Sous l’impulsion de la mise en place de l’espace Schengen, la gestion des flux migratoires, le contrôle des frontières et les accords de réadmissions sont devenus des priorités pour l'Union européenne (UE). Ces thématiques, controversées au sein de l’UE, n’ont pas permis aux États Membres de définir une politique et un cadre réglementaire commun. Entre souverainetés, disparités démographiques, nationalisme et xénophobie, les États membres (EM) ne parviennent pas à définir une politique migratoire et un cadre réglementaire communs. Confronté à la diversité des politiques nationales des États membres en matière de migration, un point d’entente émerge : la délégation de la gestion de la politique migratoire aux pays tiers. Ainsi, forte d’une idée de « partage du fardeau de la migration », l’UE met en place une politique reposant sur des stratégies d'externalisation, renforcées par la coopération avec les pays voisins, émetteur du flux migratoire, pour endiguer les arrivées illégales sur le territoire européen. Ce mémoire plonge au cœur des enjeux migratoires en Méditerranée et se focalise sur le Maroc. Alors que l'UE envisage de faire du Maroc un rempart entre l'Europe et l'Afrique subsaharienne, elle néglige les politiques intérieures et étrangères du Maroc. Le Maroc, loin d’être un simple exécutant de l’agenda politique européen, affirme son statut de partenaire clé. Au fait de sa position géostratégique, le Maroc affirme ses convictions politiques et fait valoir ses intérêts économiques, lors des négociations avec l’UE. Pour une gestion migratoire et une coopération euro-méditerranéenne soutenables dans les prochaines décennies, l'UE ne peut maintenir une politique eurocentrée. Elle doit mettre en place une gouvernance migratoire prenant en compte les intérêts de tous les acteurs impliqués : pays d'origine, de transit, de destination et migrants. En effet, l’externalisation entraîne une violation des droits de ces derniers. Migrants illégaux, légaux et demandeurs d’asile sont traités de manière indifférenciée. L’UE met en place une politique migratoire empêchant tout départ du continent africain vers ses terres, condamnant les candidats à l’exil et les migrants économiques à errer dans une prison à ciel ouvert, le territoire marocain.