Introduction : L'infection par le VIH est devenue une maladie chronique. Le suivi actuel des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) est hospitalo-centré. Des inquiétudes existent quant aux capacités des centres hospitaliers de prise en charge du VIH à poursuivre leur offre de soins. Plusieurs recommandations françaises vont dans le sens d'un suivi partagé entre médecin spécialiste du VIH et médecin généraliste pour les PVVIH stables. L'objectif de ce travail était d'étudier les motivations des médecins généralistes qui suivent plus de 10 PVVIH à réaliser ou non un suivi avancé en ville des PVVIH. Méthode : Une étude qualitative auprès de médecins généralistes ayant dans leur patientèle au moins 10 PVVIH a été menée par entretiens individuels semi-dirigés. L'analyse des données a été réalisée de façon thématique. Résultats : La majorité des médecins généralistes interviewés ne souhaitent pas réaliser un suivi avancé en ville de leurs patients séropositifs. Ils ne se sentent pas en capacité de gérer le suivi avancé des PVVIH par manque de connaissances sur les antirétroviraux. Ils se représentent la consultation de suivi du VIH longue et complexe. Se former sur le VIH n'est pas une priorité et représente un investissement disproportionné car elle reste une maladie peu prévalente dans leur patientèle. Il existe un chevauchement des rôles entres médecin spécialiste du VIH et médecin généraliste. Le médecin spécialiste du VIH gère parfois la PVVIH dans sa globalité en prenant le rôle de coordinateur de soins qui relève plutôt des missions du médecin généraliste, ce qui peut participer au désinvestissement des médecins généralistes dans le suivi du VIH. Conclusion : La mise en place d'un suivi avancé en médecine générale des PVVIH n'est pas souhaitée par les médecins généralistes interviewés en région nantaise. Des médecins généralistes exerçant dans des zones géographiques avec une plus forte prévalence de PVVIH pourraient avoir une vision différente.