La Grande Consoude est une Borraginacée indigène représentant le genre Symphytum ; il s'agit de l'espèce officinale. Le rhizome de cette plante, autrefois inscrit à de nombreuses pharmacopées, constitue aujourd'hui la drogue officinale. La composition chimique est très diversifiée. Quelques composés ne retiennent pas l'attention car ils sont communs à de nombreuses plantes tanins et composés polyphénoliques. D'autres au contraire sont caractéristiques de la famille des Borraginacées ce sont l'allantoïne et les alcaloïdes pyrrolizidiniques. Quant au mucilage il est essentiellement constitué d'un polymère du fructose, le fructosanne. Certains de ces composés suscitent un intérêt particulier : l’allantoïne, en raison de sa distribution rare et de ses propriétés thérapeutiques épithéliogènes et cicatrisante ; - le mucilage, émollient et adoucissant ; les alcaloïdes pyrrolizidiniques, à cause de leur toxicité. Il est également intéressant de constater chez cette plante les propriétés antigonadotrophiques attribuées à l'acide lithospermique. D'autre part, l'augmentation de la synthèse gastrique des prostaglandines est provoquée par un extrait de feuilles de Consoude. De cette étude pharmacologique il pourrait être retenu deux utilisations potentielles en phytothérapie : - l'activité épithéliogène et cicatrisante de l'allantoïne, en usage externe ; ce n'est d'ailleurs pas une indication nouvelle puisqu'elle est déjà exploitée ; - l'activité protectrice, au niveau gastrique, par exemple comme adjuvant dans les traitements de l'ulcère gastro-intestinal. Il faut cependant tenir compte de la toxicité éventuelle de la Grande Consoude. La présence d'alcaloïdes pyrrolizidiniques dans les parties souterraines et dans les feuilles confère à la plante un aspect toxicologique évident. En effet, ces alcaloïdes ont un tropisme hépatique marqué, vérifié par l'expérimentation animale. Ils sont hépatocarcinogènes, mutagènes et capables d'induire une toxicité chronique se manifestant par des modifications histologiques et biochimiques du foie. Cette toxicité a lieu pour la voie orale alors qu'administrés par voie cutanée, ces alcaloïdes ne sont pas hépatotoxiques. La Grande Consoude peut donc être classée comme une plante dont la toxicité, ne se manifestant qu'après une administration prolongée, peut conduire à l'apparition d'effets secondaires gravissimes touchant le foie. Au vu de ces résultats, il serait prudent d'interdire l'usage de la plante par voie orale. Au contraire, exploiter l'activité cicatrisante et épithéliogène en usage externe est sans danger puisque les alcaloïdes ne sont pas absorbés par cette voie. En fait, les auteurs ne sont pas tous d'accord sur la toxicité de la Grande Consoude : - certains considèrent que la teneur en alcaloïdes est si faible qu'elle ne peut représenter un véritable danger (1) ; - d'autres affirment que les risques sont réels interdisant l'utilisation par la voie orale (2) (3). Malgré sa toxicité, la plante jouit d'une popularité grandissante aux Etats-Unis et au Japon puisque les feuilles sont consommées sous forme de tisanes et de légume en salade. On rapporte même qu'en 1978, c'était la plante la plus consommée Outre-Atlantique. En France, la Consoude a beaucoup perdu de son intérêt mais on la rencontre encore dans nos pharmacies sous forme de tisanes anti-arthritique et anti-rhumatismale ou sous forme de crèmes régénératrices ou protectrices, associée à d'autres extraits de plantes. Sans oublier le remède homéopathique Symphytum prescrit dans les troubles osseux. Compte tenu des travaux nombreux sur la toxicité des alcaloïdes pyrrolizidiniques l'usage interne tant apprécié jadis, dans moult indications est tombé en désuétude et ne persiste pratiquement que l'usage externe où sont exploitées les propriétés épithéliogènes de l’allantoïne.