon est plus jeune et féminin que la population de médecins généralistes français. Il correspond à la population la plus intéressée par ce sujet : les femmes et les jeunes médecins. Ils sont également les plus compétents, avec tout de même une difficulté des jeunes médecins à prendre en charge les effets secondaires liés à la pilule. Cette idée s’expliquerait par le manque de formation à ce sujet durant l’externat et l’internat. On ne retrouve d’ailleurs aucun effet positif sur le score du fait d’effectuer un stage en service de gynécologie. Cela interroge sur l’intérêt de ce dernier actuellement obligatoire durant l’internat pour la pratique courante en médecine générale. Grâce à la diffusion nationale par le journal, nous avons pu obtenir un important échantillon, et ce malgré un biais de sélection certain.
Dans un second temps, le questionnaire a permis de publier un article dans la revue PREUVES ET PRATIQUES concernant l’initiation et le suivi de la contraception orale, adapté à la médecine générale, avec une attention particulière sur les lacunes du questionnaire.
Conclusion : les lacunes dans la prise en charge de la contraception orale sont importantes, mais également nettement moindres avec une formation théorique en plus. Il est nécessaire d’investir davantage dans la formation sur les effets secondaires et leur prise en charge, adaptée à tous les médecins généralistes, y compris les hommes moins investis dans cette spécialité, ce dès l’internat.
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