Et si nous pensions les spoilers autrement ? Pas seulement comme des divulgations castratrices de plaisirs spectatoriels, mais plus encore comme des objets sociaux de communication pour ces formes narratives ?
Il ne s’agit plus uniquement de blâmer ou non cet acte scriptural mais de le réfléchir comme une pratique numérique étroitement liée à un désir de partage, reflet d’un attachement à la série Game of Thrones. Dans ce dessin, Twitter est alors tout autant un medium pensé comme simulacre d’une rencontre entre des subjectivités et un cadre éditorial présenté comme démocratique et permissif pour la matérialisation de celles-ci.
Il ne s’agit plus uniquement de culpabiliser les spectateurs-scripteurs de spoilers mais davantage de les considérer au regard de la portée communicationnelle et sociale de leurs scriptions. Il s’agit là de réunir auteur et récepteur dans une même compréhension d’une situation de figuration aux autres, de visibilités sociales recherchées par chacune de ces subjectivités engagées sur le réseau.
Il ne s’agit plus uniquement d’appréhender Twitter comme le simple lieu de ces interactions symboliques. Mais plus encore, il s’agit de l’analyser comme le cadre et le moteur d’une médiation sociale assistée par la médiation technique permise par lui, travaillant toutes deux à la possibilité d’une médiatisation, d’une subjectivation de ces producteurs de discours.
Il ne s’agit plus uniquement de s’intéresser à ce que doit être une formation discursive réussie, parce que médiatisée, mais d’amorcer la réflexion d’un système auto-évaluatif où chacun se compare avec les autres, évaluant sa propre capacité à se subjectiver. Dans ce mouvement, les auteurs de spoilers sur Twitter sont l’essence et le moteur d’une performance qui succède à la leur. Celle d’un co-accomplissement du couple réception/usage, part visible et active finalement d’une diffusion effective de la série Game of Thrones sur le réseau social.
De l’inscription du spoiler à la subjectivation possible de son auteur, en passant par la réception de ce processus de médiatisation, il se pense alors un cercle vertueux de la communication dans lequel la série se voit offrir le terrain de sa circulation sur le réseau social. Il ne s’agit plus uniquement de divulgation, mais aussi de communication.