Introduction : les Inhibiteurs de la Pompe à Protons (IPP) sont un traitement de choix des pathologies liées à l’acidité gastrique. Prescrits au long cours, ils sont source d’effets indésirables nombreux : malabsorption, infections digestives et respiratoires, ostéoporose et risque fracturaire accru, néphrites interstitielles, démences et troubles neuropsychiatriques, cancers gastriques…Leur prescription est excessive, souvent hors AMM et non recommandée à des posologies inadaptées et sur des durées excessives. Cette « épidémie » de traitement par IPP a des répercussions cliniques mais aussi économiques et écologiques non négligeables. La déprescription des IPP dans ces situations est donc une question de santé publique majeure.Nous nous sommes intéressés à l’impact du travail au quotidien avec les pharmaciens et de l’existence d’un protocole de déprescription des IPP lorsqu’ils ne sont pas indiqués sur le sevrage des IPP à la sortie d’hospitalisation, dans un objectif d’améliorer toujours davantage le bon usage de ces traitements à l’hôpital comme à la ville. Matériels et Méthodes : dans cette étude rétrospective, ont été inclus de novembre 2022 à février 2024, tous les patients hospitalisés dans le service de Médecine Interne- Gériatrie-Post Urgences du Pr VILLANI à l’hôpital de la Timone à Marseille, qui avaient bénéficié d’une conciliation médicamenteuse à l’entrée avec un IPP identifié. Les indications lorsqu’elles ont été retrouvées ont été catégorisées comme « en accord » ou « en désaccord » avec l’AMM ou des recommandations d’experts. Selon l’accord ou non avec ces indications, des recommandations (changement de molécule, arrêt, décroissance, poursuite…) étaient formulées pour la sortie. Les officines contactées initialement étaient rappelées à au moins un mois de la fin d’hospitalisation pour connaître le statut du traitement par IPP vis-à-vis des recommandations formulées à la sortie. Résultats : au total, 223 patients ont été inclus dans l’étude. Seuls 18 d’entre eux présentaient un antécédent digestif pouvant expliquer la prise d’IPP. Aucune indication n’était retrouvée pour 189 patients soit presque 85% des patients. Chez plus d’un tiers des patients, aucun changement thérapeutique n’a été réalisé alors qu’une indication justifiée était retrouvée pour seulement 15% des patients. La collaboration avec les pharmaciens confirme les décisions de sevrage prises par les médecins et peut également améliorer la révision des IPP. Conclusion : notre étude confirme le mésusage des IPP et une réévaluation non systématique de l’indication de cette classe médicamenteuse. La collaboration avec les pharmaciens cliniciens est un atout et une conciliation médicamenteuse à la sortie peut optimiser le sevrage des IPP et une meilleure communication des informations avec la ville. Nous proposons également une sensibilisation des patients et/ou proches à l’importance de limiter l’usage au long cours des IPP grâce à une fiche synthétique pour favoriser un bon usage.