De très nombreuses recherches scientifiques ont prouvé que le redoublement n'avait que peu d'effets, sinon néfastes, sur le devenir scolaire des élèves. Il n'en reste pas moins que les enseignants de nos secteurs continuent à croire en ses bienfaits. Nous avons cherché à comprendre de quoi pouvait se soutenir leur résistance qui, d'un premier abord, peut paraître irrationnelle. À partir d'entretiens exploratoires, nous avons construit des hypothèses que nous avons soumises à une double analyse de nos entretiens compréhensifs. Dans l'hypothèse 1, nous avons cherché une typologie d'élèves pour lesquels le redoublement leur semblait efficace. Il semblerait qu'ils aient construit la représentation d'un élève virtuel qui n'aurait pas accédé au code écrit et pour lequel tout avenir scolaire serait barré. Dans l'hypothèse 2, nous les avons interrogés sur l'éventualité d'un impact négatif sur l'estime de soi des redoublants : il ne leur est pas perceptible. Enfin, dans l'hypothèse 3, nous avons tenté de dégager le rapport qu'ils entretiennent avec les autorités scientifiques et hiérarchiques. La construction d'une relation basée sur la confiance semble nécessaire. Les conditions ne semblent pas être réunies pour que leurs pratiques changent. Nous nous efforcerons de notre place de psychologues scolaires d'imaginer un cadre de pensée dans lequel nous pourrions intervenir.