Le titre de ce mémoire fait s’entrechoquer deux temporalités différentes. D’une part, la « ville royale » de Dourdan, dans l’Essonne, est connue pour sa longue histoire, possession des rois de France depuis 987. D’autre part, soumise au règlement d’une Aire de Mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine (AVAP) depuis 2012, actuellement en cours de révision, Dourdan est en passe de se voir dotée du nouvel outil de protection du patrimoine initialement appelé « Cité historique » dans le projet de loi « Création, Architecture, Patrimoine » initial, validé dans une version modifiée le 7 juillet 2016. Quel est le rapport tissé entre la cité, où des fragments d’histoire apparaissent çà et là dans un espace dont la moindre parcelle est pourtant archéologiquement riche d’informations sur son évolution au cours du temps, et les zonages établis par les collectivités locales en vue de préserver leur passé tout en favorisant le développement urbain contemporain? Les AVAP, remplacées par les Secteurs Patrimoniaux Remarquables (SPR) en vertu de la loi promulguée le 7 juillet 2016, sont-elles (ils) des « territoires de mémoire », reprenant l’expression employée par Jean-Luc Piveteau en 1995? Lorsque l’on se penche sur les formes mises en place sur les plans de zonage de la Zone de Protection du Patrimoine Architectural et Urbain (ZPPAU) de 1984, la Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager (ZPPAUP) de 1996 et de l’AVAP de 2012 pour Dourdan, émerge par exemple le constat d’une réutilisation du rempart du XVIe siècle comme « muraille » défensive face au risque de la dégradation et de la disparition du patrimoine. L’analyse se propose de comparer ces éléments cartographiques mélangeant enjeux de la ville d’hier et de la ville d’aujourd’hui et s’interroge sur le processus qui sous-tend le passage de l’édifice, au monument historique, puis au « patrimoine urbain ». Si les méthodes de l’archéogéographie sont utilisées afin d’appréhender ces différents zonages patrimoniaux, suivant l’idée qu’ils constituent déjà des couches à part entière du paysage archéologique dourdannais, la mémoire des anciennes législations appliquées au « patrimoine urbain » ainsi que l’intérêt porté à l’évolution du regard posé sur le monument, accompagné de l’image qui en est le fruit, permettent de réconcilier droit, géographie et histoire de l’art. « L’espace patrimonial » n’est-il pas le lieu par excellence de toutes ces rencontres ?