La formation médicale actuelle est centrée sur les connaissances biomédicales et techniques. De nombreuses études montrent une érosion de l’empathie des étudiants en médecine parallèlement à leurs premiers stages hospitaliers. L’enseignement de la médecine narrative, née aux États-Unis (Pr. Rita Charon), a pour objectif d’améliorer le soin en développant des compétences relationnelles chez les soignants, par la pratique de la lecture attentive et de l’écriture réflexive ou créative. Méthodes : l’objectif principal était de créer et d’expérimenter un enseignement de médecine narrative auprès d’étudiants volontaires en 4ème année de médecine à la faculté de Montpellier, après avoir réalisé un état des lieux des enseignements existants en France et dans le monde. Les objectifs secondaires étaient d’évaluer la satisfaction des étudiants et de recueillir leurs propositions d’amélioration de l’enseignement, de manière quantitative par auto-questionnaires et qualitative par entretiens semi-dirigés. Résultats : neuf étudiants ont participé à trois séances, chacune construite sur un modèle pédagogique en trois phases : lecture attentive d’un texte littéraire, écriture réflexive ou créative, et partage des écrits. Leur satisfaction était élevée. Ils identifiaient des bénéfices à la médecine narrative : l’acceptation des émotions et le partage avec les pairs, le développement de la réflexivité, l’accès à la perspective du patient et la construction de l’identité professionnelle. Leurs difficultés étaient de se lancer dans l’écriture et de partager leurs écrits. Ils souhaitaient varier les supports, la participation d’intervenants extérieurs et des séances régulières tout au long de leur cursus, dès le début des stages hospitaliers. Discussion : l’apprentissage de la médecine narrative est fondé sur une méthode pédagogique rigoureuse et reproductible. Elle participe au développement des compétences réflexives et relationnelles des étudiants. Nous proposerons dès la rentrée 2021 un enseignement optionnel aux étudiants en 3ème année de médecine à Montpellier. D’autres études sont nécessaires pour évaluer l’impact de la médecine narrative sur le comportement en pratique des soignants, et sur la santé des patients.