Introduction : Mayotte, département français ultra-marin située au cœur de l’archipel des Comores est une zone de forte endémie de lèpre. La lèpre est une infection liée à Mycobacterium leprae touchant préférentiellement la peau et les nerfs périphériques. Alors que l’OMS en 2000 fixait l’objectif de sa disparition comme problème de santé publique, nous nous sommes intéressés à sa prévalence et ses caractéristiques de 2006 à 2015 dans cette île où la pression migratoire est forte. Matériel et méthode : une étude épidémiologique rétrospective a été réalisée sur les nouveaux cas de lèpre à Mayotte entre 2006 et 2015. Ont été recueillies les données de prévalence et de taux de détection ainsi qu’une analyse statistique en fonction du type histologique et selon l’âge avec le logiciel SPSS. Résultats : 475 nouveaux cas ont été diagnostiqués, 212 pauci-bacillaires (PB) et 246 multi-bacillaires (MB). La prévalence en 2015 était de 3,11/10 000 habitants. Les taux de détection global et des PB est en diminution, celui des MB est stable. La majorité des patients diagnostiqués était d’origine comorienne (63,0%). Chez les moins de 15 ans, la majorité des patients était de nationalité française. Discussion : les efforts réalisés en matière de lutte anti lépreuse ont permis une diminution de la prévalence. Cependant, les courbes de taux de détection montrent bien le caractère endémique dans cette région. La majorité de patients d’origine comorienne associée à une majorité d’enfant de nationalité française prouve l’existence de deux foyers distincts, l’un mahorais, l’autre comorien. Seul un dépistage plus important, une meilleure formation des professionnels de santé et surtout une coopération étroite avec l’Union des Comores permettront une avancé vers l’éradication de cette maladie. Conclusion : Mayotte et l’Union des Comores restent une zone d’endémie de lèpre en 2015. Malgré de grandes avancées dans la lutte anti lépreuse, de nombreux progrès sont encore à effectuer.