Le roman africain, dont les premières parutions datent des années 1920, a fait l'objet de plusieurs études pendant plus de soixante ans de son développement. Les premiers écrits, traitant essentiellement des thèmes de l'exaltation des valeurs africaines, en l'occurrence la description des institutions traditionnelles, les légendes, les récits historiques étayés par des recherches ethnologiques ont été réunis pour constituer la théorie de la négritude dont les propos concernant la revalorisation des civilisations noires sont si bien connus dans les milieux littéraires africanistes qu'il serait inutile d'y revenir. Ce premier courant fut suivi par d'autres écrits donnant naissance aux auteurs devenus classiques depuis. Il s'agit de la génération de Camara Layé, Cheikh Hamidou Kane, Ferdinand Oyono, Ousemane Sembène, Mongo Beti, pour ne citer que ceux-là. Pour cette génération, la dimension la plus importante qui revient dans leurs écrits est la dénonciation de la situation coloniale et les institutions qui en sont issues. Ce sont des romans plutôt autobiographiques, de conflits de culture, où le drame principal consisterait pour l'individu ou la société concernée à faire le choix entre « l'eden de l'existence traditionnelle et l'enfer de la modernité ». On se rappellera sans doute le drame de Sambo Diallo dans L'aventure ambiguë. Ces romans fortement inspirés d’expériences reçues, procédèrent d'un style d’écriture bien déterminé : à commencer par des titres réalistes, reflétant la plupart du temps l'orientation thématique de l’œuvre, jusqu'à la façon de conduire le récit dans le temps et dans l'espace. On relèvera un récit linéaire centre autour d'un héros principal et l'action située dans un cadre spatial et temporel bien défini. Ce sont des romans réalistes, d'habitudes thématiques et stylistiques et dont certains africanistes ont dit qu'ils sont très proches de modèles français parmi lesquels il est aisé de reconnaître Balzac et Zola.