Contexte : L’ anémie gravidique est un problème de santé publique touchant 25% des femmes en France dont la principale étiologie est la carence martiale. C’est un facteur de risque important de morbi-mortalité materno-foetale. Objectif : L’ objectif de l’ étude était de réaliser une évaluation des pratiques professionnelles (EPP) en Martinique sur le dépistage de l’anémie gestationnelle par carence martiale et sur sa prise en charge, et ce, au regard des nouvelles recommandations de la HAS de juillet 2022. Les objectifs secondaires étaient de savoir si les patientes anémiées présentaient plus de complications en per et en post-partum immédiat. Méthodes : Une étude transversale, monocentrique, prospective, observationnelle a été menée auprès de 296 femmes au cours de leur grossesse au sein de la maternité du CHU de Martinique de janvier à avril 2023. Résultats : La prévalence de l’ anémie gravidique s’élevait à 58,44% dans notre population. Le dépistage de l’ anémie était largement fait au premier et deuxième trimestre avec respectivement 87% et 97% de femmes dépistées. Le dépistage de la carence martiale au 6ème mois a été réalisé pour 59% des gestantes dont 66% étaient carencées. La supplémentation chez les anémiées était insuffisante à T1 (46,15%) contrairement à T2 (91 ,60%). Il y a eu très peu de recours au fer IV. Le dépistage en post-partum était insuffisant (20 patientes) et la supplémentation quasi systématique avec 83% de notre échantillon. L’ efficacité des traitements était insuffisante : 84,62% des anémiées à T1 l’ étaient toujours à 6 mois (p<0,001). Les patientes anémiées à 6 mois, avaient plus fréquemment une anémie en pré-partum immédiat que les patientes non anémiées (49,23% vs 17,33% avec p<0,001). Il existait une association significative entre la présence d’une anémie en pré-partum immédiat et la survenue d’une hémorragie de la délivrance (67,57% vs 32,43% p<0,001) et le volume de saignement était significativement plus important dans le groupe anémie en pré-partum : 321 mL vs 211,6 mL (p=0,0074). Nous n’avions pas retrouvé d’association significative pour la prématurité et le petit poids de naissance. Conclusion : Avec une prévalence deux fois plus élevée qu’ en hexagone et de nombreux écarts aux recommandations de PBM de la HAS, l’ adaptation des protocoles locaux semble nécessaire. La prise en charge de l' anémie pourrait également être améliorée sur le plan du suivi et de l’ éducation thérapeutique des patientes. Ces points pourraient faire l' objet d' études ultérieures.