La cognition incarnée, qui conçoit l’esprit comme indissociable du corps et de ses interactions avec l’environnement, marque une évolution majeure dans les sciences cognitives. Ce travail de thèse explore comment cette approche s’est développée à partir de perspectives historiques et philosophiques, en enrichissant notre compréhension des processus cognitifs. Nous examinons l’impact de la cognition incarnée sur la compréhension des processus cognitifs et des mécanismes internes, en s'appuyant sur des expériences psychologiques clés. La deuxième partie de ce travail explore l’importance des interactions corps-environnement et des mécanismes sensorimoteurs dans la structuration des processus cognitifs. Au travers d’expériences telles que l’illusion de la main en caoutchouc et l’influence des expressions faciales sur l’humeur, les recherches montrent que les sensations corporelles et les actions motrices modulent activement les processus de conscience et les états émotionnels. En redéfinissant la cognition comme un processus distribué entre le corps, les mouvements et le monde extérieur, cette approche permet de repenser notre pratique clinique psychiatrique. Dans le traitement des troubles psychiques comme la schizophrénie, la dépression et l’état de stress post-traumatique, où la perception du corps est altérée, des approches basées sur l'engagement corporel permettent de restaurer cette unité corps-esprit. Cette thèse met ainsi en lumière l’apport de la cognition incarnée dans la réévaluation des processus cognitifs et l’émergence de nouvelles stratégies thérapeutiques en psychiatrie, faisant du corps un acteur clé dans la guérison.