L’augmentation des concentrations sériques en toxines urémiques (TU) d’origine intestinale telles que le p-crésyl sulfate (pCS), l’indoxyle sulfate (IS) et l’indole acide acétique (IAA) comme on peut le voir dans la maladie rénale chronique (MRC), est associée à une augmentation de la morbi-mortalité cardiovasculaire. Le sevelamer, chélateur de phosphates intestinaux utilisé dans la MRC à des stades avancés est également capable de diminuer les concentrations sériques en cholestérol lié aux lipoprotéines de basse densité (LDL-cholestérol) par la chélation des acides biliaires. Certaines études pilotes suggèrent que le sevelamer serait capable de chélater les précurseurs des TU d’origine intestinale et ainsi d’en diminuer les concentrations sériques. L’objectif de ce travail a donc été d’évaluer l’effet in vitro du carbonate de sevelamer sur les TU ainsi que sur leurs précurseurs et d’évaluer l’effet d’un traitement de 12 semaines par sevelamer versus placebo sur une population de 78 sujets en MRC de stades 3b et 4 sur leurs concentrations sériques en TU. In vitro, aucun effet n’a été retrouvé sur l’indole et le p-crésol, les précurseurs des TU. Cependant l’IAA, le pCS et l’IS étaient chélatés par le carbonate de sevelamer à forte concentration. Par ailleurs, le carbonate de sevelamer n’avait pas d’effet sur les concentrations sériques de ces TU après 12 semaines de traitement chez des sujets en MRC de stades 3b et 4, bien qu’une tendance à la baisse était observée pour l’IAA.