De nombreuses études ont montré que l’usage détourné de médicaments, dont fait partie le dopage intellectuel, est un phénomène croissant et en particulier chez les adolescents et les jeunes adultes. Cette forme de conduites dopantes est retrouvée chez les étudiants appartenant à des filières exigeantes. L’objectif est d’améliorer les capacités intellectuelles, de diminuer le stress ou d’augmenter le temps d’éveil en périodes d’examens et ce grâce à des compléments alimentaires, des médicaments, ou des substances illicites. Après avoir développé les généralités concernant les conduites dopantes, l’objectif de cette thèse est de faire un état des lieux de la pratique du dopage intellectuel par les étudiants en santé de Rouen. Pour cela, une enquête a été réalisée à l’aide d’un questionnaire diffusé entre décembre 2018 et février 2019. Les étudiants interrogés étaient issus des filières licence sciences pour la santé, masso-kinésithérapie, médecine, PACES, pharmacie et soins infirmiers. Cette enquête a permis de recueillir 1 487 réponses, avec un taux de participation de 25,2%. Nous constatons que 28% des étudiants ont déclaré avoir déjà consommé un ou des médicament(s) pour améliorer leur préparation en vue d’un examen ou d’un concours. Parmi eux, 57,1% le font pour diminuer leur stress et 52,3% pour rester éveillé ou concentré. Les vitamines, compléments alimentaires et toniques représentent 82% des produits consommés, les médicaments homéopathiques 26,4% et les anxiolytiques 22,5%. Les professionnels de la santé (médecins et pharmaciens) sont les intermédiaires privilégiés pour obtenir ces médicaments. Enfin, les méthodes dites « sans molécule » (activité sportive, musique, sorties, relaxation/méditation) sont utilisées par 70% des étudiants. La consommation de médicaments dopants semble être favorisée par certains facteurs comme le sexe féminin, l’appartenance à une filière à concours, le fait de vivre seul(e) et l’exercice d’une activé rémunérée en parallèle des études. L’entrée dans la vie étudiante apparaît comme être le facteur déclenchant du dopage intellectuel.