Alors que notre société moderne a connu des avancées sociales considérables concernant les conditions de travail, les allégations de souffrance au travail sont de plus en plus nombreuses. Au-delà du débat de causalité, nous nous interrogeons sur les liens qui peuvent exister entre une situation professionnelle et un trouble psychique, chez un individu. Notre revue de la littérature nous a conduit à émettre l'hypothèse que l'expression de la souffrance au travail telle qu'elle nous est rapportée par les patients consultants ou hospitalisés en service de psychiatrie, résulte d'une rencontre qui survient dans un contexte socio-culturel donné, entre une vulnérabilité individuelle et une situation de travail. Afin d'étudier la conjonction de ces trois dimensions, nous proposons une étude de cas de quatre patients suivis au Centre Hospitalier Universitaire de Nice qui considèrent leur situation professionnelle à l'origine de leur décompensation psychopathologique. Pour chacun, nous discutons la psychopathologie individuelle à l'aide des outils analytiques et phénoménologiques. Les situations de travail rapportées sont analysées grâce à la psychodynamique du travail et la clinique de l'activité. Ces théories postulent que le travail engage la subjectivité de chacun et que, réciproquement, cette dernière se développe au travers de l'expérience du travail. Enfin, nous utilisons la clinique psychosociale pour étudier l'influence du contexte social dans l'émergence du trouble psychique, les répercussions sociales de la souffrance au travail et leurs conséquences psychopathologiques propres.