Ce mémoire étudie l’histoire de la crue centennale de la Seine survenue en 1910, et ses conséquences, à Paris et en banlieue parisienne. Il s’intéresse à la manière dont l’inondation a été perçue, en partant d’un constat : les contemporains ne semblent pas avoir accordé grande importance à cet épisode, qui apparait dans les sources comme bref et limité à une courte « semaine terrible ». À partir d’un dépouillement très large des archives publiques consacrées à cet épisode, trois ensembles documentaires sont rassemblés pour tenter de raconter cette inondation au-delà de la simple chronique locale parisienne : le premier est celui des témoignages de la crue, le second concerne les efforts d’aménagement pour lutter contre les crues et protéger la ville, et le troisième est composé de dossiers d’indemnisation de sinistrés. Grâce à ces sources en partie nouvelles, l’histoire de l’inondation apparait non plus comme la simple chronique de la montée des eaux, mais comme un événement s’inscrivant dans un processus moyen-terme de limitation par les acteurs publiques des dégâts économiques causés par les eaux. Cette histoire, encore tributaire des archives publiques, est centrée sur l’expérience des sinistrés et sur l’action de l’État et des collectivités locales en période de catastrophe. Le présent mémoire espère donc combler une lacune historiographique à propos d’un épisode fréquemment décrit sous un angle sensationnel ou pittoresque, mais rarement étudié comme un exemple de catastrophe naturelle de l’époque contemporaine.