L’impact de la post‐vérité dans les discours politiques : le cas de François Fillon dans la campagne présidentielle de 2017
Résumé
Ce travail a pour objet de départ la post‐vérité en politique, et notamment un questionnement sur les raisons de son apparition dans nos démocraties occidentales, ainsi que l’usage prétendu qui en serait fait par les politiques. Cette notion a régulièrement fait la une de l’actualité depuis 2016 avec les résultats surprise du Brexit ou l’élection de Donald Trump. En jeu ? Le rôle des « fake news » (« fausses nouvelles ») dans ces résultats électoraux et la dérégulation de l’information constatée à l’heure des mutations des usages numériques. Si l’émergence de la post‐vérité semble prédominante dans les sociétés anglophones, la campagne présidentielle française de 2017 était l’occasion d’interroger ce phénomène dans un contexte politique français. C’est pourquoi je me suis demandée dans quelle mesure la post‐vérité interroge‐t‐elle les modalités de mise en récit du discours politique en France. De cette interrogation, ont découlé deux principaux enseignements : d’une part sur les conditions d’émergence de cette notion qui semble relative à trois facteurs principaux : une défiance croissante à l’égard du personnel politique et médiatique en France ; une mutation des usages numériques qui entraine une dérégulation de l’information et met sur le même pied d’égalité des informations vérifiées et d’autres qui ne le sont pas ; une émergence d’une industrie du mensonge qui semble accuser tous les acteurs de la société et dont chacun tente de se défendre en invoquant la transparence de son institution par exemple. D’autre part, en appliquant ces constats à la campagne du candidat à la présidentielle François Fillon, il est conclu que le candidat use bien de certains ressorts propres à la post‐vérité mais que ceux‐ci sont employés dans un contexte particulier de communication de crise à laquelle il doit faire face dès l’émergence des « affaires Fillon ». La post‐vérité vient tenter de combler un manque de transparence de la part du candidat afin de lui permettre d’inverser les forces électorales en sa faveur.
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