Alors que les soignants en médecine humaine travaillent depuis 20 ans pour traiter de manière systémique les erreurs médicales, ce sujet est encore tabou en médecine vétérinaire. Cette thèse explore pour la première fois en France la réalité des erreurs dans la pratique vétérinaire animaux de compagnie : sur la sécurité des soins, dans le vécu des soignants et pour les structures vétérinaires. Une méthodologie mixte est adoptée pour analyser en profondeur les témoignages de 478 vétérinaires et auxiliaires. Le diagnostic des erreurs perçues au quotidien par les soignants révèle que les erreurs médicamenteuses sont fréquentes mais peu graves. En revanche, les erreurs diagnostiques sont les plus mortelles et celles liées aux actes de reproduction sont les plus létales. La plupart des soignants qui commettent ces erreurs ressentent une forte culpabilité, même lorsqu’elles ne sont pas graves. Certaines erreurs marquent plus que d’autres au long cours. Si l’issue médicale conditionne en partie le vécu, de nombreux autres motifs plus subjectifs comme la réaction des collègues ou des propriétaires l’impactent également. Les soignants, équipes et organisations ont une envie manifeste de s’améliorer par rapport à leurs erreurs, mais les principaux freins rencontrés sont la charge de travail ainsi que l’incapacité à gérer les événements indésirables et leur annonce aux clients. La culture de sécurité est perçue différemment en fonction du statut et du métier. Alors que les patrons ont une vision plus positive que les salariés, les auxiliaires se sentent traités avec moins de maturité que leurs collègues vétérinaires. L’importance du sujet pour la sécurité des soins et la sécurité psychologique des soignants relevée par l’ensemble de ces observations contribue à la prise de conscience collective nécessaire de l’importante de s’intéresser aux erreurs médicales. Cette étude permet donc de suggérer des pistes d’amélioration et peut servir de support pour engager le dialogue au sein des équipes et améliorer la liberté d’expression au profit d’une plus grande sécurité.