Cette recherche porte sur l’espace des vestiaires d’EPS au collège. Cette étude, menée au sein d’un collège auprès de collégien·nes de 12 à 15 ans, souhaite montrer que le vestiaire est un lieu particulièrement propice à la mise en place de différents mécanismes qui participent à la socialisation genrée des adolescent·es. De par sa non-mixité, il est témoin et révélateur de normes de genre déjà établies, et il participe également à les produire. En effet le dévoilement des corps qui y a lieu en fait un lieu de comparaison et de jugement des corps selon des normes sexuées. Le vestiaire est un lieu informel et sans la surveillance d’un·e adulte, il met en exergue la pression qui existe à l’adolescence d’être inclus·e au sein du groupe de pairs, et ici au sein d’un groupe de pairs du même sexe. Il permet des pratiques séparées entre filles et entre garçons, qui participent à les socialiser selon leur sexe. La pression à la conformité pour s’intégrer est instituée par le groupe de pairs qui surveille le fait que chacun·e respecte les normes de masculinité ou de féminité normatives. Si des transgressions aux normes genrées sont permises dans certains circonstances, le vestiaire permet avant tout aux pairs d’exercer avec plus de facilité un contrôle les un·es sur les autres, en sanctionnant par des moqueries, violences verbales et/ou physiques les personnes qui ne les respecteraient pas. Les normes et les sanctions présentes dans les vestiaires d’EPS sont révélatrices d’une socialisation genrée qui apprend à la fois aux élèves à se penser comme fille ou comme garçon, mais également à prendre conscience que ces identités sexuées sont à concevoir selon les principes d’une hiérarchie plaçant le masculin en position supérieur et l’hétérosexualité en tant que norme.