L’événement du 11 septembre 2001 a, par sa médiatisation visuelle sans précédent, marqué notre entrée dans le 21e siècle. Entre fascination pour cet événement-image, confusion entre réalité et fiction, ou encore contestation du discours politico-médiatique, l’événement instaure un nouveau rapport aux médias et à l’image. Si les travaux sur la notion d’événement se multiplient en sciences humaines et en littérature au lendemain du 11 septembre, c’est principalement à partir de la thèse de Carine Capone, Frontières de l’événement, frontière de la littérature, que se fonde l’appareil critique de ce présent travail. À partir des œuvres de Luc Lang, 11 septembre mon amour (Stock, 2003), Don DeLillo, Falling Man (Actes Sud, 2008) et Fanny Taillandier, Par les écrans du monde (Seuil, 2018), il s’agit d’interroger l’appropriation de l’événement du 11 septembre 2001 dans la littérature. Nous démontrons dans un premier temps que les textes du corpus sont profondément influencés par les images et l’imaginaire médiatiques de cet événement-médiatique par excellence. Ils reproduisent ainsi cet imaginaire afin de mieux le déconstruire, en se glissant dans les failles du discours politico-médiatique et en élaborant des contres-récits, des récits autres. Puis, en retirant à l’événement son caractère absolu, en puisant dans le vide provoqué par celui-ci, les textes exploitent le potentiel poético-esthétique de l’événement : démultiplication des possibilités fictionnelles et romanesques, déploiement de nouveaux imaginaires… Enfin, nous tentons de démontrer qu’à travers l’appropriation de cet événement, la littérature tend vers une reconfiguration du monde en proposant de nouvelles représentations de celui-ci ainsi que de son imaginaire.