Ce travail de recherche s'inscrit dans le cadre de la relecture des rapports entre états provinciaux et État royal initiée depuis une trentaine d'années par l'historiographie notamment anglo-saxonne. Appliqué à la province de Bretagne pour la période 1532-1675, le concept de compromis politique est-il toujours valide du milieu des années 1670 à 1720, période marquée par un renforcement de la pression fiscale et politique sur la province de Bretagne ? En plaçant au coeur de l'échiquier politique breton la capacité des États à satisfaire les demandes financières royales, il s'agit d'appréhender le fonctionnement du système fisco-financier breton en éprouvant les concepts de compromis, d'intermédiation financière et de réseaux. À la croisée des rapports entre les États et l'État royal se trouvait le trésorier des États de Bretagne, fonction occupée de 1687 à 1720 par la famille Michau de Montaran. L'arrivée à la trésorerie de Jacques puis de Jean-Jacques Michau consacrait le parcours d'un clan de banquiers-financiers "serviteurs de la monarchie". Cette première étape du travail de recherche s'intéresse à la famille Michau de Montaran, à ses origines et ses alliances et à son parcours en Bretagne dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Ce travail pose comme hypothèse que la construction d'un front de parenté au coeur du système fisco-financier de la province de Bretagne constitua la principale assise de sa capacité à satisfaire les besoins financiers des États de Bretagne et, via ces derniers, d'accéder aux demandes financières du pouvoir royal à partir de 1687.