L'évaluation du pronostic chez les patients traumatisés crâniens graves hospitalisés en réanimation est complexe. Établir un pronostic chez ces patients est un enjeu important. Cela pourrait conditionner le type de soins à engager, leur coût, et leur durée. Les potentiels évoqués ainsi que l'électro-encéphalogramme sont des examens complémentaires souvent utilisés mais parfois peu contributifs et biaisés par la sédation artificielle des patients. L'imagerie par résonnance magnétique (IRM) permet un bilan lésionnel précis. L'analyse des profils spectroscopiques sur les IRM de ces patients pourrait enrichir et préciser les données sur le pronostic de ces patients. La spectroscopie permet en analysant le métabolisme cérébral de détecter des souffrances tissulaires non visibles sur les séquences d'IRM conventionnelles. Les données de la littérature sur ce sujet sont encore faibles à l'heure actuelle. Notre analyse porte sur 17 patients traumatisés crâniens hospitalisés en réanimation au Centre hospitalo-universitaire d'Amiens sur la période de décembre 2014 à janvier 2020 ayant bénéficié d'une IRM cérébrale avec analyse spectroscopique. Deux groupes ont été constitués : les patients décédés ou dans un état végétatif persistant (Glasgow Outcome Scale (GOS) 1 ou 2) et les patients ayant recouvré au moins un état de conscience minimal (GOS > 2). Les profils spectroscopiques au niveau thalamique et du tronc cérébral ont été comparés entre les patients des deux groupes. Notre étude a montré une baisse significative du taux de créatine (p < 0,05) et une franche tendance à la baisse du taux de phosphocréatine dans le groupe d'évolution neurologique défavorable. Le rôle de ces deux molécules est directement lié au métabolisme énergétique cellulaire. Notre résultat suggère une altération du système énergétique cellulaire chez les patients d'évolution neurologique défavorable. Il serait intéressant d'approfondir nos investigations par l'exploration d'autres maillons des chaînes énergétiques.