Introduction : devant les vulnérabilités multiples en période de périnatalité, leur importance dans une ville comme Marseille et l’impact qu’elles ont sur la famille, l’individu à naître, et possiblement sur les générations futures, le Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône, via son service de protection maternelle et infantile (PMI), a mis en place un dispositif de prévention médico-psycho-sociale nommé « liaisons maternité/PMI », aujourd’hui divisé entre les liaisons maternité/protection infantile (PI) et maternité/protection maternelle (PM). Ce dispositif, bien qu’ancien, n’a que très peu été apprécié sur son intérêt et ses limites. Récemment une réévaluation des « liaisons maternité/PI » a été faite, or, ce n’était pas le cas pour les « liaisons maternité/PM ». L’objectif de cette étude est de décrire le dispositif actuel des liaisons maternité/PM, afin d’initier cette volonté de la PMI d’optimiser cet outil de prévention. Matériel : étude épidémiologique descriptive transversale, multicentrique. Critères d’inclusion : liaison maternité/PM de femmes en périnatalité suivies dans les maternités marseillaises, courant l’année 2018 et domiciliées dans les Bouches-du-Rhône. Données recueillies sur la base de documents papiers archivés, anonymisées par numérotation et retranscrites dans un tableau Excel standardisé. Items étudiés : maternité et service émetteur, liaison anténatale ou postnatale, âge de la patiente, grossesse et parité, motif de la liaison, patiente informée de l’intervention de la PMI, exhaustivité globale du remplissage de la fiche avec informations sur la patiente, sa grossesse, l’allaitement, proposition de suivi ou prise en charge autre que la PMI et informations rajoutées par la sage-femme de PMI. Les statistiques ont été obtenues par analyse quantitative. Résultats : 82 % des liaisons émanaient de l’hôpital Nord, 14% de la Conception, le reste des maternités semi-privées et privées de Marseille. 2/3 des liaisons avaient été établies en post-natal et 1/3 en anténatal. Les motifs de liaison étaient majoritairement des co-indications médico-sociales avec notamment grossesse non ou mal suivie et/ou datation tardive (36,1%), non maitrise de la langue française (22%), migrant.e.s ou réfugié.e.s ou demandeur.s d’asile (21,3%), diabète antérieur ou diabète gestationnel (12,9%), des problématiques de logements (18,9%), et d’environnement (9,9% d’isolement et 6,3% de violences intra-familiales) 17,8% étaient des grossesses d’âge tardif (> ou = à 35 ans) et 16,9 % des grossesses d’âge précoce (< à 20 ans) dont 6,8 % de mineures. L’information des familles sur la liaison avec la PMI avait été transmise et tracée dans seulement 58,5 % des cas. Dans les autres items, les informations concernant la grossesse et les prises en charge déjà proposées et/ou à proposer en plus de la PMI restaient moins bien renseignées. Conclusion : l’évaluation du dispositif de liaisons maternité/PM a mis en avant une hétérogénéité des pratiques entre maternités marseillaises et une liaison trop souvent établie tardivement (postnatale vs anténatale) pour des familles qui multiplient les vulnérabilités médico-sociales et qui ne sont pas toujours informées de la liaison faite par la maternité avec la PMI. Certaines adaptations du dispositif s’avèreront probablement nécessaires pour la suite, ainsi qu’une sensibilisation du public et des maternités aux possibilités d’accompagnement qu’offre la PMI. L’intérêt de la participation du médecin traitant et des médiateurs en santé dans ce dispositif pourrait également permettre un repérage plus précoce encore. Il serait intéressant pour la suite d’évaluer l’utilisation de l’outil dans toute la région PACA et les actions mises en place par la PMI en réponse aux liaisons.