La mesure de la température tympanique par thermométrie infrarouge représente une alternative séduisante à la sonde métallique pour déterminer le délai post-mortem (DPM) en pratique médico-légale. Notre objectif était de comparer la performance d’un thermomètre infrarouge à celle d’une sonde de référence pour mesurer la température tympanique post mortem, et de comparer les DPM estimés à partir des températures tympanique et rectale. Matériel et méthodes : les températures tympaniques et rectales de cadavres hospitaliers dont les DPM étaient connus ont été mesurées avec une sonde et un thermomètre infrarouge. La répétabilité des mesures, leur corrélation et leur concordance ont été évaluées. Les DPM ont été estimés sur un sous-groupe d’individus grâce aux formules de Baccino et aux algorithmes de Henssge, dont les performances ont été comparées. Résultats : cent cadavres ont été inclus, avec un DPM moyen de 4,5 ± 2,5 heures. Il existait une bonne répétabilité des mesures avec le thermomètre infrarouge, et une forte corrélation entre les deux méthodes. En revanche, une mauvaise concordance entre les deux méthodes a été observée, avec un biais moyen d’environ 2°C en faveur de la sonde. L’algorithme de Henssge appliqué au cerveau et la formule 2 de Baccino sont les méthodes d’estimation les plus performantes sur un échantillon composé de 43 cadavres lorsque la sonde thermométrique était utilisée. Conclusion : la performance du thermomètre infrarouge n’était pas en accord avec celle de la sonde de référence, ne permettant pas de valider son utilisation avec les algorithmes actuels d’estimation du DPM. Des études de terrain destinées à évaluer la performance des deux méthodes proposées sont désormais nécessaires.