Introduction : le passage d’une douleur aiguë à une douleur chronique (DC) a été largement étudié en post-opératoire ou en post-traumatique. Les mécanismes à l’origine de ce continuum n’ont pas été encore bien élucidés. L’objectif principal de notre étude est d’évaluer le taux de douloureux chroniques à trois mois d’un passage aux urgences quel que soit le motif d’entrée. L’objectif secondaire était d’identifier des facteurs associés. Matériel et méthode : il s’agissait d’une cohorte prospective construite en regroupant les patients d’un essai randomisé, contrôlé ouvert, bicentrique avec suivi téléphonique à trois mois. Tous les patients majeurs admis aux urgences du lundi au vendredi en heures ouvrables, présentant un score à risque de PCLS supérieur à 2 de notre cohorte remplissaient trois questionnaires : à l’entrée, à la sortie et à trois mois lors du rappel téléphonique. Nous nous sommes servis de ces questionnaires pour évaluer le taux de douloureux chroniques à trois mois du passage aux urgences et les facteurs qui y étaient associés. Résultats : deux cent dix-neuf patients ont été analysés. Quatre-vingt-six patients présentaient une douleur chronique à trois mois, ce qui représente 39,7% (IC 95% [32.9-45.9]). Indépendamment de l’existence d’une douleur chronique préalable à la venue aux urgences, les facteurs associés à l’apparition d’une douleur chronique après un passage aux urgences étaient l’intensité de la douleur à la sortie des urgences, l’état de santé perçu par le patient et la prise d’anxiolytique antérieure. Conclusion : le taux d’apparition d’une douleur chronique après un passage aux urgences est important et semble associé à l’intensité de la douleur à la sortie des urgences. Il faudrait construire des études pour confirmer ce lien. S’il se confirme, on pourrait envisager des interventions.