Contexte : l’insomnie est une pathologie fréquente en médecine générale. Elle est associée à des complications médicales et un retentissement économique important. Son appréhension par les médecins généralistes a été peu étudiée. Objectif : recenser les déterminants des difficultés de la prise en charge des insomnies en médecine générale. Méthode : étude qualitative par entretien semi-dirigé auprès de 13 médecins généralistes (MG) d’Ile de France entre mars et mai 2016 jusqu’à saturation des données. Un échantillon aléatoire en recherche de variation maximale a été défini. Après retranscription des verbatims, une analyse thématique a été réalisée. Résultats : les MG sont peu à l’aise pour la prise en charge de l’insomnie. En dépit de sa fréquence, ils ont des difficultés pour la définir et pour l’appréhender. Ils n’utilisent ni les recommandations ni les moyens à leur disposition pour la caractériser et font peu appel à d’autres intervenants. Ils sont peu enclins à prescrire des benzodiazépines et préfèrent la phytothérapie, ceci dans un souci de prudence. Ils utilisent les mesures non médicamenteuses quand cela est possible. Ils sont résignés quant au sevrage en benzodiazépine. Les effets à long terme des psychotropes sur le risque cognitif, la dépendance et les ROSP sont une aide au sevrage auprès des patients réticents. Conclusion : les déterminants de prise en charge révélés par l’étude sont le manque de temps, d’utilisation de moyens codifiés et la faible diffusion des recommandations sur l’insomnie. Même si une prise en charge standardisée n’est pas envisageable, les recommandations restent vagues sur les réponses concrètes à proposer en pratique quotidienne.