Maire de Nevers de 1983 à 1993 tout en ayant largement parcouru les couloirs de Bercy et, durant une plus brève période de temps, de Matignon, Pierre Bérégovoy est une personnalité politique bien connue et qui a durablement marqué les habitants de son département de la Nièvre. Parachuté depuis la Normandie après une carrière d’ouvrier, d’employé puis de cadre, ses expériences professionnelles ainsi que ses origines familiales très modestes constituent un parcours largement qualifié d’hors du commun pour un Premier ministre. Dans la Nièvre, à l’époque fief de François Mitterrand et bastion socialiste, il participe à un développement économique d’envergure bénéficiant des larges moyens qu’il a à sa disposition. Par sa personnalité qui séduit les Nivernais, une forte impression de proximité avec ses administrés se noue, et cet ensemble de facteurs participe à lui donner une immense popularité locale. Son suicide en cours de mandat, le 1er mai 1993, marque durement les esprits et un processus commémoratif d’envergure est perpétué à l’échelle locale, faisant vivre dans les mémoires un souvenir collectif important. À partir d’entretiens, d’articles de presse et d’extraits télévisés depuis les trente années de sa mort, nous examinons ici l’impact qu’a laissé Pierre Bérégovoy dans les mémoires nivernaises, ses raisons et leur poids mémoriel dans le temps, comme cas d’étude d’un puissant héritage politique immédiat.