L’appropriation des outils de la facilitation par le monde du conseil est souvent considérée comme allant de soi : faisant fond sur l’intérêt récent que suscite le collaboratif au sein de l’entreprise, les outils et méthodologies proposés par la facilitation semblent faire partie intégrante d’un mouvement visant à « remettre les femmes et les hommes au centre des organisations » selon l’adage consacré. Or, ladite facilitation n’est pas sans soulever de multiples interrogations parmi celles et ceux-là pratiquant au sein de leur activité professionnelle et au premier chef, chez les consultants.
En présentant un travail de recherche appliquée se nourrissant du terrain exploré en apprentissage au sein d’un cabinet menant des missions de conseil « classiques » et de facilitation, et assorti d’un éclairage théorique provenant des sciences sociales, cette étude se donne pour objet d’examiner le renouvellement de la relation du consultant face à son client opérée par l’adoption de la posture de facilitation.
Revenant sur les fondements de l’activité de conseil et sur la nature de la facilitation -collection de méthodes, profession à part entière ou ni l’une ni l’autre ?-, l’enquête propose de clarifier les principes de la facilitation à la lumière de l’éthique et des professions du care, : champ d’études particulièrement bouillonnant des sciences sociales.
Enfin, l’investigation se poursuit par un retour réflexif sur l’apprentissage mené au sein du cabinet, permettant de questionner l’identité hybride particulière du « consultant-facilitateur ». Le regard d’ensemble sur la facilitation porté par ce travail de recherche met ainsi en évidence la nature même de cette activité comme posture venant renouveler la relation entre client et consultant, où ce dernier, lorsqu’il la pratique, n’est plus un expert du fond, mais de la forme.